Déclaration de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, sur la médiation de la France pour sortir du blocage politique et aboutir au choix d'un candidat présidentiel de consensus au Liban, Beyrouth le 19 novembre 2007.

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Circonstance : Tournée de Bernard Kouchner au Proche-Orient du 18 au 23 novembre 2007 : déplacement au Liban et entretien avec Nabih Berry, président de la Chambre des députés le 19 à Beyrouth

Texte intégral

Je continue mes rencontres. J'essaie d'éclairer la situation. Après tant d'efforts nécessaires et dispensés avec beaucoup de plaisir - puisque cela n'est pas un effort désagréable pour moi de venir au Liban - de la part de la France et d'autres pays, après avoir fait accepter par la majorité et l'opposition, par la Syrie, après avoir parlé avec l'Iran, avec tous les pays alentour, nous avons pris l'initiative. La France a pris une initiative acceptée par tous. J'ai demandé au Patriarche, Sa Béatitude Sfeir, d'établir une liste de noms. On nous a demandé, à nous la France, de demander au Patriarche. C'est un homme que je respecte et que j'aime beaucoup. Le Patriarche a établi sa liste et tout le monde était d'accord pour choisir un candidat de consensus. Je ne veux pas savoir les noms, ce n'est pas à moi de choisir, c'est à M. Saad Hariri et à M. Nabih Berry : l'opposition et la majorité.
C'est toujours comme cela. C'est encore comme cela. C'est cela qu'il faut faire. Et nous sommes au Liban. Il n'y a jamais de décisions prises seulement au Liban. Il y a toujours les pays environnants. Les pays environnants étaient d'accord. Ils encourageaient la France. Alors pourquoi cela ne marche pas ? Pourquoi cela va marcher peut être ? J'espère, je crois, comme d'habitude, à la dernière minute. Vous savez la dernière minute, c'est dans deux jours. Deux jours pour que le Liban se reprenne en mains, que le Liban prenne son destin, son avenir, ses enfants, la place du Liban, de la démocratie libanaise, des communautés libanaises, dans la région. Il reste deux jours. Deux jours.
Alors, j'essaie de comprendre où sont les blocages. Les noms ne m'intéressent pas, je veux que la majorité et l'opposition s'entendent. Je sais la position du général Aoun, je sais ce qu'a dit le Hezbollah, mais il faut s'entendre sur un nom. Ce n'est pas moi qui le ferai. Moi je ne peux qu'écouter les uns et les autres, essayer de mettre les bonnes volontés ensemble.
Nous allons continuer et je vous préviens, Mesdames et Messieurs, Chers Amis, Chers Libanais, ce n'est pas la France qui choisira le nom, ce n'est pas la France qui votera. Ce n'est pas la France qui va déterminer l'avenir du Liban. Ce sont les Libanais, la majorité et l'opposition. Les chiites, les sunnites, les maronites : tout le monde. C'est cela un président. Le président n'a pas des pouvoirs exceptionnels, selon la Constitution. Mais il faut l'élire à la date prévue par la Constitution. Le président c'est essentiel. Après il y a un fonctionnement, après il y a un gouvernement, après il y a des projets, après il y a une volonté libanaise. Mais ce président doit être élu maintenant. Je mets en garde, je ne désigne personne, mais ceux qui bloqueront le processus porteront une très lourde responsabilité. La France veut, souhaite, espère que le processus se débloquera. Sinon, il faudra véritablement désigner les responsables qui auront porté le Liban vers la crise. Voilà, il reste deux jours, nous continuons, nous nous reverrons et je vous remercie.

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 novembre 2007