Texte intégral
Monsieur le Président, Raphaël VAHE,
Monsieur le Préfet, Directeur général de l'ONAC,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Merci, Monsieur le Président, pour votre invitation.
Comme vous l'avez souligné, je tiens à ce que nous puissions entretenir un dialogue franc et ouvert.
J'ai en effet pleinement conscience du rôle que jouent les associations d'Anciens Combattants dans la vie publique de notre pays.
C'est la raison pour laquelle j'ai souhaité vous recevoir dès ma prise de fonction, et c'est la raison pour laquelle je me réjouis de votre invitation à venir ici, à SAVIGNY-SUR-ORGE, à votre congrès.
C'est aussi la raison pour laquelle, j'ai souhaité que les mesures nouvelles que j'ai présentées lors de la discussion budgétaire - j'étais hier soir au Sénat dans le cadre du projet de budget 2008 - correspondent le plus possible aux attentes du monde combattant.
Je veux aujourd'hui m'adresser à vous, et à travers vous, à tous les membres de l'Association Républicaine des Anciens Combattants.
L'ARAC joue en effet un rôle important dans le monde combattant à la fois en poursuivant son oeuvre d'entraide, et en s'attachant à préserver la mémoire des conflits et des sacrifices consentis.
Aujourd'hui, vous vous engagez avec la même énergie et la même loyauté au service de la cohésion sociale et de la solidarité nationale.
J'y vois pour ma part la preuve que les Anciens Combattants occupent une place éminente au sein de notre société.
Cet engagement, cette générosité et cet humanisme, vous les mettez depuis près de 90 ans maintenant au service de la paix, fidèle à l'esprit de votre fondateur Henri BARBUSSE, cet "écrivain combattant contre toutes les guerres" ainsi qu'il aimait à se définir lui-même.
Le dialogue et la compréhension entre les peuples, parfois ennemis d'hier, doivent apaiser les tensions, et renforcer notre volonté à vivre ensemble.
Ainsi, mesdames et messieurs, je sais combien l'ARAC sera soucieuse, en 2008, lors du 90ème anniversaire du 11 novembre 1918, non pas de fêter la victoire des uns "contre" les autres, mais bien ce "grand soulagement" qu'a constitué l'armistice et ensuite l'avènement de l'Europe qui se prolonge aujourd'hui dans la construction de l'Union européenne.
C'est cette feuille de route que j'ai adressée à la commission présidée par le grand professeur d'histoire et spécialiste de la Première guerre mondiale Jean-Jacques BECKER et qui est chargée de me faire des propositions sur le sens à donner aux commémorations qui marqueront le 90ème anniversaire du 11 novembre.
Mais au-delà des symboles nécessaires parce qu'ils cimentent une Nation autour de valeurs communes, cette reconnaissance s'exprime également au travers des droits spécifiques que j'ai souhaité voir institués ou renforcés.
Mais, parce qu'il est de ma responsabilité première au Gouvernement d'être fidèle aux engagements pris par le Président de la République lors de la campagne présidentielle, parce qu'il est aussi de ma responsabilité d'être à l'écoute de la représentation nationale, j'ai souhaité que ce soit un budget volontariste.
J'en veux ainsi pour preuve que la dotation moyenne par pensionné augmente pour 2008 de 3,30 %.
Ainsi, j'ai obtenu, à la suite d'un amendement que j'ai déposé au nom du Gouvernement, la poursuite de la revalorisation de la retraite du combattant à hauteur de 2 points.
Cela portera l'indice de la retraite du combattant à 39 points, poursuivant la tendance haussière initiée depuis 2006 après 28 ans de stagnation.
Rappelons-nous à ce sujet qu'une augmentation de deux points avait été réalisée en 2006 et 2007 et que le Président de la République a fixé comme ambition d'atteindre pour la fin du quinquennat l'objectif 48.
La dynamique de revalorisation est donc bien poursuivie et inscrite dans une démarche continue.
J'ai d'ailleurs demandé à la direction financière du ministère de la Défense, lors de la discussion budgétaire à l'Assemblée nationale, d'intégrer dans les programmations financières 2009-2012 les augmentations prévues pour atteindre l'indice 48 soit 2 points chaque année en 2009, 2010, 2011 et 3 points en 2012.
L'effort de solidarité se traduira aussi par la création pérenne d'une allocation destinée aux conjoints survivants des Anciens Combattants.
D'un montant de 5 millions d'euros dans le projet de loi de finances pour 2008, cette mesure doit permettre à ces conjoints de continuer à vivre de façon digne en assurant à chaque conjoint survivant un revenu mensuel au moins égal à 681 euros qui correspond au minimum vieillesse tel que défini par l'INSEE.
A ce sujet, Monsieur le Président, comme je vous l'avais demandé lors de la présentation du budget au ministère, j'en appelle à une mobilisation renforcée de vos adhérents.
