Texte intégral
Chers amis, bonjour. Permettez moi de commencer par un hommage à un homme controversé. Norman Mailer, qui s'est éteint il y a peu, avait fait du portrait de la contestation un art. Une de ses phrases me reste "le rôle naturel de l'homme au XXe siècle c'est l'angoisse". Nous avons changé de siècle, mais l'angoisse reste omniprésente. Le risque climatique prend la place de ce qu'était le péril atomique.
L'angoisse des fins de mois est partagée par de plus de gens tandis que l'angoise des mals logés est immense.
Tout projet d'émancipation doit commencer par nous libérer de ces angoisses.
L'angoisse, c'est aussi celle qui depuis plusieurs mois, pése sur Marina Petrella. Réfugiée italienne , elle fait l'objet d'une tentative d'expulsion dans l'indifférence générale. Rappellons ici le soutien et la solidarité totale des Verts à son égard et à celle de tous les réfugiés. Être juste, c'est aussi être capable de pardonner.
Je pense aussi toujours et comme vous à Ingrid et à la déception de celles et ceux qui ont cru à des avancées.
Mailer avait qualifié Bush de "pire président qu'il n'ait jamais vu". Du Texas à la Pologne, en passant par la France de Sarkozy, c'est bien l'acte II de la révolution conservatrice qui triomphe.
Cet ordre mondial néo conservateur est aujourd'hui le premier fauteur de troubles. Face à la crise énergetique, au défi climatique, ni l'unilatéralisme, ni les méthodes guerrières ne parviennent à restaurer l'ordre. C'est en votre nom à tous, que j'ai défendu avec Jérôme Gleizes, devant la Comission du Livre Blanc sur la Défense Nationale, notre vision de la sécurité mondiale : si nous voulons éviter les guerres, il nous faut dès maintenant préparer la paix.
Ce qui tue aujourd'hui la paix ce sont les attitudes cyniques et sans vergognes. Cynique, l'attitude de Total et Nicolas Sarkozy, avec la bénédiction de Kouchner, qui ont maintenu les investissements français en Birmanie. Cynique la politique menée en Afrique depuis des décennies par la France, de droite comme de gauche.
Le rêve de paix le plus abouti de notre époque, c'est l'Europe. Ce rêve de générations succesives, de dépasser l'Etat-Nation, nous devons en reprendre le flambeau. Car notre Europe vit aujourd'hui la fin d'un cycle. La fin d'une méthode, celle des petits pas, et celle d'un projet conçu à une autre époque. Elle doit faire face à de nouveaux défis. De nouvelles menaçes d'affrontements qui surgissent dans l'espace européen, des migrations multiples et diverses et un défi climatique majeur. Notre devoir d'Europe, c'est d'inventer ensemble, avec les Verts Européens, un nouveau projet, un autre futur pour cette Europe.
Le pire que nous pourrions faire serait de retomber dans le piège ouvert en 2005 faisant primer la forme sur le fond. Au-delà de la ratification, la véritable question qui est posée à tous les peuples d'Europe, c'est notre capacité à sortir l'Union de l'ornière du tout-marché et à faire ainsi revivre sa promesse. Car c'est bien de promesse qu'il s'agit, à l'heure où le divorce ne cesse de s'accroitre entre l'Union et ses citoyens.
Ce sont ces mêmes citoyens qui en France peinent à croire à un horizon politique déroutant : au sarkozysme retentissant fait face une gauche du néant et une écologie politique fragilisée.
Le modèle de la droite aujourd'hui ce n'est pas seulement une politique. C'est un nouveau pouvoir qui est à la fois partout et nulle part.
Partout quant à son omniprésence médiatique relayée par un journalisme complaisant, usant et abusant du mélange des genres entre communication et politique.
Nulle part, car il marque chaque jour plus un renoncement de la politique au profit d'une seule logique : le libre marché, et d'une seule vision : le triomphe du fort sur le faible.
Ce modèle c'est celui d'une présidence impériale, qui décide pour tous, tenant en laisse son propre gouvernement. Ce n'est que l'avant gout de la régression démocratique avancée par la comission Balladur. Elle nous propose une nouvelle République plus proche de l'autocratie russe de Poutine que d' une démocratie, même à l'Américaine.
