Déclaration de M. Bernard Laporte, secrétaire d'Etat aux sports, sur le bénévolat, notamment dans le sport, la vie quotidienne associative et la contribution de l'Etat au développement de la vie associative, Strasbourg le 5 décembre 2007.

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Circonstance : 1er forum européen du bénévolat à Strasbourg le 5 décembre 2007

Texte intégral


Mesdames, madame le Maire,
messieurs les Elus
Mesdames, messieurs les présidents
Monsieur le directeur
Mesdames, messieurs
Je suis très heureux d'être aujourd'hui parmi vous, ici à Strasbourg, pour célébrer les vertus de l'engagement bénévole. Cette journée nous offre l'occasion de réaffirmer certaines valeurs, qui sont consubstantielles à la pratique sportive, et dont le bénévolat exprime la quintessence. Ces valeurs sont notamment la solidarité, l'entraide et le sens du devoir. Mais le bénévolat n'a pas simplement une valeur symbolique. Il a aussi une utilité pratique, une utilité sociale bien réelle. J'ai pu le mesurer tout au long de ma carrière dans le monde du sport. Il n'est pas de club amateur qui puisse exister sans la contribution des bénévoles. Le bénévolat est la base même de l'édifice sportif.
Depuis son instauration en 1985 par les Nations Unies, la journée mondiale du bénévolat gagne en ampleur tous les ans, témoignant ainsi de la vitalité de l'engagement bénévole. Elle s'enrichit cette année de l'événement qui nous réunit ici aujourd'hui : le forum européen du bénévolat et de la vie associative.
Votre manifestation, monsieur le Président est le témoignage d'une France active, soucieuse de l'intérêt général, une France au service des autres, mais aussi à l'écoute de ce qui peut se faire, chez nos voisins au sein de l'union européenne, dans ce domaine. Nous ne sommes pas seuls dans l'espace européen à fonder notre modèle d'organisation sportif sur le milieu associatif et l'action bénévole. Nous comptons ainsi en France 265 000 associations sportives dont 170 000 clubs affiliés à une fédération. La vitalité des clubs sportifs - l'Alsace compte ainsi plus de 345 000 licenciés sportifs - caractérise la place et le rôle joué par les associations dans notre société. Le secteur associatif est devenu incontournable dans l'exercice de la démocratie et du développement du lien social. Partenaires des pouvoirs publics, les associations contribuent en effet à la prise en compte de l'intérêt général par leurs fonctions de veille, d'innovation, et d'animation des territoires. Je pense à ce sujet à l'action « 20 ceintures noires à Hautepierre » en partenariat entre l'ASPTT Strasbourg, la ligue d'Alsace de judo, la ville de Strasbourg, Electricité de Strasbourg et la direction régionale du ministère chargé des sports, qui vise à favoriser la socialisation des jeunes filles et garçons à travers les vertus structurantes du sport. Je n'oublie pas la grande marche du bénévolat, à l'occasion de laquelle se sont donnés rendez-vous 8000 marcheurs de tous âges et de tous niveaux, ainsi que des personnes à mobilité réduite. Cette marche, qui partira d'Erstein, réunira entre autres la Fédération Française des Sports Populaires et ses voisins européens inscrits à la Fédération Internationale des Sports Populaires, en partenariat avec la fondation du bénévolat et mon ministère.
A l'instar de l'Alsace, la France connaît une vitalité associative remarquable. Le secteur associatif est aujourd'hui fort de plus d'un million d'associations, qui regroupent 21 millions d'adhérents, et 14 millions de bénévoles. Le quart de ces chiffres relèvent du seul champ sportif. J'ai pour ma part encore la vision, au moment ou je m'exprime devant vous, du grand rassemblement organisé à Marne-la-Vallée par Bernard Lapasset, alors président du comité d'organisation de la coupe du monde de rugby, et qui avait réuni, en mars dernier, les 6 000 volontaires de tous âges qui ont accompagné cet événement pendant toute sa durée et joué un rôle essentiel dans sa bonne réalisation et son succès populaire. C'est dans ces moments que le concept d'engagement bénévole se traduit avec force.
Sur le fondement de l'engagement bénévole, la contribution des associations, à hauteur de 3,4% du PIB, témoigne de l'importance économique qu'elles occupent dans notre société.
Pour accompagner le bénévolat, le Gouvernement a mis en oeuvre de nombreuses actions afin de faciliter la vie quotidienne des associations. En matière fiscale, la loi du 1er août 2003 sur le mécénat et la loi de programmation pour la cohésion sociale du 19 janvier 2005 ont institué un ensemble de mesures incitatives en faveur des dons des personnes privées et des entreprises aux associations d'intérêt général.
Je citerai également l'instauration du chèque - emploi associatif, qui étend aux associations le principe du chèque emploi universel. Les associations d'employeurs ont également bénéficié de toutes les mesures favorisant le retour à l'emploi.
L'accompagnement et la reconnaissance du bénévolat ont également été renforcés dans ce nouveau contexte.
Tous les départements métropolitains sont maintenant dotés d'un ou plusieurs Centres de Ressources et d'Information des Bénévoles (CRIB), qui assurent un soutien particulièrement efficace aux dirigeants et animateurs bénévoles dans leurs tâches administratives, comptables et juridiques. Ces centres jouent, aux côtés des délégués départementaux à la vie associative placés auprès des préfets, un rôle irremplaçable pour le développement du bénévolat au niveau local.