Les premiers retours qui me sont faits démontrent en effet que les ayants droit sont insuffisamment informés et sollicités.
Je ne voudrais pas que ce dispositif, plutôt que de bénéficier d'une montée en puissance, soit condamné à terme.
Cette mesure sera effective pour tous les dossiers déposés depuis le 1er août 2007.
Bien évidemment, si les crédits n'étaient pas tous consommés, ou s'il apparaissait que la mesure ne répondait qu'imparfaitement à l'exigence de solidarité, j'envisagerai là encore de relever ce seuil.
Par ailleurs, il s'agira d'achever le processus de décristallisation engagée dès septembre 2006 aux bénéfices des Anciens Combattants des pays autrefois sous souveraineté française.
Le projet de budget 2008 comprend une dotation de 118Meuros à cet effet.
Concernant la campagne double, je vais être très clair.
Je m'étonne que le rapport commis à ce sujet ne vous ait pas été communiqué.
Je m'engage, pour ma part, à le rendre public ainsi que l'avis du Conseil d'Etat qui contrairement à ce qui est dit, ne confirme pas les propositions du rapport, mais au contraire les infléchit, les infirme.
J'ai, à la suite du Président de la République, la volonté d'aboutir à un résultat satisfaisant et équilibré en pleine collaboration avec les associations, et dans le cadre d'une parfaite démarche interministérielle.
En matière de politique de mémoire, j'ai souhaité là encore donner une impulsion forte et nouvelle.
Des investissements seront ainsi engagés, je pense ici aux travaux de sécurisation et de remise en état des cimetières en Afrique du Nord comme celui de THESSALONIQUE en Grèce (400 mille euros) qui compte parmi les nécropoles du front d'Orient sur lequel les armées françaises combattirent de 1915 à 1918.
J'évoquerai surtout, puisque je sais combien la question éveille notre conscience collective le cimetière marin de Mers El Kebir et de la nécropole du Petit Lac d'ORAN en Algérie, la nécropole de Gammarth en Tunisie où je me suis rendu dernièrement pour apprécier par moi-même leur entretien, leur remise en état et leur sécurisation, et bientôt au Maroc à CASABLANCA le carré militaire de Ben M' Sick.
J'ajouterai enfin à ce sujet la poursuite de la restauration du site de Notre Dame de Lorette (120 mille euros), la mise en valeur du site du Mont Valérien (400 mille euros), la modernisation du Mémorial du Mont Faron (400 mille euros), l'historial Charles de Gaulle aux Invalides (17,5 millions d'euros) et je le rappelle la création de la Fondation pour la mémoire de la guerre d'Algérie et des combats de Tunisie et du Maroc (3 millions d'euros).
Mais j'ai également décidé d'engager une vaste réflexion sur la politique de mémoire.
Je vais le dire le plus simplement du monde, et je vais le dire de manière forte, engagée parce que je sais que vous me comprendrez.
Non, ce n'est pas désuet de se réunir autour du monument aux morts pour célébrer la mémoire de ceux, illustres ou non, qui ont combattu pour la France, la mémoire de ceux, illustres ou non, qui ont été la victime de la folie meurtrière.
Je veux que ces moments ne cessent pas d'être cette occasion privilégiée de transmettre leur exemple, d'inculquer les valeurs qui font le ciment de notre République.
Aussi, j'ai décidé d'installer un commission présidée par le Professeur André KASPI afin de réfléchir aux voies du renouveau pour les cérémonies commémoratives dont certaines souffrent de désaffection.
Il faut que nous réfléchissions sur la forme sans en affecter le fond.
J'en veux pour preuve l'exemple de la lecture de la lettre de Guy MOQUET.
En effet, au Mont Valérien, lieu emblématique du martyre de la Résistance, j'avais convié 5 classes de lycéens à participer, et avec quel succès, à un spectacle culturel fondé sur des textes de la Résistance.
Vous le voyez, si le fond doit rester intangible, presque sacré parce qu'il est au coeur même de notre identité républicaine, la forme a été grandement renouvelée, modernisée plus en phase avec ce qu'attendent les jeunes générations.
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Au-delà des chiffres et mesures techniques, je veux que vous reteniez ce lien qui nous unit désormais parce que je découvre avec vous un monde attachant, où j'ai toujours rendez-vous avec notre histoire, l'histoire de France, parce que je découvre un monde moderne où les notions que vous avancez, les valeurs que vous défendez ont été celles mises en avant, avec passion, par le Président de la République.
Enfin, les mots de "patrie", "d'amour de la France" sont réapparus, non pas comme un tabou, mais comme ce qui constitue notre essence de citoyen, notre condition pour vivre ensemble.
Et si je suis heureux d'être là c'est parce que je sais, Mesdames et Messieurs, que vous faites vivre au quotidien ces valeurs, sans lesquelles il n'y a pas de France possible.
Je vous remercie.
source http://www.defense.gouv.fr, le 7 décembre 2007