Texte intégral
J.-J. Bourdin.- Vous avez vu la dernière actualité autour de la Société Générale victime d'une fraude ? 4,9 milliards d'euros... !
R.- J'ai vu l'information à l'instant.
Q.-...Dans l'activité de courtage.
R.- Je crois qu'il y a une conférence de presse qui est prévue dans la matinée.
Q.- Oui, qui est prévue à 11 heures, par les dirigeants de la Société Générale. Compte tenu du contexte actuel, il ne fallait pas ça, c'était... Bon, enfin, bon, on va parler d'autre chose : on va parler de la grève dans la fonction publique. Les fonctionnaires veulent de l'argent, comme d'ailleurs les salariés du privé. Logique !
R.- Comme les retraités.
Q.- Ah, les retraités, je vais vous en parler, ça, alors là je vais vous en parler.
R.- Non, mais moi je vous en parle aussi parce qu'on doit aujourd'hui travailler pour tout le monde et penser à tout le monde, valoriser ceux qui travaillent. On s'est engagés dans cette direction depuis l'élection présidentielle. On l'a dit, on le fait. Et ceux qui travaillent aujourd'hui voient qu'ils sont mieux considérés : les heures supplémentaires, la possibilité de se faire payer les journées de RTT ; on veut aussi pouvoir agir maintenant sur des salaires en liant les allègements de charges aux négociations salariales. Donc, on ne reste pas sans rien faire et on va continuer en permanence à pouvoir améliorer le pouvoir d'achat. On pense aussi à ceux qui n'ont pas de travail, parce que quand le chômage baisse...
Q.- Vous n'y avez pas pensé au 1er janvier quand même, ceux qui n'ont pas de travail, et aux retraités, par exemple.
R.- Je voudrais juste terminer pour être très précis, parce qu'il y a aussi des Français qu'on ne doit pas oublier : ce sont ceux qui sont au chômage et aujourd'hui quand on retrouve un emploi on a une fiche de paye, et sur une fiche de paye, il y en a plus qu'avec des allocations. Or, le chômage aujourd'hui qui est à 7,9 %, ça veut dire aussi qu'il y a des Français qui retrouvent de l'espoir et qui retrouvent du pouvoir d'achat. Et en même temps, je pense à ceux qui retrouvent un emploi, et je veux aussi diminuer le nombre de ceux qui ont un emploi précaire, notamment le temps partiel parce qu'il y a des Français aujourd'hui qui gagnent moins que le Smic, pas parce que leur salaire est en dessous du Smic, parce qu'ils travaillent moins que le temps complet. Et puis enfin, il y a ceux qui ne peuvent pas ou qui ne peuvent plus travailler : les personnes handicapées, les personnes retraitées. Et je ne laisserais pas dire qu'on ne pense pas à eux parce qu'on a pris des engagements...
Q.- Vous n'avez pas pensé à eux le 1er janvier, X. Bertrand, je le dis et je le répète : 1,1 % d'augmentation des petites pensions !
R.- Vous dites pourquoi ?
Q.- Allez-y !
R.- Non, mais dites le pourquoi.
Q.- Mais dites-moi pourquoi 1,1 %. Vous auriez pu faire mieux.
R.- Parce qu'on a des règles qui sont ainsi faites, que je ne trouve pas les meilleures du monde, et je vous le dis franchement. Les règles disent la chose suivante : c'est qu'on doit, pour prévoir l'augmentation des pensions pour l'année à venir, se baser sur ce qui s'est passé les trois dernières années. Ah ! On colle beaucoup à l'actualité avec les trois dernières années ! Et qu'est-ce qui a été dit ? C'est que les trois dernières années, le pouvoir d'achat a été garanti et que l'an dernier, les retraites ont même augmenté plus que l'inflation. Mais, les retraités s'en moquent parce que ce qui s'est passé derrière ça ne leur garantit pas l'avenir. Alors, ce que j'ai indiqué devant les partenaires sociaux, l'ensemble des syndicats, c'est qu'on attend de savoir précisément, et je dis bien précisément, ce que sera l'inflation pour l'année 2008 pour que l'on puisse prendre nos responsabilités et garantir le pouvoir d'achat des retraités, c'est-à-dire que vraisemblablement il faudra aller au-delà de 1,1 %, on prendra nos responsabilités.
Q.- Quand ?
