Texte intégral
C. Barbier.- Confirmez-vous que la France va envoyer 1.000 hommes de plus en Afghanistan, comme The Times l'a révélé ce week-end ?
R.- Les choses ne se résument pas au seul envoi de troupes en Afghanistan. Le président de la République a écrit à ses homologues, en leur disant que la réponse n'était pas seulement militaire, qu'il fallait une approche globale sur la question de l'Afghanistan.
Q.- C'est-à-dire ?
R.- Cette approche globale, c'est de considérer que, premièrement, il faut, en effet, avoir un contrôle de la situation pour lutter contre le terrorisme, parce que ce qui se passe en Afghanistan nous concerne et concerne notre sécurité. Il y a un immense arc de crises qui va de l'Océan Atlantique à l'Afghanistan et qui passe à travers l'Afrique ; cet arc de crises est source de terrorisme et donc, source de menaces pour nous. Deuxièmement, ce qui se passe en Afghanistan, c'est une production d'opium considérable ; 93 % des exportations d'opium dans le monde proviennent d'Afghanistan. Et troisièmement, si l'Afghanistan venait à être dans les mains du terrorisme ou de telle ou telle faction islamiste, on voit très bien les conséquences de déséquilibre dans la région. Et donc, notre présence est indispensable dans ce pays. Cependant, elle ne doit pas être que militaire. Il faut que l'ensemble des alliés en Afghanistan assure à la fois le contrôle militaire, la lutte contre le terrorisme, mais en même temps, la formation de l'armée nationale afghane - ce que fait la France - ; en même temps aussi, faire en sorte que l'on mette en place les conditions de développement de l'Afghanistan, c'est une des questions que le président de la République a posée ; faire en sorte aussi, qu'on améliore la gouvernance de l'Afghanistan, et enfin, qu'on fasse en sorte que, progressivement, l'Afghanistan prenne en main son destin, c'est-à-dire, qu'"on afghanise" un certain nombre de zones, d'institutions, pour que progressivement la machine se mette en route. C'est tout cela qui doit concerner...
Q.- Mais nos hommes iront là-bas pour combattre ou pour former ?
R.- Nos hommes iront pour contrôler la situation, assurer la sécurité et la stabilité, comme nous le faisons à travers le contrôle de la zone de Kaboul, puisque nous contrôlons la zone centre, et aussi pour former l'armée nationale afghane, comme nous le faisons déjà.
Q.- L'an dernier, le candidat Sarkozy était plutôt sur la ligne du désengagement, comme le président Chirac d'ailleurs. Il y a donc un changement de stratégie ?
R.- Non, il n'y a pas de changement de stratégie. Il y a simplement le constat que ce qui se passe en Afghanistan nous concerne et concerne notre sécurité ; que nous avons à y jouer notre rôle, mais que cela ne doit pas être seulement un rôle de stabilisation, de contrôle, de maintien de la paix, de formation. Mais cela doit être aussi un rôle, pour l'ensemble des alliés, qui est un rôle de fixer une perspective de développement pour l'Afghanistan.
Q.- Désengagement, renforcement, c'est quand même contradictoire d'une année sur l'autre ? La situation s'est tellement dégradée ?
R.- Non, la situation ne s'est pas dégradée. On est sur une espèce de plateau. La situation s'est nettement améliorée pendant une période ; elle s'est ensuite, c'est vrai, dégradée dans un certain nombre de régions, mais nous avons globalement plutôt le contrôle militaire de l'opération. Mais on voit très bien que le contrôle militaire ne suffit pas, qu'il faut un plan global pour l'Afghanistan, et c'est de cela dont le président de la République va discuter à Bucarest, et c'est à partir des réponses qui seront apportées à cette démarche globale, que le président de la République décidera ou non de mettre des forces supplémentaires.
Q.- Bucarest, c'est le Sommet de l'Otan la semaine prochaine. Y a-t-il aussi, derrière cette nouvelle stratégie en Afghanistan, la volonté de mieux peser dans l'Otan, de préparer la réintégration de la France complète dans les instances de décision ?
R.- Non, ce sont deux choses différentes. Nous sommes dans l'Alliance, ce n'est pas nouveau, nous y avons toujours été, nous avons toujours participé à l'ensemble des opérations militaires de l'Otan...
