Texte intégral
R. Duchemin.- Question du jour au tout nouveau secrétaire d'Etat à l'Emploi que vous êtes : il y avait eu une hausse de 0,7 % en janvier, le nombre de demandeurs d'emploi repart à la baisse pour le mois de février, le chiffre est tombé hier soir : 13 000 demandeurs d'emploi en moins inscrits l'ANPE. C'est plutôt une bonne nouvelle pour gérer un nouveau portefeuille ?
R.- Oui, mais surtout, ce n'est pas un chiffre qui tombe comme ça, par hasard. Ce qui faut, c'est le remettre dans la tendance qu'on a depuis une petite année, depuis 9 mois en fait, d'une baisse qui est une baisse historique du chômage. On est aujourd'hui, je pense qu'on ne l'a pas suffisamment dit, à 7,5 % de chômage en France. Cela veut dire qu'on a effacé 25 ans de chômage dur qui a pénalisé et plombé ce pays. Donc, maintenant, la question qui se pose c'est, en 2008, sur l'année qui vient, est-ce qu'on est capable d'utiliser à plein cette nouvelle donne pour faire ce que j'appelle un "New deal du marché de l'emploi" ? C'est-à-dire revoir les fondations et le mode de fonctionnement du marché de l'emploi en France.
Q.- Quand on regarde les chiffres d'un peu plus près, on voit que le recul est particulièrement fort sur le chômage de longue durée. C'est, pour une grande part, du contrat aidé financé par l'Etat et les collectivités locales. Est-ce que vous allez avoir les moyens de poursuivre cela ?
R.- Je pense qu'on a besoin de ces volets de contrats aidés parce que, quelque part, on met le pied à l'étrier pour un certain nombre de chômeurs de longue durée qui ont été exclus durablement du marché du travail et pour lesquels ça représente un sas, ensuite, vers de vrais jobs. Donc c'est un outil dont il ne faut pas qu'on se prive. Mais à coté de ça, si on veut aller plus loin, on a besoin de réformes de structure. Si on se pose deux secondes : on a en fait un marché de l'emploi qui a été posé à la fin des années 70, avec un certain nombre de règles, un service public de l'emploi qui n'était pas très efficace, une exclusion plus ou moins tacite des seniors et des jeunes, une formation professionnelle qui était relativement surréaliste et un consensus pour se satisfaire d'un taux de chômage à 9-10 %. Mon travail, dans la période qui va s'ouvrir, c'est de remettre en place toutes les fondations pour qu'on ait un "New deal" au niveau du marché de l'emploi qui soit beaucoup plus efficace.
Q.- Les gens qui sont en train de nous écouter et qui sont inscrits à l'ANPE disent, eux, parfois, que ces chiffres ne sont pas forcément le reflet de la réalité, que les critères ont changé, qu'on radie à tour de bras, qu'il y a des précaires qui ne sont pas forcément comptabilisés dans les statistiques, et que c'est pour ça que le chiffre est bon. Vous leur répondez quoi ?
R.- Quand on a une tendance qui est aussi longue, avec un chiffre qui est durablement à 7,5 %, on n'en est plus à la querelle des chiffres. Par contre...
Q.- Oui, mais ça, ce sont les chiffres ANPE, ce ne sont pas forcément ceux de l'Insee qui sont un peu différents quand même.
R.- Non. Le chiffre, par exemple, de 7,5 % est le chiffre de l'Insee avec les modes de calcul qui ont toujours été ceux de l'Insee depuis, maintenant, un grand nombre d'années. Donc il n'y a pas de traficotage là-dessus. Par contre, ce que je comprends bien, c'est que quelqu'un qui est au chômage, qui cherche un emploi depuis longtemps, et qui m'entend au micro, se dit : « d'accord, mais moi je continue à galérer », et donc, c'est vrai qu'on a maintenant un saut à faire pour aller vers ce qu'on appelle le plein emploi, c'est-à-dire, grosso modo, un taux de chômage qui serait ramené durablement à 5 %.
Q.- 5 %, en 2012, c'est toujours le même objectif ?
