Texte intégral
Bonsoir à tous,
Je vous remercie d'être présents aujourd'hui à cette conférence de presse consacrée aux enfants soldats, faisant suite à la réunion que nous venons d'avoir avec les différents représentants des ONG, des assises internationales, Ishmaël Beah.
Ishmael Beah est un enfant soldat venu du Sierra Leone, âgé de 26 ans. Avant d'en venir à lui, je voudrais faire un point sur ce qui vient d'être dit lors de cette réunion, un an après la Conférence de Paris, conférence qui s'était tenue pour inciter les Etats à prendre les engagements dans la lutte contre le phénomène d'utilisation des enfants soldats. Tous les participants présents ici se sont accordés pour dire que cette Conférence a été un moment historique, pour dire qu'il faut absolument maintenir la dynamique. Nous avions réussi à rassembler autour de nous 56 pays qui se sont engagés pour lutter contre le fléau des enfants soldats et prendre des engagements très précis pour leur démobilisation et leur insertion.
A New York, au Conseil de sécurité des Nations unies, j'ai présidé, le 1er octobre dernier, un groupe de travail avec l'Unicef pour engager de nouveaux soutiens d'Etat. Sept Etats se sont ajoutés à ceux déjà engagés auprès de nous. Aujourd'hui, nous faisons donc le point sur la création d'un forum de suivi de ces engagements. La question de ces enfants soldats est douloureuse, difficile : on a entre 200.000 et 250.000 enfants soldats dans le monde. Je salue l'engagement de Ishmaël Beah et sa présence ici, lors de son passage à Paris pour le lancement de son livre. Il nous offre une belle occasion de nous confronter à la réalité de ce drame et à nous mobiliser encore.
Ishmaël Beah, lors de la Conférence de Paris, vous aviez déclaré que vous ne vouliez pas d'une autre conférence pour dire les mêmes choses, je suis tout à fait d'accord avec vous et, au-delà de la condamnation, il faut effectivement des actions concrètes qui permettent de faire progresser notre combat.
Depuis un an, la France a poursuivi son engagement. Nous avons créé deux postes d'attachés de coopération régionale dont l'un pour la région des Grands Lacs, chargés de mettre sur pied grâce à une dotation de 2 millions d'euros, des projets en faveur des enfants soldats. Nous allons également financer un programme de réinsertion d'enfants soldats comme l'Unicef au Burundi. Nous espérons contribuer à un autre programme pour le Tchad. Par ailleurs, j'ai présidé comme je vous l'ai dit, à New York en octobre, une réunion ministérielle de suivie de la Conférence de Paris qui a permis à de nouveaux Etats de souscrire aux Engagements.
Aujourd'hui, la communauté internationale ne reste pas inactive. Nous avons obtenu les libérations de milliers d'enfants, qui sont en voie de réintégration. L'Union européenne va axer son travail prioritairement sur 19 pays, chiffre en hausse puisque auparavant nous étions à 13. La Présidence slovène a confirmé cet engagement que la Présidence française qui commencera en juillet prochain poursuivra. Enfin, les tribunaux internationaux travaillent beaucoup, puisque deux anciens miliciens de RDC, MM. Lubanga et Katanga, sont aujourd'hui en train de répondre de leurs actes, sous le chef d'inculpation notamment d'utilisation d'enfants soldats. Donc comme vous le voyez, des progrès significatifs ont été enregistrés. Mais ils sont encore insuffisants. On le voit au Sri Lanka où l'actualité nous montre que rien n'est fini en Birmanie et encore en RDC.
Le nombre d'enfants soldats dans le monde est encore estimé à 250.000, répartis dans les cinq continents. L'un des points importants qui a été soulevé en réunion tout à l'heure, était qu'il fallait tenir compte de toutes les dimensions du phénomène, c'est-à-dire qu'il ne s'agit pas seulement d'interdire ou d'empêcher l'utilisation et le recrutement d'enfants soldats, il faut aussi mettre en place un système de prévention. Il faut que notre forum de suivi traite aussi de prévenir le phénomène. On est tous d'accord pour dire cela. Il faut aussi éviter toute tentative de remobilisation. Il ne sert à rien de sortir les enfants des conflits armés si la situation perdurant, ils se retrouvent replongés dans cette dure réalité. Il est important d'associer à nos travaux les juges, les magistrats, qui luttent contre l'impunité et qui travaillent à demander aux miliciens, aux recruteurs d'enfants soldats de rendre les comptes.
