Texte intégral
Q - Votre réaction à l'indépendance du Kosovo, un problème que vous connaissez mieux que tout autre.
R - J'attendrai demain pour en être heureux et me réjouir du succès des Nations unies. J'attendrai demain pour être tout à fait satisfait de l'action de la communauté internationale. Je salue mes amis kosovars et mes amis serbes en leur disant que ce n'est pas la fin du monde, c'est le début de leur venue dans l'Union européenne.
Et puis c'est la paix.
Q - La France va reconnaître dès demain le Kosovo ?
R - Je vous en parlerai demain. La France a dit qu'elle le reconnaîtrait. Maintenant, il y a une démarche unitaire européenne et l'unité compte plus que la reconnaissance.
Il y aura certainement deux vagues de reconnaissance, nous verrons bien. Il y a des pays qui ont des difficultés. C'est un problème difficile, psychologiquement, philosophiquement, moralement, de reconnaître un nouveau pays dans les frontières de l'ancienne Europe.
Q - Le Proche-Orient, vous quittez cette région après un dernier entretien avec Ehud Olmert. Vos impressions : vous avez entendu des Palestiniens qui ne sont pas contents, les Israéliens aussi ont pas mal de revendications. Qu'est-ce que la France peut faire aujourd'hui ?
R - Je ne sais pas ce que la France peut faire - la France et l'Union européenne d'ailleurs, les deux, je crois que nous comptons -, il y a eu des demandes formidables adressées à la France et à l'Union européenne.
Ce que je sais, ce que j'ai compris c'est que les pourparlers vont bien et que ceux qui en sont responsables, c'est-à-dire le Premier ministre israélien et le président de l'Autorité palestinienne, d'un côté, puis les ministres des Affaires étrangères, Mme Tzipi Livni et M. Abu Ala, de l'autre, pensent que cela va bien.
En revanche, les Palestiniens pensent que cela va mal dans leur vie quotidienne. Ils ne voient pas d'amélioration. Et puis, les gens de Gaza, qui souffrent épouvantablement, qui souffrent vraiment trop, ne voient pas d'améliorations non plus.
Il faut que ces deux réalités s'équilibrent. D'un côté, il y a un espoir, mais de l'autre, techniquement, on n'avance pas. Je sais que c'est difficile, n'oublions pas que l'on parle de la paix, de la création d'un Etat palestinien nécessaire à la sécurité d'Israël et nécessaire à sa propre sécurité. Le processus va être plus long que prévu, je le crois, mais je ne perds pas espoir. Je dis à nos amis israéliens et palestiniens : "mes amis parlez-vous un peu plus".
J'ai vu de formidables ONG, telles que "Physicians for Human Rights", dont les médecins israéliens vont tous les jours, toutes les semaines, dans les villages palestiniens. Ils y rencontrent 300, 400 personnes : c'est cela la réconciliation et la fraternité.
Les malades palestiniens sont, grâce à eux, soignés dans les hôpitaux israéliens. Les rôles peuvent s'inverser. J'ai vu des gens formidables. Leur action est nécessaire et rend plus supportable cette nécessaire lenteur.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 février 2008