Déclaration de Mme Roselyne Bachelot, ministre de la santé, de la jeunesse et des sports, sur le soutien de l'Etat aux entreprises et réalisations des jeunes, notamment par l'action du Conseil National de la Jeunesse, Marly le Roi le 7 février 2008.

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Circonstance : Université d'hiver du Conseil national de la Jeunesse (CNJ) à Marly le Roi le 7 février 2008

Texte intégral


C'est un plaisir pour moi de vous retrouver ici réunis, six mois après notre première rencontre à Strasbourg. Au cours de ce semestre, nous avons appris à nous connaître, vous avez travaillé, nous avons beaucoup réfléchi, nous allons faire mûrir de beaux projets. Ces premiers succès, qui sont d'abord les vôtres, vont conforter le CNJ dans les ambitions que vous vous êtes données pour l'avenir. Je souhaite que le lien de confiance et de dialogue qui s'est tissé entre nous continue à se renforcer, pour que votre engagement au service de la jeunesse trouve un écho toujours plus sonore, auprès des pouvoirs publics et, plus largement dans notre société.
Chaque année, autour du mois de janvier, les « forces vives de la nation » font leur apparition dans les discours de nos politiques. C'est le terme consacré par lequel on s'adresse aux entrepreneurs, aux représentants des associations et des syndicats et aux créatifs de notre pays, à tous ceux qui représentent l'énergie et le progrès pour notre société.
Qui mieux que la jeunesse mérite ce beau nom de forces vives ?
Avant d'évoquer les défis que nous avons à relever ensemble, je veux saluer en vous cette force d'innovation et d'action, cette promesse de changement que vous incarnez pour la France, quelles que soient vos origines, quelles que soient vos idées. L'énergie, l'impatience, et les aspirations qui sont les vôtres, sont aussi une responsabilité. « Vous devez vous employer à faire changer dès maintenant ce qui doit être changé » disait Pierre Mendès-France à la jeunesse, à une époque où, comme aujourd'hui, la France se confrontait à l'urgence de choix déterminants pour son avenir. N'hésitez pas à vous faire entendre, investissez-vous dans la conduite des affaires de ce pays. En tant que ministre de la jeunesse, je serai là pour vous y aider, car il vous appartient de nous guider dans des décisions qui engagent d'abord votre avenir.
En dix ans tout justes, le CNJ a su devenir une courroie de transmission essentielle pour le dialogue entre les générations, un relai entre les aspirations de la jeunesse, l'action de l'Etat, et les attentes de l'opinion publique.
Quand le conseil permanent, et les conseils départementaux de la jeunesse ont vu le jour, en 1998, les médias nous renvoyaient l'image d'une jeunesse difficile, rétive au dialogue et repliée sur elle-même. Le CNJ a joué un rôle clé en s'attachant à montrer le vrai visage de la jeunesse, positif, ouvert et tourné vers l'avenir.
Cette ambition est encore la vôtre aujourd'hui. Les membres du CDJSVA de Seine-Saint-Denis, pour ne citer qu'eux, l'ont récemment montré en rédigeant eux-mêmes un supplément exceptionnel du Monde, intitulé « le Monde du 93 ». Quand la « jeunesse des quartiers » prend la parole dans le quotidien français de référence, l'initiative se doit d'être saluée. Ces jeunes, que j'ai reçus au ministère pour leur dire mon enthousiasme et mon soutien, sont exemplaires de notre volonté commune de rétablir le dialogue entre les âges et les classes de notre société. A ceux qui sont parmi nous aujourd'hui, je veux redire publiquement merci.
Les désirs, les besoins, les préoccupations de la jeunesse sont partagés par les pouvoirs publics. Sans le soutien et l'implication de la DDJS 93, ce supplément du Monde n'aurait pas vu le jour. Le rôle qu'a joué la DDJS ici illustre la mission que les pouvoirs publics doivent assurer auprès de la jeunesse. Il n'appartient pas à l'Etat d'encadrer vos initiatives. Il lui appartient de vous ouvrir des portes, afin de permettre à vos projets d'aboutir. Il appartient aux représentants de l'Etat de vous témoigner la confiance et l'espoir qu'ils plaçent en vous.
