Texte intégral
Q - Parlons de la Présidence française de l'Union européenne. La France donne parfois l'impression d'occuper déjà cette Présidence, qui est assurée pour l'instant par la Slovénie. Est-ce que vous avez conscience de l'irritation marquée par la Slovénie ces derniers temps ?
R - Non, il n'y a pas d'irritation. J'ai rencontré mon homologue slovène hier à Bruxelles et nous avons passé toute la journée avec le ministre slovène des Affaires étrangères, notamment pour définir les relations entre l'Union européenne et la Serbie. Je crois que cela se passe bien. La Présidence slovène est une présidence pleine, qui est efficace et qui doit faire face à des défis importants. Je pense aux Balkans, ce n'est pas le moindre des défis auxquels l'Europe est confrontée. Je pense aussi à la situation économique et financière qui doit être regardée avec attention. La Présidence slovène doit également surveiller les ratifications nationales du Traité de Lisbonne.
Q - Est-ce qu'il n'y a pas une présence de la France à l'arrière plan ? Nicolas Sarkozy fait beaucoup d'annonces sur ce qu'il va faire pendant sa Présidence, comme si c'était déjà lancé.
R - Non, il est normal de préparer une Présidence. Je l'ai encore constaté ce matin avec un commissaire européen qui a bien souligné que le plus difficile était de préparer soigneusement une Présidence. Il est donc parfaitement légitime et normal que le président de la République soit pleinement mobilisé sur la préparation de notre Présidence. Le contraire serait paradoxal. Mais notre Présidence commence le 1er juillet et, d'ici là, la Présidence slovène assure pleinement ses responsabilités. Les choses sont claires.
Q - Est-ce que tout se passe bien dans la préparation de la Présidence ? Il y aurait, quand on lit la presse, quelques frictions entre, par exemple, Henri Guaino qui a voté "non" au Traité de Maastricht, qui est l'un des principaux conseiller de M. Sarkozy et les ministres pro-européens. Il y a parfois des frictions, des tensions. Est-ce qu'on avance sur le bon chemin ?
R - Il y a des sensibilités qui peuvent être différentes et je crois que l'apport d'Henri Guaino est important. Il a sa propre sensibilité.
Q - Cela ne vous irrite pas ?
R - Il a sa vision sur les rapports de l'Europe avec d'autres partenaires, notamment méditerranéens. Je crois que ce qui est important, c'est ce qu'a défini le président de la République : dans le cadre de la Présidence et dans le cadre de la ratification du Traité, il faut que nous respections tous les Français. Ceux qui ont voté "oui" et ceux qui ont voté "non". L'un des mérites du Traité simplifié est qu'il a mis de son côté ceux qui avaient voté "oui" et ceux qui avaient voté "non".
Q - Sur la présence très forte de Nicolas Sarkozy. Est-ce que la Présidence française sera suffisamment modeste ? Quand il annonce, dès à présent, qu'il profitera de cette présidence pour modifier les quotas des pêcheurs français, est-ce qu'il n'y a pas une problématique avec les autres pays européens ?
R - Il y a eu une simplification. J'ai bien lu les propos du président de la République et la lettre qui a été adressée au président Barroso. Ce qui est demandé, c'est qu'il y ait plus de transparence dans la gestion des quotas, c'est d'imaginer comment les professionnels peuvent être associés aux experts scientifiques pour voir comment cette politique peut évoluer. Il est normal qu'il y ait des interrogations. Il est normal qu'à la veille de notre Présidence, nous puissions dire quels sont les soucis, qui ne sont pas uniquement français et qui sont partagés par d'autres. Mais là où vous avez raison, c'est que la Présidence française sera au service de l'intérêt général européen et non pas au service des intérêts français. Dans le cadre de la présidence nous sommes plus un arbitre. C'est ce que j'essaye d'expliquer à tous ceux qui sont concernés.
Q - Quels sont les grands projets, les grands thèmes qui sont incontournables à vos yeux ?
R - Nous avons trois grandes priorités. La première concerne la lutte contre le réchauffement climatique et la politique énergétique. C'est un défi énorme du XXIème siècle. Nous voulons faire en sorte qu'il y ait, au niveau européen, une croissance verte et durable. La France aura une responsabilité particulière à cet égard, car il y a une dizaine d'accords politiques à trouver dans ce domaine.
