Déclaration de M. Yves Jégo, secrétaire d'Etat chargé de l'outre-mer, sur les problèmes posés aux étudiants ultramarins par la discontinuité territoriale et sur les dossiers prioritaires de l'enseignement supérieur outre-mer, Terre Sainte (La Réunion) le 27 mars 2008.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Yves Jégo - Secrétaire d'Etat chargé de l'outre-mer

Circonstance : Déplacement à La Réunion et à Mayotte du 27 au 29 mars 2008-discours sur le campus universitaire de Terre Sainte à La Réunion le 27

Texte intégral

Messieurs les députés,
Monsieur les sénateurs,
Monsieur le Président du Conseil Régional,
Madame la Présidente du Conseil Général,
Monsieur le Président de l'université,
Mesdames et messieurs les représentants des étudiants,
Mesdames et messieurs,
Chers étudiants,

Je veux tout d'abord vous dire combien je suis heureux d'être parmi vous aujourd'hui.
Heureux d'être au milieu de la jeunesse de France, de cette jeunesse qui incarne la passion, le renouveau, l'esprit de conquête. Mais aussi - et bien souvent - cette jeunesse qui n'hésite pas à nous donner des leçons de vie.
Vous savez combien le chef de l'Etat fonde ses espoirs sur la jeunesse et sur la jeunesse ultramarine en particulier.
La jeunesse, c'est le temps de la construction de soi, c'est le temps de l'apprentissage, de la découverte, des réussites, parfois aussi des échecs.
La jeunesse, c'est de toutes les façons et toujours l'avenir d'un pays.
Et vous savez l'attachement du Président de la République à la jeunesse de France, à sa formation, à l'égalité des chances qui doit lui être offerte, mais aussi à son avenir, notamment sur le marché du travail.
Nous avons une grande responsabilité face aux étudiants de France, et plus encore face aux étudiants des outre-mer où la formation des hommes et des femmes est un enjeu de développement considérable.
C'est pour cette raison que l'Etat attache une attention particulière à la situation des universités et des étudiants ultramarins.
Cela est un enjeu de taille.
Cet enjeu, c'est celui du développement.
C'est aussi celui de la chance face aux défis de la vie.
Mais c'est surtout celui de la formation des citoyens.
Face à cela, je m'inscris dans la continuité des chantiers engagés depuis mai 2007, et notamment l'édification d'une maison des étudiants des outres mer à Paris, la représentation des étudiants en métropole ou bien encore la mise en oeuvre d'une continuité territoriale au profit des étudiants.
Sur ce dernier point, la loi de développement qui est en préparation, et qui a été présentée cette semaine au Conseil économique et social, comporte des dispositions particulières relatives au Passeport Mobilité. Ces dispositions ont pour objet de sécuriser cette procédure et de la rendre plus juste pour ceux qui le nécessitent le plus.
Dans ce même ordre d'idées, je veux aussi réfléchir sur la réduction de la discontinuité territoriale en proposant que les concours des grandes écoles ou de la fonction publique puissent se tenir dans les départements et collectivités d'outre mer.
Enfin, en liaison avec Valérie PECRESSE, Ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, je souhaite organiser rapidement une rencontre des présidents des universités ultramarines. A cette occasion, nous pourrons envisager ensemble les dossiers prioritaires de l'enseignement supérieur Outre-mer.
Car, je n'oublie pas que l'université, par définition, est non seulement un lieu d'enseignement, mais aussi et surtout un lieu de recherche.
C'est pour cela qu'elle doit être au service des grands enjeux de notre temps.
C'est pour cela aussi, qu'ici, à la Réunion, dans la perspective du projet Réunion 2030, l'université doit prendre sa part et jouer un rôle important.
Et le changement climatique appartient incontestablement aux grands enjeux de notre temps.
Vous le savez, lors du Grenelle de l'environnement, l'accent a été mis sur la réalité incontestable du changement climatique, ainsi que l'épuisement des ressources fossiles.
La France ayant adopté le plan facteur 4 qui vise à réduire les émissions de gaz à effets de serre d'ici 2050 doit donc dès à présent mettre en oeuvre un modèle de développement nouveau. Désormais, la priorité est de parvenir à une société sobre en énergie et en ressources afin de préserver notre planète.
En Outre-mer, la problématique de l'énergie est d'autant plus importante que la demande croît plus vite qu'en métropole, et que le caractère insulaire et non interconnecté des territoires ultramarins ne permet pas de mutualiser des solutions de production d'électricité.
C'est pourquoi, depuis bien longtemps, l'Outre-mer a cherché à tirer partie de ressources renouvelables comme l'hydraulique, l'éolien ou le solaire.
A la Réunion, le solaire est déjà en pointe, et l'utilisation de la biomasse est également bien implantée. La sucrerie de bois rouge, qui utilise plus de 220 000 tonnes de bagasse dans sa chaudière bi combustible est un exemple remarquable d'ingéniosité et de démarche éco-citoyenne. Prochainement, ce sera un autre pôle de compétitivité TEMERGIE qui va dynamiser la recherche, le dépôt de brevets et le commerce de nouvelles solutions plus performantes.
S'il est évident qu'un seul mode d'énergies renouvelables ne suffira pas à remplacer le pétrole. C'est la raison pour laquelle plusieurs modes de production d'énergie doivent être testés puis mis en oeuvre. En ce sens, les énergies renouvelables ne peuvent être en compétition l'une par rapport à l'autre mais seront bien complémentaires.
Cela permet à La Réunion de marquer une avance certaine en la matière, qu'il faut certes conforter, mais que je veux amplifier.
En effet, d'une vision très contraignante de la protection de l'environnement, se dégage une approche plus dynamique, se traduisant par l'émergence de l'écolonomie, notion chère à mon collègue Jean-Louis Borloo. Le développement durable est source de nouveaux secteurs économiques, et de nouveaux emplois.
De plus, j'ai une ambition pour l'Outre-mer : qu'il devienne un pôle d'exemplarité de développement durable.
Dans ce cadre, La Réunion 2030 ou GERRI pour « Grenelle de l'Environnement à la Réunion : Réussir l'Innovation » est une opportunité que nous devons saisir et porter ensemble.
Devenir en 2030 indépendant des énergies fossiles, une plate-forme technologique du savoir faire français à l'échelle d'un territoire, c'est la voie qui s'ouvre dans l'avenir pour que La Réunion devienne UNE REFERENCE mondiale.
Pour cela, il y va de l'adhésion de tous car ce programme n'est pas une affaire réservée aux seuls spécialistes. Etudiants, chercheurs, vous êtes doublement concernés : d'une part en tant que citoyen, d'autre part en tant qu'acteur des projets de recherche et de développement que le programme GERRI nécessite.
Pour cela, vous pourrez compter sur mon engagement total et mon soutien actif. Je ne suis pas un ministre qui décide tout depuis Paris. Si je suis venu ici c'est pour vous écouter et je prends le temps nécessaire pour le faire.
Déjà, certaines dispositions de la future loi de développement prévoit une défiscalisation à hauteur de 80 % pour le secteur des énergies renouvelables et pour les actions de R&D.
Il y a donc des perspectives intéressantes d'avenir pour vous, jeunesse de La Réunion, qui représentez l'avenir même de ce département. Sachez les saisir.
Déjà, la loi de développement dont je suis en train de finaliser.

source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 31 mars 2008