Texte intégral
F. Rivière.- Le président de la République a donc confirmé ce qu'il avait annoncé la semaine dernière à Londres : la France va renforcer sa présence militaire en Afghanistan. 700 soldats supplémentaires vont être engagés dans l'Est du pays. On voit bien que depuis des mois, les Talibans ont repris des forces et qu'ils posent de plus en plus de problèmes aux soldats de la coalition. Est-ce que vous croyez vraiment que c'est avec un renforcement des troupes sur place que l'on va régler le problème ?
R.- Ce n'est pas qu'en renforçant les troupes sur place que l'on règlera le problème, mais c'est d'abord en assurant la sécurité maximale de l'Afghanistan que l'on pourra faire en sorte que l'on mette en place les conditions du développement. Je crois qu'il y a quelque chose d'extraordinaire dans cette histoire. S'il y a bien un combat juste, c'est le combat de l'Afghanistan, c'est le combat contre les Talibans, c'est le combat contre le terrorisme, c'est le combat contre l'extrémisme absolu. Souvenez-vous ce qu'était le régime des Talibans ! Le régime des Talibans c'était le régime où les jeunes filles n'allaient pas à l'école, c'était le régime où la culture était interdite, le théâtre était interdit, où les cerfs volants même étaient interdits pour les enfants. Il y a un régime démocratique qui a été instauré ; pour la première fois les femmes ont pu voter. Il y a une Constitution avec Karzaï à la tête. De quoi s'agit-il ? Il s'agit de faire en sorte que l'Afghanistan ne soit pas un pays de déstabilisation majeure, d'un arc de crise que l'on connaît qui va de l'Asie du Sud, j'allais dire, presque jusqu'à l'Atlantique. Et nous avons une responsabilité majeure qui concerne d'ailleurs notre propre sécurité. Faire de l'Afghanistan la base arrière du terrorisme, c'est mettre en place les éléments qui menacent notre propre sécurité.
Q.- Pendant sa campagne électorale, en avril 2007 - pendant la campagne présidentielle -, N. Sarkozy avait dit sur France 2, la chose suivante : "la présence à long terme des troupes françaises dans cet endroit du monde, l'Afghanistan, ne me parait pas décisive". Qu'est-ce qui justifie, à peine un an plus tard, de prendre une décision qui est totalement contraire à celle là ?
R.- Parce que, si vous vous dites que partir est impossible, partir c'est échouer.
Q.- A l'époque il disait qu'il poursuivrait la politique de J. Chirac, qui lui, avait commencé à rapatrier un certain nombre d'éléments des forces françaises.
R.- Il n'a jamais dit ça, il a dit...
Q.- Textuellement : « c'est la politique que je poursuivrai, disait-il ».
R.- Il a dit que nous n'avions pas à rester éternellement, nous n'avions pas vocation à rester éternellement en Afghanistan, voilà ce qu'il disait. Si vous n'avez pas vocation à rester éternellement en Afghanistan, cela veut dire qu'il faut que vous fassiez l'effort maximal. Si vous faites un effort intermédiaire, vous y êtes là, en effet pour l'éternité si je puis dire. Si en revanche, la communauté internationale décide de mettre le maximum d'atouts de son côté pour que l'Afghanistan puisse prendre son destin en main, eh bien vous donnez des chances pour que nous puissions partir. Mais de toute façon, les opérations internationales de maintien de la paix, de stabilisation, ce sont des opérations qui durent toujours sur de longues périodes. Je me permets de vous signaler que quand vous regardez dans les autres opérations de maintien de la paix ou de sécurité ou de stabilisation que nous menons, nous y sommes parfois depuis 20, voire 30 ans, je pense au Liban par exemple. Et donc, si nous voulons faire en sorte qu'un jour nous puissions partir, il faut que la communauté internationale fasse l'effort maximum maintenant. Et d'ailleurs, ce qu'a fait la France hier, ce qu'a annoncé la France hier a eu un facteur d'entraînement extraordinaire, c'est que d'autres pays ont annoncé aussi qu'ils allaient renforcer leurs moyens : les Australiens - les Australiens, on pourrait considérer que cela ne les concerne pas directement, quand on se situe là, où on se situe géographiquement - eh bien ! L'Australie fait un effort maximum. Nos amis allemands ont indiqué que probablement ils allaient aussi renforcer leurs troupes. On a un effort de nombre de pays d'Europe centrale et orientale. Bref, l'effort de la communauté internationale va être accentué et c'est ce que nous voulons, dans la perspective un jour, en effet, de partir et de laisser aux Afghans le soin de gérer leur propre pays.