Q.- Mais nous voulons peser plus ?
R.- Que nous voulions peser plus alors que nous participons beaucoup - nous représentons 10 à 11 % du budget de l'Alliance atlantique aujourd'hui -, et donc ça, c'est naturel. Mais il ne faut pas lier la volonté que nous avons de rénover l'Alliance atlantique, mais aussi de renforcer l'Europe de la Défense avec la question de l'Afghanistan.
Q.- L'opposition, en France, veut débattre de tout cela à l'Assemblée nationale. Êtes-vous prêt à accorder ce débat à l'opposition ?
R.- On va voir comment les choses se passent. Les institutions ne prévoient pas de débats en tant que tels. Il ne faut pas être fermés non plus à toute discussion sur ce sujet, et je pense qu'il peut tout à fait y avoir, par exemple, un moment consacré au sein des commissions de la défense, à cette discussion.
Q.- Une audition du ministre, par exemple, sur ce sujet ?
R.- Oui.
Q.- Il y a des menaces récentes formulées par Ben Laden. Y a-t-il un lien entre ces menaces et notre retour en Afghanistan, notre renforcement ?
R.- Non, non, il n'y a pas de lien direct.
Q.- Le Président a expliqué la semaine dernière qu'il ferait "les bons choix budgétaires, longtemps occultés - a-t-il même dit - permettant des économies sans affaiblir notre armée". Alors quels seront ces choix ?
R.- Tout d'abord, le président de la République, dans son discours de Cherbourg, qui est un discours fondateur, a rappelé l'engagement de la France à maintenir son effort de Défense. Cependant, le seul maintien de cet effort de Défense ne nous permet pas de financer la totalité des équipements qui sont en cours de développement et de fabrication. Nous sommes en train de changer la totalité de nos grands équipements - avions, bateaux -, bref, la totalité de nos équipements est en cours de renouvellement. Par ailleurs, nous avons le besoin et la nécessité d'adapter en permanence notre outil de Défense. Vous voyez bien que, depuis 1994, le monde a changé, et donc, nous devons adapter notre outil de défense aux nouvelles menaces et aux nouveaux risques. Quand on ajoute le besoin de dégager des marges de manoeuvre, la nécessité de nous adapter pour répondre aux nouvelles menaces et aux nouveaux risques, vous voyez bien que nous sommes obligés de bouger et de nous adapter. Le propre même de la Défense, c'est de nous adapter en permanence. Et d'ailleurs, notre histoire a montré que, quand nous oublions de nous adapter, il peut arriver des périls importants pour la nation.
Q.- Tout cela, avec des contraintes financières européennes assez fortes. Alors, est-ce que la réponse, l'adaptation c'est, comme on le dit, 50.000 emplois civils et militaires de moins, 53 sites fermés ?
R.- Il n'y a pas d'objectifs chiffrés ; on n'est pas là en train de se dire : combien faut-il supprimer de postes...
Q.- Le 8 avril, vous ne direz pas cela aux cadres de la Défense ?
R.- Je dirai aux cadres : "nous allons modifier en profondeur la gouvernance du ministère, faire en sorte qu'on mutualise les moyens, faire en sorte que, on supprime les doublons et les duplications, faire en sorte que, l'ensemble des Armées travaille en commun, comme elles savent si bien le faire quand elles sont en opérations extérieures". Au lieu d'avoir des systèmes en tuyaux d'orgues, armée par armée, je veux un système où chacun, où tout le mode travaille ensemble, et où on fait en sorte qu'il n'y ait plus des services dédi??s par armée, qu'il y ait en revanche, ce qu'on appellera des "bases de défense", c'est-à-dire, des services de soutien et d'administration générale qui soient au profit de la totalité des forces pour que nous ayons un meilleur système qui fonctionne mieux, et qu'en même temps, on puisse, en effet, effectuer des économies pour dégager les marges de manoeuvre dont on a besoin pour l'équipement des forces. Parce que sinon, nous n'arriverons pas à moderniser notre outil de Défense, et pour, aussi, améliorer la condition militaire.
Q.- Vous souhaitez conserver la présidence du Nouveau Centre. Le député et maire de Drancy, J.-C. Lagarde, vous dispute le poste. Il considère que c'est peu compatible, chef de parti avec ministre de la Défense. Que lui répondez-vous ?