La seconde est la gestion des mouvements migratoires. Ces questions concernent l'ensemble de nos partenaires.
Q - L'Europe travaille déjà dessus ? Quand on dit qu'on veut une Europe qui travaille sur l'immigration, c'est déjà le cas.
R - Vous avez tout à fait raison. Il y a un certain nombre de propositions qui ont été faites depuis le Conseil européen du mois de décembre dernier. Il y a un bon socle, équilibré, entre intégration, gestion des mouvements migratoires, contrôle de l'immigration illégale, meilleur contrôle aux frontières et dialogue avec les pays de transit ou d'origine des migrations, où nous devons travailler à davantage de développement.
La troisième priorité a trait à la défense et à la sécurité, pour que nous allions vers une politique européenne de défense plus opérationnelle.
Enfin, bien évidemment, nous devons faire attention à tout ce qui touche à la situation économique et financière. Sur ce sujet là, comme sur les autres, il y aura une continuité entre la Présidence slovène et la Présidence française.
Q - Vous n'avez pas cité dans vos grands projets, l'Union méditerranéenne ? Vous êtes sceptique sur ce projet que veut lancer Nicolas Sarkozy et qui est beaucoup critiqué par nos partenaires européens ?
R - Non. Ce que nous souhaitons faire c'est l'Union pour la Méditerranée, après la réunion qui a eu lieu à Rome avec nos amis italiens et espagnols. Ce projet doit s'inscrire non pas en rupture avec ce qui est fait dans le cadre de l'Union européenne mais en complément du processus euro-méditerranéen. Une Union pour la Méditerranée peut exister, une sorte de "G méditerranéen" informel qui associe les pays riverains de la Méditerranée plus particulièrement et d'autres pays...
Q - Là encore cela existe déjà avec Euromed depuis 1995 ?
R - Oui, mais il faut améliorer Euromed. Il faut, et c'est le but de l'Union pour la Méditerranée, renforcer Euromed sur des projets très concrets comme, l'environnement, l'amélioration des infrastructures entre le Sud et le Nord de la Méditerranée, des interconnexions nouvelles en matière énergétique, et associer d'avantage des partenaires publics et des partenaires privés. Tout cela manque dans Euromed, dans le processus de Barcelone et nous sommes fondés à le faire dans le cadre de l'Union pour la Méditerranée.
Q - Ce soir Nicolas Sarkozy rencontre Angela Merkel et Gordon Brown, ils vont parler finance ?
R - Oui, ils vont parler de la situation financière internationale. Par rapport aux critiques qui ont été faites sur cette rencontre, ce que je veux préciser très clairement c'est que les pays qui se rencontrent, avec la Commission, ont une responsabilité particulière : ces pays sont membres du G8, ils portent la voix de l'Europe sur la scène internationale. Il y aura très bientôt des réunions de G7 et de G8 dans les domaines économiques et financiers. Il faut les préparer. Nous serions coupables de ne pas les préparer. Je ne comprends pas ceux qui disent que ces problèmes doivent être traités sur la scène internationale, ce qui est vrai, et qui critiquent le fait que cette réunion se tienne : elle a justement pour but de définir une position européenne unique dans ces enceintes internationales et d'appeler le FMI à prendre davantage de responsabilit??s.
Q - Nicolas Sarkozy sera le dernier président tournant de l'Union européenne. Après lui faut-il un chef de l'Europe issu de la zone euro ou Nicolas Sarkozy est favorable à M. Tony Blair ?
R - Aujourd'hui c'est prématuré de citer tel ou tel nom.
Q - Un profil peut-être ?