R.- Normalement... vous voulez que je vous dise quand est-ce qu'on devrait le faire ?
Q.- Allez !
R.- Dans trois ans. Vous voyez la stupidité du système.
Q.- Oui, mais là ?
R.- Non, mais attendez...
Q.-... oui, mais ça le système est une chose, mais enfin vous êtes là pour changer, c'est ce que vous nous dites.
R.- Exactement !
Q.- Alors, nous on a besoin de vous entendre changer les choses. Concernant les petits retraités, qu'est-ce que vous allez offrir aux petits retraités dans les semaines qui viennent ?
R.- Ah mais, je ne pense pas qu'aux petits retraités, je pense à...
Q.-... non, non, mais là je parle des petites retraites. Qu'est-ce que vous allez...
R.-... Jean-Jacques, c'est un sujet important, je veux juste vous expliquer sereinement comment je vois les choses.
Q.- Mais moi aussi je suis serein, mais je pense à eux, ils m'appellent sans cesse, vous le savez bien vous aussi.
R.- Mais moi, je les vois aussi chez moi.
Q.- Vous aussi !
R.- Je les vois chez moi parce que je suis un ministre qui est aussi sur le terrain.
Q.- Mais bien sûr.
R.-...Qui est toujours élu local.
Q.- Bien sûr, mais je le sais.
R.-...Et je ne passe pas ma vie derrière mon bureau.
Q.- Bon, alors qu'est-ce que vous leur dites ?
R.- Et je ne suis pas sourd à ce qu'ils disent. C'est que normalement le système, je voudrais vous expliquer comment on doit aussi aujourd'hui bouger les choses et bousculer les choses. C'est que si je m'en tiens aux règles, je vous dis aujourd'hui, ben écoutez, c'est dans trois ans qu'on regardera si le compte y est. Eh bien, je ne vous dirai pas ça, et je ne vous dirai même pas non plus qu'on va attendre 2009, c'est dès l'année 2008 qu'on garantira le pouvoir d'achat des retraités. Mais, j'ai besoin de savoir précisément ce que sera l'inflation en 2008 parce que je ne veux pas raconter d'histoires, et je ne veux pas voler...
Q.- Et vous saurez ça quand, ce que sera l'inflation en 2008, compte tenu de l'instabilité économique mondiale ?
R.- Non, non. Ça n'est pas au doigt mouillé que ces choses-là se déterminent. On va le savoir, là, au premier trimestre ce que sera l'inflation, et dans le cadre du rendez-vous des retraites, qui n'est pas à la fin de l'année, qui est là, dans le premier semestre 2008 que l'on va voir les choses.
Q.- A la fin du premier semestre 2008.
R.- On peut aller jusqu'au bout aussi ?
Q.- Oui, allez-y !
R.- Mais il faut savoir que si on augmente les pensions des retraités, de l'ensemble des retraités, ça va augmenter le déficit des retraites.
Q.- Alors, oui ou non ?
R.- ... non, mais je voudrais...
Q.-... non mais, je sais, mais oui ou non, je vous pose une question précise...
R.-... vous le savez mais il faut le dire.
Q.- Oui ou non, X. Bertrand, y aura-t-il...
R.-... eh bien, moi, je vais vous poser une question précise...
Q.-... oui ou non, y aura-t-il une revalorisation des petites retraites avant l'été ?
R.- Attendez, pas seulement les petites retraites. Attendez, Jean-Jacques, je ne suis pas le champion du monde de l'effet d'annonce, vous le savez.
Q.- Mais je sais.
R.- C'est pas la première fois que vous m'invitez, alors moi je vais vous dire comment on va voir les choses. Ca ne se fait pas sur un coin de table, ça ne se fait pas dans un studio, même un studio sympathique avec un animateur sympa qui est à l'écoute des retraités. Voilà comment on va faire : si l'inflation dépasse les 1,1 %, comme ça semble être le cas, nous augmenterons le montant des retraites. Et on le fera quand ? On ne le fera pas en 2009, on le fera en 2008. Mais j'ai besoin de savoir...
Q.-... si l'inflation est à 2,5, vous augmentez de 1,4.
R.- On a besoin, effectivement, de se tenir au pouvoir d'achat. Le pouvoir d'achat, on ne peut pas se contenter d'en parler, il faut le garantir.
Q.- Et donc, quand on saura ?
