Déclaration de M. Lionel Jospin, Premier ministre, sur les relations culturelles entre la France et le Québec, Paris le 16 mars 1999.

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Circonstance : Inauguration du Printemps du Québec à Paris le 16 mars 1999

Texte intégral

Toast de M. Lionel Jospin pour l'inauguration du "Printemps du Québec" (Paris, le 16 mars 1999)
Monsieur le Premier ministre,
Mesdames et Messieurs les ministres,
Monsieur l'Ambassadeur,
Monsieur le Délégué général,
Messieurs les Commissaires généraux,
Mesdames, Messieurs,
Le printemps sera bientôt de retour et c'est le Québec, cette année, qui nous en apporte la promesse. C'est pourquoi, outre le plaisir que j'ai à vous revoir, Monsieur le Premier ministre, quelques mois après l'accueil si chaleureux que vous m'avez réservé au Québec, je souhaite vous exprimer mes félicitations pour avoir relevé le défi que constituait l'organisation d'un tel événement culturel.
Ce Printemps doit beaucoup à l'énergie de Madame Louise BEAUDOIN et de Madame Agnès MALTAIS, qui prit sa suite en qualité de ministre de la Culture. Je suis heureux que toutes deux soient aujourd'hui à nos côtés pour présenter cette oeuvre commune. Ce Printemps est franco-québécois : je salue Monsieur Robert LEPAGE, réalisateur québécois de renommée mondiale, qui en a assuré la direction artistique, et le commissaire français, Monsieur Didier FUSILLIER, qui a apporté son expérience de la scène et des festivals. Ce Printemps, enfin, est une oeuvre collective - si collective que je suis désolé de ne pouvoir citer ici tous ses artisans québécois et français.
Par son ampleur, sa durée et l'éclat de ses manifestations, ce Printemps marquera jusqu'en juin prochain la vie culturelle de Paris et d'autres villes françaises.
Il nous présente, d'abord, le visage du Québec d'hier. Une grande exposition organisée par le Musée des Arts et Traditions Populaires et le Musée de la Civilisation de Québec rappelle notre héritage partagé. C'est l'émotion d'un cousinage culturel que nous y retrouverons.
Mais trop de Français, lorsqu'ils abordent le Québec, se contentent encore d'une mémoire enjolivée. Certains Québécois, oubliant que la France est une grande puissance économique, ne recherchent chez nous que le lointain écho de leurs origines. Pour amener les uns et les autres à se regarder d'un oeil neuf, le " Printemps du Québec " devait frapper les perceptions et renouveler les imaginaires.
C'est donc aussi le Québec d'aujourd'hui qu'il nous montre. A travers cette profusion d'activités artistiques, éditoriales, scientifiques et technologiques, le Québec présente à la France son visage contemporain : une société ouverte qui s'enrichit chaque année de plusieurs dizaines de milliers d'arrivants attirés par sa prospérité économique et sa vitalité démocratique ; une collectivité solidaire qui met au premier plan les valeurs de justice et de fraternité ; une culture rayonnante, enfin, que des créateurs féconds font connaître partout dans le monde.
Nous retrouverons aussi la modernité du Québec dans l'exposition technologique du Palais de la Découverte, dans le parcours proposé au Jardin des Tuileries, dans le vaste éventail d'ouvrages offert par l'édition québécoise au Salon du Livre, dans les expositions d'art moderne et les activités menées par l'Office franco-québécois de la jeunesse.
Au-delà de cette manifestation, c'est la Francophonie tout entière que nous aidons à prospérer. Cette saison québécoise sera, je le souhaite, l'occasion de jeter de nouvelles passerelles d'une rive à l'autre de l'Atlantique, de rapprocher nos créateurs et les responsables de nos industries culturelles, de créer les conditions qui faciliteront la production d'oeuvres francophones et franco-québécoises. Les professionnels présents ici sauront prolonger, par leurs initiatives, ce moment privilégié de rencontre entre nos deux cultures.
Mesdames et Messieurs,
Ensemble, affirmons le droit des peuples à conduire, par leurs gouvernements, des politiques volontaristes pour la promotion de leurs cultures. Unissons nos forces pour augmenter et diversifier l'offre de produits de qualité, susciter une nouvelle demande, élargir l'espace de diffusion de nos oeuvres. Et pour être aussi lyrique que le peintre québécois Paul-Emile BORDUAS, je dirai, comme lui : " que ceux tentés par l'aventure se joignent à nous ".
Vive le Québec, vive la France !
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 18 mars 1999)