En maitre prestidigateur, Nicolas Sarkozy est parvenu à imposer le triomphe d'une illusion d'optique en trois dimensions.
Illusion des idées, d'abord. Il serait devenu le chantre de la modération, du rassemblement et même de valeurs qui lui étaient jusqu'à alors étrangères, comme l'écologie. C'est à ce spectacle que nous avons assisté lors du Grenelle. Nous aurions aimé nous féliciter de cette conversion tardive mais souhaitable.
Hier, comme aujourd'hui, Nicolas Sarkozy nous propose pourtant de suivre la même politique, de répondre à la crise environnementale par les mêmes recettes qui ont prouvés leur échec, sous les gouvernements de droite comme de gauche : celle de la croissance , du soutien aux lobbies , des grands projets : de la vente au monde entier des réacteurs nucléaires aux multiples contournements autoroutiers. Et loin des voyages de presse , on voit bien les effets sinistres de ces politiques, à commencer par la fermeture de 250 gares de fret.
Le gouvernement a inventé une nouvelle écologie à la Attali, celle qui ne fait de mal a personne et surtout pas à la croissance, mais dont la planète continue elle de payer la facture. Celle-ci ne doit pas effrayer Les Verts, elle doit nous redonner de l'ardeur pour porter une véritable transformation.
Illusion des problèmes, ensuite. Le gouvernement invente des malheurs puisés dans le fond des vieilles peurs. Immigration, fiscalité, oppression des petites entreprises, telle seraient nos maux. Une autre manière de ne pas parler d'un baril qui s'approche des 100$, du chômage de masse et de la sixième extinction d'espèces qui se poursuit.
Enfin, s'avance une véritable illusion du résultat. Le Président s'agite avec une nouvelle recette politique : un titre aux 20 heures, et c'en est fini de vos malheurs ! Cette nouvelle idéologie du zapping étouffe le débat démocratique et cache la réalité du projet. Que dire du démantelement du code du travail, menaçant la santé et la sécurité des travailleurs, faits dans la plus grande discrétion ?
L'affaire ne sera pas grave si il ne s'agissait que d'un numéro d'acteur. Mais le prestigidateur laisse face à son triomphe de l'illusion, la triste réalité d'une société des fractures dont on commence à entendre les premiers cris de douleurs.
La France d'aujourd'hui c'est une France déchirée, où les oppositions larvées se multiplient entre nés du bon côté de la fracture et délaissés d'un modèle social qui ne tient plus ses promesses. Le mouvement dans les universités est le dernier cri d'une génération qui craint d'être sacrifiée sur l'autel du tout-marché et du tout-sécuritaire. Les grêves multiples et massives montrent les peurs face à des solidarités en miettes. Chacun se demandent maintenant quand il sera ajouté à la liste des victimes de cette politique inique.
Face à cela, le gouvernement joue l'opposition et l'affrontement entre Français, entre mauvais bloqueurs et bons étudiants, entre grévistes et usagers. Il n'est pourtant ni digne, ni responsable, de faire aujourd'hui le jeu de l'exacerbation de ses tensions qui laisseront des traces dans notre société.
Le rêve de la rupture et du changement que propose Nicolas Sarkozy c'est le cauchemard des plus fragiles et l'hypothèque de notre avenir à tous. Si nous voulons pouvoir faire en sorte que la France se réveille à temps, alors c'est plus que jamais le moment de réveiller la gauche et de mettre l'écologie debout en capacité de résistance et de changement.
Depuis l'élection présidentielle, la gauche est un champ de ruines. Incapable de proposer un modèle alternatif pendant la campagne, la défaite ne lui a pas donner le coup de fouet qui lui manque depuis plus de six ans.
Faute de projet, le Parti Socialiste semble abdiquer devant la société de marché. Colonisée par l'idéologie libérale, il se contente de se déchirer.
La gauche de la gauche, ne trouve pas d'autres remèdes à sa crise que de se replier sur ses vieux mots d'ordre qui sentent bon les slogans d'avant hier.
Il y a de la place pour une voie politique qui refuse à la fois l'égoïsme des valeurs du marché et les remèdes datés.