R.- Quand on saura précisément l'inflation et quand on aura vu avec les partenaires sociaux, parce qu'on ne va pas le décider tout seul, de voir à quel rythme on augmente les choses. Mais attendez, il ne faut pas qu'il y ait de confusion, ni dans votre esprit, ni dans l'esprit de ceux qui nous regardent et qui nous écoutent, parce que la question des retraités ce n'est pas seulement les petites retraites.
Q.- Non, mais, on est bien d'accord.
R.- Il y a deux choses : il y a de l'ensemble des retraités qui eux ne peuvent pas faire d'heures supplémentaires, ne peuvent pas se faire payer les journées de RTT, et je dois en tant que ministre du Travail et de la Solidarité leur garantir leur pouvoir d'achat ; mais il y a aussi les femmes seules, veuves, qui aujourd'hui ont des pensions de réversion qui sont 54 % de la pension du conjoint, et aujourd'hui c'est insuffisant. On a pris des engagements pendant la campagne, je n'ai rien oublié des engagements, ni sur les pensions de réversion, ni sur les petites retraites.
Q.- Revalorisation du minimum de vieillesse, par exemple, de 27 % en cinq ans.
R.- C'est ce que l'on avait dit pendant la campagne, je n'oublie rien de ces engagements pour deux raisons : un, il faut garantir le pouvoir d'achat ; deux, j'ai envie de continuer à réconcilier avec la politique. Et quand on a promis quelque chose pendant la campagne, à la fin du quinquennat, il faut qu'on puisse se présenter devant les électeurs en les regardant en face, en leur disant : « on a tenus nos engagements ».
Q.- Donc, on attend, pour vous résumer, les chiffres de l'inflation, ensuite on voit ?
R.- Avec les partenaires sociaux.
Q.- Et on discute, juste avant l'été.
R.- Pas en fin 2008.
Q.- Courant 2008 ?
R.- Oui, mais c'est pas la fin 2008, ni à la Saint Glinglin.
Q.- On ne bouge pas, on ne fait rien d'autre avant, on attend, on ne fait rien d'autre avant ?
R.- Jean-Jacques, ce n'est pas au doigt mouillé qu'on va déterminer si c'est 0.1, 0.2, ou un peu plus, il faut être précis. C'est le pouvoir d'achat de millions de Français dont on parle.
Q.- Non mais, c'est précis, c'est précis.
R.- Autant que je peux l'être ce matin en vous disant tout ce que je sais et tout ce que je veux faire sur ce sujet.
Q.- Bien !
R.- Mais vous avez bien compris, notre politique est cohérente : ceux qui travaillent doivent être valorisés, ceux qui n'ont pas de travail doivent revenir vers l'emploi, c'est la logique aussi du revenu de solidarité actif de M. Hirsch, pour que celui qui reprend un boulot soit sûr qu'il n'y perdra pas - ça n'était pas le cas auparavant, ça sera garanti demain. Et ensuite, retraités et personnes handicapées.
Q.- Je rappelle quand même que la retraite moyenne en France est d'environ 1.100 euros/mois.
R.- Vous dites pourquoi aussi ?
Q.- Pourquoi ?
R.- C'est parce que les retraites sont le reflet des carrières, et notamment quand on parle aujourd'hui des petites retraites, c'est parce que nous avons eu pendant longtemps dans notre pays un système qui ne rendait pas les cotisations obligatoires. Et aujourd'hui, on est obligés de rattraper tout cela. Aujourd'hui, on est obligés de garantir un niveau de vie des retraités parce qu'on sait pertinemment qu'il n'y pas eu des grosses carrières, notamment les femmes qui n'ont pas travaillé toute leur carrière, et qu'il n'y a pas eu des gros salaires. Voilà pourquoi d'ailleurs nous voulons pouvoir intervenir au maximum sur les salaires, même si ce n'est pas nous qui fixons les salaires dans les entreprises, parce que si on n'a pas des gros salaires aujourd'hui, on n'aura pas des grosses retraites demain. Evitons de reproduire les mêmes erreurs.
Q.- Bien, X. Bertrand, on va parler de certaines propositions de la commission Attali, on va parler des RTT parce que j'ai vu que le Sénat avait adopté un amendement. Vous étiez au Sénat, dans la nuit, on va en parler dans un instant.
R.- J'ai donné un avis favorable.