Nous avons étendu notre champ d'action aux opérations de maintien de la paix. Il faudrait que quand il y a des opérations de maintien de la paix dans un pays, elles prennent en compte la dimension des enfants soldats.
L'idée lancée de ce forum de suivi en octobre dernier est donc devenue une réalité. Ce sera un lieu de rencontre des Etats, des ONG, des institutions internationales qui s'échangeront les informations, qui s'échangeront leurs bonnes pratiques. Il aura pour tâche aussi de faciliter le financement parce, comme l'a dit tout à l'heure l'Unicef : il y a des Etats qui étaient engagés à donner de l'argent et ce n'est pas suivi d'effet et c'est bien de maintenir la pression sur les Etats qui se sont engagés à financer pour lutter contre ce phénomène. Je crois pouvoir dire aussi que ce forum de suivi sera également un lieu d'annonces et d'enregistrement de nouveaux soutiens aux engagements de Paris. On est à 66 pays. Le monde compte 200 pays, on a encore de la marge et encore des progrès à faire.
Je crois que je vais laisser la parole à Ishmaël Beah qui a dédié son livre à tous les enfants du Sierra Leone à qui on a volé leur enfance et je souhaiterais que notre engagement, l'engagement de la communauté internationale, puissent faire en sorte qu'un jour prochain, effectivement comme vous le demandez, aucun enfant ne puisse plus se faire voler son enfance de la sorte. La France restera, reste, a toujours été à la pointe de ce combat. J'en fait personnellement une priorité et je passe la parole à M. Beah.
Q - Vous avez parlé de coopération régionale pourriez-vous nous donner des détails sur ce que fait la France dans la région des Grands Lacs ?
R - Nous nous sommes dit qu'il fallait mobiliser sur le terrain de manière concrète et physique des personnes chargées de mettre sur pied des projets en faveur des enfants soldats. Nous allons mobiliser, nous, Français une dotation de 2 millions d'euros et c'est en particulier au Burundi et au Tchad que nous ferons des programmes de réinsertion. C'est le même esprit qui anime ces différents projets, l'idée est de sortir du caractère théorique des choses et que l'Etat lui-même s'engage au-delà de l'action menée par les ONG ou les organisations internationales, donc c'est une action à titre bilatéral que nous allons porter dans les mois qui viennent.
Q - Est-ce que le secrétariat de ce forum de suivi sera itinérant ou est-ce qu'il sera basé à Paris ?
R - Pour votre première question, je crois pouvoir dire qu'il sera itinérant puisque la prochaine réunion se tiendra à New York aux Nations unies comme la réunion qui s'est tenue le premier octobre où nous avons lancé l'idée du forum. Aujourd'hui nous sommes à Paris puisque nous avons profité du passage de Ishmael Beah ici pour l'associer à nos travaux. La prochaine fois ce sera à New York, donc on se déplacera au gré des réunions internationales.
Q - Quels sont les outils qui vous permettent d'évaluer le nombre d'enfants soldats, on constate que fin 2006 il y en avait 250.000, il y en a toujours 250.000 aujourd'hui ?
R - Vous savez, c'est un travail collectif mené par des organisations internationales, par les ONG évidemment c'est difficile, certaines fois nous sommes sur des approximations surtout quand ce sont des zones difficiles d'accès, quand les choses se font en cachette, quand l'âge des enfants est falsifié parce qu'il y a une part de dissimulation importante, mais on en est à des estimations qui, je pense, se rapprochent de la réalité. Il faudrait poser la question à des organisations internationales mais je pense que nous sommes à un chiffre qui correspond à la réalité aujourd'hui. De toute façon, peu importe le chiffre, la mobilisation reste la même.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 janvier 2008
Je vous remercie d'être présents aujourd'hui à cette conférence de presse consacrée aux enfants soldats, faisant suite à la réunion que nous venons d'avoir avec les différents représentants des ONG, des assises internationales, Ishmaël Beah.
