Texte intégral
R. Duchemin.- Bonjour L. Parisot. Merci d'être avec nous depuis Bruxelles où vous tenez aujourd'hui votre assemblée générale avec un intitulé : « Benchmarker c'est la santé ». Alors dites-moi, sans vouloir être désobligeante, ce n'est pas un petit peu abstrait pour un monde de l'entreprise qui dit vouloir s'ouvrir au plus grand nombre ?
R.- Eh bien dans l'ouverture du monde de l'entreprise, nous avons également le projet de faire passer à l'ensemble du public des concepts que nous utilisons dans l'entreprise et le « Benchmarker » c'est une méthode qui permet de comparer, d'étalonner, de mesurer d'une manière dynamique ce que nous faisons. Et nous proposons d'étendre cette méthode à tout, y compris quand on essaye de se poser la question : que faut-il faire pour que notre pays, globalement, soit plus performant ? C'est pour ça que selon nous Benchmarker c'est la santé, c'est une mesure du progrès et c'est aussi le chemin qu'il faut prendre pour s'améliorer sans cesse.
Q.- "S'améliorer" c'est le message principal, le message central que vous ferez passer à vos troupes aujourd'hui ?
R.- Il y aura beaucoup de messages. D'abord nous avons un message européen fort. Si nous sommes venus ici organiser notre assemblée générale c'est aussi pour nous une façon d'exprimer notre engagement européen. Et je crois qu'il faut que là aussi l'ensemble des Français comprenne que sans l'Europe nous serions encore plus faibles, encore plus en difficulté face aux défis gigantesques de la mondialisation, je dirais même de toutes les mondialisations.
Q.- Puisque vous parlez d'Europe, les chiffres du commerce extérieur pour la France, pour 2007 sont tombés hier, triste record. On n'avait a priori jamais fait pire, le déficit dépasse les 39 milliards d'euros. Certes l'euro est cher, le pétrole aussi, c'est en cause évidemment, mais ça n'explique pas tout. H. Novelli a notamment pointé du doigt les exportations et dit aux entreprises qu'il fallait faire des efforts parce que l'Italie et l'Allemagne, dans le même temps, avec l'euro cher et le pétrole cher, font mieux que nous.
R.- Mais il y a une explication majeure, une explication qui explique tout de cette situation catastrophique :, c'est la compétitivité de notre pays qui est en cause. Et vous savez, il y a trois chiffres très simples à avoir en tête : l'ensemble des prélèvements obligatoires qui pèsent sur les entreprises françaises, c'est 290 milliards d'euros. Alors que l'ensemble des prélèvements obligatoires qui pèsent sur les entreprises allemandes ce n'est que 210 milliards et sur les entreprises anglaises 130 milliards. Vous comprenez qu'à partir de là dans la compétition, et je dirais même le sprint économique mondial, l'entreprise France quelle qu'elle soit a un handicap qui est parfois insurmontable face à ses concurrentes des pays occidentaux et en tout premier lieu de l'Allemagne.
Q.- Ca signifie qu'il faut aujourd'hui, c'est un message envoyé au Gouvernement pour alléger justement ces charges ?
R.- Je crois qu'il faut penser à un enseignement de réformes pour que progressivement les entreprises françaises ne soient pas quasi les seules comme elles sont aujourd'hui à supporter le financement de tous les systèmes de protection sociale.
Q.- L. Parisot, vous espérez que la présidence européenne, puisque vous êtes à Bruxelles, que cette présidence, qui sera bientôt française, sera pleine de panache. C'est du panache par exemple quand N. Sarkozy se rend à Gandrange chez Arcelor-Mittal et qu'il promet que l'Etat va investir, c'est son rôle ?
R.- Je suis un peu partagée. Je prends comme une bonne nouvelle l'engagement du président de la République en faveur de l'entreprise, du travail, de l'économie. C'est quelque chose que nous demandions depuis longtemps aux hommes politiques de prendre la mesure de tout cela et, incontestablement, N. Sarkozy le fait et c'est très important. En revanche...
Q.- Et c'est du volontarisme ou l'interventionnisme, pardonnez-moi ?