Q.- Est-ce que le coût de ces renforts, pour la France a été chiffré ?
R.- Oui, bien sûr cela a été chiffré : ça sera autour de 150 millions d'euros.
Alors, autre confirmation très importante hier à Bucarest : le désir de N. Sarkozy de replacer la France dans le commandement intégré de l'Otan, si possible, a-t-il dit, dès le prochain sommet de l'organisation en 2009...
R.- Il n'a pas dit ça comme ça, mais enfin...
Q.- Enfin, c'est assez clairement son souhait, après il faudra que les conditions soient réunies en effet et notamment les progrès en matière d'Europe de la Défense. Mais si la France rejoignait le commandement intégré, cela serait un tournant historique, depuis que le Général de Gaulle en 1966 en avait claqué la porte. Quels avantages la France aurait-elle à rejoindre les structures du commandement intégré de l'Otan ?
R.- D'abord et avant tout, la question c'est celle de l'Europe de la Défense, c'est de faire en sorte que nous fassions des progrès maximum et des progrès considérables sur la construction de l'Europe de la Défense. Nos amis américains ont eu hier des mots, comme jamais ils n'ont eu au sein de l'Alliance atlantique. Hier, G. Bush - et c'est historique - a indiqué qu'il y avait une nécessité de construire l'Europe de la Défense. Mon homologue, le secrétaire d'Etat, R. Gates, qui a eu les plus grandes responsabilités au sein de la Défense américaine depuis 25 ans, a dit, devant tout le monde : "Je crois que j'ai fait une erreur qui est de penser que seul l'Alliance atlantique était en mesure d'assurer notre sécurité, l'Europe doit prendre sa part". Et c'est cela...
Q.- Donc, il faut faire une concession aux Etats-Unis, en rejoignant l'Alliance atlantique ?
R.- Il ne faut pas faire une concession. Alors, d'une part, nous voulons faire évoluer l'Europe de la Défense, et vous ne la ferez évoluer dans la tête des Européens que si les Européens ont la conviction que l'Europe de la Défense ne se joue pas contre l'Otan - mais que l'Europe de la Défense et l'Otan c'est complémentaire, et que l'Europe de la Défense ce n'est pas un moyen d'affaiblir l'Otan. Si vous présentez l'Europe de la Défense comme un substitut à l'Otan, vous n'avancerez jamais, parce que pour tous les Européens, le système de sécurité qui leur a permis d'être en paix depuis 60 ans, c'est l'Alliance atlantique. C'est comme ça. On peut le regretter, mais c'est comme ça. Deuxième point, sur l'alliance atlantique, je voudrais vous poser une question : cela veut dire quoi, intégrer le commandement de l'Otan ?
Q.- Retourner dans le commandement...
R.- Oui, cela veut dire quoi ?
Q.- Passer dans une structure où tout est commandé par les Américains. C'est vrai qu'aujourd'hui c'est en grande partie le cas !
R.- Eh bien non, ce n'est pas ça l'Otan. Nous sommes au sein de l'Alliance atlantique, nous participons à toutes les opérations militaires de l'Otan, depuis 1995. Nous avons même des généraux français qui assurent le commandement d'opération de l'Otan, je pense au Kosovo, le général Bout de Marnhac - il est le patron des forces de l'Otan au Kosovo ; le général Peel (phon) y a été avant.
Q.- Donc, vous voulez dire que cela ne changerait pas grand-chose ?
R.- Cela ne change rien.
Q.- Alors pourquoi le faire si cela ne change rien ?
R.- Cela ne change que si, cela change une chose : c'est que dès lors que vous voulez faire monter l'Europe, faire en sorte que l'Europe de la Défense existe, vous devez faire en sorte que l'Europe de la Défense elle existe et que l'Europe de la Défense, elle prenne... et que les Européens prennent toute leur place au sein de l'Alliance, c'est l'un avec l'autre.
