Texte intégral
C. Barbier.- B. Accoyer, bonjour. Bonjour. N. Sarkozy a donc épousé C. Bruni, samedi, êtes-vous soulagé que le feuilleton que l'on dit people s'achève et que comme l'a rappelé C. Guéant, le secrétaire général de l'Elysée, la situation soit clarifiée ?
R.- Certainement, les paparazzi remplissaient les écrans et les journaux d'images qui pouvaient laisser penser aux Français que le président de la République ne consacrait pas tout son temps aux problèmes de la France. Je peux en témoigner, il est totalement accaparé par les problèmes français. Donc cette page est maintenant clarifiée, je pense qu'effectivement c'est bien comme ça.
Q.- Le Président accumule les sondages à la baisse : moins 13 points encore dans le sondage LH2 pour Libération ce matin. C'est cet épisode paparazzi comme vous le dites ? Ou c'est aussi un désamour politique, une déception politique entre les Français et le Président ?
R.- Je viens de le dire, bien sûr, qu'il y a eu une interférence avec la place prise par les images qui étaient montrées de façon tout à fait excessive. Mais il y a aussi et c'est normal, naturellement une impatience de la part des Français, de voir des résultats plus concrets sur le pouvoir d'achat, sur les questions qui les préoccupent. Et donc les mesures ont été prises, elles ne peuvent donner des résultats immédiats spectaculaires, et il faut continuer à les développer, à montrer comment elles vont agir, comment elles agissent et à obtenir les résultats qui sont déjà là, sur le pouvoir d'achat, sur la sécurité, sur la justice, sur l'université...
Q.- Ils sont discrets quand même ?
R.- Oui, parce que la conjoncture est difficile, avec la multiplication par deux du prix de l'énergie, avec le prix des denrées alimentaires, avec la crise monétaire, avec la crise financière, les problèmes de change, la conjoncture est difficile. Mais certainement, si toutes les mesures qui ont été prises par le Gouvernement, depuis le mois de juin, n'avaient pas été prises, la situation serait extrêmement préoccupante. Reconnaissons que nous sommes dans le mouvement et que les solutions sont en train de résoudre un certain nombre de problème.
Q.- Alors F. Bayrou, lui, accuse. Il accuse le président d'avoir voulu détourner l'attention des Français par sa vie privée pour que les Français ne voient pas l'essentiel, c'est-à-dire les difficultés économiques. Que répondez-vous ?
R.- Ecoutez, je trouve que cette manoeuvre ne mérite même pas que l'on s'attarde sur sa nature. Il faut travailler, les Français attendent du Gouvernement, de la majorité, de tous ceux à qui ils ont fait confiance, du président de la République, au mois de juin, au printemps, qu'ils continuent les réformes. Les sondages l'attestent de façon extrêmement forte : il faut continuer les réformes, leur donner une bonne lisibilité, expliquer - parce qu'on laisse souvent d'autres dire que ça n'a pas marché - mais expliquer ce qui a marché et pourquoi ça va s'amplifier dans le bon sens.
Q.- Alors votre prédécesseur, J.-L. Debré accuse aussi, il est aujourd'hui président du Conseil Constitutionnel. Il dit : "la fonction présidentielle requiert une certaine retenue", comme si N. Sarkozy en manquait. Est-il sorti de son devoir de réserve J.-L. Debré ?
R.- Oui, je pense que la procédure de nomination des présidents du Conseil Constitutionnel, leur rôle, leur pouvoir considérable, exigent une réserve absolue sur la vie politique et sur les acteurs de la vie politique.
Q.- Quand il dit : un conseiller du Président ne doit pas s'exprimer publiquement, il vise sans doute C. Guéant et H. Guaino, il rejoint aussi le sentiment de nombreux parlementaires. Les conseillers du président parlent trop ?
R.- A partir du moment où les conseillers du Président s'expriment selon la volonté du Président, leur expression procède de l'explication de l'action publique. Je ne vois pas là de problème particulier.
Q.- Ils ne sont pas élus ?
R.- Ils ne sont pas élus, mais il y en a bien d'autres qui s'expriment, qui ne sont pas élus.
