Texte intégral
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Merci, Monsieur le Président.
Nous sommes sensibles à ces compliments. C'est actuellement la Slovénie qui préside le Conseil de l'Union européenne et la Présidence française ne viendra qu'en juillet. Nous sommes tout à fait disposés, à ce moment-là, à continuer nos efforts, comme nous sommes disposés à le faire maintenant, dans la suite de la Conférence de Paris.
En effet, notre position est claire, le président de la République, M. Sarkozy, l'a répété plusieurs fois. Il a été dit à la Conférence de Paris, qu'un Etat palestinien devait naître, que nous étions sur le chemin de l'existence d'un Etat viable et démocratique à côté de l'Etat israélien.
Nous travaillons donc à la naissance de cet Etat palestinien, nécessaire à la sécurité d'Israël.
Sans cet Etat palestinien, il n'y aura pas de sécurité pour nos amis israéliens.
Nous sommes partisans, nous l'avons déclaré plusieurs fois, de la fin de la colonisation, comme cela a été promis par le Premier ministre israélien.
Mais nous sommes également partisans de l'ouverture des points de passage vers Gaza. Pour nous, la situation quotidienne des Palestiniens n'est pas supportable, aussi bien à Gaza qu'en Cisjordanie.
Nous sommes également partisans de l'arrêt des tirs de roquettes sur Israël. S'il y a des tirs de roquettes sur Israël, on comprend que la réaction israélienne sera également une réaction brutale. Il faut arrêter cela, il faut qu'il n'y ait plus de tirs sur Israël.
Nos amis israéliens le disent, nos amis palestiniens le disent aussi. Nous continuerons, nous sommes obstinés, nous croyons fermement qu'il n'y a pas d'autres solutions que la paix et l'existence de ces deux Etats : Israël-Palestine ; Palestine-Israël.
Nous sommes l'ami des Israéliens, nous sommes l'ami des Palestiniens. C'est très difficile de maintenir cette attitude, mais nous la maintenons.
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Les aides sont déjà arrivées, dès décembre, janvier, l'argent est là. Mais ce sont les projets, l'amorce de ces projets qui manquent et cela n'est pas de notre responsabilité, c'est de la responsabilité des Israéliens et des Palestiniens.
Je crois que le rôle de la France a toujours été clair, nous sommes hostiles à la poursuite de la colonisation, nous l'avons déclaré, le président de la République française l'a déclaré très clairement. Je le dis devant vous, on ne peut pas poursuivre à la fois un processus de paix, faire confiance à ses voisins, construire un Etat palestinien et continuer à bâtir ou à projeter des implantations sur cet Etat palestinien.
Nos amis israéliens connaissent notre position, nous ne leur cachons pas, nous ne leur cacherons pas demain. Nous avons une attitude de franchise avec nos amis israéliens et avec nos amis palestiniens.
Q - Monsieur le Ministre, deux mois et demi se sont écoulés depuis le Sommet d'Annapolis qui a relancé la Feuille de route, considérez-vous que les Israéliens et les Palestiniens, chacun de leur côté, ont réalisé des progrès dans l'application de ce texte et si oui dans quel domaine ?
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R - Je n'emploierai pas le mot ou l'expression ''Feuille de route'' qui rappelle d'autres souvenirs.
Je dirais qu'à partir de la Conférence d'Annapolis, dans le but d'obtenir la création d'un Etat palestinien, il y avait des projets à mettre en place, contenus dans le plan du Premier ministre, M. Salam Fayyad. Ces projets sont trop longs à venir. Même les projets que M. Tony Blair, le Quartet, l'Union européenne, M. Jonas Stoere et la France étaient pratiquement certains de mettre en oeuvre, nous ne les avons pas. Il est vrai que la lenteur est terrible, pas pour nous mais pour les Palestiniens dont la vie quotidienne doit changer avec la réalisation d'un, deux, trois, quatre projets.
Nous sommes prêts, il est vrai que c'est lent, mais, les démarches de paix sont un processus très lent. Il y a des hauts, il y a des bas. Nous sommes dans un bas, cela va remonter, cela va changer. Il y aura des désillusions, il y aura des retours en arrière, cela ne nous découragera pas. Il n'y a pas d'autre solution que la paix, il n'y a pas d'autre solution que deux Etats côte à côte, vivant en entente et en toute pratique démocratique.
Q - Qu'en est-il des progrès réalisés par les Israéliens dans l'implication de la Feuille de route ?
R - Vous savez très bien qu'il n'y a ni progrès suffisants, ni progrès réels et c'est cela que nous déplorons. Cela peut se déclencher, nous l'espérons, demain, mais concernant ces projets sur lesquels nous avons travaillé - je n'ignore pas le rôle des Américains, je n'ignore pas le rôle du suivi de la Conférence d'Annapolis - à partir de la Conférence de Paris, nous avons et l'argent et la volonté de le faire. On ne peut pas dire que nous soyons très satisfaits aujourd'hui, encore une fois d'un point de vue extérieur ; mais c'est surtout les Palestiniens qui ne sont pas satisfaits que leur vie quotidienne ne commence pas à changer un peu. Nous sommes obstinés, nous allons continuer. Nous ne sommes pas désespérés.
Q - Monsieur le Ministre, vous venez de dire que la France est l'amie des Palestiniens et aussi des Israéliens. Le président Sarkozy a annoncé il y a quelques jours qu'il allait venir en Israël pour assister aux célébrations du 60ème anniversaire de la création de l'Etat d'Israël. Est-ce qu'il a l'intention de visiter les Territoires palestiniens à cette occasion aussi ?
R - Je ne connais pas son programme mais cela ne m'étonnerait pas. Le président de la République continue de dire que c'est essentiel : nous sommes les amis des Israéliens, l'existence d'Israël pour nous ne fait aucun doute, et nous n'admettons pas qu'elle soit remise en question. Mais nous sommes les amis des Palestiniens et nous voulons qu'il y ait un Etat palestinien. Cela fait très longtemps que certains d'entre nous pensent ainsi.
Q - (...) Une question pour vous Monsieur le Ministre, si vous le permettez. Vous avez rencontré aujourd'hui la femme de Marouane Barghouti, est-ce lié à votre projet d'aborder aussi la question de Gilat Shalit pendant votre séjour ?
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R - J'ai en effet rencontré la femme de Marouane Barghouti. J'ai fait part du rôle joué par ce dirigeant dans le passé, que tout le monde connaît, un rôle historique par rapport au destin du peuple palestinien et j'ai souhaité qu'il continue de le jouer. Il est bien naturel que je rencontre sa femme puisque Marouane Barghouti est en prison. Mais, cela n'a pas grand chose à voir avec la libération nécessaire de Gilat Shalit. Nous insistons à chacune de nos rencontres dans la région avec la libération nécessaire de Gilat Shalit, et nous continuons de façon très claire à l'exiger.
Q - Est-ce que la libération de Salah Hamouri, le Palestinien français emprisonné en Israël, est aussi nécessaire que celle de Gilat Shalit ?
R - Nécessaire n'est pas le mot. C'est en effet, en tous cas, une exigence que nous présentons, aussi, à chaque fois, à nos amis israéliens.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 février 2008