R.- Eh bien c'est pour ça que je suis un peu partagée parce qu'il est tout à fait vrai que l'intervention de l'Etat serait beaucoup efficace si justement celui-ci engageait les réformes nécessaires pour alléger les charges sur les entreprises dont je parlais précédemment, parce qu'en faisant cela, ce n'est pas une entreprise qu'on viendrait sauver, c'est toutes les entreprises françaises.
Q.- Mais quand il va taper aux différentes portes en disant... à Kleber, à Michelin, Arcelor... finalement on va vous aider, est-ce que ça n'ouvre pas la voie pour d'autres finalement par la suite ? Est-ce que ce n'est pas le danger ?
R.- C'est pour ça que si on veut vraiment donner, créer les conditions pour que les entreprises françaises soient toutes plus compétitives, c'est d'abord une réflexion globale, une pensée, une stratégie de l'Etat pour réformer la fiscalité, notamment celle qui pèse sur les entreprises pour rendre l'administration plus efficace, plus performante, plus prête à collaborer avec les entreprises, en partenariat avec les entreprises. Ce sont des approches de ce type qui globalement seraient beaucoup plus efficaces pour encourager, aider au développement de toutes les entreprises françaises.
Q.- L. Parisot, vous donnez ce matin une interview à La Tribune dans laquelle vous revenez sur l'âge de la retraite que vous voulez repousser, l'âge légal, pour augmenter le taux d'activité, dites-vous, des seniors. En admettant qu'on parvienne à faire passer la pilule auprès des salariés, comment faites-vous vous pour que les entreprises embauchent ces personnes ? Il faut des mesures, je suppose, incitatives parce que bien souvent les entreprises ne veulent pas embaucher des seniors, et ce sont justement ces catégories là qui restent le plus souvent sur le carreau.
R.- Eh bien voyez-vous si justement on fait du « Benchmarker » comme ce que nous proposons ce matin à Bruxelles avec l'assemblée générale du Medef, si nous faisons du « Benchmarker », et si nous regardons tous les pays européens, qu'est-ce que nous constatons ? Que tout d'abord pratiquement tous les pays européens ont repoussé l'âge légal de départ à la retraite et il se situe en moyenne autour de 65 ans.
Q.- Mais est-ce que c'est l'âge légal qui pose problème ou la durée des cotisations ?
R.- Les deux paramètres sont importants mais l'âge légal a notamment un rôle décisif sur cette question que vous soulevez celle du taux d'activité des seniors, parce que si on continue le « Benchmarker », c'est-à-dire l'observation, la mesure, la comparaison, on voit que le taux d'activité des seniors est d'autant plus élevé que l'âge légal a été repoussé. C'est-à-dire qu'on peut comprendre ce qui se passe : quand vous êtes une entreprise et que l'âge légal de départ à la retraite est à 60 ans, est-ce que vous vous dites que vous allez embaucher la personne qui a 59 ans ou plutôt la personne qui a 45 ans ? Vous prenez d'abord celle qui a 45 ans, à compétence, à talent, à savoir-faire identiques parce que sur celle qui a 45 ans vous pouvez investir, vous pouvez miser. Donc, là, et puis de même que la personne qui a 59 ans est peut-être un peu moins motivée à se mettre au travail si elle sait qu'elle va partir assez rapidement à la retraite. Je crois que ce qu'il faut faire c'est certainement accepter et franchement se débarrasser de ce symbole qui est l'âge légal de 60 ans. Il faut accepter de se dire nous allons partir peut-être à la retraite beaucoup plus tard parce que nous vivons beaucoup plus longtemps, et ça c'est une bonne nouvelle quand même. On n'arrive même pas à se réjouir de cette situation alors que c'est formidable. Un petit garçon qui naît aujourd'hui en France, il a une espérance de vie de près de 77 ans, 78 ans. Donc il faut accepter cette idée. Et en même temps, il faut que du côté des entreprises, des directions des ressources humaines, on soit capable de penser les fonctions, les métiers différemment selon les âges. Il est tout à fait évident qu'on ne fait pas la même chose, on n'a pas le même type même de talent et de contribution possible à une entreprise quand on a 60 ans et quand on a 45 ans. Il faut, je crois, au contraire profiter de nos seniors pour garder nos savoir-faire.