Q.- J.-L. Debré suggère un débat à l'Assemblée nationale sur le décompte du temps de parole du président de la République dans l'audiovisuel. A la demande de la gauche, il a été sollicité pour ça. Vous acceptez cette demande et organiser ce débat ?
R.- Écoutez, encore une fois, ce n'est pas au président du Conseil Constitutionnel de donner des injonctions, ni à l'exécutif, ni au législatif. Le Conseil Constitutionnel est une institution, que je respecte, elle a à se saisir et à juger de la constitutionnalité des textes, c'est déjà considérable, elle jouit d'une indépendance absolue, il n'y a pas d'appel possible à ses décisions. Je crois que ça justifie une position en retrait des évènements quotidiens et de la vie politique et des attitudes ou des demandes des uns ou des autres.
Q.- L'UMP a perdu un siège de député hier, dans une partielle en Eure-et-Loir. Est-ce que c'est un sérieux avertissement pour la majorité ?
R.- Je voudrais vous dire qu'il y avait également dans les Hauts-de-Seine, une partielle, et là c'est un succès.
Q.- Mais la gauche a progressé également.
R.- Oui mais très peu, or ce n'était plus le même candidat. Donc on peut aussi parler de ce qui s'est passé dans les Hauts-de-Seine. Quant à ce qui s'est passé à Chartres, il y a c'est vrai, une défaite, mais il y a là-bas des problèmes locaux et c'est une circonscription qui recouvre un espace urbain. Or il y a un gros problème qui a interféré dans la campagne, qui est un problème local, d'urbanisme commercial.
Q.- Ne craignez-vous pas comme C. Goasguen que les municipales virent au cauchemar pour la majorité ?
R.- En 2001, l'édition avait été particulièrement bonne pour la droite et le centre. Il y a un mouvement de balancier...
Q.- Il y aura un reflux logique ?
R.-...qui peut expliquer un reflux. Nous verrons le jour des municipales. Vous savez, il y a encore plusieurs semaines, nous verrons les résultats. Ne mélangeons pas tout. Les enjeux des municipales sont avant tout locaux, mais il y a toujours une connotation politique, en particulier dans les villes moyennes et dans les grandes villes. On verra bien, mais laissons les acteurs agir et ne disons pas avant ce que seront les élections. Vous voyez les partielles, j'entends dire qu'elles ont été très mauvaises. Les deux partielles, c'est faux. Il y en a une qui est excellente, l'autre qui est une défaite, avec des problèmes locaux.
Q.- L'un des acteurs, ce sera N. Sarkozy dans ces municipales, il revient sur le terrain, il est aujourd'hui en Moselle, sur le terrain les candidats sont partagés. Certains veulent sa présence, d'autres non. Est-ce que le Président doit faire campagne pour les municipales ?
R.- Il l'a dit, il n'ira pas parler de problèmes précis, de problèmes locaux, de problèmes municipaux. Il continuera d'exprimer sa volonté de réformer notre pays, et cette réforme passe aussi par les collectivités locales, par les collectivités territoriales. Et c'est dans ce sens, à cet endroit, qu'il y a nécessairement une place pour l'expression du chef de l'Etat.
Q.- Plus de 900 parlementaires se réunissent donc à Versailles, aujourd'hui, sous votre présidence pour un Congrès qui doit modifier la Constitution afin de la rendre compatible avec le Traité de Lisbonne en cours de ratification. Est-ce que vous craignez pour aujourd'hui, beaucoup d'absentéisme et beaucoup d'abstentionnisme ?
R.- Deux choses : d'abord c'est un moment très important, parce que la ratification du Traité de Lisbonne c'est un succès formidable pour la France, pour le président de la République, pour l'Europe. Grâce à la présidence allemande, l'engagement de la campagne présidentielle de N. Sarkozy fait que nous sommes en train, nous les Français, de remettre l'Europe que nous avions mise en panne il y a quelques années.
Q.- Nous les Français, non, vous les Parlementaires, le peuple n'est pas consulté ! Le démocrate que vous êtes ne regrette-t-il pas qu'un Congrès fasse un référendum...
