Texte intégral
Q - Quel est le bilan du dernier Conseil des ministres franco-allemand ? Plus largement, qu'apporte la tenue de ces conseils aux relations entre les deux pays ? Quelle ambiance y règne-t-il ? Que faut-il garder dans ces conseils ? Que faut-il améliorer ?
R - Le Conseil des ministres franco-allemand (CMFA), qui s'est réuni le 12 novembre à Berlin, était le premier depuis octobre 2006. Le président de la République, la chancelière et l'ensemble des ministres s'étaient certes déjà rencontrés, mais ce conseil leur donnait pour la première fois l'occasion de se réunir dans ce format modernisé.
Un thème avait été retenu pour centrer nos échanges et les rendre plus opérationnels. C'est l'intégration qui a été choisie dans tous ses aspects. Beaucoup de questions ont été abordées, comme l'intégration par l'emploi, l'apprentissage de la langue, le parrainage ou le co-développement. La France et l'Allemagne ont également convenu renforcer leur coopération sur les questions d'immigration.
Sur la forme, les débats étaient moins formels et ont permis de véritables échanges au fond. L'organisation de visites de terrain a permis un déroulement plus vivant. J'ai pour ma part visité, avec mon homologue Günter Gloser, dans le quartier de Kreuzberg, une association d'insertion de jeunes Berlinois d'origine turque oeuvrant à l'insertion professionnelle des jeunes.
Au-delà du thème de l'intégration, la CMFA a permis de finaliser de nombreux projets franco-allemands concrets : nouvelles colocalisations diplomatiques et culturelles, création d'un prix littéraire franco-allemand, création d'un groupe de travail sur la fiscalité écologique, projets communs en matière de captage du CO2 et d'énergie éolienne...
Le CMFA avait été précédé d'une réunion entre partenaires sociaux des deux pays. Ces derniers ont dit leur intérêt pour cet exercice, inédit dans les relations franco-allemandes et qui sera reconduit.
Q - Selon vous, le couple Sarkozy/Merkel change t-il la donne dans les relations franco-allemandes ? Dans quelle mesure ? On a glosé sur la différence de style, quelques tensions (infirmières bulgares, EADS...), où en sont leurs relations ? Que peut apporter le couple Merkel-Sarkozy à l'axe franco-allemand ?
R - Les deux chefs d'Etat et de gouvernement ont en commun une même volonté de réforme. Ils s'attellent avec le même dynamisme à des réformes économiques et sociales ambitieuses, difficiles parfois mais nécessaires. Ils partagent la même ambition élevée et exigeante pour l'Europe. Ils ont, bien sûr, chacun leur style mais c'est, largement ensemble, qu'avec d'autres ils ont oeuvré au grand succès de la relance institutionnelle de l'Union.
J'ai été étonné des commentaires de presse cet été sur la prétendue crise des relations franco-allemandes. Bien sûr, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy n'ont pas le même tempérament. Mais comment ignorer le bilan très riche de la relation franco-allemande au cours des derniers mois ? L'accord fondamental au Conseil européen de juin sur les institutions, l'accord sur la gouvernance d'EADS, le lancement d'une démarche conjointe sur la stabilité financière internationale, le lancement de Galiléo, la mise en oeuvre de projets concrets dans un domaine nouveau de nos relations, l'intégration et l'immigration, des démarches conjointes sur les dossiers internationaux, une concertation systématique sur la préparation des priorités de la présidence française de l'UE...
Q - Avez-vous le sentiment que le président français évolue dans sa vision de l'Allemagne ?
R - Le président de la République s'est rendu à Berlin dès le jour de son investiture. Pour lui, la relation franco-allemande est incontournable. Son action depuis le premier jour de son mandat l'a constamment confirmé. Lors du Conseil des ministres franco-allemand, il a encore rappelé "l'importance capitale de l'entente et de l'amitié entre la France et l'Allemagne", d'une relation très spécifique, fondée sur un travail historique de réconciliation. Sans être exclusive, mais cette relation demeure à l'évidence irremplaçable.
Q - Vous êtes en charge de la coopération franco-allemande. En quoi cela consiste-il ? Quel bilan ? Quels projets ?
R - Je suis en effet, avec mon homologue allemand, Günther Gloser, co-secrétaire général pour la coopération franco-allemande (SGFA).