Q.- Merci beaucoup L. Parisot d'avoir été ce matin en direct avec nous sur France Info.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 8 février 2008
R.- Eh bien dans l'ouverture du monde de l'entreprise, nous avons également le projet de faire passer à l'ensemble du public des concepts que nous utilisons dans l'entreprise et le « Benchmarker » c'est une méthode qui permet de comparer, d'étalonner, de mesurer d'une manière dynamique ce que nous faisons. Et nous proposons d'étendre cette méthode à tout, y compris quand on essaye de se poser la question : que faut-il faire pour que notre pays, globalement, soit plus performant ? C'est pour ça que selon nous Benchmarker c'est la santé, c'est une mesure du progrès et c'est aussi le chemin qu'il faut prendre pour s'améliorer sans cesse.
Q.- "S'améliorer" c'est le message principal, le message central que vous ferez passer à vos troupes aujourd'hui ?
R.- Il y aura beaucoup de messages. D'abord nous avons un message européen fort. Si nous sommes venus ici organiser notre assemblée générale c'est aussi pour nous une façon d'exprimer notre engagement européen. Et je crois qu'il faut que là aussi l'ensemble des Français comprenne que sans l'Europe nous serions encore plus faibles, encore plus en difficulté face aux défis gigantesques de la mondialisation, je dirais même de toutes les mondialisations.
Q.- Puisque vous parlez d'Europe, les chiffres du commerce extérieur pour la France, pour 2007 sont tombés hier, triste record. On n'avait a priori jamais fait pire, le déficit dépasse les 39 milliards d'euros. Certes l'euro est cher, le pétrole aussi, c'est en cause évidemment, mais ça n'explique pas tout. H. Novelli a notamment pointé du doigt les exportations et dit aux entreprises qu'il fallait faire des efforts parce que l'Italie et l'Allemagne, dans le même temps, avec l'euro cher et le pétrole cher, font mieux que nous.
R.- Mais il y a une explication majeure, une explication qui explique tout de cette situation catastrophique :, c'est la compétitivité de notre pays qui est en cause. Et vous savez, il y a trois chiffres très simples à avoir en tête : l'ensemble des prélèvements obligatoires qui pèsent sur les entreprises françaises, c'est 290 milliards d'euros. Alors que l'ensemble des prélèvements obligatoires qui pèsent sur les entreprises allemandes ce n'est que 210 milliards et sur les entreprises anglaises 130 milliards. Vous comprenez qu'à partir de là dans la compétition, et je dirais même le sprint économique mondial, l'entreprise France quelle qu'elle soit a un handicap qui est parfois insurmontable face à ses concurrentes des pays occidentaux et en tout premier lieu de l'Allemagne.
Q.- Ca signifie qu'il faut aujourd'hui, c'est un message envoyé au Gouvernement pour alléger justement ces charges ?
R.- Je crois qu'il faut penser à un enseignement de réformes pour que progressivement les entreprises françaises ne soient pas quasi les seules comme elles sont aujourd'hui à supporter le financement de tous les systèmes de protection sociale.
Q.- L. Parisot, vous espérez que la présidence européenne, puisque vous êtes à Bruxelles, que cette présidence, qui sera bientôt française, sera pleine de panache. C'est du panache par exemple quand N. Sarkozy se rend à Gandrange chez Arcelor-Mittal et qu'il promet que l'Etat va investir, c'est son rôle ?
R.- Je suis un peu partagée. Je prends comme une bonne nouvelle l'engagement du président de la République en faveur de l'entreprise, du travail, de l'économie. C'est quelque chose que nous demandions depuis longtemps aux hommes politiques de prendre la mesure de tout cela et, incontestablement, N. Sarkozy le fait et c'est très important. En revanche...
Q.- Et c'est du volontarisme ou l'interventionnisme, pardonnez-moi ?
R.- Eh bien c'est pour ça que je suis un peu partagée parce qu'il est tout à fait vrai que l'intervention de l'Etat serait beaucoup efficace si justement celui-ci engageait les réformes nécessaires pour alléger les charges sur les entreprises dont je parlais précédemment, parce qu'en faisant cela, ce n'est pas une entreprise qu'on viendrait sauver, c'est toutes les entreprises françaises.
