Interview de Mme Anne-Marie Idrac, secrétaire d'Etat chargée du commerce extérieur, aux "Echos" le 20 mars 2008, sur son analyse de la situation déficitaire du commerce extérieur français.

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Q - Vous prenez vos fonctions dans un contexte peu favorable. Le déficit commercial a atteint un niveau record de 39,2 milliards d'euros en 2007. Quelle analyse faites-vous de la situation française ?
R - La situation du commerce extérieur français n'est pas bonne. On ne peut pas le nier. Tout le monde le sait, et l'analyse a déjà été faite par Hervé Novelli, qui m'a précédée, ou bien encore Christine Lagarde. Je viens d'arriver et je ne peux que reprendre ces analyses. Comment puis-je agir ? Il y a bien sûr des choses sur lesquelles, en tant que secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, je ne pourrai pas avoir d'influence et d'impact direct. C'est le cas du dollar faible ou bien encore du coût élevé des matières premières qui est tiré par la croissance de ce que l'on appelle généralement les "Bric" (Brésil, Russie, Inde et Chine). L'enjeu pour moi sera donc de trouver des leviers pratiques pour permettre un plus grand rayonnement des entreprises françaises à l'étranger et agir sur ce qui me semble être actuellement les deux principaux problèmes de la France : d'une part, celui du nombre des PME françaises exportatrices qui baisse régulièrement et est surtout nettement inférieur à ce que l'on constate en Allemagne ; d'autre part, le turnover important des exportateurs français. On constate en effet qu'une majorité d'entre eux n'exportent souvent pas plus d'une fois. C'est une très belle mission. Et je me réjouis de faire partie de l'équipe de Christine Lagarde.
Q - Comment comptez-vous vous y prendre ? Avez-vous déjà défini la manière dont vous comptez travailler pour réaliser ces objectifs et permettre un redressement du commerce extérieur français ?
R - Je compte avant tout aller sur le terrain, à la rencontre des entreprises, mais aussi des autres acteurs que sont notamment les chambres de commerce et d'industrie. Je veux mobiliser les énergies et les réseaux qui existent en France. Je prévois d'ailleurs une série de déplacements en province, pour échanger avec les entreprises. Le premier aura lieu dès la semaine prochaine.
Quant aux outils utilisables, je verrai. Il est clair dans mon esprit que le portage de PME peut être intéressant pour les aider à aborder l'international et leur donner du coeur au ventre.
Mon agenda international est aussi chargé avec les discussions OMC, la prochaine présidence de l'Union européenne par la France et aussi le projet d'Union méditerranéenne. Mes premiers déplacements hors de l'Hexagone se feront d'ailleurs dans cette région dès la fin du mois : en Egypte, en Tunisie et aussi en Libye à l'occasion de la Foire de Tripoli.
Q - Outre une expérience ministérielle antérieure - au secrétariat d'Etat aux Transports -, vous avez dirigé deux entreprises du secteur public - la RATP et la SNCF. Que pensez-vous que cette expérience en entreprise vous apporte dans vos nouvelles fonctions ?
R - Je pense que cela m'a avant tout apporté une grande ouverture d'esprit, la culture du résultat, la capacité d'être à l'écoute des autres et de travailler en équipe. C'est ce que je souhaite continuer de faire à Bercy.
Je compte mobiliser tous les acteurs du commerce extérieur français. Et mobiliser veut dire être engagé à fond et être capable d'innover.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 mars 2008