On peut résumer la mission des secrétaires généraux des relations franco-allemandes en deux points. Dynamiser la concertation gouvernementale : il s'agit de préparer, mettre en oeuvre, et suivre les projets bilatéraux susceptibles d'avoir des prolongements dans un cadre européen. Rapprocher les deux sociétés civiles. Comment ? En jouant sur toute la gamme des outils à notre disposition. La journée franco-allemande du 22 janvier, le prix de Gaulle-Adenauer qui rend hommage à des personnalités ou des institutions fortement engagées dans la coopération franco-allemande, les coopérations entre les régions et les communes des deux pays...
Si je dois insister sur quelques projets pour l'avenir, je parlerai particulièrement du rapprochement des sociétés civiles, déjà bien engagé grâce à l'apprentissage de la langue du partenaire, aux jumelages, au manuel d'histoire franco-allemand, aux échanges de jeunes et d'apprentis, à l'université franco-allemande... D'autres projets sont devant nous : la création d'un régime matrimonial franco-allemand, la relance volontariste de l'apprentissage de la langue du partenaire, la coopération en matière d'intégration et d'immigration, le domaine culturel et éducatif et un travail particulier sur les zones frontalières, comme à Strasbourg, utile pour faire vivre l'Europe dans son coeur géographique et politique.
Au-delà, vous connaissez les priorités de la relation franco-allemande: la coopération économique et industrielle, la poursuite de la convergence de nos politiques étrangères au service d'intérêts et de valeurs partagées, l'intégration de nos outils de défense, les politiques communes de l'UE dans les domaines de l'énergie, du climat, de l'immigration, de l'innovation et de la recherche...
Q - Lorsqu'on parle des relations franco-allemandes, quelle est la question décisive, la question importante pour l'avenir ?
R - Aucune relation bilatérale n'est une fin en soi. La question importante est bien celle de nos valeurs, du sens que nos sociétés se donnent. Or ce qui fait la force de la relation franco-allemande aujourd'hui, c'est que nous partageons le même projet pour notre avenir. Nous portons le même projet d'une Europe forte dans la mondialisation. Si, dans une Europe à 27, le couple franco-allemand ne se suffit pas à lui-même, sa dynamique est plus que jamais nécessaire.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 4 janvier 2008
R - Le Conseil des ministres franco-allemand (CMFA), qui s'est réuni le 12 novembre à Berlin, était le premier depuis octobre 2006. Le président de la République, la chancelière et l'ensemble des ministres s'étaient certes déjà rencontrés, mais ce conseil leur donnait pour la première fois l'occasion de se réunir dans ce format modernisé.
Un thème avait été retenu pour centrer nos échanges et les rendre plus opérationnels. C'est l'intégration qui a été choisie dans tous ses aspects. Beaucoup de questions ont été abordées, comme l'intégration par l'emploi, l'apprentissage de la langue, le parrainage ou le co-développement. La France et l'Allemagne ont également convenu renforcer leur coopération sur les questions d'immigration.
Sur la forme, les débats étaient moins formels et ont permis de véritables échanges au fond. L'organisation de visites de terrain a permis un déroulement plus vivant. J'ai pour ma part visité, avec mon homologue Günter Gloser, dans le quartier de Kreuzberg, une association d'insertion de jeunes Berlinois d'origine turque oeuvrant à l'insertion professionnelle des jeunes.
Au-delà du thème de l'intégration, la CMFA a permis de finaliser de nombreux projets franco-allemands concrets : nouvelles colocalisations diplomatiques et culturelles, création d'un prix littéraire franco-allemand, création d'un groupe de travail sur la fiscalité écologique, projets communs en matière de captage du CO2 et d'énergie éolienne...
Le CMFA avait été précédé d'une réunion entre partenaires sociaux des deux pays. Ces derniers ont dit leur intérêt pour cet exercice, inédit dans les relations franco-allemandes et qui sera reconduit.
Q - Selon vous, le couple Sarkozy/Merkel change t-il la donne dans les relations franco-allemandes ? Dans quelle mesure ? On a glosé sur la différence de style, quelques tensions (infirmières bulgares, EADS...), où en sont leurs relations ? Que peut apporter le couple Merkel-Sarkozy à l'axe franco-allemand ?