R - Le profil, c'est un oiseau rare. Il faut trouver quelqu'un qui ait suffisamment de leadership et de charisme pour diriger le Conseil européen. Car ce sera un président stable du Conseil européen, c'est un grand progrès pour assurer la continuité des travaux du conseil. Il faut que ce président soit actif et qu'il ait un leadership suffisant. En tant que Français, nous le souhaitons au nom de l'intérêt général européen. Il faut également que ce profil partage les valeurs et les solidarités qui sont celles de l'Europe. Bien évidemment, plus vous êtes engagés dans les différentes coopérations qui sont mises en place au niveau européen, plus vous répondez au profil que je viens de décrire.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 1er février 2008
R - Non, il n'y a pas d'irritation. J'ai rencontré mon homologue slovène hier à Bruxelles et nous avons passé toute la journée avec le ministre slovène des Affaires étrangères, notamment pour définir les relations entre l'Union européenne et la Serbie. Je crois que cela se passe bien. La Présidence slovène est une présidence pleine, qui est efficace et qui doit faire face à des défis importants. Je pense aux Balkans, ce n'est pas le moindre des défis auxquels l'Europe est confrontée. Je pense aussi à la situation économique et financière qui doit être regardée avec attention. La Présidence slovène doit également surveiller les ratifications nationales du Traité de Lisbonne.
Q - Est-ce qu'il n'y a pas une présence de la France à l'arrière plan ? Nicolas Sarkozy fait beaucoup d'annonces sur ce qu'il va faire pendant sa Présidence, comme si c'était déjà lancé.
R - Non, il est normal de préparer une Présidence. Je l'ai encore constaté ce matin avec un commissaire européen qui a bien souligné que le plus difficile était de préparer soigneusement une Présidence. Il est donc parfaitement légitime et normal que le président de la République soit pleinement mobilisé sur la préparation de notre Présidence. Le contraire serait paradoxal. Mais notre Présidence commence le 1er juillet et, d'ici là, la Présidence slovène assure pleinement ses responsabilités. Les choses sont claires.
Q - Est-ce que tout se passe bien dans la préparation de la Présidence ? Il y aurait, quand on lit la presse, quelques frictions entre, par exemple, Henri Guaino qui a voté "non" au Traité de Maastricht, qui est l'un des principaux conseiller de M. Sarkozy et les ministres pro-européens. Il y a parfois des frictions, des tensions. Est-ce qu'on avance sur le bon chemin ?
R - Il y a des sensibilités qui peuvent être différentes et je crois que l'apport d'Henri Guaino est important. Il a sa propre sensibilité.
Q - Cela ne vous irrite pas ?
R - Il a sa vision sur les rapports de l'Europe avec d'autres partenaires, notamment méditerranéens. Je crois que ce qui est important, c'est ce qu'a défini le président de la République : dans le cadre de la Présidence et dans le cadre de la ratification du Traité, il faut que nous respections tous les Français. Ceux qui ont voté "oui" et ceux qui ont voté "non". L'un des mérites du Traité simplifié est qu'il a mis de son côté ceux qui avaient voté "oui" et ceux qui avaient voté "non".
Q - Sur la présence très forte de Nicolas Sarkozy. Est-ce que la Présidence française sera suffisamment modeste ? Quand il annonce, dès à présent, qu'il profitera de cette présidence pour modifier les quotas des pêcheurs français, est-ce qu'il n'y a pas une problématique avec les autres pays européens ?
R - Il y a eu une simplification. J'ai bien lu les propos du président de la République et la lettre qui a été adressée au président Barroso. Ce qui est demandé, c'est qu'il y ait plus de transparence dans la gestion des quotas, c'est d'imaginer comment les professionnels peuvent être associés aux experts scientifiques pour voir comment cette politique peut évoluer. Il est normal qu'il y ait des interrogations. Il est normal qu'à la veille de notre Présidence, nous puissions dire quels sont les soucis, qui ne sont pas uniquement français et qui sont partagés par d'autres. Mais là où vous avez raison, c'est que la Présidence française sera au service de l'intérêt général européen et non pas au service des intérêts français. Dans le cadre de la présidence nous sommes plus un arbitre. C'est ce que j'essaye d'expliquer à tous ceux qui sont concernés.
Q - Quels sont les grands projets, les grands thèmes qui sont incontournables à vos yeux ?
R - Nous avons trois grandes priorités. La première concerne la lutte contre le réchauffement climatique et la politique énergétique. C'est un défi énorme du XXIème siècle. Nous voulons faire en sorte qu'il y ait, au niveau européen, une croissance verte et durable. La France aura une responsabilité particulière à cet égard, car il y a une dizaine d'accords politiques à trouver dans ce domaine.
