Texte intégral
Chers Amis, Chers Camarades,
Ce moment est important pour nous. Après le cycle des élections du printemps dernier, les interrogations légitimes après une défaite, les attentes aussi qui sont portées sur nous dans les scrutins prochains de mars puis dans notre congrès.
Les socialistes pourraient-ils, à l'occasion des élections municipales et cantonales, se mettre en bon ordre, faire des listes de rassemblement avec leurs partenaires de la gauche, faire une place à la diversité, tenir compte des exigences de la parité, faire en sorte que les différentes sensibilités de notre parti, elles-mêmes, se retrouvent sur nos listes ? Et voilà que vous venez de voter à l'unanimité ! Je ne vais pas bouder mon plaisir.
Nous sommes rassemblés et il le fallait parce que les élections municipales et cantonales qui viennent sont un rendez-vous politique majeur. Un rendez-vous d'abord pour les Français. Les élections locales de mars sont des élections qui vont changer la vie quotidienne de nos concitoyens. Selon que nous aurons des succès, selon que la droite l'emportera, cela ne sera pas le même environnement pour vivre dans les villes concernées. Ce ne seront pas les mêmes politiques de logement, les mêmes politiques de transports, les mêmes politiques de solidarité, les mêmes politiques de petite enfance, les mêmes politiques d'aménagement du territoire.
Le grand enjeu des élections municipales, pour nous, en direction des Français, c'est d'affirmer que nous pouvons être utiles dès à présent. Parce que si avec les 20 régions métropolitaines sur 22, sans oublier les régions de l'outre-mer, nous pouvons dans un très grand nombre de ville, dans une très grande majorité de départements agir, alors il n'y aura pas que la politique nationale -celle de Nicolas Sarkozy- qui fera sentir ses effets. Il y aura tout ce que nous entreprendrons sur nos territoires. Il ne faut pas laisser penser qu'il y aurait une sorte de division du travail politique : à la droite, la gestion de l'Etat et la majorité dans les Assemblées (Assemblée nationale et Sénat) et à la gauche, la gestion des territoires. Nous devons être ambitieux à tous les niveaux et ce que nous allons réengager à l'occasion de ces élections municipales nous permettra d'être exemplaires et de pouvoir gagner les élections nationales.
Ce sera effectivement difficile d'agir avec des finances locales qui seront affaiblies, des transferts de compétences, des abandons de services publics, des cartes judiciaires, cartes hospitalières, cartes scolaires qui seront chamboulées. Ce ne sera donc pas facile d'agir pour ceux qui seront en responsabilité en notre nom. Mais, nous n'avons pas le choix. Nous ne sommes pas, comme d'autres, des spectateurs ; nous n'attendons pas la politique du pire ; nous n'attendons pas de ramasser la misère pour en faire commerce. Nous avons un devoir, parce que nous sommes socialistes, c'est d'être utiles à nos concitoyens partout où nous sommes en responsabilité.
Le socialisme a d'abord été municipal avant d'être, finalement, capable de diriger les affaires du pays. Aujourd'hui, le socialisme doit être territorial. Il doit être aussi un socialisme qui puisse dans les territoires des politiques locales qui peuvent demain être des politiques nationales.
Nous aurions dû d'ailleurs davantage valorisé tout ce que nous engageons dans les régions, dans les départements, dans les villes pour aider notre candidate, démontrant que ce qu'elle proposait était inspiré de nos politiques territoriales. C'est nous qui innovons, c'est nous qui trouvons des solutions politiques sur l'insertion, sur le développement économique, sur la Recherche, sur le financement des universités. C'est nous qui sommes à l'initiative dans les villes, les départements et les régions.
C'est un rendez-vous donc majeur pour les Français. Ils sont attachés à ces scrutins territoriaux et la participation aux élections municipales peut être forte. Sera-t-elle aussi forte que pour la présidentielle ? Cela doit être notre objectif. Nous devons faire en sorte qu'il y ait la même mobilisation, le même engagement que ce que nous avons pu susciter à l'occasion de l'élection présidentielle.
C'est également un rendez-vous majeur sur le thème du pouvoir d'achat. Nous avons voulu prendre en compte ce qui est aujourd'hui la première priorité des Français, ce qui a été aussi le premier engagement de Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle. Il devait être le Président du pouvoir d'achat et des droits de l'Homme. Vous voyez le résultat ! Le pouvoir d'achat est sans droit et les droits de l'Homme ont perdu devant la possibilité d'acheter quelques contrats à tel ou tel dictateur de ce monde.
Nous devons regarder les choses différemment. Nous devons dire que les élections municipales peuvent permettre d'améliorer le pouvoir d'achat des Français. Si nous faisons une politique de logement, si nous permettons d'avoir une récupération du foncier, si nous mettons à disposition des logements aussi bien pour le secteur privé que pour le secteur social, si nous avons une politique de transports publics, si nous sommes capables de fournir des services aussi bien pour la petite enfance que pour les familles, si nous sommes capables d'offrir des centres de loisirs aux enfants -et donc aux familles, nous pourrons donc alléger une part du fardeau provoqué, aujourd'hui, par la politique gouvernementale et qui pèse lourd sur le dos des familles.
Nous devons donc affirmer la question du pouvoir d'achat pour dire que nous avons des propositions immédiates et concrètes.
C'est un rendez-vous important pour la politique en France. Nicolas Sarkozy, vous l'avez compris, est candidat aux élections municipales dans chacune de vos villes. Il sera également candidat dans tous les cantons, dans tous les départements. Il en a fait promesse ; il a dit qu'il irait partout. Il pourra le faire d'ailleurs sans avoir son temps d'antenne compté dans le temps de la majorité ! Il aura même les préfets pour l'accompagner. Il sera le seul candidat de la droite -il n'a pas confiance dans les autres ; il n'a pas confiance dans son gouvernement -il est bien payé pour le savoir (bien payé est le mot d'ailleurs). Nous savons qu'il sera pleinement dans la campagne.
