Déclaration de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, en réponse à une question sur la situation en Afghanistan et la discrimination envers les femmes afghanes, à l'Assemblée nationale le 9 mars 1999.

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Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Madame la Députée,
Je voudrais rappeler que lAfghanistan est un pays qui, depuis de longues années, pour ne pas dire de longues décennies, vit dans des conditions extrêmement difficiles de guerre civile puis de guerre étrangère avec occupation, puis à nouveau de guerre civile.
Je veux dire par là que, le problème que nous avons lorsque nous voulons, par rapport à lAfghanistan, poursuivre notre politique globale et systématique de soutien à tout ceux qui défendent les Droits de lHomme et dans le cas despèce des femmes. Ceci englobe cela naturellement, le problème que nous rencontrons. Mais il ny a pas, dans ce cas despèce dinterlocuteurs, il ny a même pas de gouvernement avec lequel on puisse conditionner une aide, faire pression ou inciter dune autre façon.
La priorité de la communauté internationale par rapport à lAfghanistan est donc dessayer de faire pression sur lensemble des pays voisins qui tous, dune certaine façon se nourrissent du conflit en Afghanistan, par rapport à leurs propres fins régionales, pour essayer de reconstituer les bases du début, du recommencement dune situation de stabilité et dun ordre public qui sexerce dans ce pays.
A ce drame général de lAfghanistan et des Afghans globalement parlant, sajoute ce drame des femmes afghanes qui est un des plus poignant, un des plus criant et qui nous choque. Sachez que toute notre action avec nos partenaires européens, avec les ONG, avec les organisations internationales visent, malgré ce contexte que jai rappelé et qui rend toute action particulièrement complexes comme dans dautres régions - le Sud-Soudan par exemple ou dautres endroits de ce type -, malgré cela, nous sommes concentrés sur le fait dessayer datténuer cette discrimination qui est un malheur dans un malheur plus grand et nous y travaillons. Mais, nous ny arriverons pas vraiment, sachez-le et je le dis ici, si nous narrivons pas à traiter la question de lAfghanistan dans son ensemble. Cest en rétablissant les bases de la paix en Afghanistan que nous arriverons à travailler pour les femmes afghanes, combat qui sera un combat de longue durée parce quil faudra affronter beaucoup de mentalités, beaucoup de traditions, beaucoup de mauvaises habitudes, mais ce sera notre objectif.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 mars 1999)