Chat de M. Laurent Wauquiez, secrétaire d'Etat, porte-parole du gouvernement, sur le site porte-parole.gouv.fr, le 28 novembre 2007, notamment sur les violences dans les banlieues, le pouvoir d'achat, la rémunération des heures supplémentaires, la réforme des régimes spéciaux de retraite.

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Texte intégral

Modérateur : Bonjour à tous. Bienvenue sur les sites du Gouvernement pour un deuxième dialogue en direct et en vidéo avec Laurent Wauquiez.
Laurent Wauquiez : Bonsoir. Oui c'est notre deuxième chat. D'abord, j'avais promis. La deuxième chose, c'est que les questions étaient punchy. J'ai envie de le faire dans la durée. Pas que ce ne soit qu'un coup de com'.
Lahlali_Lille : Considérant que la "politique" de l'immigration, l'intégration, le phénomène des banlieues, les inégalités et la citoyenneté française sont des thèmes délicats, mal compris et "utilisés" par les politiques, ne serait-il pas temps qu'un président déterminé ait le courage de réconcilier tous les Français ?
Laurent Wauquiez : Merci de sa question. Ce n'est pas facile. Si, par exemple, on prend les parents de ces deux jeunes qui sont morts tués sur leur moto, l'une des deux familles est en France depuis trente ans et ne parle pas le français. On ne peut pas s'empêcher de dire que c'est une remise en cause de notre modèle d'intégration. C'est notre faute aussi. D'abord, je pense qu'il est important de dire qu'on n'a pas attendu la crise pour s'en occuper. Dès que Fadela Amara a été nommée au Gouvernement, le président de la République lui a demandé de préparer un plan. Le but, c'est de faire un truc qui touche à l'endroit où on pense qu'est le problème, notamment l'emploi des jeunes et les transports. Il sera présenté le 22 janvier 2008. On pourra en parler peut-être dans un chat.
Gold31 : Pensez-vous que le président Nicolas Sarkozy va apporter une réponse ferme, plutôt attendue dans les rangs de l'opinion, à propos des violences ?
Laurent Wauquiez : Oui. J'ai été frappé de voir la violence de ce qui s'est passé. Il suffit d'aller sur Skyblog pour se rendre compte de la violence de ce qui est dit : "Tuer des sales cons de flics". Ce n'est pas acceptable. Des gens ont tiré des balles sur les policiers. L'un a été touché à l'épaule, l'autre près du coeur. L'idée, c'est qu'il y a des choses sur lesquelles il faut bosser, mais il y a des choses qui sont inacceptables. On ne peut pas tirer comme ça sur des policiers. On va tout faire pour les retrouver.
Morgan67 : Suite aux événements de ce dimanche, quelle sera la réponse du Gouvernement ? Nous ne sommes plus face à de simples émeutes de quartier mais face à une tentative de guérilla urbaine. Je pense donc qu'il faut répondre à hauteur de la menace et y mettre les moyens. Le Gouvernement doit être drastique !
Laurent Wauquiez : D'abord, la première chose, c'est que le risque, pour nous, c'est quoi ? C'est que finalement il suffit de cramer des bagnoles pour avoir un plan banlieue. Ce n'est pas la réponse. Il faut être ferme. Il faut donc une réponse d'ordre et d'action en justice. L'autre point, c'est l'action en profondeur pour savoir comment bosser sur les quartiers : leur permettre de trouver un job, puis l'éducation et la formation, l'apprentissage du français, et les transports en commun. Tous les jobs sont à Roissy. En ce qui concerne Villiers-le-Bel, on doit revenir vers Paris pour aller vers Roissy. Ce n'est pas normal. On va faire quelque chose dans ce sens.
Vacataire : Allez-vous faire des mesures bienveillantes favorables aux banlieues après les événements de violence ? J'habite à la campagne où il n'y pas de mesures favorables. Peut-être est-on trop calme ? S'il vous plaît, pensez aux campagnes où l'on respecte l'autorité.
