Texte intégral
R. Sicard.- Bonjour à tous, bonjour J.-F. Copé ! A partir d'aujourd'hui, les députés, donc vous, commencez à discuter du projet de loi sur le pouvoir d'achat. Le pouvoir d'achat, d'après un sondage, c'est un des domaines sur lequel N. Sarkozy est le plus mal noté. Est-ce que ça, cela ne pose pas un problème ?
R.- Disons qu'il faut faire les choses dans l'ordre. Il y a eu une première étape sur laquelle on s'est tous beaucoup mobilisé, que ce soit le Gouvernement ou les députés, c'est la lutte contre les petites arnaques du quotidien. Donc le premier objectif c'est de faire en sorte qu'on paie moins un certain nombre de choses qui aujourd'hui coûtent beaucoup d'argent, je pense aux frais bancaires, les factures annexes de téléphone mobile, d'ordinateur etc., tout ça cela a grever énormément le pour d'achat quotidien. Donc on a pris un certain nombre de mesures ; concrètement sur le logement, vous le savez, on révise l'indice des loyers, on réduit les durées de garantie, un mois au lieu de deux etc., ça c'est un premier élément. Et puis le deuxième grand chantier, le principal à vrai dire, c'est le travail. Les 35 heures et avec le texte que nous préparons et avec tout ce qu'on va faire durant le premier semestre, on va pouvoir enfin, enlever aux Français qui le souhaitent ce boulet des 35 heures, parce que ceux qui le souhaitent pourront travailler plus pour gagner plus.
Q.- Est-ce que vous, vous êtes pour la suppression pure et simple des 35 heures ?
R.- Non, c'est une durée légale, enfin vous savez c'est un débat qu'on a depuis des années, donc la durée légale on la laisse, en revanche...
Q.- L. Parisot, la présidente du Medef dit : il ne faut plus de durée légale du travail.
R.- Oui, mais en même temps il y a beaucoup de Français quand même qui y sont attachés. Je crois que l'intérêt - et c'est en cela que c'est moderne, que c'est une rupture moderne que fait N. Sarkozy, moi je soutiens ça à fond - c'est que c'est le libre choix. C'est courageux de dire que si on veut gagner plus, il faut travailler plus. Vous savez qu'en France, la moyenne, c'est 1.477 heures par an et par salarié en moyenne. L'Union européenne, en moyenne c'est 1.700 heures. Tant qu'on a ce retard, on ne pourra pas faire de miracle. Donc, il faut que ceux qui le souhaitent puissent travailler plus. On garde la durée légale à 35 heures mais surtout et c'est ça l'intérêt, chaque salarié pourra - et c'est ça que l'on va mettre en place - racheter des RTT, faire des heures supplémentaires ou renégocier de travailler plus que 35 heures dans son entreprise.
Q.- Mais est-ce qu'avec une croissance faible, affaiblie même, les employeurs pourront donner ce que vous dites, c'est-à-dire pourront donner des heures supplémentaires ?
R.- Oui, moi je ne crois pas à cette histoire de dire "la croissance affaiblie", pour une raison simple : tout ce qu'on voit dans toutes les économies du monde, y compris les économies occidentales, c'est que, plus on travaille, plus on crée de l'activité, plus on crée de l'activité et plus, forcément on distribue des revenus supplémentaires et donc plus on consomme, plus on travaille, etc. C'est un cercle vertueux. Il y a eu une grande erreur des socialistes qui a été de faire croire aux Français qu'il fallait travailler moins et qu'on pourrait être payé le même prix, cela ne s'est pas passé comme ça, au bout d'un certain temps, eh bien l'économie, elle n'a pas pu suivre. C'est du bon sens. Moi, jamais je vais dire à mes enfants s'ils veulent réussir dans la vie, il faut qu'ils travaillent moins. Et on sait bien qu'aujourd'hui les pays qui s'en sortent - je parle des pays occidentaux, pas de la lointaine Asie - les pays qui s'en sortent en terme de croissance, eh bien ce sont dans lesquels on travaille plus. Donc on est en train de mettre en place ce système et très mécaniquement, c'est avec ça que les Français pourront gagner plus.
Q.- Autre sujet, aujourd'hui, F. Fillon reçoit...
R.- Et ça c'est plutôt le courage politique de le dire, je me permets de le dire comme ça.
Q.- F. Fillon reçoit aujourd'hui les associations de sans abri, les associations disent qu'au fond, il manque 13.000 places par rapport à ce qui avait été promis l'année dernière. Est-ce que les promesses n'ont pas été tenues ?
R.- Vous savez, c'est toujours très douloureux ce sujet, moi je peux en témoigner en temps que maire de Meaux, ce sont des sujets sur lesquels à cette période de l'année, c'est toujours la mobilisation générale. Chaque situation personnelle est différente. Il y a eu un gros effort du Gouvernement, c'est pour ça que moi je ne veux pas rentrer dans cette polémique. J'ai eu l'occasion de rencontrer les associations Don Quichotte...