Q.- Pourquoi y a-t-il alors cette crainte, comme l'explique par exemple F. Bayrou, le président du MoDem, qui dit : la France est en train de perdre son indépendance ; la période où la France était indocile est derrière nous ?
R.- Mais parce qu'il ne connaît pas le sujet, alors il dit n'importe quoi. Mais il a le droit. Les Allemands, ils sont bien dans le commandement intégré de l'Otan, cela ne les a pas empêché de s'opposer aux Américains sur l'Irak.
Q.- L'Allemagne n'est pas une puissance militaire comparable à la France !
R.- Je prends un deuxième exemple : hier - toutes les décisions de l'Alliance atlantique elles se prennent à l'unanimité - hier, les Américains voulaient absolument que l'Ukraine et la Géorgie rentrent au sein de l'Otan. C'est quoi ? Ce sont les Européens, qui ensemble ont expliqué aux Américains que certes l'Ukraine et la Géorgie avaient vocation à entrer au sein de l'Alliance, mais que ce n'était pas le moment. Et donc, le fait de réintégrer l'Otan, le commandement intégré de l'Otan, c'est... on est du domaine du symbole sans que personne ne sache de quoi on parle. On n'est plus dans le système des années 60 où grosso modo, chaque régiment avait une affectation pour aller dans tel ou tel pays en cas de conflit avec le Pacte de Varsovie. Aujourd'hui, intégrer l'Otan ça veut dire participer aux comités des plans généraux, c'est la seule structure à laquelle nous ne participons pas et aux comités des plans nucléaires. Ce sont les deux seules structures auxquelles nous ne participons pas. Et c'est avoir plus d'officiers dans l'ensemble des structures militaires pour avoir plus d'influence. C'est tout. Il n'y a, dans l'idée du commandement intégré aucune conséquence sur la souveraineté et l'indépendance de nos forces, et l'indépendance de notre décision, à chaque fois que l'Otan décide de faire quelque chose.
Q.- Soumettre cette initiative à référendum, ce serait une bonne idée, comme le suggère N. Dupont Aignan ?
R.- Il y a un Parlement, il fait pour ça.
Q.- D'un mot H. Morin, on dit que l'armée de terre se prépare à une cure d'austérité. Vous allez effectivement annoncer, dans les jours qui viennent, des suppressions de garnisons ?
R.- Je conteste l'idée de la cure d'austérité, quand on maintient l'effort de défense.
Q.- Merci H. Morin, bonne journée !
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 4 avril 2008
R.- Ce n'est pas qu'en renforçant les troupes sur place que l'on règlera le problème, mais c'est d'abord en assurant la sécurité maximale de l'Afghanistan que l'on pourra faire en sorte que l'on mette en place les conditions du développement. Je crois qu'il y a quelque chose d'extraordinaire dans cette histoire. S'il y a bien un combat juste, c'est le combat de l'Afghanistan, c'est le combat contre les Talibans, c'est le combat contre le terrorisme, c'est le combat contre l'extrémisme absolu. Souvenez-vous ce qu'était le régime des Talibans ! Le régime des Talibans c'était le régime où les jeunes filles n'allaient pas à l'école, c'était le régime où la culture était interdite, le théâtre était interdit, où les cerfs volants même étaient interdits pour les enfants. Il y a un régime démocratique qui a été instauré ; pour la première fois les femmes ont pu voter. Il y a une Constitution avec Karzaï à la tête. De quoi s'agit-il ? Il s'agit de faire en sorte que l'Afghanistan ne soit pas un pays de déstabilisation majeure, d'un arc de crise que l'on connaît qui va de l'Asie du Sud, j'allais dire, presque jusqu'à l'Atlantique. Et nous avons une responsabilité majeure qui concerne d'ailleurs notre propre sécurité. Faire de l'Afghanistan la base arrière du terrorisme, c'est mettre en place les éléments qui menacent notre propre sécurité.
Q.- Pendant sa campagne électorale, en avril 2007 - pendant la campagne présidentielle -, N. Sarkozy avait dit sur France 2, la chose suivante : "la présence à long terme des troupes françaises dans cet endroit du monde, l'Afghanistan, ne me parait pas décisive". Qu'est-ce qui justifie, à peine un an plus tard, de prendre une décision qui est totalement contraire à celle là ?
R.- Parce que, si vous vous dites que partir est impossible, partir c'est échouer.