Laurent Wauquiez : Très juste. Il a raison. Dans mon département, on me dit : il faut cramer des bagnoles pour se faire entendre dans ce pays ? C'est bien ce qu'on ne souhaite pas. On fait un plan banlieue de la même manière qu'on doit avoir une réflexion sur le rural. Il y a des territoires qui ont des difficultés. Il faut les aider, mais il ne faut pas attendre que des voitures soient brûlées pour faire quelque chose. Sur la justice, vous avez entendu toutes les histoires autour de la question : qu'est-ce qui s'est passé au juste ? Que faisaient les policiers ? Etc. A priori, il n'était pas utile de nommer un juge d'instruction. Mais pour les familles qui ont perdu leurs jeunes, elles ont besoin de savoir ce qui s'est passé. En toute indépendance, on doit chercher à savoir ce qui s'est passé.
Sergio : Pourquoi dans certaines cités où il y a des fonctionnaires expérimentés, il y a moins de problèmes, alors que dans d'autres ce sont des débutants qui sont positionnés ?
Laurent Wauquiez : Très juste. C'est un point sur lequel on va bosser, c'est la fidélisation. Je l'ai vécu avec des copains profs qu'on envoie dans les quartiers difficiles alors qu'ils sont inexpérimentés. C'est la même chose pour les forces de l'ordre. Ce qu'on veut faire, c'est inciter les gens expérimentés à aller dans les quartiers difficiles avec une vraie incitation, une vraie prime.
Modérateur : Mais la police de proximité a été supprimée...
Laurent Wauquiez : La police de proximité, c'est un truc hallucinant, la gauche s'en sert comme une sorte de porte-étendard. La police de proximité, c'est des gens présents en continu dans les quartiers. Cela a toujours été le cas dans la police. A côté de cela, il y a des commissariats de proximité construits un peu partout dans les quartiers et destinés à être présents partout sur le territoire. Mais si la police de proximité, c'est uniquement les policiers qui jouent au foot avec les jeunes, ce n'est pas leur job. C'est celui des éducateurs de quartier. La police est là pour faire respecter l'ordre.
BE78 : En vue des prochaines réformes touchant à une amélioration du pouvoir d'achat, pourquoi le Gouvernement ne réagit-il pas face à la baisse significative de ce pouvoir d'achat : le Français moyen ne semble pas concerné par les chiffres officiels qui n'ont aucune mesure avec la réalité : autre méthode ?
Laurent Wauquiez : D'abord, pour répondre à BE78, je voudrais évoquer une réunion qui s'est déroulée en juillet avec des experts économiques autour du président de la République. Et tous les experts disaient : il n'y a pas de problème de pouvoir d'achat en France. Le président a répondu : dans les chiffres que vous citez, il y a peut-être l'écran plasma, mais les familles qui font leur courses n'achètent pas d'écran plasma tous les jours. C'est pour cela qu'on a fait quelque chose sur les heures supplémentaires. En face de nous, on a des tendances dures : la hausse du pétrole, des produits alimentaires, des loyers. C'est pour cela que le président a demandé une deuxième série de mesures pour agir sur la concurrence entre les grandes surfaces, les opérateurs téléphoniques et les banques pour leur faire réduire leurs tarifs. Ce que je souhaite apporter comme réponse, c'est que c'est un sujet difficile. Les Français nous attendent dessus, on essaie d'imaginer le plus de solutions possibles, mais on a des tendances lourdes en face. On ne pourra pas tout résoudre du jour au lendemain.
Yes : En matière de pouvoir d'achat, le Gouvernement prévoit-il un déblocage anticipé de tout ou partie de l'épargne salariale (participation et intéressement), comme cela avait été le cas avec MM. Juppé et Balladur ?
Laurent Wauquiez : Oui, cela fait partie des pistes qui peuvent être à l'étude. C'est des bonnes suggestions, qu'on n'a pas arrêtées définitivement. Cela fait partie des pistes envisagées. Concernant les stock-options, on a le projet de mettre une taxe sur celles-ci pour qu'elles puissent contribuer à la protection sociale.
Nicolas Laffont : Comment justifiez-vous l'inflation économique des six derniers mois ? Allez-vous prendre des mesures ?