Q.- Dix-huit mois de plus que prévu pour le rachat des RTT. On va en parler dans deux minutes...
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 24 janvier 2008
R.- J'ai vu l'information à l'instant.
Q.-...Dans l'activité de courtage.
R.- Je crois qu'il y a une conférence de presse qui est prévue dans la matinée.
Q.- Oui, qui est prévue à 11 heures, par les dirigeants de la Société Générale. Compte tenu du contexte actuel, il ne fallait pas ça, c'était... Bon, enfin, bon, on va parler d'autre chose : on va parler de la grève dans la fonction publique. Les fonctionnaires veulent de l'argent, comme d'ailleurs les salariés du privé. Logique !
R.- Comme les retraités.
Q.- Ah, les retraités, je vais vous en parler, ça, alors là je vais vous en parler.
R.- Non, mais moi je vous en parle aussi parce qu'on doit aujourd'hui travailler pour tout le monde et penser à tout le monde, valoriser ceux qui travaillent. On s'est engagés dans cette direction depuis l'élection présidentielle. On l'a dit, on le fait. Et ceux qui travaillent aujourd'hui voient qu'ils sont mieux considérés : les heures supplémentaires, la possibilité de se faire payer les journées de RTT ; on veut aussi pouvoir agir maintenant sur des salaires en liant les allègements de charges aux négociations salariales. Donc, on ne reste pas sans rien faire et on va continuer en permanence à pouvoir améliorer le pouvoir d'achat. On pense aussi à ceux qui n'ont pas de travail, parce que quand le chômage baisse...
Q.- Vous n'y avez pas pensé au 1er janvier quand même, ceux qui n'ont pas de travail, et aux retraités, par exemple.
R.- Je voudrais juste terminer pour être très précis, parce qu'il y a aussi des Français qu'on ne doit pas oublier : ce sont ceux qui sont au chômage et aujourd'hui quand on retrouve un emploi on a une fiche de paye, et sur une fiche de paye, il y en a plus qu'avec des allocations. Or, le chômage aujourd'hui qui est à 7,9 %, ça veut dire aussi qu'il y a des Français qui retrouvent de l'espoir et qui retrouvent du pouvoir d'achat. Et en même temps, je pense à ceux qui retrouvent un emploi, et je veux aussi diminuer le nombre de ceux qui ont un emploi précaire, notamment le temps partiel parce qu'il y a des Français aujourd'hui qui gagnent moins que le Smic, pas parce que leur salaire est en dessous du Smic, parce qu'ils travaillent moins que le temps complet. Et puis enfin, il y a ceux qui ne peuvent pas ou qui ne peuvent plus travailler : les personnes handicapées, les personnes retraitées. Et je ne laisserais pas dire qu'on ne pense pas à eux parce qu'on a pris des engagements...
Q.- Vous n'avez pas pensé à eux le 1er janvier, X. Bertrand, je le dis et je le répète : 1,1 % d'augmentation des petites pensions !
R.- Vous dites pourquoi ?
Q.- Allez-y !
R.- Non, mais dites le pourquoi.
Q.- Mais dites-moi pourquoi 1,1 %. Vous auriez pu faire mieux.
R.- Parce qu'on a des règles qui sont ainsi faites, que je ne trouve pas les meilleures du monde, et je vous le dis franchement. Les règles disent la chose suivante : c'est qu'on doit, pour prévoir l'augmentation des pensions pour l'année à venir, se baser sur ce qui s'est passé les trois dernières années. Ah ! On colle beaucoup à l'actualité avec les trois dernières années ! Et qu'est-ce qui a été dit ? C'est que les trois dernières années, le pouvoir d'achat a été garanti et que l'an dernier, les retraites ont même augmenté plus que l'inflation. Mais, les retraités s'en moquent parce que ce qui s'est passé derrière ça ne leur garantit pas l'avenir. Alors, ce que j'ai indiqué devant les partenaires sociaux, l'ensemble des syndicats, c'est qu'on attend de savoir précisément, et je dis bien précisément, ce que sera l'inflation pour l'année 2008 pour que l'on puisse prendre nos responsabilités et garantir le pouvoir d'achat des retraités, c'est-à-dire que vraisemblablement il faudra aller au-delà de 1,1 %, on prendra nos responsabilités.
Q.- Quand ?
R.- Normalement... vous voulez que je vous dise quand est-ce qu'on devrait le faire ?
Q.- Allez !