R.- Mais C. Barbier, que seriez-vous en train de me dire ? Alors que N. Sarkozy a construit toute sa campagne présidentielle en expliquant qu'avec un traité simplifié qui sera ratifié par la voie parlementaire, il fera tout pour relancer l'Europe, ce qu'il est en train de réussir. Que seriez-vous en train de me dire s'il avait renié sa parole ? Il faut aussi rappeler ce qui s'est dit, quels ont été les engagements ? Sur cette procédure, ce sont les engagements, les espérances et l'action du président de la République qui sont en avant.
Q.- Et beaucoup de parlementaires traînent les pieds, les socialistes veulent s'abstenir. Beaucoup ne vont pas venir ?
R.- Alors les socialistes sont partagés, vous savez très bien que... c'est le problème de la gauche en France. Il y a un certain nombre de domaines, notamment l'économie de marché, l'Europe, l'énergie, où elle est divisée. Sur l'Europe, elle est divisée, donc elle a décidé de ne pas participer, non, pas à la ratification parce que là nous sommes en train de modifier la Constitution, pour rendre compatible le Traité de Lisbonne avec notre Constitution.
Q.- Il vous faut 3/5èmes des exprimés quand même, sur les 900-905 votants d'aujourd'hui, vous les aurez ? Oui, je ne suis pas du tout inquiet. La ratification va suivre. J.-M. Ayrault proteste, le débat de ratification à l'Assemblée aura lieu dans la nuit du mercredi. Il vous réclame un débat en plein jour, vous êtes prêt à lui donner satisfaction ?
R.- Il y a un problème de calendrier, parce que les deux chambres, l'Assemblée et le Sénat, doivent pouvoir et doivent ratifier. Il y a urgence, l'Europe est en panne, nous avons besoin de plus de démocratie dans l'Europe, c'est ce que va nous apporter ce traité. Nous avons besoin d'une plus grande efficacité dans les politiques économiques, nous voulons défendre, nous, nos services publics, ne pas laisser la concurrence être la seule loi. C'est tout cela qu'il y a dans le traité.
Q.- On peut débattre mercredi après-midi ?
R.- C'est tout cela qu'il y a dans ce traité. Donc il y a urgence, parce qu'à force de repousser, finalement, on ne fait pas ce qui doit être fait.
Q.- Les parlementaires ont protesté contre le rapport Attali, contre le moratoire sur les OGM, sur la foi d'un rapport d'experts. Les experts ont l'impression d'avoir le pouvoir, mais c'est peut-être parce que les parlementaires ne font pas leur travail ?
R.- Eh bien, vous me donnez l'occasion de dire que j'attends avec impatience la réforme institutionnelle, qui va redonner au Parlement la place nécessaire pour un meilleur équilibre du fonctionnement de nos institutions, et je pense que cela sera positif, pour que les Français s'approprient davantage les débats, acceptent davantage ce qui est débattu et ensuite voter. Donc j'attends avec impatience cette réforme.
Q.- Et vous êtes prêt, si les Parlementaires ont beaucoup plus de pouvoir, à accepter le non cumul des mandats : on est parlementaire, c'est le seul métier ?
R.- D'abord, nous accepterons ce que la majorité décidera. A titre personnel, je pense que de se couper de la vie simple du terrain, de la terre de Haute-Savoie, puisque je suis un élu de Haute-Savoie, des problèmes des cités qui sont souvent difficiles, des questions concrètes de la vie quotidienne des Français, des drames qu'ils connaissent, c'est ce qui menace quelqu'un qui ne serait que parlementaire et qui ne serait pas simultanément élu local. C'est mon opinion, je comprends très bien qu'on ne la partage pas.
Q.- Ceux qui cumulent font que, voilà, vous partez en vacances le 9 février jusqu'au 25 mars, pour vous occuper des municipales, pendant ce temps-là les textes restent en rade ?
R.- Ce ne sont pas des vacances, d'une part. Deuxièmement, on légifère déjà beaucoup trop, les Français se plaignent et ils ont raison d'avoir beaucoup trop de lois, beaucoup trop de textes qui les contraignent. Légiférons plus calmement, légiférons mieux, et les choses se passeront encore mieux.
Q.- Les députés sont déprimés, découragés ?
R.- Non, ils ne sont pas déprimés et découragés, ils sont dans l'action. Ils entendent ce que leur disent leurs électeurs : continuez de réformer mais écoutez-nous. Et c'est ce qu'ils font.