Nous avons le devoir de faire de l'écologie un modèle alternatif à la social-démocratie et au libéralisme. L'écologie politique n'a pas raté son rendez-vous avec l'Histoire. Elle doit aujourd'hui se remettre en chantier pour convaincre.
Si en vingt-cinq ans nous sommes parvenus avec succès à imposer nos interrogations et nos thématiques, alors nous devons aujourd'hui être capable d'apporter nos solutions. Cela exige de nous un souffle similaire à celui qui a animé notre mouvement lors de sa fondation et des étapes au cours desquelles il s'est revivifié.
Ce a quoi nous devons aujourd'hui nous atteler c'est à faire le pari d'une écologie en grand, debout, fière de son originalité et ouverte à la société.
Notre tryptique n'a pas pris une ride, c'est notre enthousiame à le porter qui a besoin d'un remontant. Aujourd'hui plus que jamais nous avons besoin d'une société s'articulant autour des valeurs d'autonomie, de responsabilité et de solidarité. Pour cela, elle aura besoin d'un grand mouvement, un mouvement populaire de l'écologie.
Pour certains, il est peut-être déjà trop tard et face aux périls de la crise environnementale l'avenir est à aller porter notre projet ailleurs. Ce débat stratégique est légitime, il aura certainement lieu lors de notre prochaine assemblée générale. Pour ma part, je continue de considérer cette voie comme sans issue.
Les Verts devront être plus grand, plus fort, capable de peser à la fois dans les institutions et de participer aux luttes. Nos modes de fonctionnement mis en place il y a vingt-cinq ans nécessitent d'être modifiés. Mais, nous rénover doit toujours avoir pour objectif de mieux nous rassembler . Alors que les mots de démocratie participative ont maintenant un sens pour le plus grand nombre, ce n'est pas aux Verts à se replier sur des vieux modèles.
Changer nos statuts ne nous ramenera pas nos électeurs. L'écologie politique doit maintenant entrer en résonance ave la société, montrer que nos solutions mais aussi notre organisation peuvent répondre aux attentes.
Les Verts pourront être les meilleurs des opposants pour devenir demain les acteurs du changement. Pas parce que nous serons les champions de la contestation tout-terrain, mais parce que partout nous tacherons de proposer d'autres solutions et d'autres voies. Parce que jamais, nous ne laisserons le pouvoir de la résignation prendre le pas sur notre devoir de contestation.
Les Verts seront capable de porter leur projet face aux électeurs. Quel autre parti proposera d'organiser dans chaque ville la décroissance de l'empreinte écologique, la réduction à la source des déchets, des communes organisées dans une lutte déterminée contre l'effet de serre ? Ce n'est pas pour la beauté du geste ou satisfaire un dogme que Les Verts doivent porter des listes autonomes aux municipales, mais parce qu'elles feront exister notre projet.
On dit aujourd'hui que Les Verts sont un parti d'élus, mais nous ne sommes jamais aussi mauvais que lorsqu'il s'agit de valoriser et d'appuyer le travail de ceux d'entre nous qui font bouger les politiques, de ces élus locaux qui font exister l'écologie au quotidien. Moi, je veux remercier ces acteurs qui donnent sens à notre projet.
A la veille des municipales je veux ainsi remercier toytes celles et tous ceux élus locaux municipaux ou intercommunaux qui se sont démenés pour faire avancer nos idées. Je pense en particulier à celles et à ceux qui arrêtent, après avoir beaucoup donné, en votre nome, je souhaiterais les remercier profondément.
Les Verts seront à l'initiative pour renouer avec ceux qui, plus nombreux qu'on ne le croit, dans la société agitent nos idées. Cela commencera dès Mars sur nos listes aux municipales mais devra se prolonger avec la création de lieux d'échanges pour le peuple de l'écologie. Des Assises aux Parlements de l'écologie, c'est de nouveaux modes d'agir que nous allons créer.
Les Verts doivent devenir le laboratoire des idées pour le changement. Mais nos projets, nos théories méritent d'être creusés, dépoussièrés et partagés. Faisons le pari d'enfin lancer la Fondation dont nous avons tant parlé. Nous ne devons pas avoir peur du débat d'idées, notre devoir est au contraire mieux organiser ses conditions.