Ishmael Beah est un enfant soldat venu du Sierra Leone, âgé de 26 ans. Avant d'en venir à lui, je voudrais faire un point sur ce qui vient d'être dit lors de cette réunion, un an après la Conférence de Paris, conférence qui s'était tenue pour inciter les Etats à prendre les engagements dans la lutte contre le phénomène d'utilisation des enfants soldats. Tous les participants présents ici se sont accordés pour dire que cette Conférence a été un moment historique, pour dire qu'il faut absolument maintenir la dynamique. Nous avions réussi à rassembler autour de nous 56 pays qui se sont engagés pour lutter contre le fléau des enfants soldats et prendre des engagements très précis pour leur démobilisation et leur insertion.
A New York, au Conseil de sécurité des Nations unies, j'ai présidé, le 1er octobre dernier, un groupe de travail avec l'Unicef pour engager de nouveaux soutiens d'Etat. Sept Etats se sont ajoutés à ceux déjà engagés auprès de nous. Aujourd'hui, nous faisons donc le point sur la création d'un forum de suivi de ces engagements. La question de ces enfants soldats est douloureuse, difficile : on a entre 200.000 et 250.000 enfants soldats dans le monde. Je salue l'engagement de Ishmaël Beah et sa présence ici, lors de son passage à Paris pour le lancement de son livre. Il nous offre une belle occasion de nous confronter à la réalité de ce drame et à nous mobiliser encore.
Ishmaël Beah, lors de la Conférence de Paris, vous aviez déclaré que vous ne vouliez pas d'une autre conférence pour dire les mêmes choses, je suis tout à fait d'accord avec vous et, au-delà de la condamnation, il faut effectivement des actions concrètes qui permettent de faire progresser notre combat.
Depuis un an, la France a poursuivi son engagement. Nous avons créé deux postes d'attachés de coopération régionale dont l'un pour la région des Grands Lacs, chargés de mettre sur pied grâce à une dotation de 2 millions d'euros, des projets en faveur des enfants soldats. Nous allons également financer un programme de réinsertion d'enfants soldats comme l'Unicef au Burundi. Nous espérons contribuer à un autre programme pour le Tchad. Par ailleurs, j'ai présidé comme je vous l'ai dit, à New York en octobre, une réunion ministérielle de suivie de la Conférence de Paris qui a permis à de nouveaux Etats de souscrire aux Engagements.
Aujourd'hui, la communauté internationale ne reste pas inactive. Nous avons obtenu les libérations de milliers d'enfants, qui sont en voie de réintégration. L'Union européenne va axer son travail prioritairement sur 19 pays, chiffre en hausse puisque auparavant nous étions à 13. La Présidence slovène a confirmé cet engagement que la Présidence française qui commencera en juillet prochain poursuivra. Enfin, les tribunaux internationaux travaillent beaucoup, puisque deux anciens miliciens de RDC, MM. Lubanga et Katanga, sont aujourd'hui en train de répondre de leurs actes, sous le chef d'inculpation notamment d'utilisation d'enfants soldats. Donc comme vous le voyez, des progrès significatifs ont été enregistrés. Mais ils sont encore insuffisants. On le voit au Sri Lanka où l'actualité nous montre que rien n'est fini en Birmanie et encore en RDC.
Le nombre d'enfants soldats dans le monde est encore estimé à 250.000, répartis dans les cinq continents. L'un des points importants qui a été soulevé en réunion tout à l'heure, était qu'il fallait tenir compte de toutes les dimensions du phénomène, c'est-à-dire qu'il ne s'agit pas seulement d'interdire ou d'empêcher l'utilisation et le recrutement d'enfants soldats, il faut aussi mettre en place un système de prévention. Il faut que notre forum de suivi traite aussi de prévenir le phénomène. On est tous d'accord pour dire cela. Il faut aussi éviter toute tentative de remobilisation. Il ne sert à rien de sortir les enfants des conflits armés si la situation perdurant, ils se retrouvent replongés dans cette dure réalité. Il est important d'associer à nos travaux les juges, les magistrats, qui luttent contre l'impunité et qui travaillent à demander aux miliciens, aux recruteurs d'enfants soldats de rendre les comptes.