R - Les deux chefs d'Etat et de gouvernement ont en commun une même volonté de réforme. Ils s'attellent avec le même dynamisme à des réformes économiques et sociales ambitieuses, difficiles parfois mais nécessaires. Ils partagent la même ambition élevée et exigeante pour l'Europe. Ils ont, bien sûr, chacun leur style mais c'est, largement ensemble, qu'avec d'autres ils ont oeuvré au grand succès de la relance institutionnelle de l'Union.
J'ai été étonné des commentaires de presse cet été sur la prétendue crise des relations franco-allemandes. Bien sûr, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy n'ont pas le même tempérament. Mais comment ignorer le bilan très riche de la relation franco-allemande au cours des derniers mois ? L'accord fondamental au Conseil européen de juin sur les institutions, l'accord sur la gouvernance d'EADS, le lancement d'une démarche conjointe sur la stabilité financière internationale, le lancement de Galiléo, la mise en oeuvre de projets concrets dans un domaine nouveau de nos relations, l'intégration et l'immigration, des démarches conjointes sur les dossiers internationaux, une concertation systématique sur la préparation des priorités de la présidence française de l'UE...
Q - Avez-vous le sentiment que le président français évolue dans sa vision de l'Allemagne ?
R - Le président de la République s'est rendu à Berlin dès le jour de son investiture. Pour lui, la relation franco-allemande est incontournable. Son action depuis le premier jour de son mandat l'a constamment confirmé. Lors du Conseil des ministres franco-allemand, il a encore rappelé "l'importance capitale de l'entente et de l'amitié entre la France et l'Allemagne", d'une relation très spécifique, fondée sur un travail historique de réconciliation. Sans être exclusive, mais cette relation demeure à l'évidence irremplaçable.
Q - Vous êtes en charge de la coopération franco-allemande. En quoi cela consiste-il ? Quel bilan ? Quels projets ?
R - Je suis en effet, avec mon homologue allemand, Günther Gloser, co-secrétaire général pour la coopération franco-allemande (SGFA).
On peut résumer la mission des secrétaires généraux des relations franco-allemandes en deux points. Dynamiser la concertation gouvernementale : il s'agit de préparer, mettre en oeuvre, et suivre les projets bilatéraux susceptibles d'avoir des prolongements dans un cadre européen. Rapprocher les deux sociétés civiles. Comment ? En jouant sur toute la gamme des outils à notre disposition. La journée franco-allemande du 22 janvier, le prix de Gaulle-Adenauer qui rend hommage à des personnalités ou des institutions fortement engagées dans la coopération franco-allemande, les coopérations entre les régions et les communes des deux pays...
Si je dois insister sur quelques projets pour l'avenir, je parlerai particulièrement du rapprochement des sociétés civiles, déjà bien engagé grâce à l'apprentissage de la langue du partenaire, aux jumelages, au manuel d'histoire franco-allemand, aux échanges de jeunes et d'apprentis, à l'université franco-allemande... D'autres projets sont devant nous : la création d'un régime matrimonial franco-allemand, la relance volontariste de l'apprentissage de la langue du partenaire, la coopération en matière d'intégration et d'immigration, le domaine culturel et éducatif et un travail particulier sur les zones frontalières, comme à Strasbourg, utile pour faire vivre l'Europe dans son coeur géographique et politique.
Au-delà, vous connaissez les priorités de la relation franco-allemande: la coopération économique et industrielle, la poursuite de la convergence de nos politiques étrangères au service d'intérêts et de valeurs partagées, l'intégration de nos outils de défense, les politiques communes de l'UE dans les domaines de l'énergie, du climat, de l'immigration, de l'innovation et de la recherche...
Q - Lorsqu'on parle des relations franco-allemandes, quelle est la question décisive, la question importante pour l'avenir ?
R - Aucune relation bilatérale n'est une fin en soi. La question importante est bien celle de nos valeurs, du sens que nos sociétés se donnent. Or ce qui fait la force de la relation franco-allemande aujourd'hui, c'est que nous partageons le même projet pour notre avenir. Nous portons le même projet d'une Europe forte dans la mondialisation. Si, dans une Europe à 27, le couple franco-allemand ne se suffit pas à lui-même, sa dynamique est plus que jamais nécessaire.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 4 janvier 2008