L'Etat a contribué financièrement à la couverture multirisque des cadres et animateurs bénévoles : près de 500 000 dirigeants et animateurs bénévoles en ont ainsi bénéficié sur les années 2006 et 2007. Le mouvement associatif est par ailleurs en train de reprendre à son compte le financement de cette mesure. Un chèque repas du bénévole, utilisable dans plus de 160 000 points de restauration, a été créé.
A travers le budget qui est actuellement en cours d'examen au Parlement, l'Etat a consolidé sa contribution au conseil du développement de la vie associative (CDVA) en matière de formation des bénévoles : il y consacrera en 2008, malgré le contexte de rigueur budgétaire, 9,5 Meuros dont la majeure partie sera réservée à la formation des bénévoles. Dans une seconde phase, il est envisagé d'associer également les OPCA - organismes paritaires collecteurs agréés - qui ont vocation à financer les formations des salariés exerçant des responsabilités dans des associations, en qualité de bénévoles. Ainsi seront créées les conditions d'un accroissement considérable des crédits destinés à la formation des bénévoles dans notre pays et d'une complémentarité entre l'Etat et les conseils régionaux en matière de formation des bénévoles.
Mais si, monsieur le président, les structures associatives font preuve de vitalité, on observe dans le même temps une relative stagnation de l'engagement bénévole et un essoufflement de celui ci sur la durée.
C'est sur la base de ce constat que le Président de la République a souhaité donner une meilleure reconnaissance à l'action bénévole.
Lorsqu'il s'est exprimé le 17 octobre dernier devant le Conseil économique et social, à l'occasion de la journée mondiale du refus de la misère, le Président de la République a pris des engagements forts pour promouvoir l'engagement bénévole. Il a chargé Roselyne BACHELOT-NARQUIN de les mettre en oeuvre. Les services du ministère chargé de la santé, de la jeunesse et des sports mènent actuellement un travail de concertation avec les autres ministères. Le moment venu, la représentation nationale aura à en connaître.
Je veux néanmoins vous faire part de quelques unes des pistes de travail explorées dans ce cadre.
Ainsi, un livret d'épargne civique pourrait accompagner le bénévole pendant toute la durée de son engagement. Le bénévole verrait ainsi son engagement reconnu par la société sous une forme adaptée à l'engagement de chacun : possibilité accrue de formation, valorisation des cursus scolaires et universitaires pour les lycéens et les étudiants, voire des possibilités de majoration de droits à retraite insuffisants, ou de nouvelles exonérations fiscales.
Dès maintenant, avec Roselyne Bachelot, nous comptons prendre des premières mesures très concrètes pour tenir compte de ces grandes orientations dans le champ qui relève strictement de la compétence du ministère.
En effet, le monde du bénévolat, qu'il soit sportif ou non, évolue : l'heure n'est plus au tout amateur ou au tout professionnel. Le phénomène de zapping, qu'il soit lié à la variété de l'offre sportive ou au nomadisme de nos populations, est une réalité à laquelle nous devons nous adapter. Dans cette veine, le fait qu'un professionnel du sport consacre de son temps libre à des activités bénévoles dans son champ de compétence direct est une chance dont il nous faut profiter. Loin de compromettre des vocations bénévoles, je suis certain qu'une telle facilitation de l'accès à nos formations professionnelles sera bénéfique pour tous.
Enfin je vais demander au mouvement sportif de tenir compte de l'engagement bénévole dans l'accès aux formations fédérales.
Mais je veux aller plus loin. Le bénévolat est un modèle. C'est un exemple. Ce que vous faites mérite d'être généralisé, et notamment auprès des plus jeunes, qui doivent apprendre les devoirs que nous dicte la vie ensemble. Malheureusement, alors que nous fêtons la journée mondiale du bénévolat, je constate que notre société traverse une crise morale : trop d'égoïsme et d'individualisme nous ont éloigné des valeurs qui nous permettent de mieux vivre ensemble. Le modèle de société auquel je crois et que je défends, c'est celui d'une société de solidarité, d'engagement et de générosité.
L'idée de service civique fait débat depuis plusieurs mois. Ses modalités sont en cours de discussion. Plusieurs options sont à l'étude, concernant notamment son caractère obligatoire ou non. Les enjeux qui s'y attachent impliquent bien naturellement que le Parlement s'en saisisse le moment venu, lorsque les arbitrages nécessaires auront été rendus.
Aujourd'hui on ne parle plus que de droits. Il faut rappeler que nous avons aussi des devoirs. Créer un quota minimum d'heures à consacrer à la société et à l'intérêt général me semble indispensable, et c'est pourquoi je défendrai cette idée.
Pour conclure, je voudrais revenir sur l'importance de cette journée tant il me semble nécessaire, à notre époque, de promouvoir la notion de bénévolat. Cette idée est porteuse d'une vision de la société, que je souhaite défendre. Elle remet au centre de notre vie en commun les valeurs de cohésion, de gratuité et de générosité. Elle pose les bases d'une société plus harmonieuse. Je vous propose maintenant, Monsieur le Président, mesdames et messieurs, de passer à la remise des trophées européens 2007 du bénévolat. Ces trophées mettent à l'honneur des présidentes de clubs de la ligue d'Alsace de football amateur, ainsi que des représentants venus de toute l'Europe.
Je vous remercie. Source http://www.jeunesse-sports.gouv.fr, le 10 décembre 2007