Et l'on viendrait dire que les élections municipales et cantonales ne sont pas des scrutins nationaux ! C'est un scrutin politique ! Ce sont des scrutins nationaux ! Il ne nous appartient pas de dire que les élections municipales et cantonales sont un troisième tour présidentiel ; ce serait fallacieux. L'élection présidentielle a eu lieu, les législatives aussi. Mais, c'est un rendez-vous qui peut effectivement permettre de briser ce qu'est aujourd'hui la volonté de Nicolas Sarkozy : obtenir des élections municipales la confirmation des scrutins précédents pour poursuivre, amplifier, sa politique.
C'est l'occasion pour beaucoup de ceux qui expriment une frustration, une colère, un mécontentement, de le dire. C'est aussi une façon de juger -à peine un an après le scrutin présidentiel- ce qu'est le système de Nicolas Sarkozy. C'est un système personnel qui n'est pas un système présidentiel où il est au coeur de tout, au sommet de tout, au début et à la fin de tout. Il est partout, il est sur tout, il est tout. C'est donc cela son système qui fait que, lorsqu'il parle de la réforme des institutions, ce n'est pas pour donner quelques responsabilités nouvelles au Parlement -même si tout progrès sera le bienvenu ; c'est pour lui permettre à lui de venir devant le Parlement -Assemblée nationale, Sénat- pour non pas simplement faire une déclaration annuelle, mais pour faire la promotion de sa politique. Il veut être celui qui dirige tout, qui régente tout. On dit que la Ve République a inscrit le pouvoir personnel, une espèce de monarchie constitutionnelle ; mais il y a des monarques qui ne gouvernent pas ! Lui, il veut être celui qui décide de tout. Encore récemment, c'est lui qui convoque ce qui reste du gouvernement pour prendre une décision, pour la faire ratifier. Son système est personnel jusqu'au point d'inviter qui il veut en France, par le fait du Prince ! Et la semaine que nous venons de passer a été terrible de ce point de vue -terrible pour lui d'ailleurs ! Il se trouve que l'invité en a pris à sa guise, il s'est senti chez lui. Étonnant spectacle d'un Chef d'Etat étranger, atteint d'une crise de surdité aigue quand la question des droits de l'Homme se pose, qui monnaye des contrats pour faire oublier ses exactions récentes, qui interpelle le Ministre des Affaires étrangères qui, lui-même, avait d'ailleurs considéré qu'il était pitoyable -c'est vous dire l'état de leurs relations- et qui, ensuite, fait le tour de nos propriétés. Il est allé au Louvre. Il voulait rencontrer la Joconde ; la malheureuse n'a rien pu faire, n'a rien pu dire. Je comprends mieux maintenant son sourire extatique ! Ensuite, il va à Versailles et l'on voit un dirigeant regarder le trône du roi avec envie. Puis il va à Rambouillet pour la chasse présidentielle ! Mais où était passé Nicolas Sarkozy ? Lui qui veut être partout ne le suivait pas !
Cette espèce de provocation, engagée par Kadhafi mais aussi par Sarkozy, a donné le spectacle désolant d'une France soumise pour des raisons commerciales à des impératifs qui ne sont pas ceux de la diplomatie telle que nous la voulons : une diplomatie d'équilibre, une diplomatie de la paix, une diplomatie de droits de l'Homme. Il faut donc être sévère avec le système personnel de Nicolas Sarkozy parce qu'il abîme la France.
Pouvoir personnel, mais pouvoir irresponsable. Il avait fait des promesses. Il avait dit qu'il relancerait la croissance, qu'il irait même la chercher avec ses dents ! La croissance n'est pas au rendez-vous en cette fin d'année 2007, pas davantage en 2008 et il nous dit que ce sera peut-être en 2009 ! Et, quand on l'interroge sur le pouvoir d'achat, il répond qu'il n'a plus rien, qu'il a tout donné, qu'il fallait passer au mois de juillet !
Il y avait 15 milliards d'euros et il les a donnés au premier venu ! Ah ! mais le premier venu n'était pas n'importe lequel ! C'étaient les plus puissants, les plus riches ! Et voilà que pour tous les autres -et ils sont nombreux- il faudrait maintenant qu'ils se débrouillent tous seuls.
Il leur donne même la leçon : vous voulez de l'argent ! Allez travailler, faites comme moi dit-il et vous serez peut-être récompensés ! Si bien sûr, vous avez un emploi, si cet emploi est à temps plein, s'il existe des jours RTT, si vous pouvez faire des heures supplémentaires, si votre patron vous y autorise.
Madame Lagarde a même fait les comptes ! Si on est salarié d'une PME, que l'on est monoparental, que l'on a une prime à la CUV, qu'on a des jours RTT, que l'on fait des heures supplémentaires, que l'on travaille même « au noir »... Tout cela fait un treizième mois !
Pouvoir injuste : en juillet ont été distribués des chèques, des avantages, des exonérations de cotisations sociales pour plus de 15 milliards d'euros et au 1er janvier va s'appliquer la franchise médicale, la hausse du gaz -on nous dit 6 %, ils feront peut-être 4 % et ils nous demanderont de les remercier !-, et l'exonération de la redevance télé. Là ils ont eu un acte généreux. Ce sera prolongé en 2008, uniquement la moitié.
Voilà la politique qui est aujourd'hui appliquée : dure, rude pour la grande majorité de nos concitoyens -souvent les plus modestes ; avantageuse, accommodante, gracieuse à l'égard des plus puissants. C'est ce pouvoir-là, irresponsable, injuste, personnel, qu'il faut mettre en cause à l'occasion de ces élections.
