Texte intégral
Comme bien d'autres composantes de la société française, le monde de la santé n'échappe pas à une remise en cause profonde de ses modes d'organisation, même s'il faut bien le reconnaître les résistances au changement se font là comme ailleurs, (ou plus peut-être plus qu'ailleurs) fortement sentir.
Cette remise en cause se fait sous l'effet de plusieurs facteurs :
*le développement des techniques de communication d'abord. Il aurait été curieux que la santé échappe aux mailles de l'internet. Le soin est en effet par définition un métier de communication. L'un, le malade, transmet ses plaintes à l'autre, le praticien, qui après traitement des données tente de restituer au patient le diagnostic et la conduite à tenir. Cet échange primaire s'étend ensuite bien au-delà du colloque singulier pour concerner une multitude d'acteurs aussi divers que les membres de la famille, des confrères médecins, des professionnels paramédicaux, le pharmacien, la caisse de sécurité sociale et sans doute bien d'autres encore. La santé est aussi l'un des marchés les plus important dans notre pays et l'un des plus dynamiques. Soif de savoir des usagers d'un côté, marché lucratif et en expansion de l'autre, tout poussait au développement de l'e-santé, cette floraison de sites internet sur tous les sujets d'information, de diagnostic, de vente de médicaments entre autre. Dans un tout autre domaine, le développement de la carte VITALE qui est aujourd'hui largement utilisée
- plus de 50 % des médecins et environ un million de feuilles de soins électroniques transmises chaque jour - après des débuts difficiles, constitue aujourd'hui un point fort de l'évolution des pratiques.
*Mais cette transformation est aussi due à l'évolution des besoins liée au développement des maladies chroniques, aux progrès de la médecine qui ont transféré vers la médecine ambulatoire nombre de traitements hier réalisables uniquement à l'hôpital.
*Enfin la pression économique joue également un rôle important en tendant à rationaliser les soins, en agissant sur la planification hospitalière notamment.
Et pourtant, l'offre de soins telle qu'elle est aujourd'hui permet difficilement de prendre en compte ces évolutions. La réponse aux nouveaux besoins de santé, couplée aux attentes d'usagers plus avertis, exige en effet des prises en charge à la fois plus globales et mieux coordonnées.
De ce point de vue, la dichotomie entre :
*d'un côté l'hôpital lieu de la technicité, mais aussi temple d'une hiérarchie professionnelle dépassée,
*et les médecins de ville trop souvent isolés dans leur pratique,
est et reste une réalité qu'il faudra faire évoluer.
Ces deux dispositifs, partie prenante du même système de soins, coexistent d'avantage qu'ils ne travaillent véritablement ensemble pour le plus grand désavantage de l'usager qui ne peut y trouver son compte.
Cette situation est aujourd'hui dépassée et constitue un lourd handicap pour notre système de soins. Les états généraux de la santé que j'ai eu l'honneur d'organiser comme ministre, ont bien montré le niveau des attentes de nos concitoyens : ils ont à la fois une conscience plus aiguë des enjeux de santé publique qui les rend plus vigilants aux questions relatives à la sécurité des soins ou à l'émergence de nouvelles maladies, mais ils sont également plus exigeants quant à la place qui est là leur dans le dispositif : les relations entre les professionnels et les usagers des soins ont en fait changé, sans doute plus que les structures et les organisations.
Ils nous faut donc - les praticiens mais aussi tous les responsables professionnels, institutionnels et politiques - d'une part nous adapter à de nouveaux modes de relation entre les usagers et les professionnels mais aussi entre les professionnels eux-mêmes et d'autre part nous emparer d'un nouvel environnement technologique dans le domaine de la communication.
C'est pourquoi je suis très attentif aux développement des réseaux de soins qui sont des éléments concrets de la restructuration des services de soins : les réseaux Ville-hôpital bien entendu mais aussi des toutes les autres formes de réseaux qui permettent de rassembler des compétences diverses et complémentaires autour de la personne malade qui est ainsi au centre du dispositif, c'est à dire à la place qui est la sienne.
