Déclaration conjointe de MM. Nicolas Sarkozy, Président de la République, et Thabo Mbeki, Président de la République d'Afrique du Sud, sur les relations franco-sud africaines, le maintien de la paix en Afrique, l'Union européenne et l'Afrique, la gouvernance mondiale et la lutte contre le changement climatique, le 28 février 2008.

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Intervenant(s) : 

Auteur(s) moral(aux) : Présidence de la République

Circonstance : Voyage officiel en Afrique du Sud, du 27 au 29 février 2008

Texte intégral

Le président Mbeki et le président Sarkozy se sont réunis aujourd'hui et sont convenus de la déclaration suivante :
Paix et sécurité :
L'Afrique du Sud et la France se félicitent des progrès accomplis en matière de réduction des conflits sur le continent africain. Les deux pays réaffirment que la paix et la sécurité sont une condition essentielle de la croissance sur le continent et dans le monde dans son ensemble et poursuivront leurs efforts communs en ce sens.
L'Afrique du Sud et la France sont convenues que la mise en oeuvre de la politique européenne de sécurité et de défense et celle de l'architecture de paix et de sécurité de l'Union africaine sont d'égale importance pour les opérations de maintien de la paix des Nations Unies. Les deux pays ont décidé de renforcer le partenariat entre l'Union européenne et l'Union africaine, ainsi que le partenariat entre l'Union européenne et l'Afrique du Sud en la matière.
En accord avec les autorités de la République centrafricaine, la Force de défense nationale sud-africaine et les Forces armées françaises ont reçu l'ordre des présidents Mbeki et Sarkozy de s'associer pour mettre en place des actions complémentaires et se renforçant mutuellement, pour aider la République centrafricaine dans le cadre de son programme de réforme du secteur de la sécurité.
L'Europe et l'Afrique :
Le président Mbeki et le président Sarkozy s'accordent à dire que les relations entre l'Europe et l'Afrique ne doivent pas se fonder sur le passé. A cet égard, ils saluent la mise en place d'un partenariat stratégique entre l'Union européenne et l'Afrique du Sud, ainsi que les conclusions du sommet UE/Afrique de Lisbonne. Devant assurer la prochaine présidence du Conseil de l'Union européenne, la France a exprimé sa détermination à mettre en oeuvre pleinement la stratégie conjointe UE-Afrique adoptée lors du sommet. Le président Sarkozy a en outre invité le président Mbeki en France pour le premier sommet UE/Afrique du Sud.
Le président Sarkozy et le président Mbeki ont exprimé leur soutien et leur engagement en faveur de la consolidation des programmes africains, notamment le programme socio-économique du NEPAD sous l'égide de l'Union africaine. Ils partagent le point de vue selon lequel la paix et la sécurité sur le continent africain, ainsi que la croissance et le développement, tout en incombant aux Africains eux-mêmes, font partie intégrante des intérêts stratégiques de l'Europe.
Comme preuve de l'appui à la stratégie de croissance accélérée et partagée de l'Afrique du Sud, le président Sarkozy a décidé que la France contribuerait au programme sud-africain de développement des compétences en organisant un nombre important de formations sur son territoire.
Gouvernance mondiale :
Le président Sarkozy et le président Mbeki partagent l'opinion selon laquelle les défis auxquels le monde doit faire face aujourd'hui ne peuvent être relevés avec succès qu'au sein d'un système multilatéral juste et efficace. Ils prennent note du fait que l'Union européenne et l'Union africaine sont également attachées au multilatéralisme et qu'elles contribuent à un meilleur ordre mondial.
Ils partagent également le point de vue selon lequel une meilleure représentation des positions et des intérêts des pays africains est nécessaire, compte tenu de leur contribution à un meilleur ordre mondial et de leur potentiel de croissance.
Dans cette optique, ils sont déterminés à unir leurs efforts pour mener à bien la réforme et l'élargissement du Conseil de sécurité des Nations Unies, l'élargissement du groupe des pays les plus industrialisés aux puissances mondiales émergentes et la réforme des institutions de Bretton Woods.
Changement climatique :
La France et l'Afrique du Sud sont convenues que cette question ne saurait admettre de division nord/sud : le changement climatique constitue un enjeu vital pour l'humanité tout entière et doit, en tant que tel, être traité par les pays en développement comme par les pays développés, dans le respect du principe de responsabilité commune mais différenciée.
En tant que signataires du protocole de Kyoto, les deux pays réaffirment leur profonde détermination à conclure un accord mondial d'ici 2009. La Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques reste le seul cadre légitime pour mener à bien ces négociations.
La France et l'Afrique du Sud ont décidé de mettre en place un partenariat stratégique dans les domaines de l'énergie et du changement climatique. Ce partenariat favorisera la mise en place d'un bouquet énergétique éco-responsable dans chaque pays, stimulera la croissance et le développement et contribuera à la réduction des gaz à effet de serre.
Relations bilatérales :
Les Président Sarkozy et Mbeki sont convenus d'améliorer et renforcer les relations bilatérales entre la France et l'Afrique du Sud, par le biais de visites ministérielles, consultations politiques de haut niveau, une interaction économique et une coopération bilatérale plus fortes, sous l'égide du Document-cadre de partenariat signé par les deux pays le 11 septembre 2006. La France et l'Afrique du Sud entretiennent actuellement une coopération très étendue, dans les domaines de la science, de la culture, de la sécurité, de la santé, de la défense, et souhaitent étendre ce partenariat commun.
Comme exemple de cette volonté de renforcement de la coopération scientifique et technique, la France et l'Afrique prépareront puis déposeront une demande conjointe d'extension de leur plateau continental respectif au large des îles sud-africaines de Marion et Prince Edouard et de l'archipel français de Crozet, auprès de la Commission des limites du plateau continental, conformément à l'article 76 de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer. Si cette démarche conjointe aboutit, l'Afrique du Sud et la France deviendront des pays voisins disposant d'une frontière maritime commune.Les deux pays ont également décidé de préparer un accord de coopération en matière de lutte contre la pêche illicite et en matière de recherche scientifique sur la faune et la flore marines. Cet accord permettra, par des actions de surveillance conjointes et des échanges d'informations, de renforcer les contributions française et sud-africaine à la lutte contre la pêche illicite dans la zone de la Convention pour la conservation de la faune et de la flore marines de l'Antarctique (CCAMLR).