Déclaration de Mme Christine Albanel, ministre de la culture et de la communication, sur les axes de sa politique en faveur du livre de jeunesse et de la lecture, à Montreuil-sous-Bois le 28 novembre 2007.

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Circonstance : 23e édition du Salon du livre et de la presse jeunesse, Montreuil-sous-Bois le 28 novembre 2007

Texte intégral

Monsieur le président du Conseil général,
Madame la conseillère régionale d'Ile-de-France, chère Henriette,
Monsieur le Maire,
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,
C'est un très grand plaisir pour moi d'inaugurer ce 23e Salon du livre et de la presse jeunesse, rendez-vous incontournable pour tous les professionnels de l'édition, les auteurs, les lecteurs et les curieux. Je veux remercier le Centre de promotion du livre de jeunesse de Seine-Saint-Denis (et sa très active directrice Sylvie Vassallo) et le Conseil général de Seine-Saint-Denis, qui organisent chaque année, avec le soutien du ministère de la Culture et de la Communication, cette grande fête de la jeunesse et de la lecture.
Les jeunes et la lecture : un sujet de préoccupation majeure, à l'heure où certains Cassandre prédisent la mort du livre et l'avènement du tout numérique qui touche justement les plus jeunes. Cette mort, je n'y crois absolument pas. Il suffit de regarder l'excellente performance du secteur pour constater que l'appétit de lecture des jeunes ne fait qu'augmenter. Avec 81 millions d'exemplaires vendus et une production en hausse de 9% en 2006 (même si 2007 marque un peu le pas), l'édition jeunesse est un secteur florissant.
Je voudrais saluer le dynamisme de nos maisons d'édition, qui rivalisent d'imagination pour séduire le jeune public et n'hésitent pas, par exemple, à investir Internet, dont elles ont rapidement réussi à faire un puissant allié.
Je veux aussi donner un grand coup de chapeau aux auteurs. A des générations d'écrivains qui, au fil des siècles, ont rajeuni le genre du roman de formation : Charles Dickens, Lewis Carroll lui ont imposé de nouvelles exigences, une réelle inventivité ; plus récemment, Pierre Gripari, Roald Dahl, Sempé et Goscinny, Solotarev ou Claude Ponti, d'Anton Krings, Susie Morgenstein et Marie Desplechin, Daniel Pennac ou François Place lui ont apporté ces ingrédients essentiels que sont l'humour et la tendresse. Tous ont fait naître des compagnons de route, des compagnons d'enfance inoubliables et indémodables.
Et leurs héros ont pour nom aujourd'hui Arthur, Titeuf, Loulou le Pou ou bien sûr, Harry Potter.
Je me félicite à cet égard que le Royaume-Uni soit à l'honneur de cette 23e édition. Si nous n'avons qu'une seule leçon à retenir du phénomène Harry Potter, qui a déferlé depuis l'Angleterre et le monde entier, c'est bien que les jeunes ne cherchent pas la simplicité. Ils n'attendent pas une sous-littérature. Harry Potter, ce sont sept tomes dont plusieurs font plus de mille pages, ce sont des intrigues complexes, parfois tragiques, des personnages ambigus. Ce sont des livres qui ont rendu la frontière entre l'édition jeunesse et adulte encore un peu plus artificielle. Je connais d'ailleurs beaucoup d'adultes qui se sont précipités dans les librairies à la sortie du dernier tome !
Oui, l'édition jeunesse est un secteur florissant, foisonnant, créatif, de très grande qualité, et je veux tout mettre en oeuvre pour qu'elle rencontre le public le plus large possible. Le livre et la lecture sont des priorités pour moi, vous le savez. J'ai lancé un plan livre, qui comporte trois axes et des mesures fortes :
- le soutien aux librairies indépendantes, avec la création d'un label donnant droit à une exonération de taxe professionnelle,
- le développement des bibliothèques publiques, avec une expérimentation sur l'élargissement des horaires d'ouverture des bibliothèques
- une politique audacieuse et nouvelle en matière de numérisation qui permettra de créer un modèle associant les oeuvres sous droits à l'offre patrimoniale.
Le soutien à la lecture chez les jeunes est la pierre angulaire de ce plan et de l'avenir même du livre, parce qu'elle forme les lecteurs de demain.
Qui a lu lira, telle ma conviction forte.
Plusieurs actions ont déjà été entreprises et plusieurs pistes ont été lancées :
- Le Centre national du Livre va encourager et soutenir la publication d'ouvrages qui, sans être des manuels, pourront servir de support aux enseignements d'éducation artistique et culturelle
- J'ai souhaité que l'édition 2008 de « Lire en fête » qui sera aussi celle des vingt ans de cette manifestation, soit dédiée à l'édition jeunesse.
- La Bibliothèque nationale de France organisera une grande exposition sur la littérature jeunesse à l'automne 2008, pour honorer le patient travail de création, de diffusion et de valorisation mené depuis des décennies au bénéfice de tous les jeunes publics par des auteurs et des illustrateurs de grand talent, mais aussi des maisons d'édition courageuses et entreprenantes. Sans oublier bien sûr les associations, et je me réjouis à ce sujet que l'association « Les amis de la joie par les livres », qui participe à l'organisation de cette exposition, rejoigne les équipes de la BnF en 2008. Elle mène depuis 35 ans, grâce au mécénat de la Fondation Schlumberger, une action de sensibilisation, de promotion et de formation autour de la lecture pour la jeunesse, en France et à l'étranger. Je me félicite enfin de l'association du Syndicat national de l'édition à la conception et à l'organisation de cette manifestation.
- Je suis également en train de réfléchir - en lien avec plusieurs associations caritatives et en concertation avec Martin Hirsch - à des opérations en faveur des plus démunis. Parce qu'il est impensable que tous nos concitoyens n'aient pas, aujourd'hui, accès aux livres et à la lecture.
- Dans le même esprit, le Président de la République a lancé l'opération « A l'école des écrivains », qui permet à des classes de 3° « ambition réussite » d'être parrainées par des écrivains. C'est une très belle initiative, que je soutiens depuis le début.
Parce que ce que nous devons transmettre aujourd'hui, c'est le respect et l'amour du livre.
J'aime beaucoup la définition de Proust : « La lecture est une amitié ». «Avec les livres, pas d'amabilité, ajoute-t-il. Ces amis-là, si nous passons la soirée avec eux, c'est vraiment que nous en avons envie.» C'est une amitié, en effet, qui ne nous quitte jamais, une fois qu'on l'a rencontrée. Aux côtés des auteurs et des éditeurs, l'Etat fait tout pour que cette rencontre ait lieu dès l'enfance, et que cette amitié se poursuive toute la vie.
Je vous remercie.
Source http://www.culture.gouv.fr, le 30 novembre 2007