Laurent Wauquiez : C'est un peu le même problème, c'est-à-dire : comment ne pas perdre du pouvoir d'achat ? Soit votre salaire ne bouge pas, soit vous dépensez plus pour le même caddie chaque jour. Et le problème d'inflation est localisé sur certains points : les produits alimentaires, le pétrole et l'immobilier. C'est là-dessus qu'il faut travailler. Aujourd'hui, c'est les trois angles qu'il faut aborder sur le pouvoir d'achat.
Anonyme : A partir de quand la loi sur les heures supplémentaires s'appliquera-t-elle aux fonctionnaires ? En effet, en tant qu'agent travaillant au sein de la Direction générale des impôts, personne ne peut nous dire si les heures supplémentaires seront payées.
Laurent Wauquiez : C'est une question super technique car le dispositif est hyper compliqué. Je vais essayer de répondre en étant prudent, car je ne suis pas sûr des détails. Il y a un dispositif qui permet deux choses : d'abord, les heures supplémentaires n'étaient pas payées dans la Fonction publique, donc les gens pouvaient les récupérer. Désormais, elles seront payées, suivant un plafond. Ensuite, on fait en sorte que les heures supplémentaires soient rémunérées tout de suite, avec les mêmes avantages que dans le privé : pas de taxes, pas d'impôts sur le revenu.
Thomas : Vous avez déclaré que l'une des pistes pour améliorer le pouvoir d'achat était de négocier une baisse des tarifs avec les opérateurs télécom. Est-ce que ce n'est pas antinomique avec la vision économique libérale du Gouvernement ? Et à quand le retour du prix règlementé pour le pain ?
Laurent Wauquiez : Pour répondre à Thomas, le but n'est pas de remettre les prix contrôlés sur le pain. L'idée, c'est que précisément, pour qu'une économie fonctionne bien, il ne faut pas que des gens se fassent du beurre sur le dos des consommateurs. Et donc il faut plus de concurrence, notamment entre les grandes surfaces. Et on souhaite vérifier qu'entre les opérateurs téléphoniques, il y a suffisamment de concurrence. Ce qu'on souhaite vérifier, c'est que les banques ne camouflent pas leurs tarifs bancaires sur notre dos sans qu'on s'en aperçoive. Ce qu'on souhaite, c'est plus de concurrence pour tirer les prix vers le bas. Au profit des consommateurs.
Normandine : Pour la rentrée scolaire, ne serait-il pas préférable de donner des bons d'achat plutôt qu'une allocation qui ne va pas toujours aux enfants dans certaines familles ?
Laurent Wauquiez : C'est une question que je me suis déjà posée. Cela pourrait être une idée. Le seul point dont je me méfie, c'est qu'en France cela peut devenir une sorte d'usine à gaz. Sur le principe, c'est intéressant. La question qui est posée, c'est que, quand on met de l'argent sur la politique familiale, est-ce que c'est vraiment les enfants qui en profitent.
jean73 : Le travailler plus pour gagner plus ne s'appliquera jamais dans les entreprises en difficulté ! Pourquoi vous ne le dites jamais dans vos discours ?
Laurent Wauquiez : C'est une vraie question que je me suis posée. Il y a des secteurs où cela va marcher : le BTP et la restauration. Dans les entreprises en expansion, cela marchera aussi. Mais dans les entreprises en difficulté, est-ce que cela va marcher ? Je pense que oui. C'est un point dont il faut s'assurer. Dans une entreprise en difficulté, les heures supplémentaires permettent plus de souplesse et elles sont moins taxées en terme de charges sociales. Vendredi, vous pourrez suivre sur mon site qu'on fera une visite à Nancy sur le sujet des heures supplémentaires.
Katie : Quelle est la position du président Sarkozy sur les ouvertures du dimanche, sachant que le tribunal administratif de Pontoise vient d'interdire les ouvertures dominicales aux magasins d'ameublement du Val-d'Oise ? Quand compte-t-il modifier la législation comme il l'avait promis lors de sa campagne ?