Nous avons le choix : poursuivre le travail de construction qu'ont initié les fondateurs des Verts et tous ceux qui ont renforcés le parti au cours des années, relever les manches et changer de vitesse, donner envie aux bras qui manquent de nous aider, ou dénigrer et abandonner notre parti comme on casse un jouet, parce qu'on le trouve trop vieux, plus intéressant, pas assez rapide, plus à la bonne taille. Alors pour reprendre le slogan des Verts à Paris : on continue ou on arrête ?
Une voie autonome pour l'écologie, ne signifie pas une promenade solitaire . C'est au contraire parce que nous ferons le choix d'être debouts que nous serons les plus aptes à mobiliser et à réveiller nos partenaires.
Ces partenaires ce sont tout ceux qui se retrouvent dans une opposition claire et sans ambiguïté à l'Etat-UMP.
Les Verts seront à l'initiative parce qu'ils donneront la priorité à un mouvement réel plutôt qu'à une union formelle.
Nous devons prendre dès maintenant les moyens de construire le projet qui convaincra les Français qu'un autre monde est possible. Sarkoland ce n'est pas le pays dont je rêve, le FMI ce n'est pas l'institution internationale que nous préférons. L'alternance ce n'est pas un cadeau qui tombe du ciel, elle n'existera que si nous portons une véritable alternative.
Ce travail entamé aujourd'hui par les 4 partis de gauche [expliquer de manière détaillée] doit maintenant s'ouvrir à tous les acteurs de la société voulant écrire d'autres lendemains que ceux du sarkozysme. L'écologie y prendra alors toute sa place.
En cette heure, il n'est pas surprenant que l'angoisse décrite par Mailer soit un peu de notre quotidien de militant. Pourtant, si nous voulons construire l'écologie et la gauche du XXIe siècle, c'est à nous de nous en libérer.
A ce moment là, nous seront capable d'incarner un rêve, le rêve d'un autre monde, le rêve d'une autre politique, le rêve d'une autre solidarité.
Et croyez moi, la résistance elle commence lorsqu'on continue de rêver...
Je vous remercie,
Source http://www.lesverts.fr, le 27 novembre 2007
L'angoisse des fins de mois est partagée par de plus de gens tandis que l'angoise des mals logés est immense.
Tout projet d'émancipation doit commencer par nous libérer de ces angoisses.
L'angoisse, c'est aussi celle qui depuis plusieurs mois, pése sur Marina Petrella. Réfugiée italienne , elle fait l'objet d'une tentative d'expulsion dans l'indifférence générale. Rappellons ici le soutien et la solidarité totale des Verts à son égard et à celle de tous les réfugiés. Être juste, c'est aussi être capable de pardonner.
Je pense aussi toujours et comme vous à Ingrid et à la déception de celles et ceux qui ont cru à des avancées.
Mailer avait qualifié Bush de "pire président qu'il n'ait jamais vu". Du Texas à la Pologne, en passant par la France de Sarkozy, c'est bien l'acte II de la révolution conservatrice qui triomphe.
Cet ordre mondial néo conservateur est aujourd'hui le premier fauteur de troubles. Face à la crise énergetique, au défi climatique, ni l'unilatéralisme, ni les méthodes guerrières ne parviennent à restaurer l'ordre. C'est en votre nom à tous, que j'ai défendu avec Jérôme Gleizes, devant la Comission du Livre Blanc sur la Défense Nationale, notre vision de la sécurité mondiale : si nous voulons éviter les guerres, il nous faut dès maintenant préparer la paix.
Ce qui tue aujourd'hui la paix ce sont les attitudes cyniques et sans vergognes. Cynique, l'attitude de Total et Nicolas Sarkozy, avec la bénédiction de Kouchner, qui ont maintenu les investissements français en Birmanie. Cynique la politique menée en Afrique depuis des décennies par la France, de droite comme de gauche.