R.- Dans trois ans. Vous voyez la stupidité du système.
Q.- Oui, mais là ?
R.- Non, mais attendez...
Q.-... oui, mais ça le système est une chose, mais enfin vous êtes là pour changer, c'est ce que vous nous dites.
R.- Exactement !
Q.- Alors, nous on a besoin de vous entendre changer les choses. Concernant les petits retraités, qu'est-ce que vous allez offrir aux petits retraités dans les semaines qui viennent ?
R.- Ah mais, je ne pense pas qu'aux petits retraités, je pense à...
Q.-... non, non, mais là je parle des petites retraites. Qu'est-ce que vous allez...
R.-... Jean-Jacques, c'est un sujet important, je veux juste vous expliquer sereinement comment je vois les choses.
Q.- Mais moi aussi je suis serein, mais je pense à eux, ils m'appellent sans cesse, vous le savez bien vous aussi.
R.- Mais moi, je les vois aussi chez moi.
Q.- Vous aussi !
R.- Je les vois chez moi parce que je suis un ministre qui est aussi sur le terrain.
Q.- Mais bien sûr.
R.-...Qui est toujours élu local.
Q.- Bien sûr, mais je le sais.
R.-...Et je ne passe pas ma vie derrière mon bureau.
Q.- Bon, alors qu'est-ce que vous leur dites ?
R.- Et je ne suis pas sourd à ce qu'ils disent. C'est que normalement le système, je voudrais vous expliquer comment on doit aussi aujourd'hui bouger les choses et bousculer les choses. C'est que si je m'en tiens aux règles, je vous dis aujourd'hui, ben écoutez, c'est dans trois ans qu'on regardera si le compte y est. Eh bien, je ne vous dirai pas ça, et je ne vous dirai même pas non plus qu'on va attendre 2009, c'est dès l'année 2008 qu'on garantira le pouvoir d'achat des retraités. Mais, j'ai besoin de savoir précisément ce que sera l'inflation en 2008 parce que je ne veux pas raconter d'histoires, et je ne veux pas voler...
Q.- Et vous saurez ça quand, ce que sera l'inflation en 2008, compte tenu de l'instabilité économique mondiale ?
R.- Non, non. Ça n'est pas au doigt mouillé que ces choses-là se déterminent. On va le savoir, là, au premier trimestre ce que sera l'inflation, et dans le cadre du rendez-vous des retraites, qui n'est pas à la fin de l'année, qui est là, dans le premier semestre 2008 que l'on va voir les choses.
Q.- A la fin du premier semestre 2008.
R.- On peut aller jusqu'au bout aussi ?
Q.- Oui, allez-y !
R.- Mais il faut savoir que si on augmente les pensions des retraités, de l'ensemble des retraités, ça va augmenter le déficit des retraites.
Q.- Alors, oui ou non ?
R.- ... non, mais je voudrais...
Q.-... non mais, je sais, mais oui ou non, je vous pose une question précise...
R.-... vous le savez mais il faut le dire.
Q.- Oui ou non, X. Bertrand, y aura-t-il...
R.-... eh bien, moi, je vais vous poser une question précise...
Q.-... oui ou non, y aura-t-il une revalorisation des petites retraites avant l'été ?
R.- Attendez, pas seulement les petites retraites. Attendez, Jean-Jacques, je ne suis pas le champion du monde de l'effet d'annonce, vous le savez.
Q.- Mais je sais.
R.- C'est pas la première fois que vous m'invitez, alors moi je vais vous dire comment on va voir les choses. Ca ne se fait pas sur un coin de table, ça ne se fait pas dans un studio, même un studio sympathique avec un animateur sympa qui est à l'écoute des retraités. Voilà comment on va faire : si l'inflation dépasse les 1,1 %, comme ça semble être le cas, nous augmenterons le montant des retraites. Et on le fera quand ? On ne le fera pas en 2009, on le fera en 2008. Mais j'ai besoin de savoir...
Q.-... si l'inflation est à 2,5, vous augmentez de 1,4.
R.- On a besoin, effectivement, de se tenir au pouvoir d'achat. Le pouvoir d'achat, on ne peut pas se contenter d'en parler, il faut le garantir.
Q.- Et donc, quand on saura ?