R.- Je lui réponds très simplement que, j'ai cru voir dans l'histoire récente des dernières décennies, qu'en général, les présidents de partis et les ministres, ça cohabitent assez bien ensemble.
Q.- II recommande de ne pas être trop "béni oui-oui avec l'UMP". Alors, par exemple, sur les institutions, qu'allez-vous réclamer, exiger, pour voter le texte en l'état ou non ?
R.- Sur le sujet, nous avons commencé à engager des discussions au sein du groupe parlementaire du Nouveau Centre ; nous avons eu des réunions de travail sur le sujet. Nous tenons, par exemple, à la proportionnelle ; nous tenons par exemple, au fait qu'on assure clairement l'indépendance du pouvoir judiciaire ; nous tenons par exemple, aussi, au fait que l'on mette en place des mécanismes assurant l'impartialité de l'Etat dans les nominations des plus hautes fonctions administratives ou des plus grandes responsabilités d'entreprises publiques. Bref, on a, pour un certain nombre de sujets, déjà calé l'essentiel de nos propositions. Nous allons le faire définitivement à travers un travail que nous présenterons...
Q.- Elles sont négociables, quand même ?
R.- Elles sont négociables, mais il y a un certain nombre de points sur lesquels nous tenons absolument à ce que l'on progresse. Je pense par exemple à l'instauration d'une dose de proportionnelle aux législatives.
Q.- Vous ne cèderez pas là-dessus ?
R.- On verra bien, mais on n'est pas partis pour céder.
Q.- L'UMP recherche un mode d'association avec le Nouveau Centre, confédération, lieu de débats. Avec qui discutez-vous ? Avec F. Fillon, N. Sarkozy, P. Devedjian, J.-P. Raffarin ?
R.- On peut discuter avec les quatre en même temps.
Q.- Mais votre souhaite, c'est plutôt de vous adresser ...
R.- Non, non, on discute...La confédération, pour quoi faire ? Que faire de cette confédération politique ? S'agit-il d'un lieu où on accorde des investitures ? S'agit-il d'un lieu où simplement on discute ? S'agit-il d'un lieu, où on engage une réflexion programmatique ? Ce que l'on veut savoir c'est : que fait-on de cette confédération ? Est-ce que la confédération est simplement un système réducteur ou au contraire, il s'agit de faire en sorte qu'on ait un lieu de débats, en ayant le spectre politique le plus large possible ? Nous, nous voulons réincarner l'UDF, c'est-à-dire, la force qui assurait, qui défendait l'idée de la liberté, et qui défendait l'idée de la justice.
Q.- Alors, vous aviez lancé un appel aux déçus du MoDem au lendemain des municipales. Combien vous ont rejoint ? Quelles personnalités vous ont rejointes ?
R.- Nous avons avoir beaucoup d'élus qui ont toujours été dans des alliances avec l'UMP, hier, avec le RPR, qui, en effet, ne comprennent plus cette stratégie du MoDem, qui est totalement illisible politiquement, et qui par ailleurs, on le voit bien, cherche à se déporter à gauche et à devenir la première force d'opposition à gauche. Et par ailleurs, nous voyons arriver chaque semaine des centaines de militants supplémentaires.
Q.- R. Yade est prête à recevoir le Dalaï-Lama. Et vous ?
R.- Je ne suis pas ministre des Affaires étrangères. D'une part, ce que je crois, c'est qu'il faut inviter, comme l'a fait le président de la République à faire preuve de dialogue, d'ouverture, et rappeler aussi que la République Populaire de Chine, que nous avons reconnue si je me souviens bien, en 1964, et c'est le général de Gaulle. Quand on a reconnu la République populaire de Chine, on l'a reconnue dans ses frontières actuelles. Il faut, à la fois, inviter à la modération, ce qu'a fait le président de la République, inviter au dialogue, et aussi, se rappeler que la République populaire de Chine a été reconnue dans ses frontières actuelles.
Q.- Faudra-t-il boycotter ? Les politiques français vont-ils boycotter la cérémonie d'ouverture ?
