Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
J'ai eu le grand plaisir d'accueillir à nouveau M. Amr Moussa ici pour un tour d'horizon.
Nous avons parlé évidemment de la situation au Proche Orient et je l'ai félicité pour le rôle qu'a joué l'Egypte en abritant les conversations qui ont permis d'aboutir à cette déclaration qui enregistre, quand même, un certain nombre de choses, acquises, ou de dispositions pour l'avenir.
J'espère que l'effort qui a été fourni par les Israéliens et les Palestiniens en discutant ce texte et en l'adoptant ensemble, ne sera pas perdu pour la suite et qu'à partir de là, les négociations qui demeurent indispensables pourront se développer de nouveau. C'est un souhait que je forme.
D'une façon générale, au cours de cette longue période de plusieurs mois, pendant laquelle beaucoup d'efforts ont été accomplis avec acharnement pour la paix, je voudrais rendre hommage au rôle de l'Egypte : même si, tout le monde le sait, les solutions ne sont pas trouvées, l'Egypte a vraiment déployé une énergie considérable pour faciliter les choses, comme nous avons essayé de le faire aussi, quand nous avions la Présidence européenne et comme nous continuons à le faire depuis.
Nous avons d'ailleurs décidé après les élections en Israël, qui sont évidemment un moment tout à fait important, de procéder à nouveau ensemble, Egyptiens et Français, à une évaluation complète de la situation. Notre idée est la même naturellement : nous voulons concourir au processus de paix, nous voulons le faire ensemble, nous voulons être utiles. Il peut y avoir des éléments nouveaux dans la situation, à tous points de vue, au Proche Orient, en Europe, aux Etats-Unis, qui méritent une vraie réflexion approfondie. Nous allons le faire ensemble dans les semaines qui suivront cette échéance électorale.
Nous avons par ailleurs passé en revue quelques coopérations bilatérales où les choses avancent bien, notamment en matière universitaire.
Q - M. Moussa, la position européenne a connu une régression récemment. Est-ce qu'il y a eu intention de relancer le rôle de l'Europe prochainement ?
R - Je voudrais dire un mot là-dessus : il n'y a pas de régression du rôle de l'Europe. C'est une idée répandue, mais totalement fausse. L'Union européenne en tant que telle, jusqu'à maintenant, a eu essentiellement un rôle, disons économique, par rapport au Proche Orient, et elle cherche à développer un rôle politique. Mais il n'y a aucun moment dans le passé où l'Union européenne en tant que telle a eu un rôle politique. Ce sont les grands pays d'Europe qui ont eu un rôle politique au Proche Orient et qui continuent d'ailleurs et qui continueront. Il faut donc faire une évaluation plus précise du fait que l'Union européenne est en train de développer, trop lentement certainement, je trouve en effet moi aussi que c'est lent, mais elle en train de développer petit à petit un rôle politique, comme le souhaitent d'ailleurs nos amis égyptiens, et un rôle qui certainement trouvera plus d'ampleur, mais ce n'est pas une régression, parce qu'avant il n'y avait pas de rôle en temps que tel de l'Union européenne sur ce plan.
Q - Est-ce que vous allez réactiver l'initiative franco-égyptienne ?
R - L'initiative dont vous parlez, je réponds sur le mot initiative, cela remonte à plusieurs années, donc c'était adapté à un contexte particulier et l'on ne peut pas plaquer artificiellement, les choses évoluent, la politique et la diplomatie doivent être exactement adaptées à chaque situation pour ne pas être décalées. Ce qui demeure complètement, c'est l'esprit, l'esprit d'une coordination particulière franco-égyptienne. J'ai dit tout à l'heure, et à Amr Moussa l'a dit également, que nous allions procéder à une évaluation de nouvelles situations, on va le faire ensemble compte tenu du fait qu'il y a eu plusieurs changements qui ont de l'influence sur la situation au Proche Orient. Donc nous le ferons ensemble et je ne peux pas dire à ce stade sur quoi cela va déboucher. Mais il y a l'idée d'une coordination franco-égyptienne privilégiée.
()
Q - (inaudible)
R - Sur l'Iraq, je peux simplement vous rappeler que la position française est tout à fait connue, par rapport à la situation en Iraq, par rapport aux résolutions du Conseil de sécurité, par rapport à la façon dont il faut les appliquer ou les adapter, et nous gardons la même position ; donc l'élément nouveau ne vient pas de nous.
La question qui se pose à l'heure actuelle est de savoir quelle va être la position de la nouvelle administration américaine sur cette question iraquienne, il faudrait que l'on ait des éléments supplémentaires pour savoir si cela modifie ou non l'approche du Conseil de sécurité et notamment de ses membres permanents sur ce sujet. Au jour d'aujourd'hui, nous ne savons pas exactement.