R.- Bien sûr, parce que je pense qu'on a une fenêtre, on a une chance historique qui est précisément de rompre avec ces années de galère qui ont plombé notre pays de ce chômage de haut niveau. Mais si on veut y arriver, cela suppose que, par exemple, celui qui va à l'ANPE va avoir un mode de fonctionnement qui sera différent, avec une personne qui le prend en charge de façon plus efficace, avec un guichet unique. Donc c'est tous ce que les agents de l'ANPE et des Assedic, avec énormément de courage et d'énergie, essaient de mettre en place progressivement sur le terrain. Ce va être aussi la formation. Chez moi, en Haute-Loire, je vois très souvent des gens qui viennent me voir en me disant "j'ai la possibilité d'avoir tel emploi dans une entreprise de BTP, par exemple comme conducteur d'engin, je n'arrive pas à me faire financer une formation, comment ça se fait ?". Ça, c'est aussi les choses que je veux faire changer.
Q.- Mais quand même sur les prévisions de croissance, l'Insee parle d'une certaine stabilisation du chiffre pour le premier semestre 2008. Comment allez-vous faire pour inverser la tendance ? je crois qu'il y a quelque chose comme 96 000 créations d'emplois qui sont prévues alors que l'année dernière, on en avait, en 2007, 350. Si on fait les comptes, cela ne va pas nous amener à 350.000 cette année.
R.- L'Assemblée s'est remise à fonctionner cette semaine et j'ai beaucoup écouté les socialistes qui, grosso modo, étaient là pour jouer un peu les oiseaux de malheur en prédisant le pire. Je pense que quand on est en politique, on n'est pas là pour prédire le pire, on est là pour essayer d'oeuvrer pour le mieux. Qu'est-ce que je vais faire ? Concrètement, si on veut aller au-delà et que vous avez raison, il faut qu'on sorte d'une gestion conjoncturelle du chômage pour passer aux réformes de structure dont on a besoin. Les réformes de structure, cela veut dire aussi s'attaquer à la question de l'emploi des seniors. Ce pays est celui en Europe où l'on a le plus faible taux d'activité des seniors. Au moment où s'ouvre la question, le dossier des retraites conduit par X. Bertrand, C. Lagarde veut en faire également une de nos priorités.
Q.- Vous parliez d' "oiseaux de mauvais augure", je ne veux pas leur donner raison, mais quand même, à lire le chiffre du déficit public de la France ce matin, 2,7 % alors qu'on prévoyait 2,4 % - c'est E. Woerth qui le confirme -, ce n'est pas forcément de très bon augure, pour le coup, pour la France. On va encore se faire taper les doigts par Bruxelles...
R.- Oui, mais il faut le dire avec franchise : on a un contexte international qui est un contexte international très dur. Dans ce contexte...
Q.- Mais on a fait des promesses qu'on n'a pas tenues, qu'on n'est pas en mesure aujourd'hui de tenir.
R.- En tout cas, en matière d'emploi, sur mon domaine, la situation s'améliore. Il y a des réformes qui nous attendent et j'ai l'intention d'aller au-delà. N'oublions pas que l'emploi était un des maux principaux de ce pays, que la situation s'améliore là-dessus de façon historique, c'est quand même une très bonne nouvelle. Mais cela ne suffit pas il faut qu'on aille un peu au-delà.
Q.- Et sur le déficit ?
R.- Sur le déficit, si on se pose simplement, on a une période qui est une période difficile économique sur le plan international. Si jamais dans une période comme ça vous serrez les boulons, comme ce que semble souhaiter les socialistes, qu'est-ce qui va se passer ? Vous allez avoir encore plus de difficultés économiques et vous allez faire de la politique qui va être de la politique pro cyclique. C'est-à-dire que vous allez encourager le fait, en serrant les boulons, que la crise s'installe dans le pays. Donc ce qu'il faut, au contraire, c'est faire les réformes de structure dont on a besoin et qui permettront de remettre l'économie de ce pays la tête à l'endroit, notamment en matière d'emploi.
Q.- Et toutes les contraintes budgétaires qui nous attendent, est-ce qu'elles ne risquent pas aussi d'avoir, à terme, une incidence sur l'emploi. Je pense à M. Hirsch qui parle du RSA qui commence a se dire il y a quand même des inquiétudes. Il a tiré la sonnette d'alarme dès hier d'ailleurs...