R.- Je crois que, avant d'en arriver là, il faut bien peser les choses. Les sportifs ne peuvent pas être, allais-je dire, les instruments uniques d'une volonté politique quelle qu'elle soit.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 25 mars 2008
R.- Les choses ne se résument pas au seul envoi de troupes en Afghanistan. Le président de la République a écrit à ses homologues, en leur disant que la réponse n'était pas seulement militaire, qu'il fallait une approche globale sur la question de l'Afghanistan.
Q.- C'est-à-dire ?
R.- Cette approche globale, c'est de considérer que, premièrement, il faut, en effet, avoir un contrôle de la situation pour lutter contre le terrorisme, parce que ce qui se passe en Afghanistan nous concerne et concerne notre sécurité. Il y a un immense arc de crises qui va de l'Océan Atlantique à l'Afghanistan et qui passe à travers l'Afrique ; cet arc de crises est source de terrorisme et donc, source de menaces pour nous. Deuxièmement, ce qui se passe en Afghanistan, c'est une production d'opium considérable ; 93 % des exportations d'opium dans le monde proviennent d'Afghanistan. Et troisièmement, si l'Afghanistan venait à être dans les mains du terrorisme ou de telle ou telle faction islamiste, on voit très bien les conséquences de déséquilibre dans la région. Et donc, notre présence est indispensable dans ce pays. Cependant, elle ne doit pas être que militaire. Il faut que l'ensemble des alliés en Afghanistan assure à la fois le contrôle militaire, la lutte contre le terrorisme, mais en même temps, la formation de l'armée nationale afghane - ce que fait la France - ; en même temps aussi, faire en sorte que l'on mette en place les conditions de développement de l'Afghanistan, c'est une des questions que le président de la République a posée ; faire en sorte aussi, qu'on améliore la gouvernance de l'Afghanistan, et enfin, qu'on fasse en sorte que, progressivement, l'Afghanistan prenne en main son destin, c'est-à-dire, qu'"on afghanise" un certain nombre de zones, d'institutions, pour que progressivement la machine se mette en route. C'est tout cela qui doit concerner...
Q.- Mais nos hommes iront là-bas pour combattre ou pour former ?
R.- Nos hommes iront pour contrôler la situation, assurer la sécurité et la stabilité, comme nous le faisons à travers le contrôle de la zone de Kaboul, puisque nous contrôlons la zone centre, et aussi pour former l'armée nationale afghane, comme nous le faisons déjà.
Q.- L'an dernier, le candidat Sarkozy était plutôt sur la ligne du désengagement, comme le président Chirac d'ailleurs. Il y a donc un changement de stratégie ?
R.- Non, il n'y a pas de changement de stratégie. Il y a simplement le constat que ce qui se passe en Afghanistan nous concerne et concerne notre sécurité ; que nous avons à y jouer notre rôle, mais que cela ne doit pas être seulement un rôle de stabilisation, de contrôle, de maintien de la paix, de formation. Mais cela doit être aussi un rôle, pour l'ensemble des alliés, qui est un rôle de fixer une perspective de développement pour l'Afghanistan.
Q.- Désengagement, renforcement, c'est quand même contradictoire d'une année sur l'autre ? La situation s'est tellement dégradée ?
R.- Non, la situation ne s'est pas dégradée. On est sur une espèce de plateau. La situation s'est nettement améliorée pendant une période ; elle s'est ensuite, c'est vrai, dégradée dans un certain nombre de régions, mais nous avons globalement plutôt le contrôle militaire de l'opération. Mais on voit très bien que le contrôle militaire ne suffit pas, qu'il faut un plan global pour l'Afghanistan, et c'est de cela dont le président de la République va discuter à Bucarest, et c'est à partir des réponses qui seront apportées à cette démarche globale, que le président de la République décidera ou non de mettre des forces supplémentaires.
Q.- Bucarest, c'est le Sommet de l'Otan la semaine prochaine. Y a-t-il aussi, derrière cette nouvelle stratégie en Afghanistan, la volonté de mieux peser dans l'Otan, de préparer la réintégration de la France complète dans les instances de décision ?
R.- Non, ce sont deux choses différentes. Nous sommes dans l'Alliance, ce n'est pas nouveau, nous y avons toujours été, nous avons toujours participé à l'ensemble des opérations militaires de l'Otan...
Q.- Mais nous voulons peser plus ?