Q.- B. Accoyer, merci, bonne journée.
R.- Merci.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 4 février 2008
R.- Certainement, les paparazzi remplissaient les écrans et les journaux d'images qui pouvaient laisser penser aux Français que le président de la République ne consacrait pas tout son temps aux problèmes de la France. Je peux en témoigner, il est totalement accaparé par les problèmes français. Donc cette page est maintenant clarifiée, je pense qu'effectivement c'est bien comme ça.
Q.- Le Président accumule les sondages à la baisse : moins 13 points encore dans le sondage LH2 pour Libération ce matin. C'est cet épisode paparazzi comme vous le dites ? Ou c'est aussi un désamour politique, une déception politique entre les Français et le Président ?
R.- Je viens de le dire, bien sûr, qu'il y a eu une interférence avec la place prise par les images qui étaient montrées de façon tout à fait excessive. Mais il y a aussi et c'est normal, naturellement une impatience de la part des Français, de voir des résultats plus concrets sur le pouvoir d'achat, sur les questions qui les préoccupent. Et donc les mesures ont été prises, elles ne peuvent donner des résultats immédiats spectaculaires, et il faut continuer à les développer, à montrer comment elles vont agir, comment elles agissent et à obtenir les résultats qui sont déjà là, sur le pouvoir d'achat, sur la sécurité, sur la justice, sur l'université...
Q.- Ils sont discrets quand même ?
R.- Oui, parce que la conjoncture est difficile, avec la multiplication par deux du prix de l'énergie, avec le prix des denrées alimentaires, avec la crise monétaire, avec la crise financière, les problèmes de change, la conjoncture est difficile. Mais certainement, si toutes les mesures qui ont été prises par le Gouvernement, depuis le mois de juin, n'avaient pas été prises, la situation serait extrêmement préoccupante. Reconnaissons que nous sommes dans le mouvement et que les solutions sont en train de résoudre un certain nombre de problème.
Q.- Alors F. Bayrou, lui, accuse. Il accuse le président d'avoir voulu détourner l'attention des Français par sa vie privée pour que les Français ne voient pas l'essentiel, c'est-à-dire les difficultés économiques. Que répondez-vous ?
R.- Ecoutez, je trouve que cette manoeuvre ne mérite même pas que l'on s'attarde sur sa nature. Il faut travailler, les Français attendent du Gouvernement, de la majorité, de tous ceux à qui ils ont fait confiance, du président de la République, au mois de juin, au printemps, qu'ils continuent les réformes. Les sondages l'attestent de façon extrêmement forte : il faut continuer les réformes, leur donner une bonne lisibilité, expliquer - parce qu'on laisse souvent d'autres dire que ça n'a pas marché - mais expliquer ce qui a marché et pourquoi ça va s'amplifier dans le bon sens.
Q.- Alors votre prédécesseur, J.-L. Debré accuse aussi, il est aujourd'hui président du Conseil Constitutionnel. Il dit : "la fonction présidentielle requiert une certaine retenue", comme si N. Sarkozy en manquait. Est-il sorti de son devoir de réserve J.-L. Debré ?
R.- Oui, je pense que la procédure de nomination des présidents du Conseil Constitutionnel, leur rôle, leur pouvoir considérable, exigent une réserve absolue sur la vie politique et sur les acteurs de la vie politique.
Q.- Quand il dit : un conseiller du Président ne doit pas s'exprimer publiquement, il vise sans doute C. Guéant et H. Guaino, il rejoint aussi le sentiment de nombreux parlementaires. Les conseillers du président parlent trop ?
R.- A partir du moment où les conseillers du Président s'expriment selon la volonté du Président, leur expression procède de l'explication de l'action publique. Je ne vois pas là de problème particulier.
Q.- Ils ne sont pas élus ?
R.- Ils ne sont pas élus, mais il y en a bien d'autres qui s'expriment, qui ne sont pas élus.
Q.- J.-L. Debré suggère un débat à l'Assemblée nationale sur le décompte du temps de parole du président de la République dans l'audiovisuel. A la demande de la gauche, il a été sollicité pour ça. Vous acceptez cette demande et organiser ce débat ?