On nous interroge aussi de l'enjeu de ces élections pour le Parti socialiste et pour la gauche. Et avec raison car il n'y aura de redressement possible pour le Parti socialiste que si, dans les urnes, il démontre qu'il est la principale force dans notre pays, qu'il est le premier parti en France. C'est là l'enjeu. Certains voudraient que le Parti socialiste perde du côté du centre, du côté de la gauche -ou de la gauche de la gauche- pour ne plus être ce qu'il est. Le Parti socialiste doit faire la démonstration à l'occasion de ces élections municipales et cantonales qu'il est le passage, l'instrument, l'outil, l'espace qui permet à la gauche de pouvoir porter les aspirations de notre pays. Il n'y a pas d'autre démonstration. Ce ne sont pas les sondages qui indiquent une volonté. C'est à travers les urnes que l'on peut effacer les résultats précédents. Il n'y aura donc de renouvellement, de rénovation, de redressement de la gauche que si nous-mêmes nous en sommes dignes et si les électeurs nous donnent leur confiance. C'est le sens de la stratégie que je vous propose.
Si nous voulons gagner les élections municipales et cantonales, il y a quatre conditions à remplir :
1/- Il faut porter un projet
Nous ne sommes pas là pour recueillir simplement les fruits de la colère, du désenchantement ou de la contestation. Nous sommes là pour donner une espérance réelle, concrète, crédible. Et nous avons à travers le projet municipal que nous avons présenté cinq grands engagements.
Comme nous l'avions fait à l'occasion des élections régionales de 2004, chacun fera sa campagne en fonction des spécificités de nos territoires, mais chacun aura aussi ces cinq engagements à coeur et au coeur.
La réussite scolaire pour tous : nous n'avons pas à remplacer le service public de l'éducation, nous avons à faire en sorte que l'accompagnement scolaire, le suivi des élèves puissent offrir une chance de plus à chacun de nos enfants.
Des territoires dynamiques et écologiques : nous sommes, comme élus locaux, confrontés au marché, à l'économie de marché et, quelques fois aux délocalisations ; nous avons donc pourtant à porter des impératifs de croissance, de développement. Et nous aurons à le faire dans nos villes, dans nos départements et avec les régions. Et nous avons aussi à être dans le développement durable. Nous prenons un engagement sur les transports en commun qui devront être, dans toutes les villes, avec l'appui des départements et des régions, une priorité. Nous ferons partout des « Agenda 21 ».
Le logement : un logement pour chacun ; l'application bien sûr des obligations de la loi ; nous veillerons, dans toute opération immobilière, à ce que les logements sociaux puissent y figurer. Nous ferons en sorte de récupérer du foncier ; nous aiderons partout à l'accession à la propriété.
La mise en place de nouvelles solidarités : notamment l'économie sociale et solidaire sur laquelle nous agissons déjà beaucoup au niveau des régions et des départements.
Une sécurité de proximité : elle doit comporter bien sûr le suivi d'une délinquance souvent précoce ; elle doit avoir des réseaux d'alerte, une capacité d'intervention en liaison avec la Police nationale. Mais, il faut faire en sorte de pouvoir prendre notre part à la sécurité, mais avec le souci constant de la prévention et de l'insertion.
Voilà le projet. Il doit nous unir tous. Il doit être lisible, compréhensible, portant un progrès pour chacun.
2/ - Adoption des listes
C'est donc la deuxième condition. Plus de 400 listes, Premier des socialistes, dans les villes de plus de 20 000 habitants.
Nous venons de le faire à l'unanimité. Nous l'avons fait dans le respect de la place des femmes -même s'il y a encore beaucoup à faire, notamment sur les chefs de file. Nous en avons fait, en attendant, bien plus en 2001.
Nous l'avons fait aussi en s'attachant à respecter la diversité. Quand on fait un progrès, quand on franchit une étape, quand on permet au Parti socialiste d'être meilleur qu'il n'a été -et sans doute le meilleur dans la vie politique française- on le dit. On l'affirme, on en est fier. On ne peut pas attirer les citoyens vers nous, si nous ne sommes pas respectueux de nous-mêmes et fiers de nous-mêmes. Nous avons fait un pas sur la question de la diversité et la marche ne s'arrêtera pas. La diversité n'est pas une obligation morale, ce n'est pas parce qu'il faut assurer l'égalité de tous. La diversité est atout, une chance pour gagner. Nous ne voulons pas l'assistance, la charité. Nous faisons ce que nous pensons sans doute être juste, mais aussi efficace.
Il y avait des problèmes ; ils n'étaient pas simples. Alors, nous avons appliqué nos principes : quand il y a eu un vote militant, on respecte le vote militant. Quand il faut faire un effort supplémentaire, on fait un effort supplémentaire. Mais, en même temps, regardons les choses en face : les dirigeants du Parti socialiste sont-ils tous nés dans la circonscription où ils sont élus ? N'ont-ils pas été un jour parachuté dans une circonscription ? Le plus souvent et depuis longtemps. C'est la vie politique qui fait cela.
Il ne faut jamais employer contre un adversaire l'argument « il n'est pas d'ici ». Car, finalement, nous sommes tous de France et les candidats de la diversité, eux, sont précisément d'ici.
Nous faisons donc ce que nous avons à faire avec des principes qui ont toujours été les nôtres : pas de quota, pas de discrimination, mais simplement la citoyenneté pour tous et la présence sur nos listes pour tous.
3/ - Être en cohésion et en cohérence
Si les socialistes, dans les prochains mois, ne comprennent pas qu'ils doivent être à la fois en cohérence sur les propositions, en solidarité par rapport à ce qu'est l'objectif et en fraternité par rapport aux comportements des uns par rapport aux autres, alors nous porterions le fardeau de ne pas avoir été capables de redresser la gauche à l'occasion de ces élections municipales et cantonales.