Depuis 1999, des efforts ont été faits. Le nombre de réseaux a considérablement évolué, pratiquement doublé chaque année. Dans un nombre croissant de région, les réseaux ont su mobiliser leurs principaux interlocuteurs (ARH, URCAM, URML notamment) dans une dynamique de guichet unique. Ils sont de mieux en mieux acceptés par l'ensemble des professionnels et de plus en plus utilisés par les usagers, je ne peux que m'en réjouir.
Mais je sais aussi que les responsables des réseaux désespèrent parfois des autorités se demandant s'il existe une réelle volonté politique. Les agréments ministériels ont pris un retard considérables. Les mécanismes de financements à travers le fonds d'aide à la qualité des soins de ville (FAQSV) ont sans doute apporté les moyens nécessaires à une gestion plus saine des réseaux, mais alors qu'ils ont été votés fin 98, ils ne sont réellement opérationnels que depuis fin 2000 !
Cependant, vous le savez des dispositions ont été prises dans le cadre de la loi de financement de la sécurité sociale pour l'année 2001 de façon à prolonger l'expérimentation des réseaux bénéficiants d'une dérogation tarifaire. Par ailleurs des dispositions seront prises dans la loi de modernisation du système de santé pour donner une base législative à l'existence des réseaux dans leur ensemble et faciliter leur financement.
Je suis bien conscient que cela ne saurait suffire et je compte aller plus loin, car je crois, vous l'avez compris, ces évolutions indispensables pour la survie de notre système de soins. je crois qu'il est de la responsabilité du ministre en charge de la santé que de pousser ces évolutions.
En particulier, je souhaite que les frontières entre la médecine de ville et l'hôpital soient définitivement abolies : chaque médecin, où qu'il soit doit pouvoir se sentir membre d'une équipe hospitalière.
Il est indispensable de soumettre les structures aux besoins des personnes malades et non pas le contraire.
(source http://www.sante.gouv.fr, le 15 mars 2001)
Cette remise en cause se fait sous l'effet de plusieurs facteurs :
*le développement des techniques de communication d'abord. Il aurait été curieux que la santé échappe aux mailles de l'internet. Le soin est en effet par définition un métier de communication. L'un, le malade, transmet ses plaintes à l'autre, le praticien, qui après traitement des données tente de restituer au patient le diagnostic et la conduite à tenir. Cet échange primaire s'étend ensuite bien au-delà du colloque singulier pour concerner une multitude d'acteurs aussi divers que les membres de la famille, des confrères médecins, des professionnels paramédicaux, le pharmacien, la caisse de sécurité sociale et sans doute bien d'autres encore. La santé est aussi l'un des marchés les plus important dans notre pays et l'un des plus dynamiques. Soif de savoir des usagers d'un côté, marché lucratif et en expansion de l'autre, tout poussait au développement de l'e-santé, cette floraison de sites internet sur tous les sujets d'information, de diagnostic, de vente de médicaments entre autre. Dans un tout autre domaine, le développement de la carte VITALE qui est aujourd'hui largement utilisée
- plus de 50 % des médecins et environ un million de feuilles de soins électroniques transmises chaque jour - après des débuts difficiles, constitue aujourd'hui un point fort de l'évolution des pratiques.
*Mais cette transformation est aussi due à l'évolution des besoins liée au développement des maladies chroniques, aux progrès de la médecine qui ont transféré vers la médecine ambulatoire nombre de traitements hier réalisables uniquement à l'hôpital.
*Enfin la pression économique joue également un rôle important en tendant à rationaliser les soins, en agissant sur la planification hospitalière notamment.
Et pourtant, l'offre de soins telle qu'elle est aujourd'hui permet difficilement de prendre en compte ces évolutions. La réponse aux nouveaux besoins de santé, couplée aux attentes d'usagers plus avertis, exige en effet des prises en charge à la fois plus globales et mieux coordonnées.