R.- Le projet du RSA de M. Hirsch est un projet qui est intéressant. Grosso modo, il consiste à faire en sorte que quand vous reprenez un travail, ça puisse payer. C'est un projet que je connais bien, puisqu'on avait travaillé ensemble dessus quand j'étais député dans la commission Famille et pauvreté. Maintenant, il faut voir comment est-ce qu'on le met en place concrètement et surtout ce qu'il faut, c'est que dans la période qui s'ouvre, chaque argent qui soit dépensé sur le front de l'emploi serve concrètement pour permettre à des gens qui sont au chômage de retrouver un emploi. Ça, ce sera mon obsession.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 28 mars 2008
R.- Oui, mais surtout, ce n'est pas un chiffre qui tombe comme ça, par hasard. Ce qui faut, c'est le remettre dans la tendance qu'on a depuis une petite année, depuis 9 mois en fait, d'une baisse qui est une baisse historique du chômage. On est aujourd'hui, je pense qu'on ne l'a pas suffisamment dit, à 7,5 % de chômage en France. Cela veut dire qu'on a effacé 25 ans de chômage dur qui a pénalisé et plombé ce pays. Donc, maintenant, la question qui se pose c'est, en 2008, sur l'année qui vient, est-ce qu'on est capable d'utiliser à plein cette nouvelle donne pour faire ce que j'appelle un "New deal du marché de l'emploi" ? C'est-à-dire revoir les fondations et le mode de fonctionnement du marché de l'emploi en France.
Q.- Quand on regarde les chiffres d'un peu plus près, on voit que le recul est particulièrement fort sur le chômage de longue durée. C'est, pour une grande part, du contrat aidé financé par l'Etat et les collectivités locales. Est-ce que vous allez avoir les moyens de poursuivre cela ?
R.- Je pense qu'on a besoin de ces volets de contrats aidés parce que, quelque part, on met le pied à l'étrier pour un certain nombre de chômeurs de longue durée qui ont été exclus durablement du marché du travail et pour lesquels ça représente un sas, ensuite, vers de vrais jobs. Donc c'est un outil dont il ne faut pas qu'on se prive. Mais à coté de ça, si on veut aller plus loin, on a besoin de réformes de structure. Si on se pose deux secondes : on a en fait un marché de l'emploi qui a été posé à la fin des années 70, avec un certain nombre de règles, un service public de l'emploi qui n'était pas très efficace, une exclusion plus ou moins tacite des seniors et des jeunes, une formation professionnelle qui était relativement surréaliste et un consensus pour se satisfaire d'un taux de chômage à 9-10 %. Mon travail, dans la période qui va s'ouvrir, c'est de remettre en place toutes les fondations pour qu'on ait un "New deal" au niveau du marché de l'emploi qui soit beaucoup plus efficace.
Q.- Les gens qui sont en train de nous écouter et qui sont inscrits à l'ANPE disent, eux, parfois, que ces chiffres ne sont pas forcément le reflet de la réalité, que les critères ont changé, qu'on radie à tour de bras, qu'il y a des précaires qui ne sont pas forcément comptabilisés dans les statistiques, et que c'est pour ça que le chiffre est bon. Vous leur répondez quoi ?
R.- Quand on a une tendance qui est aussi longue, avec un chiffre qui est durablement à 7,5 %, on n'en est plus à la querelle des chiffres. Par contre...
Q.- Oui, mais ça, ce sont les chiffres ANPE, ce ne sont pas forcément ceux de l'Insee qui sont un peu différents quand même.
R.- Non. Le chiffre, par exemple, de 7,5 % est le chiffre de l'Insee avec les modes de calcul qui ont toujours été ceux de l'Insee depuis, maintenant, un grand nombre d'années. Donc il n'y a pas de traficotage là-dessus. Par contre, ce que je comprends bien, c'est que quelqu'un qui est au chômage, qui cherche un emploi depuis longtemps, et qui m'entend au micro, se dit : « d'accord, mais moi je continue à galérer », et donc, c'est vrai qu'on a maintenant un saut à faire pour aller vers ce qu'on appelle le plein emploi, c'est-à-dire, grosso modo, un taux de chômage qui serait ramené durablement à 5 %.
Q.- 5 %, en 2012, c'est toujours le même objectif ?
R.- Bien sûr, parce que je pense qu'on a une fenêtre, on a une chance historique qui est précisément de rompre avec ces années de galère qui ont plombé notre pays de ce chômage de haut niveau. Mais si on veut y arriver, cela suppose que, par exemple, celui qui va à l'ANPE va avoir un mode de fonctionnement qui sera différent, avec une personne qui le prend en charge de façon plus efficace, avec un guichet unique. Donc c'est tous ce que les agents de l'ANPE et des Assedic, avec énormément de courage et d'énergie, essaient de mettre en place progressivement sur le terrain. Ce va être aussi la formation. Chez moi, en Haute-Loire, je vois très souvent des gens qui viennent me voir en me disant "j'ai la possibilité d'avoir tel emploi dans une entreprise de BTP, par exemple comme conducteur d'engin, je n'arrive pas à me faire financer une formation, comment ça se fait ?". Ça, c'est aussi les choses que je veux faire changer.
