Texte intégral
Mesdames et Messieurs, nous nous voyons plusieurs fois par jour et, à chaque fois, je vous dépeins une situation un peu différente. J'étais avec Samir Geagea, son épouse et son équipe. Nous avons parlé très ouvertement, très fraternellement. Nous avons constaté - j'ai tenu le même discours - qu'encore une fois il y a eu cette initiative française dans une situation qui paraissait difficile avec une multitude de candidats.
On nous a demandé de faire auprès du Patriarche, que je respecte et que j'affectionne beaucoup, une démarche pour qu'il finisse par mettre des noms sur une liste. Cela a été fait. Nous avons, auprès de Nabih Berry et de Saad Hariri, fait ce qu'il fallait pour que la liste soit discutée. Elle a été partiellement discutée. Mais nous n'avons pas de solution pour le moment. Je n'ai aucune solution. Les noms ne nous concernent pas. Je pense que Samir Geagea est d'accord avec moi, je veux que le Liban constitutionnellement, démocratiquement, s'en sorte, s'affirme, aille de l'avant. Voilà où nous en sommes.
Nous avons parlé d'un certain nombre de possibilités, certaines sont sympathiques et dynamiques, d'autres sont plus ou moins dangereuses. Nous voulons absolument, c'est la position de la France qu'un candidat de consensus soit trouvé. Il reste deux jours, deux jours décisifs pour l'avenir de ce pays que j'aime et dont la région a besoin. Si cela est fait, si un candidat, quel qu'il soit, je n'ai pas de préférence, ce n'est pas à moi d'en avoir, si un candidat est élu, un candidat de consensus, un candidat sur lequel la majorité et l'opposition pourraient se mettre d'accord, je vous assure que vous aurez non seulement créé un mouvement qui va se répercuter sur les discussions entre les Palestiniens et les Israéliens, sur toute la région pour la rééquilibrer, mais aussi vous aurez la communauté internationale de votre côté, et l'Union européenne. Je vous l'assure, nous serons à vos côtés.
Q - Qui est l'obstacle ? Est-ce que Samir Geagea est l'un des obstacles ?
R - Si c'est un obstacle, c'est un obstacle extrêmement amical.
Q - Qui est le nom de consensus ?
R - Je ne sais pas, je ne discute pas avec les gens sur les noms, je ne suis pas l'intermédiaire. Si on me demande de faire le facilitateur, je le ferai. Il y a une liste, et il y a au moins deux personnes. M. Nabih Berry et M. Hariri sont en train de parler de chacune des deux personnes, des alliés et des amis, qui eux aussi font valoir leurs exigences. Je sais bien qu'au Liban cela va se déterminer au dernier moment.
Q - (Inaudible)
R - Je suis là pour manifester, en tout cas pour souligner, pour conforter tous les aspects positifs de ma mission. La France est avec le Liban et toutes ses représentations communautaires et religieuses. Je ne veux préférer personne. Je vous dirai après bien volontiers ce que je préférais. Elisez un candidat de consensus, et je vous donnerai mon sentiment. Je vous donnerai mon sentiment sur les institutions.
Q - Est ce que la liste peut être modifiée ? Ajouter un nom ou deux noms ?
R - Non. Tout le monde a promis au Patriarche Sfeir que cette liste serait respectée, qu'elle ne serait pas trafiquée. Que c'est autour de cela qu'on discuterait. Maintenant si tous les deux candidats se mettaient d'accord avec le Patriarche...
Q - Vous "supportez" le général.
R - Je vais voir le général Aoun tout à l'heure. Comment cela "je le supporte" ? Vous voulez dire que je le soutiens ?
Q - (Inaudible)
R - Je ne veux pas faire de catastrophisme. Simplement, ce pays est adulte, il existe, il doit s'imposer. Nous avons aussi parlé aux divers voisins. Tous attendent un candidat de consensus pour, non pas régler les problèmes économiques et politiques, mais commencer sur des bases démocratiques qui sont les bases constitutionnelles.
Q - Mais vous avez choqué les Libanais. Vous étiez optimiste, maintenant vous êtes pessimiste .
R - C'est cela qui vous choque ? Mais c'est vous qui me rendez parfois pessimiste. Je pensais que vraiment, avec la liste du Patriarche, on allait assez vite trouver un consensus. On n'est pas en train de le trouver. Il y a eu aussi des discours assez dérangeants qui ont été prononcés. Tout cela n'était pas très sympathique, donc je l'ai dit. J'ai le droit de parler comme je le veux. Je suis français. Je suis d'un pays ami de tout le monde ici. J'exprime mon opinion parce que je pense que cela peut être utile, mais vous avez le droit de me dire que je dois me taire.
Q - Est-ce que la Syrie est un obstacle ?
R - J'espère que la Syrie, et je le saurai dans les heures ou les jours qui viennent, cessera d'être un obstacle pour être un facilitateur.
Q - (Inaudible)
R - Je n'ai pas à vous citer les responsables, mais au contraire les facilitateurs. Ce que je voudrais c'est transformer les obstacles en quelque chose de dynamique qui aille vers une élection. Ce n'est pas la fin du monde l'élection d'un président, au contraire tout commence à partir de là. C'est ce que je veux donner comme impression.
Q - Vous allez rencontrer le Patriarche Sfeir ?
R - Je pense que je lui rendrai de toute façon une visite de respect et d'amitié.
Q - (Inaudible)
R - Je crois qu'il ne faut pas prévoir le pire, mais prévoir le meilleur. Je crois qu'après que les institutions auront fonctionné, alors elles continueront de la meilleure manière qu'il soit. Je pense qu'on peut très bien, après l'élection d'un président de consensus, au contraire faire enfin de la politique, parler du programme, parler de la dette libanaise, parler de la façon dont on redresse le pays. Je pense qu'on en a besoin. Je ne crois pas cela, mais je crois que certains le craignent. Je ne suis pas libanais. J'essaie d'apporter des éléments qui soient seulement positifs. Je n'apporte jamais d'obstacles aux Libanais. Les Libanais feront exactement ce qu'ils veulent, de toute façon c'est leur habitude.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 novembre 2007