Le rêve de paix le plus abouti de notre époque, c'est l'Europe. Ce rêve de générations succesives, de dépasser l'Etat-Nation, nous devons en reprendre le flambeau. Car notre Europe vit aujourd'hui la fin d'un cycle. La fin d'une méthode, celle des petits pas, et celle d'un projet conçu à une autre époque. Elle doit faire face à de nouveaux défis. De nouvelles menaçes d'affrontements qui surgissent dans l'espace européen, des migrations multiples et diverses et un défi climatique majeur. Notre devoir d'Europe, c'est d'inventer ensemble, avec les Verts Européens, un nouveau projet, un autre futur pour cette Europe.
Le pire que nous pourrions faire serait de retomber dans le piège ouvert en 2005 faisant primer la forme sur le fond. Au-delà de la ratification, la véritable question qui est posée à tous les peuples d'Europe, c'est notre capacité à sortir l'Union de l'ornière du tout-marché et à faire ainsi revivre sa promesse. Car c'est bien de promesse qu'il s'agit, à l'heure où le divorce ne cesse de s'accroitre entre l'Union et ses citoyens.
Ce sont ces mêmes citoyens qui en France peinent à croire à un horizon politique déroutant : au sarkozysme retentissant fait face une gauche du néant et une écologie politique fragilisée.
Le modèle de la droite aujourd'hui ce n'est pas seulement une politique. C'est un nouveau pouvoir qui est à la fois partout et nulle part.
Partout quant à son omniprésence médiatique relayée par un journalisme complaisant, usant et abusant du mélange des genres entre communication et politique.
Nulle part, car il marque chaque jour plus un renoncement de la politique au profit d'une seule logique : le libre marché, et d'une seule vision : le triomphe du fort sur le faible.
Ce modèle c'est celui d'une présidence impériale, qui décide pour tous, tenant en laisse son propre gouvernement. Ce n'est que l'avant gout de la régression démocratique avancée par la comission Balladur. Elle nous propose une nouvelle République plus proche de l'autocratie russe de Poutine que d' une démocratie, même à l'Américaine.
En maitre prestidigateur, Nicolas Sarkozy est parvenu à imposer le triomphe d'une illusion d'optique en trois dimensions.
Illusion des idées, d'abord. Il serait devenu le chantre de la modération, du rassemblement et même de valeurs qui lui étaient jusqu'à alors étrangères, comme l'écologie. C'est à ce spectacle que nous avons assisté lors du Grenelle. Nous aurions aimé nous féliciter de cette conversion tardive mais souhaitable.
Hier, comme aujourd'hui, Nicolas Sarkozy nous propose pourtant de suivre la même politique, de répondre à la crise environnementale par les mêmes recettes qui ont prouvés leur échec, sous les gouvernements de droite comme de gauche : celle de la croissance , du soutien aux lobbies , des grands projets : de la vente au monde entier des réacteurs nucléaires aux multiples contournements autoroutiers. Et loin des voyages de presse , on voit bien les effets sinistres de ces politiques, à commencer par la fermeture de 250 gares de fret.
Le gouvernement a inventé une nouvelle écologie à la Attali, celle qui ne fait de mal a personne et surtout pas à la croissance, mais dont la planète continue elle de payer la facture. Celle-ci ne doit pas effrayer Les Verts, elle doit nous redonner de l'ardeur pour porter une véritable transformation.
Illusion des problèmes, ensuite. Le gouvernement invente des malheurs puisés dans le fond des vieilles peurs. Immigration, fiscalité, oppression des petites entreprises, telle seraient nos maux. Une autre manière de ne pas parler d'un baril qui s'approche des 100$, du chômage de masse et de la sixième extinction d'espèces qui se poursuit.
Enfin, s'avance une véritable illusion du résultat. Le Président s'agite avec une nouvelle recette politique : un titre aux 20 heures, et c'en est fini de vos malheurs ! Cette nouvelle idéologie du zapping étouffe le débat démocratique et cache la réalité du projet. Que dire du démantelement du code du travail, menaçant la santé et la sécurité des travailleurs, faits dans la plus grande discrétion ?
L'affaire ne sera pas grave si il ne s'agissait que d'un numéro d'acteur. Mais le prestigidateur laisse face à son triomphe de l'illusion, la triste réalité d'une société des fractures dont on commence à entendre les premiers cris de douleurs.