Nous avons étendu notre champ d'action aux opérations de maintien de la paix. Il faudrait que quand il y a des opérations de maintien de la paix dans un pays, elles prennent en compte la dimension des enfants soldats.
L'idée lancée de ce forum de suivi en octobre dernier est donc devenue une réalité. Ce sera un lieu de rencontre des Etats, des ONG, des institutions internationales qui s'échangeront les informations, qui s'échangeront leurs bonnes pratiques. Il aura pour tâche aussi de faciliter le financement parce, comme l'a dit tout à l'heure l'Unicef : il y a des Etats qui étaient engagés à donner de l'argent et ce n'est pas suivi d'effet et c'est bien de maintenir la pression sur les Etats qui se sont engagés à financer pour lutter contre ce phénomène. Je crois pouvoir dire aussi que ce forum de suivi sera également un lieu d'annonces et d'enregistrement de nouveaux soutiens aux engagements de Paris. On est à 66 pays. Le monde compte 200 pays, on a encore de la marge et encore des progrès à faire.
Je crois que je vais laisser la parole à Ishmaël Beah qui a dédié son livre à tous les enfants du Sierra Leone à qui on a volé leur enfance et je souhaiterais que notre engagement, l'engagement de la communauté internationale, puissent faire en sorte qu'un jour prochain, effectivement comme vous le demandez, aucun enfant ne puisse plus se faire voler son enfance de la sorte. La France restera, reste, a toujours été à la pointe de ce combat. J'en fait personnellement une priorité et je passe la parole à M. Beah.
Q - Vous avez parlé de coopération régionale pourriez-vous nous donner des détails sur ce que fait la France dans la région des Grands Lacs ?
R - Nous nous sommes dit qu'il fallait mobiliser sur le terrain de manière concrète et physique des personnes chargées de mettre sur pied des projets en faveur des enfants soldats. Nous allons mobiliser, nous, Français une dotation de 2 millions d'euros et c'est en particulier au Burundi et au Tchad que nous ferons des programmes de réinsertion. C'est le même esprit qui anime ces différents projets, l'idée est de sortir du caractère théorique des choses et que l'Etat lui-même s'engage au-delà de l'action menée par les ONG ou les organisations internationales, donc c'est une action à titre bilatéral que nous allons porter dans les mois qui viennent.
Q - Est-ce que le secrétariat de ce forum de suivi sera itinérant ou est-ce qu'il sera basé à Paris ?
R - Pour votre première question, je crois pouvoir dire qu'il sera itinérant puisque la prochaine réunion se tiendra à New York aux Nations unies comme la réunion qui s'est tenue le premier octobre où nous avons lancé l'idée du forum. Aujourd'hui nous sommes à Paris puisque nous avons profité du passage de Ishmael Beah ici pour l'associer à nos travaux. La prochaine fois ce sera à New York, donc on se déplacera au gré des réunions internationales.
Q - Quels sont les outils qui vous permettent d'évaluer le nombre d'enfants soldats, on constate que fin 2006 il y en avait 250.000, il y en a toujours 250.000 aujourd'hui ?
R - Vous savez, c'est un travail collectif mené par des organisations internationales, par les ONG évidemment c'est difficile, certaines fois nous sommes sur des approximations surtout quand ce sont des zones difficiles d'accès, quand les choses se font en cachette, quand l'âge des enfants est falsifié parce qu'il y a une part de dissimulation importante, mais on en est à des estimations qui, je pense, se rapprochent de la réalité. Il faudrait poser la question à des organisations internationales mais je pense que nous sommes à un chiffre qui correspond à la réalité aujourd'hui. De toute façon, peu importe le chiffre, la mobilisation reste la même.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 janvier 2008