C'est notre cohésion qui permettra le succès. On ne peut pas demander à être respectés si l'on ne se respecte pas soi-même. C'est à cet effort-là que je vous appelle. Nous aurons nos débats après : congrès, désignation pour d'autres candidatures plus prestigieuses encore... Mais, aujourd'hui, nous avons à assurer le socle, la base, la force du Parti socialiste. C'est la condition pour l'emporter.
4/ - Le rassemblement
Le rassemblement de la gauche bien sûr. Que nous avait-on dit ? Il y aura des primaires partout ; on poursuivrait le PCF parce que l'on voudrait le dépasser partout.
Nous avons à nous maîtriser à tous égards. Le PS doit occuper le plus large espace et, en même temps, il ne gagnera jamais seul. La gauche sera-t-elle toujours dans l'état où on la connaît, avec ses partis différents ? Je ne le crois pas. On franchira des étapes -dont celles des municipales qui seront importantes. On fédérera, on restructurera tous ensemble pour former, un jour, une famille plus large, plus grande, que celle que nous formons à présent.
Dans l'attente, il nous fallait aussi faire la place à nos partenaires. Nous avons des listes de rassemblement partout au premier tour ; quand nous ne l'avons pas fait au premier tour -je pense à nos amis Verts- nous le ferons au deuxième tour.
Certains nous demandent ce que nous allons faire avec ceux qui ne sont pas encore avec nous. Mais lesquels ? Alors on nous parle du Modem. Je crois que ceux qui n'ont pas compris -il peut y en avoir- que le Modem ne veut pas s'associer avec nous ont besoin donc d'un rappel. A l'élection présidentielle, Ségolène a tout fait pour convaincre François Bayrou d'appeler à voter pour nous au second tour. Il ne l'a pas fait. Lors des élections législatives, certains imaginaient un accord de désistement avec le Modem. Il ne l'a pas demandé. Nous l'aurait-il demandé d'ailleurs que cela n'aurait valu que pour deux circonscriptions en France. Là encore, je n'ai été sollicité pour aucune discussion avec ce parti ! J'ai cru comprendre qu'il apportait son soutien à Alain Juppé ; ce qui pour nous n'est pas forcément facile à comprendre. Et partout, c'est encore avec la droite qu'il se situe.
Je vais donc rappeler les règles qui font le rassemblement tel que nous l'imaginons pour les élections municipales comme pour les prochains scrutins. Pour venir avec nous, il faut accepter trois règles : il faut approuver le contrat que nous présentons dans chaque ville, chaque département, aux Français. Il faut accepter nos alliances, accepter nos alliés : la gauche, toute la gauche. Il faut être dans une opposition à la politique de Nicolas Sarkozy et non à Nicolas Sarkozy en particulier ; nous ne pratiquons pas le rapport personnel. À ces trois conditions, ceux qui veulent nous rejoindre sont les bienvenus à titre personnel. On nous dit que, à l'extrême gauche, certains voudraient venir avec nous. Je n'ai pas compris cela de la stratégie d'Olivier Besancenot : lui ne veut aucun rapport avec le Parti socialiste. C'est son droit. On nous dit que Lutte ouvrière nous approche ici ou là ; il faudra rappeler donc les trois règles que je viens d'évoquer, sans oublier la solidarité de gestion. Car il ne faut pas simplement être sur nos listes pour y être élu ; il faut approuver notre contrat, nos prochains budgets, nos alliés, la politique à l'égard de la droite. Soyons donc d'abord rassemblés à gauche ; nous verrons ensuite comment nous ouvrir au second tour sur les bases que je viens d'indiquer.
CONCLUSION
Notre journée a été une bonne journée de débats, de clarifications, de compréhension des problèmes que nous avons à affronter, mais aussi journée de mobilisation, de rassemblement, de cohésion.
Je souhaite bonne chance à tous nos candidats. Nous ne sommes pas un Parti qui agrège, qui additionne des localités. Nous ne possédons aucune ville ; nous ne voulons conquérir aucun territoire. Les villes, les territoires, les départements appartiennent aux citoyens et à eux seuls. Nous ne sommes pas là pour imposer un autre système. Nous n'avons pas autant de stratégie que nous avons de villes, de départements. Nous sommes un Parti cohérent, uni, un parti qui est un ensemble, qui pense collectivement. Nous ne sommes pas non plus une addition de personnalités. Nous ne sommes pas simplement portés par la popularité des uns et des autres. Nous sommes, là encore, solidaires des anonymes, de ceux qui se battent dans des territoires où il y a peu d'espoir. Je veux m'adresser aussi à ceux qui partent au combat dans des territoires tout en sachant que ce sera difficile, des territoires que l'on appelle de mission, des territoires où la droite est forte.
Il ne faut pas qu'ils se désespèrent ; il faut qu'ils se sentent portés par un grand mouvement, par une grande force -la nôtre. Il faut que ceux qui ont plus de chance, qui sont dans des territoires où les électeurs de gauche sont plus nombreux, apportent leur soutien aux autres.
Je ne veux pas d'une fracture géographique telle qu'elle est apparue au soir de l'élection présidentielle et même durant les élections législatives. La moitié d'une France qui serait de gauche et l'autre de droite.
Quand on est le Parti socialiste, on n'est pas un parti de bastions, mais un parti d'ambition pour l'ensemble de la Nation.
Soyez un ensemble, travaillez en collectif, faites apparaître l'unité de campagne, la force du Parti socialiste. Je suis convaincu que si nous sommes nous-mêmes, et plus que nous-mêmes, nous aurons derrière nous, avec nous, une majorité de nos concitoyens. Ils s'inquiètent aujourd'hui, ils s'interrogent sur nous-mêmes. Ne les décevez pas.
Soyez ce que vous êtes, et mieux que ce que nous avons été. Soyez des socialistes capables de donner de l'espérance. C'est comme ça que vous serez, peut-être, les meilleurs candidats et, demain, les meilleurs élus.