Q.- A l'époque il disait qu'il poursuivrait la politique de J. Chirac, qui lui, avait commencé à rapatrier un certain nombre d'éléments des forces françaises.
R.- Il n'a jamais dit ça, il a dit...
Q.- Textuellement : « c'est la politique que je poursuivrai, disait-il ».
R.- Il a dit que nous n'avions pas à rester éternellement, nous n'avions pas vocation à rester éternellement en Afghanistan, voilà ce qu'il disait. Si vous n'avez pas vocation à rester éternellement en Afghanistan, cela veut dire qu'il faut que vous fassiez l'effort maximal. Si vous faites un effort intermédiaire, vous y êtes là, en effet pour l'éternité si je puis dire. Si en revanche, la communauté internationale décide de mettre le maximum d'atouts de son côté pour que l'Afghanistan puisse prendre son destin en main, eh bien vous donnez des chances pour que nous puissions partir. Mais de toute façon, les opérations internationales de maintien de la paix, de stabilisation, ce sont des opérations qui durent toujours sur de longues périodes. Je me permets de vous signaler que quand vous regardez dans les autres opérations de maintien de la paix ou de sécurité ou de stabilisation que nous menons, nous y sommes parfois depuis 20, voire 30 ans, je pense au Liban par exemple. Et donc, si nous voulons faire en sorte qu'un jour nous puissions partir, il faut que la communauté internationale fasse l'effort maximum maintenant. Et d'ailleurs, ce qu'a fait la France hier, ce qu'a annoncé la France hier a eu un facteur d'entraînement extraordinaire, c'est que d'autres pays ont annoncé aussi qu'ils allaient renforcer leurs moyens : les Australiens - les Australiens, on pourrait considérer que cela ne les concerne pas directement, quand on se situe là, où on se situe géographiquement - eh bien ! L'Australie fait un effort maximum. Nos amis allemands ont indiqué que probablement ils allaient aussi renforcer leurs troupes. On a un effort de nombre de pays d'Europe centrale et orientale. Bref, l'effort de la communauté internationale va être accentué et c'est ce que nous voulons, dans la perspective un jour, en effet, de partir et de laisser aux Afghans le soin de gérer leur propre pays.
Q.- Est-ce que le coût de ces renforts, pour la France a été chiffré ?
R.- Oui, bien sûr cela a été chiffré : ça sera autour de 150 millions d'euros.
Alors, autre confirmation très importante hier à Bucarest : le désir de N. Sarkozy de replacer la France dans le commandement intégré de l'Otan, si possible, a-t-il dit, dès le prochain sommet de l'organisation en 2009...
R.- Il n'a pas dit ça comme ça, mais enfin...
Q.- Enfin, c'est assez clairement son souhait, après il faudra que les conditions soient réunies en effet et notamment les progrès en matière d'Europe de la Défense. Mais si la France rejoignait le commandement intégré, cela serait un tournant historique, depuis que le Général de Gaulle en 1966 en avait claqué la porte. Quels avantages la France aurait-elle à rejoindre les structures du commandement intégré de l'Otan ?
R.- D'abord et avant tout, la question c'est celle de l'Europe de la Défense, c'est de faire en sorte que nous fassions des progrès maximum et des progrès considérables sur la construction de l'Europe de la Défense. Nos amis américains ont eu hier des mots, comme jamais ils n'ont eu au sein de l'Alliance atlantique. Hier, G. Bush - et c'est historique - a indiqué qu'il y avait une nécessité de construire l'Europe de la Défense. Mon homologue, le secrétaire d'Etat, R. Gates, qui a eu les plus grandes responsabilités au sein de la Défense américaine depuis 25 ans, a dit, devant tout le monde : "Je crois que j'ai fait une erreur qui est de penser que seul l'Alliance atlantique était en mesure d'assurer notre sécurité, l'Europe doit prendre sa part". Et c'est cela...
Q.- Donc, il faut faire une concession aux Etats-Unis, en rejoignant l'Alliance atlantique ?