Laurent Wauquiez : Oui, il est très déterminé sur le sujet. Seulement, il faut le faire avec une marge de souplesse. J'ai des petits commerçants. On ne peut pas leur demander de travailler du lundi au dimanche et donc ils fermeront. Cela dépend du territoire, en fait. Dans des territoires très urbanisés, c'est possible, pas dans les territoires ruraux.
King : Où est la rupture sur les sujets suivants : 1- réduction des dépenses de l'Etat. 2- réforme de l'Etat. Le président Sarkozy a-t-il décidé de se "chiraquiser" ?
Laurent Wauquiez : Je vais essayer de donner des éléments concrets de rupture. La réforme des régimes spéciaux. La fusion de l'ANPE et de l'Unedic, qui nous permettra d'être plus efficaces. Le fait d'avoir baissé de façon volontariste le nombre de fonctionnaires en disant : il faut réfléchir sur la façon dont cela fonctionne mieux, que cela nous coûte moins cher et de mieux rémunérer les fonctionnaires. Le dernier point, c'est la façon dont tout l'Etat fonctionne. Il faut réfléchir à une façon de mieux fonctionner. Je suis sûr qu'il y a moyen de fonctionner de manière plus efficace.
Louis Esrevart : Si les bénéficiaires des retraites particulières veulent garder tous les avantages dépassés, alors qu'ils assument. Laissons-les gérer eux-mêmes leur propre retraite, sans que le Gouvernement ait à intervenir, à rembourser les déficits... C'est simple et logique.
Laurent Wauquiez : C'est vrai. C'est simple et logique. Quelque part, en creux, cela pose bien le problème des régimes spéciaux. Et le résultat, c'est que tous les Français paient pour ces régimes spéciaux-là. Quelque part, c'est un devoir de faire quelque chose pour nous permettre d'assurer de minimum de stabilité, de sécurité.
wiwi 54 : J'insiste sur ma question, la dernière fois elle n'a sûrement pas été sélectionnée ! ! ! Quand on parle de régimes spéciaux de retraite, pourquoi ne pas englober tout le monde ? Armée, gendarmerie, députés, etc. Merci pour vos forums même si je ne suis pas du même bord politique que vous.
Laurent Wauquiez : Merci. Pourquoi ne pas englober tous les régimes spéciaux ? Il a raison de poser cette question. Je ne vais pas redire ce que j'ai déjà dit. Juste, la seule chose, sur le régime des parlementaires, il y a pas mal de réajustements qui ont été faits et ils se sont presque alignés sur le régime général, notamment sur le plan des annuités. Un point qui n'a pas bougé, c'est la double cotisation. Par contre, sur l'armée, la police et la gendarmerie, c'est des boulots super éprouvants, physiquement, et on ne peut pas demander à un militaire de faire une carrière trop longue.
taf75 : Vous n'en avez pas marre de dire que les "usagers sont pris en otage" pendant les grèves ? Ce terme est quand même très abusif, être empêché de se déplacer ce n'est pas la même chose qu'être privé de liberté par la violence ou les armes !
Laurent Wauquiez : D'abord, taf75 reconnaîtra que je n'ai jamais utilisé cette expression. Ce n'est pas une expression que j'utilise. Effectivement, chaque mot doit être à la bonne place. Empêcher quelqu'un d'aller travailler, c'est une forme de violence. Obliger quelqu'un à faire trois ou quatre heures de trajet le matin au lieu d'une demi-heure d'habitude, c'est violent. C'est un équilibre à trouver entre le droit de grève et le droit d'aller travailler. Le service minimum doit être appliqué dès 2008.
NicolasLaffont : Comment réagissez-vous aux différents mouvements sociaux contre le Gouvernement qui se soulèvent aussi bien dans le milieu public, l'enseignement ou même le milieu libéral ?