Source http://www.parti-socialiste.fr, le 20 décembre 2007
Ce moment est important pour nous. Après le cycle des élections du printemps dernier, les interrogations légitimes après une défaite, les attentes aussi qui sont portées sur nous dans les scrutins prochains de mars puis dans notre congrès.
Les socialistes pourraient-ils, à l'occasion des élections municipales et cantonales, se mettre en bon ordre, faire des listes de rassemblement avec leurs partenaires de la gauche, faire une place à la diversité, tenir compte des exigences de la parité, faire en sorte que les différentes sensibilités de notre parti, elles-mêmes, se retrouvent sur nos listes ? Et voilà que vous venez de voter à l'unanimité ! Je ne vais pas bouder mon plaisir.
Nous sommes rassemblés et il le fallait parce que les élections municipales et cantonales qui viennent sont un rendez-vous politique majeur. Un rendez-vous d'abord pour les Français. Les élections locales de mars sont des élections qui vont changer la vie quotidienne de nos concitoyens. Selon que nous aurons des succès, selon que la droite l'emportera, cela ne sera pas le même environnement pour vivre dans les villes concernées. Ce ne seront pas les mêmes politiques de logement, les mêmes politiques de transports, les mêmes politiques de solidarité, les mêmes politiques de petite enfance, les mêmes politiques d'aménagement du territoire.
Le grand enjeu des élections municipales, pour nous, en direction des Français, c'est d'affirmer que nous pouvons être utiles dès à présent. Parce que si avec les 20 régions métropolitaines sur 22, sans oublier les régions de l'outre-mer, nous pouvons dans un très grand nombre de ville, dans une très grande majorité de départements agir, alors il n'y aura pas que la politique nationale -celle de Nicolas Sarkozy- qui fera sentir ses effets. Il y aura tout ce que nous entreprendrons sur nos territoires. Il ne faut pas laisser penser qu'il y aurait une sorte de division du travail politique : à la droite, la gestion de l'Etat et la majorité dans les Assemblées (Assemblée nationale et Sénat) et à la gauche, la gestion des territoires. Nous devons être ambitieux à tous les niveaux et ce que nous allons réengager à l'occasion de ces élections municipales nous permettra d'être exemplaires et de pouvoir gagner les élections nationales.
Ce sera effectivement difficile d'agir avec des finances locales qui seront affaiblies, des transferts de compétences, des abandons de services publics, des cartes judiciaires, cartes hospitalières, cartes scolaires qui seront chamboulées. Ce ne sera donc pas facile d'agir pour ceux qui seront en responsabilité en notre nom. Mais, nous n'avons pas le choix. Nous ne sommes pas, comme d'autres, des spectateurs ; nous n'attendons pas la politique du pire ; nous n'attendons pas de ramasser la misère pour en faire commerce. Nous avons un devoir, parce que nous sommes socialistes, c'est d'être utiles à nos concitoyens partout où nous sommes en responsabilité.
Le socialisme a d'abord été municipal avant d'être, finalement, capable de diriger les affaires du pays. Aujourd'hui, le socialisme doit être territorial. Il doit être aussi un socialisme qui puisse dans les territoires des politiques locales qui peuvent demain être des politiques nationales.
Nous aurions dû d'ailleurs davantage valorisé tout ce que nous engageons dans les régions, dans les départements, dans les villes pour aider notre candidate, démontrant que ce qu'elle proposait était inspiré de nos politiques territoriales. C'est nous qui innovons, c'est nous qui trouvons des solutions politiques sur l'insertion, sur le développement économique, sur la Recherche, sur le financement des universités. C'est nous qui sommes à l'initiative dans les villes, les départements et les régions.
C'est un rendez-vous donc majeur pour les Français. Ils sont attachés à ces scrutins territoriaux et la participation aux élections municipales peut être forte. Sera-t-elle aussi forte que pour la présidentielle ? Cela doit être notre objectif. Nous devons faire en sorte qu'il y ait la même mobilisation, le même engagement que ce que nous avons pu susciter à l'occasion de l'élection présidentielle.
C'est également un rendez-vous majeur sur le thème du pouvoir d'achat. Nous avons voulu prendre en compte ce qui est aujourd'hui la première priorité des Français, ce qui a été aussi le premier engagement de Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle. Il devait être le Président du pouvoir d'achat et des droits de l'Homme. Vous voyez le résultat ! Le pouvoir d'achat est sans droit et les droits de l'Homme ont perdu devant la possibilité d'acheter quelques contrats à tel ou tel dictateur de ce monde.
Nous devons regarder les choses différemment. Nous devons dire que les élections municipales peuvent permettre d'améliorer le pouvoir d'achat des Français. Si nous faisons une politique de logement, si nous permettons d'avoir une récupération du foncier, si nous mettons à disposition des logements aussi bien pour le secteur privé que pour le secteur social, si nous avons une politique de transports publics, si nous sommes capables de fournir des services aussi bien pour la petite enfance que pour les familles, si nous sommes capables d'offrir des centres de loisirs aux enfants -et donc aux familles, nous pourrons donc alléger une part du fardeau provoqué, aujourd'hui, par la politique gouvernementale et qui pèse lourd sur le dos des familles.
Nous devons donc affirmer la question du pouvoir d'achat pour dire que nous avons des propositions immédiates et concrètes.
C'est un rendez-vous important pour la politique en France. Nicolas Sarkozy, vous l'avez compris, est candidat aux élections municipales dans chacune de vos villes. Il sera également candidat dans tous les cantons, dans tous les départements. Il en a fait promesse ; il a dit qu'il irait partout. Il pourra le faire d'ailleurs sans avoir son temps d'antenne compté dans le temps de la majorité ! Il aura même les préfets pour l'accompagner. Il sera le seul candidat de la droite -il n'a pas confiance dans les autres ; il n'a pas confiance dans son gouvernement -il est bien payé pour le savoir (bien payé est le mot d'ailleurs). Nous savons qu'il sera pleinement dans la campagne.