R.- Il ne faut pas faire une concession. Alors, d'une part, nous voulons faire évoluer l'Europe de la Défense, et vous ne la ferez évoluer dans la tête des Européens que si les Européens ont la conviction que l'Europe de la Défense ne se joue pas contre l'Otan - mais que l'Europe de la Défense et l'Otan c'est complémentaire, et que l'Europe de la Défense ce n'est pas un moyen d'affaiblir l'Otan. Si vous présentez l'Europe de la Défense comme un substitut à l'Otan, vous n'avancerez jamais, parce que pour tous les Européens, le système de sécurité qui leur a permis d'être en paix depuis 60 ans, c'est l'Alliance atlantique. C'est comme ça. On peut le regretter, mais c'est comme ça. Deuxième point, sur l'alliance atlantique, je voudrais vous poser une question : cela veut dire quoi, intégrer le commandement de l'Otan ?
Q.- Retourner dans le commandement...
R.- Oui, cela veut dire quoi ?
Q.- Passer dans une structure où tout est commandé par les Américains. C'est vrai qu'aujourd'hui c'est en grande partie le cas !
R.- Eh bien non, ce n'est pas ça l'Otan. Nous sommes au sein de l'Alliance atlantique, nous participons à toutes les opérations militaires de l'Otan, depuis 1995. Nous avons même des généraux français qui assurent le commandement d'opération de l'Otan, je pense au Kosovo, le général Bout de Marnhac - il est le patron des forces de l'Otan au Kosovo ; le général Peel (phon) y a été avant.
Q.- Donc, vous voulez dire que cela ne changerait pas grand-chose ?
R.- Cela ne change rien.
Q.- Alors pourquoi le faire si cela ne change rien ?
R.- Cela ne change que si, cela change une chose : c'est que dès lors que vous voulez faire monter l'Europe, faire en sorte que l'Europe de la Défense existe, vous devez faire en sorte que l'Europe de la Défense elle existe et que l'Europe de la Défense, elle prenne... et que les Européens prennent toute leur place au sein de l'Alliance, c'est l'un avec l'autre.
Q.- Pourquoi y a-t-il alors cette crainte, comme l'explique par exemple F. Bayrou, le président du MoDem, qui dit : la France est en train de perdre son indépendance ; la période où la France était indocile est derrière nous ?
R.- Mais parce qu'il ne connaît pas le sujet, alors il dit n'importe quoi. Mais il a le droit. Les Allemands, ils sont bien dans le commandement intégré de l'Otan, cela ne les a pas empêché de s'opposer aux Américains sur l'Irak.
Q.- L'Allemagne n'est pas une puissance militaire comparable à la France !
R.- Je prends un deuxième exemple : hier - toutes les décisions de l'Alliance atlantique elles se prennent à l'unanimité - hier, les Américains voulaient absolument que l'Ukraine et la Géorgie rentrent au sein de l'Otan. C'est quoi ? Ce sont les Européens, qui ensemble ont expliqué aux Américains que certes l'Ukraine et la Géorgie avaient vocation à entrer au sein de l'Alliance, mais que ce n'était pas le moment. Et donc, le fait de réintégrer l'Otan, le commandement intégré de l'Otan, c'est... on est du domaine du symbole sans que personne ne sache de quoi on parle. On n'est plus dans le système des années 60 où grosso modo, chaque régiment avait une affectation pour aller dans tel ou tel pays en cas de conflit avec le Pacte de Varsovie. Aujourd'hui, intégrer l'Otan ça veut dire participer aux comités des plans généraux, c'est la seule structure à laquelle nous ne participons pas et aux comités des plans nucléaires. Ce sont les deux seules structures auxquelles nous ne participons pas. Et c'est avoir plus d'officiers dans l'ensemble des structures militaires pour avoir plus d'influence. C'est tout. Il n'y a, dans l'idée du commandement intégré aucune conséquence sur la souveraineté et l'indépendance de nos forces, et l'indépendance de notre décision, à chaque fois que l'Otan décide de faire quelque chose.
Q.- Soumettre cette initiative à référendum, ce serait une bonne idée, comme le suggère N. Dupont Aignan ?
R.- Il y a un Parlement, il fait pour ça.
Q.- D'un mot H. Morin, on dit que l'armée de terre se prépare à une cure d'austérité. Vous allez effectivement annoncer, dans les jours qui viennent, des suppressions de garnisons ?
R.- Je conteste l'idée de la cure d'austérité, quand on maintient l'effort de défense.
Q.- Merci H. Morin, bonne journée !
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 4 avril 2008