R.- Écoutez, encore une fois, ce n'est pas au président du Conseil Constitutionnel de donner des injonctions, ni à l'exécutif, ni au législatif. Le Conseil Constitutionnel est une institution, que je respecte, elle a à se saisir et à juger de la constitutionnalité des textes, c'est déjà considérable, elle jouit d'une indépendance absolue, il n'y a pas d'appel possible à ses décisions. Je crois que ça justifie une position en retrait des évènements quotidiens et de la vie politique et des attitudes ou des demandes des uns ou des autres.
Q.- L'UMP a perdu un siège de député hier, dans une partielle en Eure-et-Loir. Est-ce que c'est un sérieux avertissement pour la majorité ?
R.- Je voudrais vous dire qu'il y avait également dans les Hauts-de-Seine, une partielle, et là c'est un succès.
Q.- Mais la gauche a progressé également.
R.- Oui mais très peu, or ce n'était plus le même candidat. Donc on peut aussi parler de ce qui s'est passé dans les Hauts-de-Seine. Quant à ce qui s'est passé à Chartres, il y a c'est vrai, une défaite, mais il y a là-bas des problèmes locaux et c'est une circonscription qui recouvre un espace urbain. Or il y a un gros problème qui a interféré dans la campagne, qui est un problème local, d'urbanisme commercial.
Q.- Ne craignez-vous pas comme C. Goasguen que les municipales virent au cauchemar pour la majorité ?
R.- En 2001, l'édition avait été particulièrement bonne pour la droite et le centre. Il y a un mouvement de balancier...
Q.- Il y aura un reflux logique ?
R.-...qui peut expliquer un reflux. Nous verrons le jour des municipales. Vous savez, il y a encore plusieurs semaines, nous verrons les résultats. Ne mélangeons pas tout. Les enjeux des municipales sont avant tout locaux, mais il y a toujours une connotation politique, en particulier dans les villes moyennes et dans les grandes villes. On verra bien, mais laissons les acteurs agir et ne disons pas avant ce que seront les élections. Vous voyez les partielles, j'entends dire qu'elles ont été très mauvaises. Les deux partielles, c'est faux. Il y en a une qui est excellente, l'autre qui est une défaite, avec des problèmes locaux.
Q.- L'un des acteurs, ce sera N. Sarkozy dans ces municipales, il revient sur le terrain, il est aujourd'hui en Moselle, sur le terrain les candidats sont partagés. Certains veulent sa présence, d'autres non. Est-ce que le Président doit faire campagne pour les municipales ?
R.- Il l'a dit, il n'ira pas parler de problèmes précis, de problèmes locaux, de problèmes municipaux. Il continuera d'exprimer sa volonté de réformer notre pays, et cette réforme passe aussi par les collectivités locales, par les collectivités territoriales. Et c'est dans ce sens, à cet endroit, qu'il y a nécessairement une place pour l'expression du chef de l'Etat.
Q.- Plus de 900 parlementaires se réunissent donc à Versailles, aujourd'hui, sous votre présidence pour un Congrès qui doit modifier la Constitution afin de la rendre compatible avec le Traité de Lisbonne en cours de ratification. Est-ce que vous craignez pour aujourd'hui, beaucoup d'absentéisme et beaucoup d'abstentionnisme ?
R.- Deux choses : d'abord c'est un moment très important, parce que la ratification du Traité de Lisbonne c'est un succès formidable pour la France, pour le président de la République, pour l'Europe. Grâce à la présidence allemande, l'engagement de la campagne présidentielle de N. Sarkozy fait que nous sommes en train, nous les Français, de remettre l'Europe que nous avions mise en panne il y a quelques années.
Q.- Nous les Français, non, vous les Parlementaires, le peuple n'est pas consulté ! Le démocrate que vous êtes ne regrette-t-il pas qu'un Congrès fasse un référendum...
R.- Mais C. Barbier, que seriez-vous en train de me dire ? Alors que N. Sarkozy a construit toute sa campagne présidentielle en expliquant qu'avec un traité simplifié qui sera ratifié par la voie parlementaire, il fera tout pour relancer l'Europe, ce qu'il est en train de réussir. Que seriez-vous en train de me dire s'il avait renié sa parole ? Il faut aussi rappeler ce qui s'est dit, quels ont été les engagements ? Sur cette procédure, ce sont les engagements, les espérances et l'action du président de la République qui sont en avant.