R.- Que nous voulions peser plus alors que nous participons beaucoup - nous représentons 10 à 11 % du budget de l'Alliance atlantique aujourd'hui -, et donc ça, c'est naturel. Mais il ne faut pas lier la volonté que nous avons de rénover l'Alliance atlantique, mais aussi de renforcer l'Europe de la Défense avec la question de l'Afghanistan.
Q.- L'opposition, en France, veut débattre de tout cela à l'Assemblée nationale. Êtes-vous prêt à accorder ce débat à l'opposition ?
R.- On va voir comment les choses se passent. Les institutions ne prévoient pas de débats en tant que tels. Il ne faut pas être fermés non plus à toute discussion sur ce sujet, et je pense qu'il peut tout à fait y avoir, par exemple, un moment consacré au sein des commissions de la défense, à cette discussion.
Q.- Une audition du ministre, par exemple, sur ce sujet ?
R.- Oui.
Q.- Il y a des menaces récentes formulées par Ben Laden. Y a-t-il un lien entre ces menaces et notre retour en Afghanistan, notre renforcement ?
R.- Non, non, il n'y a pas de lien direct.
Q.- Le Président a expliqué la semaine dernière qu'il ferait "les bons choix budgétaires, longtemps occultés - a-t-il même dit - permettant des économies sans affaiblir notre armée". Alors quels seront ces choix ?
R.- Tout d'abord, le président de la République, dans son discours de Cherbourg, qui est un discours fondateur, a rappelé l'engagement de la France à maintenir son effort de Défense. Cependant, le seul maintien de cet effort de Défense ne nous permet pas de financer la totalité des équipements qui sont en cours de développement et de fabrication. Nous sommes en train de changer la totalité de nos grands équipements - avions, bateaux -, bref, la totalité de nos équipements est en cours de renouvellement. Par ailleurs, nous avons le besoin et la nécessité d'adapter en permanence notre outil de Défense. Vous voyez bien que, depuis 1994, le monde a changé, et donc, nous devons adapter notre outil de défense aux nouvelles menaces et aux nouveaux risques. Quand on ajoute le besoin de dégager des marges de manoeuvre, la nécessité de nous adapter pour répondre aux nouvelles menaces et aux nouveaux risques, vous voyez bien que nous sommes obligés de bouger et de nous adapter. Le propre même de la Défense, c'est de nous adapter en permanence. Et d'ailleurs, notre histoire a montré que, quand nous oublions de nous adapter, il peut arriver des périls importants pour la nation.
Q.- Tout cela, avec des contraintes financières européennes assez fortes. Alors, est-ce que la réponse, l'adaptation c'est, comme on le dit, 50.000 emplois civils et militaires de moins, 53 sites fermés ?
R.- Il n'y a pas d'objectifs chiffrés ; on n'est pas là en train de se dire : combien faut-il supprimer de postes...
Q.- Le 8 avril, vous ne direz pas cela aux cadres de la Défense ?
R.- Je dirai aux cadres : "nous allons modifier en profondeur la gouvernance du ministère, faire en sorte qu'on mutualise les moyens, faire en sorte que, on supprime les doublons et les duplications, faire en sorte que, l'ensemble des Armées travaille en commun, comme elles savent si bien le faire quand elles sont en opérations extérieures". Au lieu d'avoir des systèmes en tuyaux d'orgues, armée par armée, je veux un système où chacun, où tout le mode travaille ensemble, et où on fait en sorte qu'il n'y ait plus des services dédi??s par armée, qu'il y ait en revanche, ce qu'on appellera des "bases de défense", c'est-à-dire, des services de soutien et d'administration générale qui soient au profit de la totalité des forces pour que nous ayons un meilleur système qui fonctionne mieux, et qu'en même temps, on puisse, en effet, effectuer des économies pour dégager les marges de manoeuvre dont on a besoin pour l'équipement des forces. Parce que sinon, nous n'arriverons pas à moderniser notre outil de Défense, et pour, aussi, améliorer la condition militaire.
Q.- Vous souhaitez conserver la présidence du Nouveau Centre. Le député et maire de Drancy, J.-C. Lagarde, vous dispute le poste. Il considère que c'est peu compatible, chef de parti avec ministre de la Défense. Que lui répondez-vous ?