La seconde est la gestion des mouvements migratoires. Ces questions concernent l'ensemble de nos partenaires.
Q - L'Europe travaille déjà dessus ? Quand on dit qu'on veut une Europe qui travaille sur l'immigration, c'est déjà le cas.
R - Vous avez tout à fait raison. Il y a un certain nombre de propositions qui ont été faites depuis le Conseil européen du mois de décembre dernier. Il y a un bon socle, équilibré, entre intégration, gestion des mouvements migratoires, contrôle de l'immigration illégale, meilleur contrôle aux frontières et dialogue avec les pays de transit ou d'origine des migrations, où nous devons travailler à davantage de développement.
La troisième priorité a trait à la défense et à la sécurité, pour que nous allions vers une politique européenne de défense plus opérationnelle.
Enfin, bien évidemment, nous devons faire attention à tout ce qui touche à la situation économique et financière. Sur ce sujet là, comme sur les autres, il y aura une continuité entre la Présidence slovène et la Présidence française.
Q - Vous n'avez pas cité dans vos grands projets, l'Union méditerranéenne ? Vous êtes sceptique sur ce projet que veut lancer Nicolas Sarkozy et qui est beaucoup critiqué par nos partenaires européens ?
R - Non. Ce que nous souhaitons faire c'est l'Union pour la Méditerranée, après la réunion qui a eu lieu à Rome avec nos amis italiens et espagnols. Ce projet doit s'inscrire non pas en rupture avec ce qui est fait dans le cadre de l'Union européenne mais en complément du processus euro-méditerranéen. Une Union pour la Méditerranée peut exister, une sorte de "G méditerranéen" informel qui associe les pays riverains de la Méditerranée plus particulièrement et d'autres pays...
Q - Là encore cela existe déjà avec Euromed depuis 1995 ?
R - Oui, mais il faut améliorer Euromed. Il faut, et c'est le but de l'Union pour la Méditerranée, renforcer Euromed sur des projets très concrets comme, l'environnement, l'amélioration des infrastructures entre le Sud et le Nord de la Méditerranée, des interconnexions nouvelles en matière énergétique, et associer d'avantage des partenaires publics et des partenaires privés. Tout cela manque dans Euromed, dans le processus de Barcelone et nous sommes fondés à le faire dans le cadre de l'Union pour la Méditerranée.
Q - Ce soir Nicolas Sarkozy rencontre Angela Merkel et Gordon Brown, ils vont parler finance ?
R - Oui, ils vont parler de la situation financière internationale. Par rapport aux critiques qui ont été faites sur cette rencontre, ce que je veux préciser très clairement c'est que les pays qui se rencontrent, avec la Commission, ont une responsabilité particulière : ces pays sont membres du G8, ils portent la voix de l'Europe sur la scène internationale. Il y aura très bientôt des réunions de G7 et de G8 dans les domaines économiques et financiers. Il faut les préparer. Nous serions coupables de ne pas les préparer. Je ne comprends pas ceux qui disent que ces problèmes doivent être traités sur la scène internationale, ce qui est vrai, et qui critiquent le fait que cette réunion se tienne : elle a justement pour but de définir une position européenne unique dans ces enceintes internationales et d'appeler le FMI à prendre davantage de responsabilit??s.
Q - Nicolas Sarkozy sera le dernier président tournant de l'Union européenne. Après lui faut-il un chef de l'Europe issu de la zone euro ou Nicolas Sarkozy est favorable à M. Tony Blair ?
R - Aujourd'hui c'est prématuré de citer tel ou tel nom.
Q - Un profil peut-être ?
R - Le profil, c'est un oiseau rare. Il faut trouver quelqu'un qui ait suffisamment de leadership et de charisme pour diriger le Conseil européen. Car ce sera un président stable du Conseil européen, c'est un grand progrès pour assurer la continuité des travaux du conseil. Il faut que ce président soit actif et qu'il ait un leadership suffisant. En tant que Français, nous le souhaitons au nom de l'intérêt général européen. Il faut également que ce profil partage les valeurs et les solidarités qui sont celles de l'Europe. Bien évidemment, plus vous êtes engagés dans les différentes coopérations qui sont mises en place au niveau européen, plus vous répondez au profil que je viens de décrire.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 1er février 2008