Texte intégral
Messieurs les Directeurs,
Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs,
Chers diplômés,
Permettez-moi de vous remercier pour votre invitation. D'abord parce qu'une remise des diplômes est toujours un événement émouvant, qui marque pour ceux qui y participent la fin d'un cycle et le début de quelque chose de nouveau. Quelque chose de nouveau et vraisemblablement de passionnant car le secteur que vous avez choisi est riche de promesses.
Ensuite parce que, comme l'atteste la qualité du plateau que vous avez réuni ce soir, l'IREST dispense une formation d'excellence, qui est à bien des égards un modèle.
Comme vous le savez, l'organisation mondiale du tourisme prévoit un doublement des flux touristiques à l'horizon 2020 ! En tant que Secrétaire d'Etat chargé également de la consommation, j'observe également que les postes de dépenses les plus dynamiques chez le ménages français sont les dépenses liées aux loisirs, aux sorties, aux voyages et à la restauration « hors-domicile ».
Cette tendance est évidemment une chance pour la France, qui est un des principaux acteurs mondiaux du tourisme. Nous sommes au premier rang mondial pour le nombre de visiteurs accueillis (78 millions l'année dernière). En revanche nous ne sommes qu'au troisième rang en valeur, c'est-à-dire pour les recettes touristiques enregistrées.
La contribution du secteur du tourisme, de l'hôtellerie et de la restauration est significative pour l'économie de notre pays, aussi bien en termes de création de richesse - le tourisme représente 6,3% de la richesse nationale - qu'en termes d'emploi, avec 1,8 millions d'emplois directs et indirects. C'est un secteur économique à part entière, qui génère 12 milliards d'excédents pour notre balance des paiements. C'est d'ailleurs tout le sens du rattachement du Ministère du Tourisme au Ministère des Finances et de l'Economie, ce qui constitue une Première dans notre pays.
Comme je vous l'indiquais, la France n'est que troisième pour les recettes touristiques. Compte-tenu de la diversité et de la qualité de notre offre touristique, nous ne pouvons viser autre chose que la première place. Et vous, diplômés comme enseignants, participerez très directement à conquérir cette première place.
J'ai souhaité lancer un chantier important dès mon arrivée au poste de Secrétaire d'Etat chargé du tourisme. Il s'agit de définir une stratégie touristique pour la France à l'horizon 2020, en cernant les évolutions prévisibles de la demande mondiale, en étudiant la cohérence de notre offre touristique par rapport à ces évolutions et en définissant les principaux axes d'actions d'une politique globale. Qui sera le touriste en 2020 ? Quelles seront ses attentes ? Quelle France veut-on lui vendre, et comment adapter nos outils pour y parvenir ?
Cette étude a été confiée à un cabinet privé de conseil en stratégie, reconnue internationalement. Ses conclusions me seront transmises en février prochain.
Vous le percevez bien, vous aurez également un rôle important à jouer dans cette démarche stratégique. C'est parce que le secteur touristique subit des bouleversements comme jamais il n'en a connu qu'il est par exemple devenu indispensable de développer la recherche - nécessairement interdisciplinaire - dans le domaine du tourisme. Je ne pense pas ici seulement à la recherche appliquée dans le marketing ou la gestion. Il s'agit de se donner les moyens, avec le concours des sciences sociales, de penser le devenir du tourisme, dans le cadre d'une économie mondiale changeante et toujours plus concurrentielle.
Nous pouvons d'ores et déjà tirer quelques conclusions des grands mouvements structurels qui sont à l'oeuvre dans le secteur du tourisme.
Première conclusion : ce qui à l'avenir fera notre différence par rapport aux nouvelles destinations qui émergent et sont capables d'offrir des prestations à bas coûts, ce sera notre qualité de service ainsi que l'image d'excellence que nous saurons véhiculer à travers le monde.
A l'avenir, la France ne pourra se satisfaire d'avoir des infrastructures remarquables, un patrimoine culturel et touristique parmi les plus riches du monde, une offre touristique complète et diversifiée. Autant d'acquis essentiels mais qui ne suffisent plus. Notre valeur-ajoutée se situera dans « l'immatériel » : la qualité de service et d'accueil, la créativité et la capacité à proposer des produits touristiques innovants, l'écoute du client et de la volonté de s'adapter à son besoin, le « sens commercial » qui nous aidera à anticiper les changements du marché et à identifier les nouveaux secteurs porteurs.
Deuxième conclusion, qui en réalité découle naturellement de la première : l'avenir du tourisme français se situe dans une montée en gamme progressive et globale de son offre.
Dans cette perspective, j'ai lancé en juillet dernier la réforme du classement des hébergements touristiques. Vous le savez sans doute, notre système d'étoiles est dépassé et d'ailleurs bien souvent illisible pour les étrangers. Il est axé sur des critères uniquement « physiques », souvent obsolètes.