Laurent Wauquiez : Deux choses : la première, c'est qu'il n'est pas facile de réformer, surtout en France où cela a été fait de façon catastrophique dans les années antérieures. Même dans notre pays, on a intérêt à discuter, à se mettre autour d'une table, plutôt que de se cogner dessus. C'est ce changement de mentalités qu'on essaie de mettre en place. Pendant la réforme des régimes spéciaux, on a essayé de dire : il y a un effort à faire pour que tout le monde soit au même niveau. Et donc on est prêt à côté de cela à discuter sur d'autres éléments. On n'a pas été dans une logique qui consistait à cogner. Cela peut être fait de façon plus intelligente que cela.
Boomties : Mon père est militaire (pompier), à 55 ans il est obligé de partir en retraite, alors qu'il souhaite continuer. Que pensez-vous de cette situation bien dommage ?
Laurent Wauquiez : Pour les militaires, cela se justifie, pour les pompiers il y a une discussion à avoir. Dans mon département, il y a notamment un chef de caserne qui a été obligé de partir en retraite en raison de la limite d'âge. C'est peut-être dommage car il avait une expérience dont il pouvait faire profiter.
Marcel : Qu'adopterez-vous au sujet des longues carrières ? Travaillant depuis l'âge de 14 ans comme ouvrier aux vignes, j'aurai 42 ans de cotisations fin 2008, je n'aurai pas 60 ans, pourrai-je prendre ma retraite ? J'aimerais avoir une réponse précise à ce sujet. Je vous remercie.
Laurent Wauquiez : Il a commencé à travailler très tôt, mais il n'aura pas 60 ans au moment de ses 42 ans de cotisations. Cela fait partie de la loi Fillon, donc oui, il pourra partir s'il a bien payé ses cotisations. Il a intérêt à se renseigner tout de suite pour le savoir.
guychar : 1 - Les grévistes seront-ils payés comme par le passé par des moyens détournés ? 2 - Où en est-on sur les modalités a minima nécessaires pour déclencher une grève ? 3 - A quand un système de retraite des fonctionnaires basé sur les 25 meilleures années comme au privé ?
Laurent Wauquiez : Pour la première question : non, non et non. Deuxième question : sur les règles pour tenir la grève, on a essayé d'encadrer un peu mieux pour qu'il n'y ait pas trop de grèves sauvages, pour pourvoir prévenir les usagers, etc. Concernant les fonctionnaires, c'est vrai que le système du privé est moins avantageux que celui du public, mais toutes les primes sont exclues du calcul du montant de la retraite, alors que les primes sont très importantes dans le régime public. Il faut cesser les caricatures, le régime public n'est pas toujours plus avantageux que le régime privé.
chandail : Quand ce Gouvernement va-t-il cesser de saper le système social qui protège tout un chacun ?
Laurent Wauquiez : Je vais essayer de répondre selon ma conviction. C'est-à-dire qu'on a un système social qui était très généreux, qui fonctionnait bien et qui permettait une réelle solidarité. Mais on n'a pas été assez rigoureux sur les abus. Et aujourd'hui le système est parfois perçu comme étant inéquitable. Il y a des gens qui jouent le jeu et d'autres qui abusent. Le but, c'est de remettre plus de justice dans le système.
Boris42 : Cher Laurent, vous ne cachez pas que vous êtes un jeune papa ! Comme moi, vous savez donc que beaucoup reste à faire pour la petite enfance. Après avoir vécu au Danemark, je suis effaré par le retard français en la matière. Quelles initiatives ?
Laurent Wauquiez : C'est vrai que par rapport à certains pays, on a un retard assez important. En revanche, si on prend par exemple l'Allemagne ou l'Angleterre, on est plutôt en avance. Je le dis simplement, on a la chance d'avoir notre salaire pour faire face aux difficultés, mais ce n'est pas facile de trouver des places en crèches, etc. Sur cela, il y a de gros crédits Caf (Caisses d'allocations familiales) pour la petite enfance qui ont été mis en place. Mais cela dépend des territoires. Dans le milieu rural, c'est vrai qu'on tient plus sur la solidarité familiale pour assurer la garde des enfants. Ce n'est pas le cas en coeur de ville car il y a plus de structures. Il faut rééquilibrer ces deux territoires. C'est un point sur lequel on doit plus travailler.
jean73 : L'égalité salariale entre hommes et femmes. N'est-ce pas utopique ?
