Déclaration de Mme Roselyne Bachelot, ministre de la santé, de la jeunesse et des sports, sur les femmes et le sport, Paris le 7 mars 2008.

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Circonstance : Remise des prix de la cérémonie "Femmes et sports" à Paris le 7 mars 2008

Texte intégral

C'est pour moi une joie de vous retrouver en cette veille de journée de la femme, une joie de féliciter les lauréates du prix « Femmes et Sports », que nous distinguons aujourd'hui dans un lieu hautement symbolique de l'excellence française.
En contrebas de cette tour, au moment où nous parlons, les salles du rez-de-jardin de la Bibliothèque Nationale de France bruissent des pages que tournent des hommes et des femmes, rassemblés à parts égales, pour travailler à l'avenir de notre recherche en droit, en mathématiques, ou en lettres.
Personne ne s'étonne plus de voir des femmes parvenir à de hauts postes de responsabilité dans les universités. Sans doute, l'idée même de récompenser des travaux de recherche, parce que leur auteur serait une femme, ferait-elle sourire, voire plus sûrement, grimacer.
Dans le sport, les femmes ne bénéficient pas encore de ce privilège qu'est l'indifférence à leur différence.
Nous le savons, si elles sont près de 50% aujourd'hui à pratiquer une activité sportive, elles restent encore minoritaires parmi les titulaires de licences. Ce phénomène est encore plus sensible dans le monde du handisport où les sportives ne comptent que pour un quart des sportifs.
C'est pourquoi une manifestation telle que le concours national « femmes et sport » représente une initiative juste et belle, une initiative nécessaire, et je tiens à remercier Maud Fontenoy d'avoir accepté de présider son jury.
En vous mettant à l'honneur, mesdames, mesdemoiselles, nous avons voulu rendre hommage à votre détermination, à votre volonté de réussir, et à votre talent pour l'esprit d'équipe. Cet honneur se double aussi d'une responsabilité, puisque vous voilà désormais investies d'une mission : promouvoir autour de vous l'image et le rôle des femmes dans le sport, prouver qu'elles y ont leur place et que le sport à tout à gagner à la leur donner.

Aujourd'hui, nous avons à nous mobiliser face à deux grands enjeux.
* Les femmes sont encore trop rares aux postes de responsabilité dans le sport.
* Dans les quartiers sensibles, elles rencontrent plus de difficultés qu'ailleurs pour s'initier au sport, ou pour le pratiquer à haut niveau.
Sur ces deux fronts, le ministère de la santé, de la jeunesse et des sports s'engage. Nous consacrons chaque année plus de 8,4millions d'euros à une politique volontariste, destinée à promouvoir la place des femmes dans le sport.
Dans les quartiers sensibles, nous soutenons les initiatives qui encouragent les femmes à pratiquer une activité sportive, qu'elle soit occasionnelle ou régulière, licenciée ou non.
Nous nous mobilisons aussi pour que les femmes montent en puissance dans les instances dirigeantes du sport- sport féminin ou masculin, n'y voyons pas de différence.
Si nous sommes rassemblés aujourd'hui, c'est pour que, demain, le concours « femmes et sport » n'ait plus lieu d'être. Je forme le voeu que dans un avenir proche, on ne s'étonne pas plus de voir des femmes dirigeantes de club, arbitres, cadres techniques, que de croiser des chercheuses dans les couloirs de la Bibliothèque Nationale.
Et si j'insiste tant sur notre voisinage aujourd'hui avec le monde universitaire, si j'évoque pour la deuxième fois cet autre voie que peut emprunter la volonté et le talent, c'est parce que le sport n'est pas qu'un moyen de préserver sa santé.
Je vous épargnerai la métaphore rebattue du sport « école de la vie ». On vous l'a trop souvent répétée pour que vous puissiez l'entendre encore.
Je garde cependant une conviction : le sport, en particulier pour les femmes, est un moyen unique de se connaître, de prendre confiance en soi, et d'apprendre à avoir envie de se dépasser.
Le sport, et le goût de l'excellence qu'il vous enseigne, peuvent même vous emmener hors des frontières de votre discipline d'origine.
Ainsi, sans vouloir diminuer ton mérite, cher Bernard, tu sais que tu n'es pas le seul, au gouvernement, à être médaillé d'un championnat de France.
Si vous tournez la tête vers cette baie vitrée, vous apercevrez, de l'autre côté de la Seine, le grand ministère que dirige une ancienne médaille de bronze aux championnats de France de natation synchronisée. Il s'agit évidemment de Christine Lagarde, pour qui j'ai une pensée amicale aujourd'hui.
Nombreuses sont celles qui comme Christine, pourraient témoigner de tout ce que le sport leur a apporté.
Je sais aussi que nos entreprises accordent une place croissante dans leur recrutement à celles et ceux qui se sont distingués par leur parcours sportif. Les recruteurs savent en effet d'expérience, que la détermination qu'il faut pour réussir dans le sport, la discipline, la capacité de travailler avec les autres et de se projeter dans l'avenir, s'apprennent autant, sinon mieux, dans le sport qu'à l'université.
Et c'est en cela aussi que le sport, une fois de plus, est une école, une école de la vie sans doute, mais aussi et surtout une grande école.
Et maintenant, tournons nous sans plus attendre vers nos lauréates !
Je vous remercie.

Source http://www.jeunesse-sports.gouv.fr, le 11 mars 2008