()
Q - (Sur la position de la nouvelle administration américaine sur le processus de paix au Proche-Orient)
R - C'est à elle de répondre. On ne peut pas faire une estimation à propos d'une ligne qui n'a pas encore été arrêtée. C'est une administration qui vient d'arriver il y a à peine quelques jours, qui a commencé à procéder, à l'américaine, à des "reviews" sur toutes sortes de sujets. Qu'est ce qu'ils ont dit ? Ils ont dit qu'ils allaient continuer à se préoccuper du problème, qu'ils allaient rester engagés, mais d'une autre façon. Il faut attendre de voir la forme que cela prend.
D'autre part, à propos de l'affaire du Proche Orient, il ne faut pas sans arrêt se demander ce que font les autres, le cur du sujet ce sont les protagonistes eux-mêmes. Donc c'est quand même toujours ce qui se passe chez les Israéliens et chez les Palestiniens qui est fondamental. Après bien sûr, il y a ce que font les Egyptiens, les Français, les autres Européens, les Américains, etc. Mais tout ne dépend pas de ce que font les autres qui sont là pour accompagner le processus et qui ne peuvent pas se substituer aux décisions des protagonistes.
On va chercher à en savoir plus sur les intentions de l'administration américaine quand elle les aura fixées et puis on verra ce que l'on fait à ce moment-là.
Q - (Sur une initiative diplomatique européenne que M. Védrine aurait évoquée lors des vux à la presse (12/01/01)
R - Non, je n'ai pas parlé d'initiative diplomatique européenne, d'ailleurs c'est un terme que j'emploie rarement. Il faut garder le terme d'initiative pour des choses précises, il ne faut pas l'appliquer à l'activité diplomatique normale.
J'ai dit simplement à cette occasion que la France souhaitait que l'Europe joue un plus grand rôle au Proche Orient, ce qui suppose peut-être plus de fermeté dans la pensée, dans l'expression et dans l'action et que la France continuerait à faire ce travail au sein de l'Europe, même après la période de sa présidence. Ce n'était pas l'annonce d'une initiative.
Q - Monsieur le Ministre, est-ce que vous avez des craintes après les élections israéliennes que si Sharon arrive au pouvoir, il y aura un recul du processus de paix ?
R - J'ai dit tout à l'heure que je souhaite que les attitudes politiques et les intentions qui sont consignées dans la déclaration qui a été adoptée en Egypte puissent servir de base à des négociations qui doivent reprendre et se poursuivre après. Donc, vous pouvez déduire ce que vous voulez de ce souhait.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 février 2001)
J'ai eu le grand plaisir d'accueillir à nouveau M. Amr Moussa ici pour un tour d'horizon.
Nous avons parlé évidemment de la situation au Proche Orient et je l'ai félicité pour le rôle qu'a joué l'Egypte en abritant les conversations qui ont permis d'aboutir à cette déclaration qui enregistre, quand même, un certain nombre de choses, acquises, ou de dispositions pour l'avenir.
J'espère que l'effort qui a été fourni par les Israéliens et les Palestiniens en discutant ce texte et en l'adoptant ensemble, ne sera pas perdu pour la suite et qu'à partir de là, les négociations qui demeurent indispensables pourront se développer de nouveau. C'est un souhait que je forme.
D'une façon générale, au cours de cette longue période de plusieurs mois, pendant laquelle beaucoup d'efforts ont été accomplis avec acharnement pour la paix, je voudrais rendre hommage au rôle de l'Egypte : même si, tout le monde le sait, les solutions ne sont pas trouvées, l'Egypte a vraiment déployé une énergie considérable pour faciliter les choses, comme nous avons essayé de le faire aussi, quand nous avions la Présidence européenne et comme nous continuons à le faire depuis.
Nous avons d'ailleurs décidé après les élections en Israël, qui sont évidemment un moment tout à fait important, de procéder à nouveau ensemble, Egyptiens et Français, à une évaluation complète de la situation. Notre idée est la même naturellement : nous voulons concourir au processus de paix, nous voulons le faire ensemble, nous voulons être utiles. Il peut y avoir des éléments nouveaux dans la situation, à tous points de vue, au Proche Orient, en Europe, aux Etats-Unis, qui méritent une vraie réflexion approfondie. Nous allons le faire ensemble dans les semaines qui suivront cette échéance électorale.
Nous avons par ailleurs passé en revue quelques coopérations bilatérales où les choses avancent bien, notamment en matière universitaire.
Q - M. Moussa, la position européenne a connu une régression récemment. Est-ce qu'il y a eu intention de relancer le rôle de l'Europe prochainement ?