Le soutien de l'Etat et de mon ministère se traduit par des actions concrètes.
La semaine prochaine, j'aurai le plaisir de remettre les prix nationaux Envie d'Agir. Ce programme, dont le budget a été renforcé, me tient particulièrement à coeur, car il consacre les réalisations de la jeunesse de notre pays, une jeunesse engagée, motivée et réactive. Le partenariat que je viens de signer avec les missions locales, va nous aider à renforcer la notoriété et l'impact d'Envie d'Agir. Jeunes des quartiers, jeunes des centres-villes, jeunes des pays ruraux : nous devons vous donner les moyens de libérer l'immense potentiel humain qui est le vôtre, d'où que vous veniez.
Nous devons vous donner les moyens de prendre la parole, de croire en vous-mêmes, d'assumer la place qui est la vôtre dans la vie de notre pays. Ce mot de vie est pour moi essentiel : comme le dit Nicolas Sarkozy, « la politique de la vie, c'est une politique qui part du principe que la qualité est plus importante que la quantité, que s'agissant de ce qui touche intimement à la vie, les critères qualitatifs sont plus importants que les critères quantitatifs ». Et d'ajouter : « c'est bien pour cela que la politique existe : parce que tout n'est pas quantitatif ».
En redisant ces mots, je pense à ce jeune homme d'origine cambodgienne, Chay Lo, qui a fondé à 28 ans l'ONG 1001 fontaines pour demain. En 2007, son association a déjà changé la vie de 11 villages au Cambodge, qui ont enfin accès à l'eau potable. Les initiatives comme celles de Chay Lo sont nombreuses, nous devons vous donner la possibilité de vous rencontrer pour partager vos expériences et conjuguer vos forces. C'est pourquoi je souhaite que la « nuit des initiatives » que vous avez proposé de créer dans votre dernier rapport, se tienne en 2009.
Les paris que nous avons à relever ensemble au service de la jeunesse sont nombreux.
Parce que la mondialisation est devenue une réalité, parce que nous voulons y voir une chance et une promesse pour l'avenir, je souhaite que l'Etat s'engage auprès des jeunes pour que l'ouverture des frontières devienne une réalité pour tous. Les stages à l'étranger, les programmes ERASMUS doivent être accessibles à tous. Votre avenir sera placé sous le signe de cette mobilité, de ces voyages « qui font des hommes complets, et changent vingt fois la forme de la pensée et de la vie », pour paraphraser Lamartine.
Je sais que la commission Europe du CNJ fera de ce thème l'axe de ses travaux pour les six mois à venir. La mobilité européenne et internationale des jeunes est désormais une des priorités du gouvernement et de mon ministère, comme en témoigne la nouvelle version du portail jeunesse.gouv.fr.
C'est pourquoi je vous propose, d'organiser d'ici trois mois une séance de travail avec mon cabinet afin que nous puissions étudier vos premières suggestions.
Vous le savez, des programmes de mobilité existent sous l'égide du ministère chargé de la jeunesse, à travers notamment l'OFAJ, l'OFQJ, l'agence française européenne « jeunesse en action ». Je veux aller plus loin et permettre aux jeunes qui ne bénéficient pas d'Erasmus de pouvoir partir.
Les étudiants en cycle long disposent de facilités pour effectuer leur cursus à l'étranger et malgré ces dispositifs, moins de 20 % en profitent et seulement 5 % grâce au programme Erasmus. Les étudiants de cycle court, les jeunes qui n'ont pas poursuivi d'études, les jeunes en recherche d'emploi, les apprentis n'effectuent de séjour à l'étranger que de manière exceptionnelle. Il faut aller plus loin et je veux faire des propositions au Président de la République pour faciliter et développer cette mobilité.