Et l'on viendrait dire que les élections municipales et cantonales ne sont pas des scrutins nationaux ! C'est un scrutin politique ! Ce sont des scrutins nationaux ! Il ne nous appartient pas de dire que les élections municipales et cantonales sont un troisième tour présidentiel ; ce serait fallacieux. L'élection présidentielle a eu lieu, les législatives aussi. Mais, c'est un rendez-vous qui peut effectivement permettre de briser ce qu'est aujourd'hui la volonté de Nicolas Sarkozy : obtenir des élections municipales la confirmation des scrutins précédents pour poursuivre, amplifier, sa politique.
C'est l'occasion pour beaucoup de ceux qui expriment une frustration, une colère, un mécontentement, de le dire. C'est aussi une façon de juger -à peine un an après le scrutin présidentiel- ce qu'est le système de Nicolas Sarkozy. C'est un système personnel qui n'est pas un système présidentiel où il est au coeur de tout, au sommet de tout, au début et à la fin de tout. Il est partout, il est sur tout, il est tout. C'est donc cela son système qui fait que, lorsqu'il parle de la réforme des institutions, ce n'est pas pour donner quelques responsabilités nouvelles au Parlement -même si tout progrès sera le bienvenu ; c'est pour lui permettre à lui de venir devant le Parlement -Assemblée nationale, Sénat- pour non pas simplement faire une déclaration annuelle, mais pour faire la promotion de sa politique. Il veut être celui qui dirige tout, qui régente tout. On dit que la Ve République a inscrit le pouvoir personnel, une espèce de monarchie constitutionnelle ; mais il y a des monarques qui ne gouvernent pas ! Lui, il veut être celui qui décide de tout. Encore récemment, c'est lui qui convoque ce qui reste du gouvernement pour prendre une décision, pour la faire ratifier. Son système est personnel jusqu'au point d'inviter qui il veut en France, par le fait du Prince ! Et la semaine que nous venons de passer a été terrible de ce point de vue -terrible pour lui d'ailleurs ! Il se trouve que l'invité en a pris à sa guise, il s'est senti chez lui. Étonnant spectacle d'un Chef d'Etat étranger, atteint d'une crise de surdité aigue quand la question des droits de l'Homme se pose, qui monnaye des contrats pour faire oublier ses exactions récentes, qui interpelle le Ministre des Affaires étrangères qui, lui-même, avait d'ailleurs considéré qu'il était pitoyable -c'est vous dire l'état de leurs relations- et qui, ensuite, fait le tour de nos propriétés. Il est allé au Louvre. Il voulait rencontrer la Joconde ; la malheureuse n'a rien pu faire, n'a rien pu dire. Je comprends mieux maintenant son sourire extatique ! Ensuite, il va à Versailles et l'on voit un dirigeant regarder le trône du roi avec envie. Puis il va à Rambouillet pour la chasse présidentielle ! Mais où était passé Nicolas Sarkozy ? Lui qui veut être partout ne le suivait pas !
Cette espèce de provocation, engagée par Kadhafi mais aussi par Sarkozy, a donné le spectacle désolant d'une France soumise pour des raisons commerciales à des impératifs qui ne sont pas ceux de la diplomatie telle que nous la voulons : une diplomatie d'équilibre, une diplomatie de la paix, une diplomatie de droits de l'Homme. Il faut donc être sévère avec le système personnel de Nicolas Sarkozy parce qu'il abîme la France.
Pouvoir personnel, mais pouvoir irresponsable. Il avait fait des promesses. Il avait dit qu'il relancerait la croissance, qu'il irait même la chercher avec ses dents ! La croissance n'est pas au rendez-vous en cette fin d'année 2007, pas davantage en 2008 et il nous dit que ce sera peut-être en 2009 ! Et, quand on l'interroge sur le pouvoir d'achat, il répond qu'il n'a plus rien, qu'il a tout donné, qu'il fallait passer au mois de juillet !
Il y avait 15 milliards d'euros et il les a donnés au premier venu ! Ah ! mais le premier venu n'était pas n'importe lequel ! C'étaient les plus puissants, les plus riches ! Et voilà que pour tous les autres -et ils sont nombreux- il faudrait maintenant qu'ils se débrouillent tous seuls.
Il leur donne même la leçon : vous voulez de l'argent ! Allez travailler, faites comme moi dit-il et vous serez peut-être récompensés ! Si bien sûr, vous avez un emploi, si cet emploi est à temps plein, s'il existe des jours RTT, si vous pouvez faire des heures supplémentaires, si votre patron vous y autorise.
Madame Lagarde a même fait les comptes ! Si on est salarié d'une PME, que l'on est monoparental, que l'on a une prime à la CUV, qu'on a des jours RTT, que l'on fait des heures supplémentaires, que l'on travaille même « au noir »... Tout cela fait un treizième mois !
Pouvoir injuste : en juillet ont été distribués des chèques, des avantages, des exonérations de cotisations sociales pour plus de 15 milliards d'euros et au 1er janvier va s'appliquer la franchise médicale, la hausse du gaz -on nous dit 6 %, ils feront peut-être 4 % et ils nous demanderont de les remercier !-, et l'exonération de la redevance télé. Là ils ont eu un acte généreux. Ce sera prolongé en 2008, uniquement la moitié.
Voilà la politique qui est aujourd'hui appliquée : dure, rude pour la grande majorité de nos concitoyens -souvent les plus modestes ; avantageuse, accommodante, gracieuse à l'égard des plus puissants. C'est ce pouvoir-là, irresponsable, injuste, personnel, qu'il faut mettre en cause à l'occasion de ces élections.