Q.- Mais quand même sur les prévisions de croissance, l'Insee parle d'une certaine stabilisation du chiffre pour le premier semestre 2008. Comment allez-vous faire pour inverser la tendance ? je crois qu'il y a quelque chose comme 96 000 créations d'emplois qui sont prévues alors que l'année dernière, on en avait, en 2007, 350. Si on fait les comptes, cela ne va pas nous amener à 350.000 cette année.
R.- L'Assemblée s'est remise à fonctionner cette semaine et j'ai beaucoup écouté les socialistes qui, grosso modo, étaient là pour jouer un peu les oiseaux de malheur en prédisant le pire. Je pense que quand on est en politique, on n'est pas là pour prédire le pire, on est là pour essayer d'oeuvrer pour le mieux. Qu'est-ce que je vais faire ? Concrètement, si on veut aller au-delà et que vous avez raison, il faut qu'on sorte d'une gestion conjoncturelle du chômage pour passer aux réformes de structure dont on a besoin. Les réformes de structure, cela veut dire aussi s'attaquer à la question de l'emploi des seniors. Ce pays est celui en Europe où l'on a le plus faible taux d'activité des seniors. Au moment où s'ouvre la question, le dossier des retraites conduit par X. Bertrand, C. Lagarde veut en faire également une de nos priorités.
Q.- Vous parliez d' "oiseaux de mauvais augure", je ne veux pas leur donner raison, mais quand même, à lire le chiffre du déficit public de la France ce matin, 2,7 % alors qu'on prévoyait 2,4 % - c'est E. Woerth qui le confirme -, ce n'est pas forcément de très bon augure, pour le coup, pour la France. On va encore se faire taper les doigts par Bruxelles...
R.- Oui, mais il faut le dire avec franchise : on a un contexte international qui est un contexte international très dur. Dans ce contexte...
Q.- Mais on a fait des promesses qu'on n'a pas tenues, qu'on n'est pas en mesure aujourd'hui de tenir.
R.- En tout cas, en matière d'emploi, sur mon domaine, la situation s'améliore. Il y a des réformes qui nous attendent et j'ai l'intention d'aller au-delà. N'oublions pas que l'emploi était un des maux principaux de ce pays, que la situation s'améliore là-dessus de façon historique, c'est quand même une très bonne nouvelle. Mais cela ne suffit pas il faut qu'on aille un peu au-delà.
Q.- Et sur le déficit ?
R.- Sur le déficit, si on se pose simplement, on a une période qui est une période difficile économique sur le plan international. Si jamais dans une période comme ça vous serrez les boulons, comme ce que semble souhaiter les socialistes, qu'est-ce qui va se passer ? Vous allez avoir encore plus de difficultés économiques et vous allez faire de la politique qui va être de la politique pro cyclique. C'est-à-dire que vous allez encourager le fait, en serrant les boulons, que la crise s'installe dans le pays. Donc ce qu'il faut, au contraire, c'est faire les réformes de structure dont on a besoin et qui permettront de remettre l'économie de ce pays la tête à l'endroit, notamment en matière d'emploi.
Q.- Et toutes les contraintes budgétaires qui nous attendent, est-ce qu'elles ne risquent pas aussi d'avoir, à terme, une incidence sur l'emploi. Je pense à M. Hirsch qui parle du RSA qui commence a se dire il y a quand même des inquiétudes. Il a tiré la sonnette d'alarme dès hier d'ailleurs...
R.- Le projet du RSA de M. Hirsch est un projet qui est intéressant. Grosso modo, il consiste à faire en sorte que quand vous reprenez un travail, ça puisse payer. C'est un projet que je connais bien, puisqu'on avait travaillé ensemble dessus quand j'étais député dans la commission Famille et pauvreté. Maintenant, il faut voir comment est-ce qu'on le met en place concrètement et surtout ce qu'il faut, c'est que dans la période qui s'ouvre, chaque argent qui soit dépensé sur le front de l'emploi serve concrètement pour permettre à des gens qui sont au chômage de retrouver un emploi. Ça, ce sera mon obsession.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 28 mars 2008