Laurent Wauquiez : Non, ce n'est pas utopique. Il y a une grosse inégalité salariale entre les hommes et les femmes. C'est vrai que les femmes font un peu plus de temps partiel, et il y a aussi les périodes de congés de maternité, mais il y a une réelle inégalité d'environ 10 à 15 %. A l'intérieur de ma propre équipe, c'était plutôt dans l'autre sens. Maintenant, qu'est-ce qu'on va faire ? On donne jusqu'au 31 décembre 2009 aux entreprises pour faire un bilan et mettre en place un plan de rattrapage pour que, à travail égal, il y ait le même salaire entre une femme et un homme. Si ce n'est pas le cas, il y aura une pénalité financière pour les entreprises qui ne respecteront pas cela. C'est fini, il faut être sérieux et obtenir des résultats. Cela fait vingt ans qu'on en parle et rien ne se passe.
Martine : Quelle aide pensez-vous apporter aux étudiants ? Mon fils va rentrer en IUT à Lyon. Nous travaillons tous les deux avec un salaire respectif de SMIC, à ce jour, aucune aide ne peut nous être donnée ?
Laurent Wauquiez : J'aimerais savoir si Martine habite elle-même à Lyon, pour pouvoir lui répondre...
étudiant de lyon 3* : J'aimerais plus d'éclaircissements sur la réforme concernant les internes en médecine et sur celle de l'université. Les raisons qui ont motivé ces changements et les moyens pour les mener à bien. Je vous en remercie d'avance.
Laurent Wauquiez : Un, sur les internes en médecine, pour l'instant il n'y pas de réforme, on n'oblige personne à s'installer quelque part. Sur un territoire comme le mien, par exemple, je n'arrive plus à trouver de médecin. Cela pose des problèmes de dysfonctionnements. A Nice, autre exemple, ils sont trop nombreux. La question, c'est une prise de conscience des médecins eux-mêmes. Quant à l'université, si vous voulez recruter un prof supplémentaire, ou mettre un coup de peinture dans un bâtiment, il fallait aller discuter le bout de gras avec la Direction générale de l'enseignement supérieur à Paris. Ensuite, les moyens étaient minables et trop souvent, c'était sans lien avec le milieu économique. Personnellement, j'ai fait des études de lettres et de sciences humaines, mais un des raisonnements, c'était de donner plus de marge aux universités pour travailler plus en lien avec milieu économique autour, c'est-à-dire pas seulement les industries, mais aussi les administrations. C'est, en gros, un peu de modernité dans les universités. On doit être capable de le faire.
phénomène : Bonjour, le président de la République avait annoncé qu'il serait souhaitable de donner des points supplémentaires aux étudiants bénévoles dans des associations. Quand va-t-il le mettre en oeuvre ? Et ce serait génial d'en faire autant pour la scolarité des fonctionnaires stagiaires. Merci.
Laurent Wauquiez : Cela fait partie des projets portés en ce moment par Roselyne Bachelot, pour promouvoir le bénévolat : donner des points de retraite, des bourses et des droits à formation pour les gens qui se sont investis. C'est des sujets sur lesquels on travaille. C'est pour rendre hommage à tous ces bénévoles qui travaillent pour les autres.
Marc : En décembre 2006, vous publiiez un rapport sur la santé et la protection sociale des étudiants. Des suites sont-elles prévues à ce rapport et notamment en matière de santé mentale ?
Laurent Wauquiez : Vous savez qui a fait ce rapport ? C'est moi. C'est un thème qui me tenait très à coeur. En même temps, je travaillais sur toutes les questions de santé. On a un problème chez les étudiants peu aisés. Ils ont souvent des problèmes de santé car ils ont peu d'argent pour boucler leur budget et ils sont amenés à négliger leur santé. On a un plan en cours sur la santé des étudiants mené par Valérie Pécresse, j'espère que cela aboutira.
Martine : Oui j'habite à Lyon.