On nous interroge aussi de l'enjeu de ces élections pour le Parti socialiste et pour la gauche. Et avec raison car il n'y aura de redressement possible pour le Parti socialiste que si, dans les urnes, il démontre qu'il est la principale force dans notre pays, qu'il est le premier parti en France. C'est là l'enjeu. Certains voudraient que le Parti socialiste perde du côté du centre, du côté de la gauche -ou de la gauche de la gauche- pour ne plus être ce qu'il est. Le Parti socialiste doit faire la démonstration à l'occasion de ces élections municipales et cantonales qu'il est le passage, l'instrument, l'outil, l'espace qui permet à la gauche de pouvoir porter les aspirations de notre pays. Il n'y a pas d'autre démonstration. Ce ne sont pas les sondages qui indiquent une volonté. C'est à travers les urnes que l'on peut effacer les résultats précédents. Il n'y aura donc de renouvellement, de rénovation, de redressement de la gauche que si nous-mêmes nous en sommes dignes et si les électeurs nous donnent leur confiance. C'est le sens de la stratégie que je vous propose.
Si nous voulons gagner les élections municipales et cantonales, il y a quatre conditions à remplir :
1/- Il faut porter un projet
Nous ne sommes pas là pour recueillir simplement les fruits de la colère, du désenchantement ou de la contestation. Nous sommes là pour donner une espérance réelle, concrète, crédible. Et nous avons à travers le projet municipal que nous avons présenté cinq grands engagements.
Comme nous l'avions fait à l'occasion des élections régionales de 2004, chacun fera sa campagne en fonction des spécificités de nos territoires, mais chacun aura aussi ces cinq engagements à coeur et au coeur.
La réussite scolaire pour tous : nous n'avons pas à remplacer le service public de l'éducation, nous avons à faire en sorte que l'accompagnement scolaire, le suivi des élèves puissent offrir une chance de plus à chacun de nos enfants.
Des territoires dynamiques et écologiques : nous sommes, comme élus locaux, confrontés au marché, à l'économie de marché et, quelques fois aux délocalisations ; nous avons donc pourtant à porter des impératifs de croissance, de développement. Et nous aurons à le faire dans nos villes, dans nos départements et avec les régions. Et nous avons aussi à être dans le développement durable. Nous prenons un engagement sur les transports en commun qui devront être, dans toutes les villes, avec l'appui des départements et des régions, une priorité. Nous ferons partout des « Agenda 21 ».
Le logement : un logement pour chacun ; l'application bien sûr des obligations de la loi ; nous veillerons, dans toute opération immobilière, à ce que les logements sociaux puissent y figurer. Nous ferons en sorte de récupérer du foncier ; nous aiderons partout à l'accession à la propriété.
La mise en place de nouvelles solidarités : notamment l'économie sociale et solidaire sur laquelle nous agissons déjà beaucoup au niveau des régions et des départements.
Une sécurité de proximité : elle doit comporter bien sûr le suivi d'une délinquance souvent précoce ; elle doit avoir des réseaux d'alerte, une capacité d'intervention en liaison avec la Police nationale. Mais, il faut faire en sorte de pouvoir prendre notre part à la sécurité, mais avec le souci constant de la prévention et de l'insertion.
Voilà le projet. Il doit nous unir tous. Il doit être lisible, compréhensible, portant un progrès pour chacun.
2/ - Adoption des listes
C'est donc la deuxième condition. Plus de 400 listes, Premier des socialistes, dans les villes de plus de 20 000 habitants.
Nous venons de le faire à l'unanimité. Nous l'avons fait dans le respect de la place des femmes -même s'il y a encore beaucoup à faire, notamment sur les chefs de file. Nous en avons fait, en attendant, bien plus en 2001.
Nous l'avons fait aussi en s'attachant à respecter la diversité. Quand on fait un progrès, quand on franchit une étape, quand on permet au Parti socialiste d'être meilleur qu'il n'a été -et sans doute le meilleur dans la vie politique française- on le dit. On l'affirme, on en est fier. On ne peut pas attirer les citoyens vers nous, si nous ne sommes pas respectueux de nous-mêmes et fiers de nous-mêmes. Nous avons fait un pas sur la question de la diversité et la marche ne s'arrêtera pas. La diversité n'est pas une obligation morale, ce n'est pas parce qu'il faut assurer l'égalité de tous. La diversité est atout, une chance pour gagner. Nous ne voulons pas l'assistance, la charité. Nous faisons ce que nous pensons sans doute être juste, mais aussi efficace.
Il y avait des problèmes ; ils n'étaient pas simples. Alors, nous avons appliqué nos principes : quand il y a eu un vote militant, on respecte le vote militant. Quand il faut faire un effort supplémentaire, on fait un effort supplémentaire. Mais, en même temps, regardons les choses en face : les dirigeants du Parti socialiste sont-ils tous nés dans la circonscription où ils sont élus ? N'ont-ils pas été un jour parachuté dans une circonscription ? Le plus souvent et depuis longtemps. C'est la vie politique qui fait cela.
Il ne faut jamais employer contre un adversaire l'argument « il n'est pas d'ici ». Car, finalement, nous sommes tous de France et les candidats de la diversité, eux, sont précisément d'ici.
Nous faisons donc ce que nous avons à faire avec des principes qui ont toujours été les nôtres : pas de quota, pas de discrimination, mais simplement la citoyenneté pour tous et la présence sur nos listes pour tous.
3/ - Être en cohésion et en cohérence
Si les socialistes, dans les prochains mois, ne comprennent pas qu'ils doivent être à la fois en cohérence sur les propositions, en solidarité par rapport à ce qu'est l'objectif et en fraternité par rapport aux comportements des uns par rapport aux autres, alors nous porterions le fardeau de ne pas avoir été capables de redresser la gauche à l'occasion de ces élections municipales et cantonales.