R.- Je lui réponds très simplement que, j'ai cru voir dans l'histoire récente des dernières décennies, qu'en général, les présidents de partis et les ministres, ça cohabitent assez bien ensemble.
Q.- II recommande de ne pas être trop "béni oui-oui avec l'UMP". Alors, par exemple, sur les institutions, qu'allez-vous réclamer, exiger, pour voter le texte en l'état ou non ?
R.- Sur le sujet, nous avons commencé à engager des discussions au sein du groupe parlementaire du Nouveau Centre ; nous avons eu des réunions de travail sur le sujet. Nous tenons, par exemple, à la proportionnelle ; nous tenons par exemple, au fait qu'on assure clairement l'indépendance du pouvoir judiciaire ; nous tenons par exemple, aussi, au fait que l'on mette en place des mécanismes assurant l'impartialité de l'Etat dans les nominations des plus hautes fonctions administratives ou des plus grandes responsabilités d'entreprises publiques. Bref, on a, pour un certain nombre de sujets, déjà calé l'essentiel de nos propositions. Nous allons le faire définitivement à travers un travail que nous présenterons...
Q.- Elles sont négociables, quand même ?
R.- Elles sont négociables, mais il y a un certain nombre de points sur lesquels nous tenons absolument à ce que l'on progresse. Je pense par exemple à l'instauration d'une dose de proportionnelle aux législatives.
Q.- Vous ne cèderez pas là-dessus ?
R.- On verra bien, mais on n'est pas partis pour céder.
Q.- L'UMP recherche un mode d'association avec le Nouveau Centre, confédération, lieu de débats. Avec qui discutez-vous ? Avec F. Fillon, N. Sarkozy, P. Devedjian, J.-P. Raffarin ?
R.- On peut discuter avec les quatre en même temps.
Q.- Mais votre souhaite, c'est plutôt de vous adresser ...
R.- Non, non, on discute...La confédération, pour quoi faire ? Que faire de cette confédération politique ? S'agit-il d'un lieu où on accorde des investitures ? S'agit-il d'un lieu où simplement on discute ? S'agit-il d'un lieu, où on engage une réflexion programmatique ? Ce que l'on veut savoir c'est : que fait-on de cette confédération ? Est-ce que la confédération est simplement un système réducteur ou au contraire, il s'agit de faire en sorte qu'on ait un lieu de débats, en ayant le spectre politique le plus large possible ? Nous, nous voulons réincarner l'UDF, c'est-à-dire, la force qui assurait, qui défendait l'idée de la liberté, et qui défendait l'idée de la justice.
Q.- Alors, vous aviez lancé un appel aux déçus du MoDem au lendemain des municipales. Combien vous ont rejoint ? Quelles personnalités vous ont rejointes ?
R.- Nous avons avoir beaucoup d'élus qui ont toujours été dans des alliances avec l'UMP, hier, avec le RPR, qui, en effet, ne comprennent plus cette stratégie du MoDem, qui est totalement illisible politiquement, et qui par ailleurs, on le voit bien, cherche à se déporter à gauche et à devenir la première force d'opposition à gauche. Et par ailleurs, nous voyons arriver chaque semaine des centaines de militants supplémentaires.
Q.- R. Yade est prête à recevoir le Dalaï-Lama. Et vous ?
R.- Je ne suis pas ministre des Affaires étrangères. D'une part, ce que je crois, c'est qu'il faut inviter, comme l'a fait le président de la République à faire preuve de dialogue, d'ouverture, et rappeler aussi que la République Populaire de Chine, que nous avons reconnue si je me souviens bien, en 1964, et c'est le général de Gaulle. Quand on a reconnu la République populaire de Chine, on l'a reconnue dans ses frontières actuelles. Il faut, à la fois, inviter à la modération, ce qu'a fait le président de la République, inviter au dialogue, et aussi, se rappeler que la République populaire de Chine a été reconnue dans ses frontières actuelles.
Q.- Faudra-t-il boycotter ? Les politiques français vont-ils boycotter la cérémonie d'ouverture ?
R.- Je crois que, avant d'en arriver là, il faut bien peser les choses. Les sportifs ne peuvent pas être, allais-je dire, les instruments uniques d'une volonté politique quelle qu'elle soit.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 25 mars 2008