Laurent Wauquiez : Le problème de Martine, c'est qu'aujourd'hui il y a des problèmes en France où les bourses sont données à tout le monde, quel que soit l'argent que possède la famille, et puis des systèmes qui tiennent compte des revenus des familles. Le problème, c'est qu'au cas où vous êtes juste au-dessus du plafond, vous ne pouvez pas avoir de bourse. Et puis cela dépend de la distance entre vous et le lieu de formation. Ce que souhaite Valérie Pécresse, c'est augmenter les seuils pour favoriser les revenus modestes. Martine me pardonnera, mais elle a plus de chances en étant à Lyon que pour les étudiants de Haute-Loire, qui non seulement doivent aller à Lyon, mais ils doivent prendre un petit studio et ils se retrouvent ultra pénalisés. C'est vrai que payer des études, c'est cher. On est en train de bosser là-dessus. Cela fait partie des négociations avec les organisations étudiantes. J'ai peur que ce ne soit pas tout de suite opérationnel pour Martine.
Gildas Le Bars : Bonjour Laurent, Nicolas Sarkozy a promis un service civique obligatoire de six mois. Quels sont les projets du Gouvernement pour permettre à tous les jeunes de consacrer une étape de leur vie à des actions d'intérêt général tout en découvrant la diversité par le travail en équipe ?
Laurent Wauquiez : C'est un peu lié à ce qu'on disait sur le bénévolat associatif. Il y a pas mal de ministres là-dessus, dont Hervé Morin.
jej43 : L'Europe devrait se doter d'un dispositif institutionnel solide et stable. La ratification parlementaire légitime et efficace ne risque-t-elle pas de renforcer un peu plus la défiance face à l'Union européenne, que faire pour sensibiliser les citoyens et les jeunes ? Un Grenelle de l'Europe largement ouvert ?
Laurent Wauquiez : Je me méfie un peu des trucs, c'est vrai que le Grenelle est très à la mode et que d'un coup on doit tous faire un Grenelle. Le Grenelle doit être réservé sur des sujets où il y a beaucoup de monde autour de la table pour pouvoir avancer. Le prochain Grenelle, c'est celui de l'insertion, par Martin Hirsch. Concernant l'Europe, je suis allé voir ce qu'ils avaient en tête. Jusque-là, ils vivaient dans une sorte de tour d'ivoire. Quelque part, le non français au référendum a été comme un déclic et ils ont intégré le fait que, dès qu'ils décidaient quelque chose, il fallait en avertir les citoyens. C'est très important.
Jason Valente : Bonjour j'ai 17 ans je compte bien devenir un jour député pour montrer le vrai visage de la politique, je suis plutôt de droite et je me demande pourquoi on utilise les termes d'opposition entre partis politiques et non pas de collaboration pour son pays ? Ma remarque vaut bien sûr pour tous les bords !
Laurent Wauquiez : Je ne sais pas où il est. C'est bien, en tout cas. J'essaie d'insister là-dessus pour les jeunes générations. C'est vrai que cela fait partie des vieux stéréotypes. Grosso modo, quand on était de gauche, ceux de droite étaient des cons réactionnaires. Et quand on était de droite, ceux de gauche étaient forcément des marxistes-léninistes. On essaie de faire autrement, c'est d'ailleurs ce qu'a fait Nicolas Sarkozy avec l'ouverture. Pour ma génération, ce n'est pas facile car les clivages sont encore très présents. Je me suis d'ailleurs fait insulter par des jeunes récemment !
Rastaman : Allez-vous vous déplacer en province à la rencontre des Français ?
Laurent Wauquiez : Oui, je le fais même très souvent, au minimum tous les quinze jours. On organise des déplacements sur le terrain pour discuter pendant des réunions interactives. C'est ce qu'on fera demain à Nancy avec cent personnes auxquelles on demandera leur avis. C'est un peu ce qu'on fait actuellement avec le chat.
Modérateur : Une toute dernière question sur ce qui est arrivé à votre bras...
Laurent Wauquiez : Concernant mon bras, j'ai fait une chute à vélo.
Au revoir. Et merci aux internautes et désolé pour ceux auxquels on n'a pas répondu.Source http://www.porte-parole.gouv.fr, le 30 novembre 2007