C'est notre cohésion qui permettra le succès. On ne peut pas demander à être respectés si l'on ne se respecte pas soi-même. C'est à cet effort-là que je vous appelle. Nous aurons nos débats après : congrès, désignation pour d'autres candidatures plus prestigieuses encore... Mais, aujourd'hui, nous avons à assurer le socle, la base, la force du Parti socialiste. C'est la condition pour l'emporter.
4/ - Le rassemblement
Le rassemblement de la gauche bien sûr. Que nous avait-on dit ? Il y aura des primaires partout ; on poursuivrait le PCF parce que l'on voudrait le dépasser partout.
Nous avons à nous maîtriser à tous égards. Le PS doit occuper le plus large espace et, en même temps, il ne gagnera jamais seul. La gauche sera-t-elle toujours dans l'état où on la connaît, avec ses partis différents ? Je ne le crois pas. On franchira des étapes -dont celles des municipales qui seront importantes. On fédérera, on restructurera tous ensemble pour former, un jour, une famille plus large, plus grande, que celle que nous formons à présent.
Dans l'attente, il nous fallait aussi faire la place à nos partenaires. Nous avons des listes de rassemblement partout au premier tour ; quand nous ne l'avons pas fait au premier tour -je pense à nos amis Verts- nous le ferons au deuxième tour.
Certains nous demandent ce que nous allons faire avec ceux qui ne sont pas encore avec nous. Mais lesquels ? Alors on nous parle du Modem. Je crois que ceux qui n'ont pas compris -il peut y en avoir- que le Modem ne veut pas s'associer avec nous ont besoin donc d'un rappel. A l'élection présidentielle, Ségolène a tout fait pour convaincre François Bayrou d'appeler à voter pour nous au second tour. Il ne l'a pas fait. Lors des élections législatives, certains imaginaient un accord de désistement avec le Modem. Il ne l'a pas demandé. Nous l'aurait-il demandé d'ailleurs que cela n'aurait valu que pour deux circonscriptions en France. Là encore, je n'ai été sollicité pour aucune discussion avec ce parti ! J'ai cru comprendre qu'il apportait son soutien à Alain Juppé ; ce qui pour nous n'est pas forcément facile à comprendre. Et partout, c'est encore avec la droite qu'il se situe.
Je vais donc rappeler les règles qui font le rassemblement tel que nous l'imaginons pour les élections municipales comme pour les prochains scrutins. Pour venir avec nous, il faut accepter trois règles : il faut approuver le contrat que nous présentons dans chaque ville, chaque département, aux Français. Il faut accepter nos alliances, accepter nos alliés : la gauche, toute la gauche. Il faut être dans une opposition à la politique de Nicolas Sarkozy et non à Nicolas Sarkozy en particulier ; nous ne pratiquons pas le rapport personnel. À ces trois conditions, ceux qui veulent nous rejoindre sont les bienvenus à titre personnel. On nous dit que, à l'extrême gauche, certains voudraient venir avec nous. Je n'ai pas compris cela de la stratégie d'Olivier Besancenot : lui ne veut aucun rapport avec le Parti socialiste. C'est son droit. On nous dit que Lutte ouvrière nous approche ici ou là ; il faudra rappeler donc les trois règles que je viens d'évoquer, sans oublier la solidarité de gestion. Car il ne faut pas simplement être sur nos listes pour y être élu ; il faut approuver notre contrat, nos prochains budgets, nos alliés, la politique à l'égard de la droite. Soyons donc d'abord rassemblés à gauche ; nous verrons ensuite comment nous ouvrir au second tour sur les bases que je viens d'indiquer.
CONCLUSION
Notre journée a été une bonne journée de débats, de clarifications, de compréhension des problèmes que nous avons à affronter, mais aussi journée de mobilisation, de rassemblement, de cohésion.
Je souhaite bonne chance à tous nos candidats. Nous ne sommes pas un Parti qui agrège, qui additionne des localités. Nous ne possédons aucune ville ; nous ne voulons conquérir aucun territoire. Les villes, les territoires, les départements appartiennent aux citoyens et à eux seuls. Nous ne sommes pas là pour imposer un autre système. Nous n'avons pas autant de stratégie que nous avons de villes, de départements. Nous sommes un Parti cohérent, uni, un parti qui est un ensemble, qui pense collectivement. Nous ne sommes pas non plus une addition de personnalités. Nous ne sommes pas simplement portés par la popularité des uns et des autres. Nous sommes, là encore, solidaires des anonymes, de ceux qui se battent dans des territoires où il y a peu d'espoir. Je veux m'adresser aussi à ceux qui partent au combat dans des territoires tout en sachant que ce sera difficile, des territoires que l'on appelle de mission, des territoires où la droite est forte.
Il ne faut pas qu'ils se désespèrent ; il faut qu'ils se sentent portés par un grand mouvement, par une grande force -la nôtre. Il faut que ceux qui ont plus de chance, qui sont dans des territoires où les électeurs de gauche sont plus nombreux, apportent leur soutien aux autres.
Je ne veux pas d'une fracture géographique telle qu'elle est apparue au soir de l'élection présidentielle et même durant les élections législatives. La moitié d'une France qui serait de gauche et l'autre de droite.
Quand on est le Parti socialiste, on n'est pas un parti de bastions, mais un parti d'ambition pour l'ensemble de la Nation.
Soyez un ensemble, travaillez en collectif, faites apparaître l'unité de campagne, la force du Parti socialiste. Je suis convaincu que si nous sommes nous-mêmes, et plus que nous-mêmes, nous aurons derrière nous, avec nous, une majorité de nos concitoyens. Ils s'inquiètent aujourd'hui, ils s'interrogent sur nous-mêmes. Ne les décevez pas.
Soyez ce que vous êtes, et mieux que ce que nous avons été. Soyez des socialistes capables de donner de l'espérance. C'est comme ça que vous serez, peut-être, les meilleurs candidats et, demain, les meilleurs élus.
Source http://www.parti-socialiste.fr, le 20 décembre 2007