Q.- Mais est-ce qu'il manque des places par rapport à ce qui avait été dit ou pas ?
R.- Bon, je sais que F. Fillon va évoquer ce point ce matin. Il y a eu un accroissement très important des places disponibles. Après, cela peut dépendre des régions, moi en tout cas ce que je peux dire c'est que je vois que globalement, dans mon département, on est plutôt en situation de pouvoir répondre à la demande. Ensuite, cela dépend des régions, peut-être qu'il y a là, besoin de retravailler sur les territoires. En tout cas ce qui est sûr, c'est que les occupations illégales, ce n'est pas possible, ce n'est pas la solution. Qu'ensuite, il faut distinguer ce qui relève du logement social, de ce qui relève du logement d'urgence et puis au cas par cas trouver les meilleures solutions possibles sur le plan humain.
Q.- Une question sur les institutions, le projet sur la réforme des institutions va être présenté cette semaine, notamment le cumul des mandats, est-ce que vous, vous êtes opposé au cumul entre la fonction de maire et celle de ministre par exemple ?
R.- Là aussi, il faut être pragmatique, on ne peut pas mettre sur le même plan, d'être maire d'une très très grande ville ou d'être maire d'une ville moyenne ou petite. Moi je pense de manière générale, que c'est très important, quand on a une activité politique nationale de garder un pied dans la réalité locale. Et c'est vrai que de ce point de vue, quand on est maire, cela permet aussi de ne pas perdre de vue ce que sont les préoccupations du quotidien. Parce que, quand on est ministre, moi je l'ai été pendant cinq ans, si on n'y fait pas attention, eh bien on passe sa vie, un peu enfermé dans un système qui est très, très déconnecté.
Q.- Donc l'idée d'un seul mandat cela ne vous paraît pas une bonne idée ?
R.- Moi je trouve que c'est bien de pouvoir avoir un mandat local et un mandat national, parce que cela permet de voir les choses de manière très concrète et je crois ne pas être le seul dans ce cas. Je sais que c'est un débat, mais voilà, j'y suis pour ma part favorable : un mandat local et un mandat national, point.
Q.- Alors aujourd'hui, vous recevez les présidents de groupes parlementaires de droite des 26 pays européens. Il s'agit de parler du nouveau traité simplifié, du traité simplifié qui doit être adopté. Il ne sera pas adopté par référendum en France, est-ce que ça, vous le regrettez ?
R.- Non, je pense d'ailleurs que c'était un engagement qu'avait pris N. Sarkozy devant les Français, il n'y a donc pas d'ambiguïté là-dessus. Les Français savaient bien qu'en élisant N. Sarkozy, nous allions nous mobiliser pour relancer l'Europe. C'est une de ses grandes victoires que d'avoir trouvé à travers ce traité simplifié de quoi faire fonctionner l'Europe, ça c'est une très belle victoire, partagée avec les Allemands et avec les autres partenaires. Ce que nous faisons aujourd'hui à Paris, c'est une grande première, j'accueille avec mes amis députés, les 26 autres présidents de groupe des autres états-membres de droite et de centre droit. C'est une grande première, on va parler un peu du traité, mais on va surtout parler d'avenir. On va essayer de voir comment les députés nationaux peuvent entrer plus encore dans le débat européen, puisque vous savez que désormais...
Q.- Ils ne sont pas très présents jusqu'à maintenant.
R.- Eh bien justement, c'est pour ça qu'ils râlent un peu, à juste titre, parce que nous, on voudrait être plus engagé encore dans l'Europe et le traité simplifié le permet, puisque désormais si une part importante des députés nationaux refuse une directive européenne ou un règlement, au nom de ce qu'on appelle la subsidiarité, eh bien ils peuvent dire non. Et ça c'est quand même une grande première. D'ailleurs de manière générale, moi si je devais dire une chose par rapport à ce que nous avons fait durant cette session parlementaire, c'est que nous, les députés UMP, on veut être non pas la cinquième roue du carrosse, mais en première ligne sur tous les grands sujet d'actu - et on l'a vu sur le pouvoir d'achat, on pose des tas d'amendements, on le voit aujourd'hui sur l'Europe. Nous serons 27, représentant les 27 états membres, pour célébrer l'Europe et aussi voir comment on parle d'avenir et aussi avec les citoyens.
Q.- Justement, jusqu'à maintenant, certains députés ont pensé qu'ils n'étaient pas vraiment consultés par le Gouvernement.
R.- C'est en train de changer sérieusement. Moi en tout cas, je considère que c'est une part majeure de ma mission. On est là pour soutenir à 10.000 % les réformes de N. Sarkozy, mais on est là aussi pour les accompagner, pour faire passer des amendements. Et cela ne vous a pas échappé, dans ce domaine, le débat au sein du groupe UMP, il sera toujours libre, surtout quand il s'agit de faire avancer les choses.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 18 décembre 2007