Texte intégral
Q - (A propos de la situation actuelle dans les Territoires palestiniens)
R - Abou Mazen et Ehud Olmert sont satisfaits de leurs pourparlers. Des discussions sont en cours. A un autre niveau, Tzipi Livni et Abou Ala sont eux aussi satisfaits. Mais la population ne l'est pas parce qu'absolument rien ne change dans la vie quotidienne des Palestiniens. Regardez Gaza, où les gens vivent dans des conditions épouvantables, où ils souffrent atrocement. Aussi, cela ne se fera pas du jour au lendemain.
Nous devons supporter cette lenteur, avec ces hauts et ces bas, comme dans tout processus de paix. Mais il faut faire quelque chose. Nous devons donner des preuves, vous devez donner des preuves. Je ne parle pas au nom des Israéliens, mais vous devez prouver que la vie quotidienne peut changer, c'est-à-dire donner à la Cisjordanie, aux Palestiniens de Cisjordanie, un peu de liberté de circulation, en levant certains barrages, en leur offrant un réel changement. Vous devez, et nous devons, nous, la communauté internationale, c'est-à-dire la Ligue arabe, l'Autorité palestinienne et l'Union européenne dont la France, proposer de rouvrir les points de passage à Gaza et de contrôler cela. Nous avons besoin de la négociation. Ce mot est affreux et je ne veux pas utiliser le mot de négociation, mais plutôt d'accord. Le Hamas doit cesser ses tirs de roquettes Qassam sur Israël, et Israël doit cesser de répliquer.
Q - Donc Israël doit négocier avec le Hamas ?
R - Cela a déjà été fait, des pourparlers sont en cours. Ils ne discutent pas directement, mais par l'intermédiaire de l'Egypte, à propos de Gilad Shalit. Il faut qu'ils libèrent Gilad Shalit.
Q - Donc, même si Israël craint que le Hamas ne profite du cessez-le-feu pour se renforcer.
R - Oui, mais il en est toujours ainsi. Nous devons saisir cette opportunité, et saisir une opportunité, c'est prendre un risque. Je ne leur demande pas de parler directement au Hamas, c'est à eux de décider. Je n'ai pas de conseil à leur donner.
Q - Mais vous dites qu'ils doivent parvenir à un cessez-le-feu.
R - Parvenir à un cessez-le-feu par l'intermédiaire de leurs alliés, leur peuple, leurs amis. Nous sommes très proches de nos amis israéliens, et aussi de nos amis palestiniens, donc, on verra.
Q - Va-t-on empêcher l'Iran de devenir une puissance nucléaire ?
R - Je ne veux pas parler de cela, car ce serait trop long.
Q - Mais c'est vital pour les Israéliens.
R - C'est vital aussi pour le reste du monde. Nous devons discuter avec les Iraniens, mais, en même temps, et nous l'avons fait, nous devons proposer des sanctions, de nouvelles sanctions. Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité et les Allemands, nous avons le même accord qu'en septembre dernier: d'un côté, les sanctions, de l'autre, le dialogue. Telle est la stratégie française.
Q - Vous avez dit que, d'ici la fin 2008, un Etat palestinien devra avoir été établi. Pensez-vous qu'ils mettront en oeuvre la première étape de la Feuille de route d'ici à la fin de cette année ?
R - Je ne sais pas, je l'espère ! C'est impossible de répondre. Je pense que cela prendra plus de temps. Si par miracle cela se réalisait, un Etat pour le peuple palestinien, ce sera très bien accueilli par le monde entier. Donc, il faut essayer, mais je ne sais pas, car, dans la pratique, il faut non seulement des discussions, mais aussi des résultats. Donc, nous verrons. Pour le moment, nous devons encourager, donner de l'espoir, donner une chance au peuple.
Q - (inaudible)
R - Mais cela pourrait se faire par l'intermédiaire de la société civile. La société civile peut le faire, alors pourquoi pas les politiques ? Il faut agir comme le font les "Médecins pour les Droits de l'Homme" dans les villages palestiniens, lorsque des patients palestiniens sont soignés dans des hôpitaux israéliens : c'est comme cela qu'il faut faire, mais cela prend du temps.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 février 2008