La France d'aujourd'hui c'est une France déchirée, où les oppositions larvées se multiplient entre nés du bon côté de la fracture et délaissés d'un modèle social qui ne tient plus ses promesses. Le mouvement dans les universités est le dernier cri d'une génération qui craint d'être sacrifiée sur l'autel du tout-marché et du tout-sécuritaire. Les grêves multiples et massives montrent les peurs face à des solidarités en miettes. Chacun se demandent maintenant quand il sera ajouté à la liste des victimes de cette politique inique.
Face à cela, le gouvernement joue l'opposition et l'affrontement entre Français, entre mauvais bloqueurs et bons étudiants, entre grévistes et usagers. Il n'est pourtant ni digne, ni responsable, de faire aujourd'hui le jeu de l'exacerbation de ses tensions qui laisseront des traces dans notre société.
Le rêve de la rupture et du changement que propose Nicolas Sarkozy c'est le cauchemard des plus fragiles et l'hypothèque de notre avenir à tous. Si nous voulons pouvoir faire en sorte que la France se réveille à temps, alors c'est plus que jamais le moment de réveiller la gauche et de mettre l'écologie debout en capacité de résistance et de changement.
Depuis l'élection présidentielle, la gauche est un champ de ruines. Incapable de proposer un modèle alternatif pendant la campagne, la défaite ne lui a pas donner le coup de fouet qui lui manque depuis plus de six ans.
Faute de projet, le Parti Socialiste semble abdiquer devant la société de marché. Colonisée par l'idéologie libérale, il se contente de se déchirer.
La gauche de la gauche, ne trouve pas d'autres remèdes à sa crise que de se replier sur ses vieux mots d'ordre qui sentent bon les slogans d'avant hier.
Il y a de la place pour une voie politique qui refuse à la fois l'égoïsme des valeurs du marché et les remèdes datés.
Nous avons le devoir de faire de l'écologie un modèle alternatif à la social-démocratie et au libéralisme. L'écologie politique n'a pas raté son rendez-vous avec l'Histoire. Elle doit aujourd'hui se remettre en chantier pour convaincre.
Si en vingt-cinq ans nous sommes parvenus avec succès à imposer nos interrogations et nos thématiques, alors nous devons aujourd'hui être capable d'apporter nos solutions. Cela exige de nous un souffle similaire à celui qui a animé notre mouvement lors de sa fondation et des étapes au cours desquelles il s'est revivifié.
Ce a quoi nous devons aujourd'hui nous atteler c'est à faire le pari d'une écologie en grand, debout, fière de son originalité et ouverte à la société.
Notre tryptique n'a pas pris une ride, c'est notre enthousiame à le porter qui a besoin d'un remontant. Aujourd'hui plus que jamais nous avons besoin d'une société s'articulant autour des valeurs d'autonomie, de responsabilité et de solidarité. Pour cela, elle aura besoin d'un grand mouvement, un mouvement populaire de l'écologie.
Pour certains, il est peut-être déjà trop tard et face aux périls de la crise environnementale l'avenir est à aller porter notre projet ailleurs. Ce débat stratégique est légitime, il aura certainement lieu lors de notre prochaine assemblée générale. Pour ma part, je continue de considérer cette voie comme sans issue.
Les Verts devront être plus grand, plus fort, capable de peser à la fois dans les institutions et de participer aux luttes. Nos modes de fonctionnement mis en place il y a vingt-cinq ans nécessitent d'être modifiés. Mais, nous rénover doit toujours avoir pour objectif de mieux nous rassembler . Alors que les mots de démocratie participative ont maintenant un sens pour le plus grand nombre, ce n'est pas aux Verts à se replier sur des vieux modèles.
Changer nos statuts ne nous ramenera pas nos électeurs. L'écologie politique doit maintenant entrer en résonance ave la société, montrer que nos solutions mais aussi notre organisation peuvent répondre aux attentes.
Les Verts pourront être les meilleurs des opposants pour devenir demain les acteurs du changement. Pas parce que nous serons les champions de la contestation tout-terrain, mais parce que partout nous tacherons de proposer d'autres solutions et d'autres voies. Parce que jamais, nous ne laisserons le pouvoir de la résignation prendre le pas sur notre devoir de contestation.
