Texte intégral
Q - Nest-ce pas une petite révolution que de voir les ministres des Affaires étrangères de France et de Grande-Bretagne, vous et Robin Cook, représentants de deux anciennes puissances coloniales rivales, organiser un premier voyage commun en Afrique ?
R - Cest en effet la première fois que des ministres des Affaires étrangères français et britanniques effectuent ensemble un voyage en Afrique dans un pays anglophone, le Ghana, et un pays francophone, la Côte dIvoire. Cette initiative est une illustration de la modernisation de notre politique africaine. Elle marque notre volonté de coordonner notre action chaque fois que cest possible avec celle de nos partenaires européens et même américains. Avec le Portugal, par exemple, nous avons eu une concertation étroite lors de la crise en Guinée-Bissao. Avec les Allemands, nous coopérons dans les pays du Sahel.
Cette visite commune sinscrit dans le prolongement de la Déclaration sur lAfrique adoptée lors du Sommet franco-britannique à Saint-Malo, en décembre dernier et qui prévoit de renforcer sur le terrain la coopération entre nos deux pays.
Q - Vous nauriez donc pas le complexe de « Fachoda », le reproche fait aux responsables français dabandonner lAfrique de lEst, comme il y a un siècle, face aux Anglais ?
R - Il est bien temps de dépasser certains réflexes, séquelles daffrontements historiques qui nont plus de signification aujourdhui. La France, comme ses partenaires africains veut avoir une vision globale du continent. Il nexiste plus de zones dinfluence exclusives, et donc plus non plus de zones interdites, mais bien un réseau dintérêts et de solidarités qui doivent être de plus en plus partagés.
Dans ce contexte, chacun peut constater lintérêt toujours très fort de la France à légard de lAfrique comme en témoigne le nombre de pays africains englobés dans la Zone de solidarité prioritaire.
Q - La Grande-Bretagne na pas toutefois la même politique que la France en Afrique. Elle est par principe « non interventionniste ». Par ce voyage, les Africains peuvent penser que Londres et Paris vont à nouveau se partager lAfrique ?
R - Ce serait un incroyable contresens puisquil sagit au contraire de travailler ensemble dans toute lAfrique. Cette coopération que nous souhaitons mener avec dautres, est le contraire dun partage, concept dun autre temps. Dautre part, les politiques des rares pays qui ont conservé une politique africaine convergent de plus en plus, par exemple en matière de coopération et de maintien de la paix, ce que nos partenaires africains jugent très positif.
Q - Alors, quallez-vous proposer aux Africains ?
R - De coopérer de plus en plus entre eux comme nous allons travailler de plus en plus entre nous.
Q - Vous croyez donc à lAfrique ? Nauriez-vous pas tant soit peu le « coeur africain » ?
R - Je crois que lAfrique a toutes ses chances dans le siècle qui souvre. Jai confiance en elle. Les Africains ont naturellement une responsabilité première dans le devenir de leur continent mais nous pouvons et nous souhaitons les aider à accélérer son développement , y assurer la paix, devenir ce pôle de stabilité indispensable à léquilibre dun monde multipolaire.
Pour ma part, ai-je le « coeur africain » ? Je ne sais si je peux mattribuer de moi-même ce qualificatif que je ressens comme élogieux, eu égard aux valeurs humaines quil évoque. Ce que je sais, cest que je suis toujours sincèrement heureux de me rendre en Afrique, de rencontrer des Africains, de traiter des problèmes de lAfrique, et que ce cinquième voyage depuis que je suis ministre vient en apporter la confirmation.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 mars 1999)
R - Cest en effet la première fois que des ministres des Affaires étrangères français et britanniques effectuent ensemble un voyage en Afrique dans un pays anglophone, le Ghana, et un pays francophone, la Côte dIvoire. Cette initiative est une illustration de la modernisation de notre politique africaine. Elle marque notre volonté de coordonner notre action chaque fois que cest possible avec celle de nos partenaires européens et même américains. Avec le Portugal, par exemple, nous avons eu une concertation étroite lors de la crise en Guinée-Bissao. Avec les Allemands, nous coopérons dans les pays du Sahel.
Cette visite commune sinscrit dans le prolongement de la Déclaration sur lAfrique adoptée lors du Sommet franco-britannique à Saint-Malo, en décembre dernier et qui prévoit de renforcer sur le terrain la coopération entre nos deux pays.
Q - Vous nauriez donc pas le complexe de « Fachoda », le reproche fait aux responsables français dabandonner lAfrique de lEst, comme il y a un siècle, face aux Anglais ?
R - Il est bien temps de dépasser certains réflexes, séquelles daffrontements historiques qui nont plus de signification aujourdhui. La France, comme ses partenaires africains veut avoir une vision globale du continent. Il nexiste plus de zones dinfluence exclusives, et donc plus non plus de zones interdites, mais bien un réseau dintérêts et de solidarités qui doivent être de plus en plus partagés.
Dans ce contexte, chacun peut constater lintérêt toujours très fort de la France à légard de lAfrique comme en témoigne le nombre de pays africains englobés dans la Zone de solidarité prioritaire.
Q - La Grande-Bretagne na pas toutefois la même politique que la France en Afrique. Elle est par principe « non interventionniste ». Par ce voyage, les Africains peuvent penser que Londres et Paris vont à nouveau se partager lAfrique ?
R - Ce serait un incroyable contresens puisquil sagit au contraire de travailler ensemble dans toute lAfrique. Cette coopération que nous souhaitons mener avec dautres, est le contraire dun partage, concept dun autre temps. Dautre part, les politiques des rares pays qui ont conservé une politique africaine convergent de plus en plus, par exemple en matière de coopération et de maintien de la paix, ce que nos partenaires africains jugent très positif.
Q - Alors, quallez-vous proposer aux Africains ?
R - De coopérer de plus en plus entre eux comme nous allons travailler de plus en plus entre nous.
Q - Vous croyez donc à lAfrique ? Nauriez-vous pas tant soit peu le « coeur africain » ?
R - Je crois que lAfrique a toutes ses chances dans le siècle qui souvre. Jai confiance en elle. Les Africains ont naturellement une responsabilité première dans le devenir de leur continent mais nous pouvons et nous souhaitons les aider à accélérer son développement , y assurer la paix, devenir ce pôle de stabilité indispensable à léquilibre dun monde multipolaire.
Pour ma part, ai-je le « coeur africain » ? Je ne sais si je peux mattribuer de moi-même ce qualificatif que je ressens comme élogieux, eu égard aux valeurs humaines quil évoque. Ce que je sais, cest que je suis toujours sincèrement heureux de me rendre en Afrique, de rencontrer des Africains, de traiter des problèmes de lAfrique, et que ce cinquième voyage depuis que je suis ministre vient en apporter la confirmation.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 mars 1999)