Q.- Et beaucoup de parlementaires traînent les pieds, les socialistes veulent s'abstenir. Beaucoup ne vont pas venir ?
R.- Alors les socialistes sont partagés, vous savez très bien que... c'est le problème de la gauche en France. Il y a un certain nombre de domaines, notamment l'économie de marché, l'Europe, l'énergie, où elle est divisée. Sur l'Europe, elle est divisée, donc elle a décidé de ne pas participer, non, pas à la ratification parce que là nous sommes en train de modifier la Constitution, pour rendre compatible le Traité de Lisbonne avec notre Constitution.
Q.- Il vous faut 3/5èmes des exprimés quand même, sur les 900-905 votants d'aujourd'hui, vous les aurez ? Oui, je ne suis pas du tout inquiet. La ratification va suivre. J.-M. Ayrault proteste, le débat de ratification à l'Assemblée aura lieu dans la nuit du mercredi. Il vous réclame un débat en plein jour, vous êtes prêt à lui donner satisfaction ?
R.- Il y a un problème de calendrier, parce que les deux chambres, l'Assemblée et le Sénat, doivent pouvoir et doivent ratifier. Il y a urgence, l'Europe est en panne, nous avons besoin de plus de démocratie dans l'Europe, c'est ce que va nous apporter ce traité. Nous avons besoin d'une plus grande efficacité dans les politiques économiques, nous voulons défendre, nous, nos services publics, ne pas laisser la concurrence être la seule loi. C'est tout cela qu'il y a dans le traité.
Q.- On peut débattre mercredi après-midi ?
R.- C'est tout cela qu'il y a dans ce traité. Donc il y a urgence, parce qu'à force de repousser, finalement, on ne fait pas ce qui doit être fait.
Q.- Les parlementaires ont protesté contre le rapport Attali, contre le moratoire sur les OGM, sur la foi d'un rapport d'experts. Les experts ont l'impression d'avoir le pouvoir, mais c'est peut-être parce que les parlementaires ne font pas leur travail ?
R.- Eh bien, vous me donnez l'occasion de dire que j'attends avec impatience la réforme institutionnelle, qui va redonner au Parlement la place nécessaire pour un meilleur équilibre du fonctionnement de nos institutions, et je pense que cela sera positif, pour que les Français s'approprient davantage les débats, acceptent davantage ce qui est débattu et ensuite voter. Donc j'attends avec impatience cette réforme.
Q.- Et vous êtes prêt, si les Parlementaires ont beaucoup plus de pouvoir, à accepter le non cumul des mandats : on est parlementaire, c'est le seul métier ?
R.- D'abord, nous accepterons ce que la majorité décidera. A titre personnel, je pense que de se couper de la vie simple du terrain, de la terre de Haute-Savoie, puisque je suis un élu de Haute-Savoie, des problèmes des cités qui sont souvent difficiles, des questions concrètes de la vie quotidienne des Français, des drames qu'ils connaissent, c'est ce qui menace quelqu'un qui ne serait que parlementaire et qui ne serait pas simultanément élu local. C'est mon opinion, je comprends très bien qu'on ne la partage pas.
Q.- Ceux qui cumulent font que, voilà, vous partez en vacances le 9 février jusqu'au 25 mars, pour vous occuper des municipales, pendant ce temps-là les textes restent en rade ?
R.- Ce ne sont pas des vacances, d'une part. Deuxièmement, on légifère déjà beaucoup trop, les Français se plaignent et ils ont raison d'avoir beaucoup trop de lois, beaucoup trop de textes qui les contraignent. Légiférons plus calmement, légiférons mieux, et les choses se passeront encore mieux.
Q.- Les députés sont déprimés, découragés ?
R.- Non, ils ne sont pas déprimés et découragés, ils sont dans l'action. Ils entendent ce que leur disent leurs électeurs : continuez de réformer mais écoutez-nous. Et c'est ce qu'ils font.
Q.- B. Accoyer, merci, bonne journée.
R.- Merci.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 4 février 2008