Les Verts seront capable de porter leur projet face aux électeurs. Quel autre parti proposera d'organiser dans chaque ville la décroissance de l'empreinte écologique, la réduction à la source des déchets, des communes organisées dans une lutte déterminée contre l'effet de serre ? Ce n'est pas pour la beauté du geste ou satisfaire un dogme que Les Verts doivent porter des listes autonomes aux municipales, mais parce qu'elles feront exister notre projet.
On dit aujourd'hui que Les Verts sont un parti d'élus, mais nous ne sommes jamais aussi mauvais que lorsqu'il s'agit de valoriser et d'appuyer le travail de ceux d'entre nous qui font bouger les politiques, de ces élus locaux qui font exister l'écologie au quotidien. Moi, je veux remercier ces acteurs qui donnent sens à notre projet.
A la veille des municipales je veux ainsi remercier toytes celles et tous ceux élus locaux municipaux ou intercommunaux qui se sont démenés pour faire avancer nos idées. Je pense en particulier à celles et à ceux qui arrêtent, après avoir beaucoup donné, en votre nome, je souhaiterais les remercier profondément.
Les Verts seront à l'initiative pour renouer avec ceux qui, plus nombreux qu'on ne le croit, dans la société agitent nos idées. Cela commencera dès Mars sur nos listes aux municipales mais devra se prolonger avec la création de lieux d'échanges pour le peuple de l'écologie. Des Assises aux Parlements de l'écologie, c'est de nouveaux modes d'agir que nous allons créer.
Les Verts doivent devenir le laboratoire des idées pour le changement. Mais nos projets, nos théories méritent d'être creusés, dépoussièrés et partagés. Faisons le pari d'enfin lancer la Fondation dont nous avons tant parlé. Nous ne devons pas avoir peur du débat d'idées, notre devoir est au contraire mieux organiser ses conditions.
Nous avons le choix : poursuivre le travail de construction qu'ont initié les fondateurs des Verts et tous ceux qui ont renforcés le parti au cours des années, relever les manches et changer de vitesse, donner envie aux bras qui manquent de nous aider, ou dénigrer et abandonner notre parti comme on casse un jouet, parce qu'on le trouve trop vieux, plus intéressant, pas assez rapide, plus à la bonne taille. Alors pour reprendre le slogan des Verts à Paris : on continue ou on arrête ?
Une voie autonome pour l'écologie, ne signifie pas une promenade solitaire . C'est au contraire parce que nous ferons le choix d'être debouts que nous serons les plus aptes à mobiliser et à réveiller nos partenaires.
Ces partenaires ce sont tout ceux qui se retrouvent dans une opposition claire et sans ambiguïté à l'Etat-UMP.
Les Verts seront à l'initiative parce qu'ils donneront la priorité à un mouvement réel plutôt qu'à une union formelle.
Nous devons prendre dès maintenant les moyens de construire le projet qui convaincra les Français qu'un autre monde est possible. Sarkoland ce n'est pas le pays dont je rêve, le FMI ce n'est pas l'institution internationale que nous préférons. L'alternance ce n'est pas un cadeau qui tombe du ciel, elle n'existera que si nous portons une véritable alternative.
Ce travail entamé aujourd'hui par les 4 partis de gauche [expliquer de manière détaillée] doit maintenant s'ouvrir à tous les acteurs de la société voulant écrire d'autres lendemains que ceux du sarkozysme. L'écologie y prendra alors toute sa place.
En cette heure, il n'est pas surprenant que l'angoisse décrite par Mailer soit un peu de notre quotidien de militant. Pourtant, si nous voulons construire l'écologie et la gauche du XXIe siècle, c'est à nous de nous en libérer.
A ce moment là, nous seront capable d'incarner un rêve, le rêve d'un autre monde, le rêve d'une autre politique, le rêve d'une autre solidarité.
Et croyez moi, la résistance elle commence lorsqu'on continue de rêver...
Je vous remercie,
Source http://www.lesverts.fr, le 27 novembre 2007