Q.- Mais quand il va taper aux différentes portes en disant... à Kleber, à Michelin, Arcelor... finalement on va vous aider, est-ce que ça n'ouvre pas la voie pour d'autres finalement par la suite ? Est-ce que ce n'est pas le danger ?
R.- C'est pour ça que si on veut vraiment donner, créer les conditions pour que les entreprises françaises soient toutes plus compétitives, c'est d'abord une réflexion globale, une pensée, une stratégie de l'Etat pour réformer la fiscalité, notamment celle qui pèse sur les entreprises pour rendre l'administration plus efficace, plus performante, plus prête à collaborer avec les entreprises, en partenariat avec les entreprises. Ce sont des approches de ce type qui globalement seraient beaucoup plus efficaces pour encourager, aider au développement de toutes les entreprises françaises.
Q.- L. Parisot, vous donnez ce matin une interview à La Tribune dans laquelle vous revenez sur l'âge de la retraite que vous voulez repousser, l'âge légal, pour augmenter le taux d'activité, dites-vous, des seniors. En admettant qu'on parvienne à faire passer la pilule auprès des salariés, comment faites-vous vous pour que les entreprises embauchent ces personnes ? Il faut des mesures, je suppose, incitatives parce que bien souvent les entreprises ne veulent pas embaucher des seniors, et ce sont justement ces catégories là qui restent le plus souvent sur le carreau.
R.- Eh bien voyez-vous si justement on fait du « Benchmarker » comme ce que nous proposons ce matin à Bruxelles avec l'assemblée générale du Medef, si nous faisons du « Benchmarker », et si nous regardons tous les pays européens, qu'est-ce que nous constatons ? Que tout d'abord pratiquement tous les pays européens ont repoussé l'âge légal de départ à la retraite et il se situe en moyenne autour de 65 ans.
Q.- Mais est-ce que c'est l'âge légal qui pose problème ou la durée des cotisations ?
R.- Les deux paramètres sont importants mais l'âge légal a notamment un rôle décisif sur cette question que vous soulevez celle du taux d'activité des seniors, parce que si on continue le « Benchmarker », c'est-à-dire l'observation, la mesure, la comparaison, on voit que le taux d'activité des seniors est d'autant plus élevé que l'âge légal a été repoussé. C'est-à-dire qu'on peut comprendre ce qui se passe : quand vous êtes une entreprise et que l'âge légal de départ à la retraite est à 60 ans, est-ce que vous vous dites que vous allez embaucher la personne qui a 59 ans ou plutôt la personne qui a 45 ans ? Vous prenez d'abord celle qui a 45 ans, à compétence, à talent, à savoir-faire identiques parce que sur celle qui a 45 ans vous pouvez investir, vous pouvez miser. Donc, là, et puis de même que la personne qui a 59 ans est peut-être un peu moins motivée à se mettre au travail si elle sait qu'elle va partir assez rapidement à la retraite. Je crois que ce qu'il faut faire c'est certainement accepter et franchement se débarrasser de ce symbole qui est l'âge légal de 60 ans. Il faut accepter de se dire nous allons partir peut-être à la retraite beaucoup plus tard parce que nous vivons beaucoup plus longtemps, et ça c'est une bonne nouvelle quand même. On n'arrive même pas à se réjouir de cette situation alors que c'est formidable. Un petit garçon qui naît aujourd'hui en France, il a une espérance de vie de près de 77 ans, 78 ans. Donc il faut accepter cette idée. Et en même temps, il faut que du côté des entreprises, des directions des ressources humaines, on soit capable de penser les fonctions, les métiers différemment selon les âges. Il est tout à fait évident qu'on ne fait pas la même chose, on n'a pas le même type même de talent et de contribution possible à une entreprise quand on a 60 ans et quand on a 45 ans. Il faut, je crois, au contraire profiter de nos seniors pour garder nos savoir-faire.
Q.- Merci beaucoup L. Parisot d'avoir été ce matin en direct avec nous sur France Info.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 8 février 2008