Un exemple vaut mieux que de longs discours : dans le classement actuel, il est exigé pour un hôtel une étoile d'avoir une cabine téléphonique fermée, accessible au public. En revanche, pas un mot sur l'accessibilité à internet, y compris pour les 4 étoiles !
Si notre offre touristique doit viser l'excellence, encore faut-il que les critères de notation encouragent et récompensent cette excellence, à travers un classement qui repose sur des nouveaux critères de qualité de service et d'accueil, d'hygiène, d'accessibilité pour les personnes à mobilité réduite et aussi sur des critères environnementaux.
La qualité de service passe aussi par la qualité de l'accueil réservé aux visiteurs. Or, nous le savons, l'accueil au sens large est un des talons d'Achille de la France. C'est pourquoi nous avons réuni ce matin-même à Bercy, avec Christine Lagarde, l'ensemble des acteurs qui contribuent à l'accueil des visiteurs étrangers en France : Air France, la SNCF, les représentants des taxis, les opérateurs touristiques publics comme privés. A cette occasion, nous avons annoncé la création d'un comité de pilotage national sur le thème de l'accueil.
Troisième conclusion : face à une clientèle toujours plus diversifiée et toujours plus exigeante, l'ouverture internationale et la compréhension des différences culturelles sera une clé essentielle pour attirer et retenir de nouveaux visiteurs. Avec la mondialisation, la France voit s'ouvrir des marchés nouveaux potentiellement immenses. Demain, nos visiteurs ne seront plus seulement français ni même européens, ils seront chinois, russes, indiens, brésiliens. Si nous ne sommes pas capables de nous adapter à leurs spécificités culturelles, si nous ne sommes pas capables de communiquer avec eux grâce à une bonne maîtrise des langues étrangères, le risque est qu'ils partent vers d'autres destinations.
De par votre formation, vous avez une sensibilité naturelle sur ces sujets et vous aurez un rôle moteur à jouer à l'avenir vis-à-vis de tous les acteurs du tourisme français.
Quatrième conclusion : face à l'augmentation spectaculaire des flux touristiques attendus, des organismes comme l'IREST auront un rôle important à jouer. La France aura certes besoin de bras - on observe que dans les domaines de la restauration et de l'hôtellerie, 40 000 emplois ne sont pas pourvus, ce qui est une situation évidemment inacceptable pour un pays qui compte encore deux millions de chômeurs. Mais pour rester à la pointe du tourisme mondial, la France aura également besoin de cerveaux, c'est-à-dire des managers, des experts et des chercheurs.
La question de la formation est tout à fait déterminante pour notre compétitivité future.
Il est essentiel de travailler, du reste dans l'esprit de ce qu'entreprend l'IREST, sur la hausse des qualifications et sur la professionnalisation du secteur, qui passe en particulier par l'amélioration de la filière de formation aux métiers du tourisme. C'est pourquoi j'ai confié une mission à Jean-Jacques Descamps, ancien Ministre du Tourisme, qui sera chargé de formuler des propositions pour améliorer la lisibilité et l'efficacité de notre système de formation. Il devra notamment travailler sur une piste, à laquelle vous serez à coup sûr sensibles : il s'agit de réfléchir à l'opportunité de la création d'un pôle d'excellence, à vocation internationale, qui rassemblerait des étudiants, des chercheurs et des professionnels du tourisme. Sans présager de la forme que pourrait prendre un tel projet, il ne fait pas de doutes que l'IREST aurait une contribution intéressante à apporter à un tel projet.
Cinquième et dernière conclusion que je tire des grands mouvements à l'oeuvre : les métiers du tourisme devront s'ouvrir toujours davantage aux nouvelles technologies. Je ne pense pas seulement à la maîtrise de ce nouveau canal de communication et de distribution essentiel qu'est devenu internet. Je pense aussi à l'intégration des nouvelles technologies dans les produits et services que nous vendrons aux clients qui viendront nous rendre visite.
Car dans quelques années, le touriste aura dans sa poche un terminal, qui lui permettra de savoir en permanence où il se trouve grâce à un système de géolocalisation, qui lui indiquera les sites à visiter et leur accessibilité, qui traduira automatiquement la carte de vos restaurants, qui lui permettra de visionner des films sur la région...
Vous le voyez, l'avenir est riche, dans le secteur touristique encore plus qu'ailleurs !
Je ne peux que vous féliciter pour votre diplôme, vous redire à quel point nous aurons besoin de vous dans le futur - et même dès maintenant ! - et vous formuler mes voeux les plus sincères pour que vous profitiez au mieux non seulement de l'année 2008, mais aussi des 42, ou plutôt 45 ou 47 années professionnelles passionnantes que vous allez vivre.
Encore bravo,
Je vous remercie.
Source http://www.tourisme.gouv.fr, le 21 janvier 2008