R - Je voudrais dire un mot là-dessus : il n'y a pas de régression du rôle de l'Europe. C'est une idée répandue, mais totalement fausse. L'Union européenne en tant que telle, jusqu'à maintenant, a eu essentiellement un rôle, disons économique, par rapport au Proche Orient, et elle cherche à développer un rôle politique. Mais il n'y a aucun moment dans le passé où l'Union européenne en tant que telle a eu un rôle politique. Ce sont les grands pays d'Europe qui ont eu un rôle politique au Proche Orient et qui continuent d'ailleurs et qui continueront. Il faut donc faire une évaluation plus précise du fait que l'Union européenne est en train de développer, trop lentement certainement, je trouve en effet moi aussi que c'est lent, mais elle en train de développer petit à petit un rôle politique, comme le souhaitent d'ailleurs nos amis égyptiens, et un rôle qui certainement trouvera plus d'ampleur, mais ce n'est pas une régression, parce qu'avant il n'y avait pas de rôle en temps que tel de l'Union européenne sur ce plan.
Q - Est-ce que vous allez réactiver l'initiative franco-égyptienne ?
R - L'initiative dont vous parlez, je réponds sur le mot initiative, cela remonte à plusieurs années, donc c'était adapté à un contexte particulier et l'on ne peut pas plaquer artificiellement, les choses évoluent, la politique et la diplomatie doivent être exactement adaptées à chaque situation pour ne pas être décalées. Ce qui demeure complètement, c'est l'esprit, l'esprit d'une coordination particulière franco-égyptienne. J'ai dit tout à l'heure, et à Amr Moussa l'a dit également, que nous allions procéder à une évaluation de nouvelles situations, on va le faire ensemble compte tenu du fait qu'il y a eu plusieurs changements qui ont de l'influence sur la situation au Proche Orient. Donc nous le ferons ensemble et je ne peux pas dire à ce stade sur quoi cela va déboucher. Mais il y a l'idée d'une coordination franco-égyptienne privilégiée.
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Q - (inaudible)
R - Sur l'Iraq, je peux simplement vous rappeler que la position française est tout à fait connue, par rapport à la situation en Iraq, par rapport aux résolutions du Conseil de sécurité, par rapport à la façon dont il faut les appliquer ou les adapter, et nous gardons la même position ; donc l'élément nouveau ne vient pas de nous.
La question qui se pose à l'heure actuelle est de savoir quelle va être la position de la nouvelle administration américaine sur cette question iraquienne, il faudrait que l'on ait des éléments supplémentaires pour savoir si cela modifie ou non l'approche du Conseil de sécurité et notamment de ses membres permanents sur ce sujet. Au jour d'aujourd'hui, nous ne savons pas exactement.
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Q - (Sur la position de la nouvelle administration américaine sur le processus de paix au Proche-Orient)
R - C'est à elle de répondre. On ne peut pas faire une estimation à propos d'une ligne qui n'a pas encore été arrêtée. C'est une administration qui vient d'arriver il y a à peine quelques jours, qui a commencé à procéder, à l'américaine, à des "reviews" sur toutes sortes de sujets. Qu'est ce qu'ils ont dit ? Ils ont dit qu'ils allaient continuer à se préoccuper du problème, qu'ils allaient rester engagés, mais d'une autre façon. Il faut attendre de voir la forme que cela prend.
D'autre part, à propos de l'affaire du Proche Orient, il ne faut pas sans arrêt se demander ce que font les autres, le cur du sujet ce sont les protagonistes eux-mêmes. Donc c'est quand même toujours ce qui se passe chez les Israéliens et chez les Palestiniens qui est fondamental. Après bien sûr, il y a ce que font les Egyptiens, les Français, les autres Européens, les Américains, etc. Mais tout ne dépend pas de ce que font les autres qui sont là pour accompagner le processus et qui ne peuvent pas se substituer aux décisions des protagonistes.
On va chercher à en savoir plus sur les intentions de l'administration américaine quand elle les aura fixées et puis on verra ce que l'on fait à ce moment-là.
Q - (Sur une initiative diplomatique européenne que M. Védrine aurait évoquée lors des vux à la presse (12/01/01)
R - Non, je n'ai pas parlé d'initiative diplomatique européenne, d'ailleurs c'est un terme que j'emploie rarement. Il faut garder le terme d'initiative pour des choses précises, il ne faut pas l'appliquer à l'activité diplomatique normale.
J'ai dit simplement à cette occasion que la France souhaitait que l'Europe joue un plus grand rôle au Proche Orient, ce qui suppose peut-être plus de fermeté dans la pensée, dans l'expression et dans l'action et que la France continuerait à faire ce travail au sein de l'Europe, même après la période de sa présidence. Ce n'était pas l'annonce d'une initiative.
Q - Monsieur le Ministre, est-ce que vous avez des craintes après les élections israéliennes que si Sharon arrive au pouvoir, il y aura un recul du processus de paix ?
R - J'ai dit tout à l'heure que je souhaite que les attitudes politiques et les intentions qui sont consignées dans la déclaration qui a été adoptée en Egypte puissent servir de base à des négociations qui doivent reprendre et se poursuivre après. Donc, vous pouvez déduire ce que vous voulez de ce souhait.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 février 2001)