R.- Quand on saura précisément l'inflation et quand on aura vu avec les partenaires sociaux, parce qu'on ne va pas le décider tout seul, de voir à quel rythme on augmente les choses. Mais attendez, il ne faut pas qu'il y ait de confusion, ni dans votre esprit, ni dans l'esprit de ceux qui nous regardent et qui nous écoutent, parce que la question des retraités ce n'est pas seulement les petites retraites.
Q.- Non, mais, on est bien d'accord.
R.- Il y a deux choses : il y a de l'ensemble des retraités qui eux ne peuvent pas faire d'heures supplémentaires, ne peuvent pas se faire payer les journées de RTT, et je dois en tant que ministre du Travail et de la Solidarité leur garantir leur pouvoir d'achat ; mais il y a aussi les femmes seules, veuves, qui aujourd'hui ont des pensions de réversion qui sont 54 % de la pension du conjoint, et aujourd'hui c'est insuffisant. On a pris des engagements pendant la campagne, je n'ai rien oublié des engagements, ni sur les pensions de réversion, ni sur les petites retraites.
Q.- Revalorisation du minimum de vieillesse, par exemple, de 27 % en cinq ans.
R.- C'est ce que l'on avait dit pendant la campagne, je n'oublie rien de ces engagements pour deux raisons : un, il faut garantir le pouvoir d'achat ; deux, j'ai envie de continuer à réconcilier avec la politique. Et quand on a promis quelque chose pendant la campagne, à la fin du quinquennat, il faut qu'on puisse se présenter devant les électeurs en les regardant en face, en leur disant : « on a tenus nos engagements ».
Q.- Donc, on attend, pour vous résumer, les chiffres de l'inflation, ensuite on voit ?
R.- Avec les partenaires sociaux.
Q.- Et on discute, juste avant l'été.
R.- Pas en fin 2008.
Q.- Courant 2008 ?
R.- Oui, mais c'est pas la fin 2008, ni à la Saint Glinglin.
Q.- On ne bouge pas, on ne fait rien d'autre avant, on attend, on ne fait rien d'autre avant ?
R.- Jean-Jacques, ce n'est pas au doigt mouillé qu'on va déterminer si c'est 0.1, 0.2, ou un peu plus, il faut être précis. C'est le pouvoir d'achat de millions de Français dont on parle.
Q.- Non mais, c'est précis, c'est précis.
R.- Autant que je peux l'être ce matin en vous disant tout ce que je sais et tout ce que je veux faire sur ce sujet.
Q.- Bien !
R.- Mais vous avez bien compris, notre politique est cohérente : ceux qui travaillent doivent être valorisés, ceux qui n'ont pas de travail doivent revenir vers l'emploi, c'est la logique aussi du revenu de solidarité actif de M. Hirsch, pour que celui qui reprend un boulot soit sûr qu'il n'y perdra pas - ça n'était pas le cas auparavant, ça sera garanti demain. Et ensuite, retraités et personnes handicapées.
Q.- Je rappelle quand même que la retraite moyenne en France est d'environ 1.100 euros/mois.
R.- Vous dites pourquoi aussi ?
Q.- Pourquoi ?
R.- C'est parce que les retraites sont le reflet des carrières, et notamment quand on parle aujourd'hui des petites retraites, c'est parce que nous avons eu pendant longtemps dans notre pays un système qui ne rendait pas les cotisations obligatoires. Et aujourd'hui, on est obligés de rattraper tout cela. Aujourd'hui, on est obligés de garantir un niveau de vie des retraités parce qu'on sait pertinemment qu'il n'y pas eu des grosses carrières, notamment les femmes qui n'ont pas travaillé toute leur carrière, et qu'il n'y a pas eu des gros salaires. Voilà pourquoi d'ailleurs nous voulons pouvoir intervenir au maximum sur les salaires, même si ce n'est pas nous qui fixons les salaires dans les entreprises, parce que si on n'a pas des gros salaires aujourd'hui, on n'aura pas des grosses retraites demain. Evitons de reproduire les mêmes erreurs.
Q.- Bien, X. Bertrand, on va parler de certaines propositions de la commission Attali, on va parler des RTT parce que j'ai vu que le Sénat avait adopté un amendement. Vous étiez au Sénat, dans la nuit, on va en parler dans un instant.
R.- J'ai donné un avis favorable.
Q.- Dix-huit mois de plus que prévu pour le rachat des RTT. On va en parler dans deux minutes...
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 24 janvier 2008