Je souhaite également tirer parti des contours inédits de ce nouveau ministère, alliant la santé, la jeunesse et les sports, pour mettre en place avec vous une politique ambitieuse de prévention des conduites à risque chez les jeunes. Là aussi, je prendrai des initiatives dans les prochaines semaines en faisant des propositions au Président de la République et au Premier ministre.
Notre santé dépend des habitudes et des choix que nous prenons dès l'enfance et l'adolescence. C'est pourquoi je voudrais aussi vous inviter à réfléchir aux initiatives visant à favoriser le bien être des jeunes. L'hygiène de vie, la pratique régulière d'une activité physique et sportive sont essentielles pour faire fructifier notre capital santé.
J'ai parrainé en novembre dernier la semaine du bien être étudiant, belle initiative de l'USEM. Mais nous devons allez plus loin et mettre au point des réformes de fond. Ne bridez pas votre imagination ! Toutes les contributions seront les bienvenues. Les propositions de la commission « Parcours individuel » autour de l'alcool- je pense ici à l'interdiction des open-bars alcoolisés- ont particulièrement retenu mon attention. C'est pourquoi je souhaite que vous soyez étroitement associés au volet de la politique santé que nous allons mettre en place en 2008. Frédéric Badina, président de la commission parcours individuel, vous a représentés lundi dernier lors d'une première réunion jeunes et santé à mon cabinet. Il a exposé les travaux du CNJ, et continuera de porter votre parole auprès du cabinet et de nos services.
Dans six mois, la France prendra la présidence de la communauté européenne. Au cours de ces six mois, notre pays disposera d'une tribune exceptionnelle auprès de nos voisins européens pour mettre en avant ses valeurs et ses atouts. Ai-je besoin de vous le rappeler ? La France est un des pays les plus jeunes de l'Europe. Notre atout majeur, c'est vous ! Nous allons aussi disposer d'une chance unique pour faire avancer l'idée européenne chez nos concitoyens. Ces six mois risquent de passer très vite si nous n'y prenons pas garde. Saisissons cette chance ! Le grand événement jeunesse qui aura lieu à Marseille au début de l'été mettra l'accent sur le dialogue entre les cultures méditerranéennes. Samedi prochain, vous élirez les trois représentants de votre conseil au sein du comité de pilotage de cet événement. Le symbole est fort, je forme le voeu que vos trois élus portent haut les valeurs de votre organisation.
Ces valeurs qui vous rassemblent sont des valeurs d'engagement, de solidarité, et d'initiative. J'ai pu le mesurer en lisant votre rapport d'activité 2006-2007, auquel je viens d'apporter une préface. Vous avez pris sur votre temps libre, vous vous êtes investis sur des questions aussi variées que celles de l'accès à un premier emploi, ou les conditions de vie en prison. Je veux vous en rendre hommage. Si j'évoque ces douze mois de travaux, en conclusion de ce discours, c'est parce que désormais, c'est à vous qu'il revient de leur donner un avenir. Je vous aiderai à prendre tous les contacts nécessaires auprès des ministères concernés par vos propositions. Il vous appartiendra ensuite de les défendre. Votre détermination à vous faire entendre sera la clé de votre succès.
Je vous remercie pour votre engagement et votre attachement à mener à bien cette action collective et capitale pour notre avenir. En cette année olympique, je souhaite que le CNJ s'approprie la belle devise de Pierre de Coubertin : aller plus vite, plus haut, plus fort, pour faire avancer la cause de la jeunesse.
Le CNJ a 10 ans... pas encore l'âge des bilans mais certainement celui des perspectives. En tous les cas, vous l'avez montré : vous avez bien atteint l'age de raison et suis donc rassurée sur les évolutions que vous pouvez souhaiter !
Je vous encourage donc à continuer, avec le même enthousiasme, pour tout ce qui reste à faire !
Je vous remercie.Source http://www.sante-jeunesse-sports.gouv.fr, le 12 février 2008