De ce point de vue, la dichotomie entre :
*d'un côté l'hôpital lieu de la technicité, mais aussi temple d'une hiérarchie professionnelle dépassée,
*et les médecins de ville trop souvent isolés dans leur pratique,
est et reste une réalité qu'il faudra faire évoluer.
Ces deux dispositifs, partie prenante du même système de soins, coexistent d'avantage qu'ils ne travaillent véritablement ensemble pour le plus grand désavantage de l'usager qui ne peut y trouver son compte.
Cette situation est aujourd'hui dépassée et constitue un lourd handicap pour notre système de soins. Les états généraux de la santé que j'ai eu l'honneur d'organiser comme ministre, ont bien montré le niveau des attentes de nos concitoyens : ils ont à la fois une conscience plus aiguë des enjeux de santé publique qui les rend plus vigilants aux questions relatives à la sécurité des soins ou à l'émergence de nouvelles maladies, mais ils sont également plus exigeants quant à la place qui est là leur dans le dispositif : les relations entre les professionnels et les usagers des soins ont en fait changé, sans doute plus que les structures et les organisations.
Ils nous faut donc - les praticiens mais aussi tous les responsables professionnels, institutionnels et politiques - d'une part nous adapter à de nouveaux modes de relation entre les usagers et les professionnels mais aussi entre les professionnels eux-mêmes et d'autre part nous emparer d'un nouvel environnement technologique dans le domaine de la communication.
C'est pourquoi je suis très attentif aux développement des réseaux de soins qui sont des éléments concrets de la restructuration des services de soins : les réseaux Ville-hôpital bien entendu mais aussi des toutes les autres formes de réseaux qui permettent de rassembler des compétences diverses et complémentaires autour de la personne malade qui est ainsi au centre du dispositif, c'est à dire à la place qui est la sienne.
Depuis 1999, des efforts ont été faits. Le nombre de réseaux a considérablement évolué, pratiquement doublé chaque année. Dans un nombre croissant de région, les réseaux ont su mobiliser leurs principaux interlocuteurs (ARH, URCAM, URML notamment) dans une dynamique de guichet unique. Ils sont de mieux en mieux acceptés par l'ensemble des professionnels et de plus en plus utilisés par les usagers, je ne peux que m'en réjouir.
Mais je sais aussi que les responsables des réseaux désespèrent parfois des autorités se demandant s'il existe une réelle volonté politique. Les agréments ministériels ont pris un retard considérables. Les mécanismes de financements à travers le fonds d'aide à la qualité des soins de ville (FAQSV) ont sans doute apporté les moyens nécessaires à une gestion plus saine des réseaux, mais alors qu'ils ont été votés fin 98, ils ne sont réellement opérationnels que depuis fin 2000 !
Cependant, vous le savez des dispositions ont été prises dans le cadre de la loi de financement de la sécurité sociale pour l'année 2001 de façon à prolonger l'expérimentation des réseaux bénéficiants d'une dérogation tarifaire. Par ailleurs des dispositions seront prises dans la loi de modernisation du système de santé pour donner une base législative à l'existence des réseaux dans leur ensemble et faciliter leur financement.
Je suis bien conscient que cela ne saurait suffire et je compte aller plus loin, car je crois, vous l'avez compris, ces évolutions indispensables pour la survie de notre système de soins. je crois qu'il est de la responsabilité du ministre en charge de la santé que de pousser ces évolutions.
En particulier, je souhaite que les frontières entre la médecine de ville et l'hôpital soient définitivement abolies : chaque médecin, où qu'il soit doit pouvoir se sentir membre d'une équipe hospitalière.
Il est indispensable de soumettre les structures aux besoins des personnes malades et non pas le contraire.
(source http://www.sante.gouv.fr, le 15 mars 2001)