Texte intégral
Je commencerai par vous rendre compte de nos discussions sur la Russie. A propos de la politique de voisinage, à propos de l'attitude vis-à-vis des Droits de l'Homme, à propos de cette universalité nécessaire des Droits de l'Homme, nous avons conclu qu'il était indispensable, comme on dit en diplomatie, d'être absolument saisis de cette question pour longtemps, de continuer la discussion en y ajoutant l'expérience d'un certain nombre de "think tanks" et de se retrouver pour préparer la réunion de l'Union européenne et de la Russie, qui devrait avoir lieu en décembre.
Le débat était extrêmement enrichissant. Evidemment, les pays ne sont pas dans la même configuration géographique ; Miguel Moratinos a fait remarquer que la géographie nous imposait des voisins mais que pour choisir un partenaire, c'était quand même politiquement plus compliqué. Il a raison, il ne faut pas oublier qu'un certain nombre de pays sont confrontés assez directement à une attitude de la Russie qu'il nous faut absolument comprendre. Non seulement parce que la Russie est un grand pays, mais aussi parce que ce grand pays veut retrouver sa place dans le concert des nations, en tout cas dans la négociation claire à propos de l'économie de marché, des investissements réciproques, etc., selon les règles que nous nous sommes donnés au sein de l'Union européenne. Mais en même temps, les attitudes étaient différentes puisqu'à chaque fois on pensait, ce qui n'était pas extrêmement efficace, que nous avions, chacun des pays, des relations particulières avec ce grand pays qu'est la Russie. Je crois que présenter une attitude commune était tout à fait indispensable, et nous nous y emploierons.
Quant à un autre sujet qui vous intéresse aussi, c'est-à-dire le Tibet, il n'a pas été abordé aujourd'hui, mais il le sera demain. Nous vous tiendrons informés. Des textes ont été présentés, que nous ferons circuler ce soir. Je suis à votre disposition.
Je dois remercier la Présidence slovène et dire combien j'ai été impressionné par ce bâtiment. Travailler dans ces conditions, c'est-à-dire être répartis dans un espace où l'on peut circuler, se rencontrer sans choquer, sans faire de petites messes basses, est tout à fait formidable. C'est aussi un endroit fait pour la rencontre et le débat. Je ne sais pas qui est l'architecte de ce formidable centre de conférences, mais merci à nos amis slovènes, non seulement d'avoir présenté tous ces sujets passionnants, mais aussi d'avoir ce centre merveilleusement bien situé.
Q - (à propos de la Russie et du Moyen-Orient)
R - Vous ne l'avez pas souligné, mais c'est déjà un résultat formidable que d'échanger nos expériences. Qu'est-ce que c'est que l'Union européenne ? C'est, d'abord, essayer d'écouter l'autre. C'est d'abord essayer, contre soi-même, contre et en dépit de ses certitudes, d'avoir une écoute pour les expériences de ceux qui vous entourent. C'est de dire "nous, les 27", et pas je, la France, avons une expérience particulière avec la Russie". C'est un début formidable parce que, vous comprenez, par exemple, l'expérience polonaise n'est pas la même que l'expérience anglaise, c'est tellement différent et tellement enrichissant.
Nous savions que nous devions trouver le ton juste, commun, le ton que nous pouvions présenter et expérimenter ensemble, les 27 pays, avec et non pas face ou contre la Russie. C'est capital. Echanger les expériences est quelque chose de formidablement enrichissant. Alors bien sûr, il n'y a pas de décision. On ne va pas dire : "vous allez baisser le prix du gaz, parce que l'on sait combien vous l'achetez en Asie centrale." Les demandes précises ont été adressées à la Présidence française pour s'intéresser au problème de nos rapports avec l'Asie centrale, et pas forcément avec le fournisseur du gaz.
Sur tous les sujets, pour le moment aucune décision précise, comptable, n'a été présentée, mais il y en aura. D'abord, le changement d'attitude, être ensemble, c'est le but de l'Union européenne, pour présenter, pas seulement des revendications, mais des propositions à notre voisin et partenaire, la Russie.
Deuxième question, vous avez parlé du Moyen-Orient et de Tony Blair. J'ai eu Tony Blair au téléphone il y a quelques heures et, bien sûr, nous avons parlé des contacts avec le Hamas. Nous avons tous décidé, pas seulement avec le Hamas, mais aussi avec le Hezbollah, avec la Syrie, avec l'Iran, qu'échanger et parler avec tous les représentants, non seulement des mouvements, mais également avec les représentants de ces deux pays, était nécessaire.
Est-ce que nous devons pour autant présenter une attitude de l'Union européenne particulière ? Je le crois. Est-ce que nous l'avons décidé aujourd'hui ? Je le pense. Est-ce que nous l'avons déjà écrit, rationalisé, présenté ? Non, pas encore. Mais, Tony Blair a dit - je pense qu'il l'a dit - que dans les deux mois qui viennent, il est tout à fait essentiel de fonctionner, d'être présents, et pas seulement dans la négociation entre les Israéliens et les Palestiniens, qui continue discrètement, en tout cas sans que l'on parle encore de conclusions sur les sujets difficiles comme le peuplement, les réfugiés, Jérusalem.
Je crois que l'Europe sera capable de présenter une attitude commune sur ce sujet, en tout cas à propos du processus d'Annapolis et de la Conférence de Paris. Nous devons le faire, c'est une période historique qui s'annonce : le voyage de M. Bush en mai, et puis après je crois qu'il sera nécessaire d'adopter une attitude fortement charpentée et tout à fait unitaire, car chacun a visité ces pays, chacun a essayé de son côté. Je crois qu'il faut maintenant - on l'avait fait avec Javier Solana d'ailleurs et nous l'avons entendu ce matin - saisir la chance historique d'avoir des plate-formes et des propositions européennes.
Q - (à propos du Tibet)
R - Sur le Tibet, je ne peux rien vous dire. Je ne peux que vous parler de ma propre position, ce qui n'est pas intéressant, bien sûr, sans avoir entendu les autres. Sur le Tibet, j'en parlerai volontiers avec vous demain, mais laissons faire le temps de la discussion, le temps de l'écoute des autres ! La position allemande n'est pas la même que la position anglaise. Il faut se donner la force d'avoir une position commune, c'est cela qui sera important pour le Tibet. Mais elle n'est pas forcément conflictuelle, elle peut être ramassée à la base sur des propositions extrêmement simples.
Q - (à propos du Liban)
R - D'abord, il n'y a pas de président libanais et mon commentaire est simple : c'est très dommage. La 17ème session du Parlement n'a rien apporté et c'est assez désespérant, pas pour nous mais pour les Libanais. Vous comprenez, c'est un peu délicat d'avoir des initiatives, qu'elles soient françaises ou arabes - elles sont d'ailleurs extrêmement complémentaires et très proches -, et après on dit : "ah, vous avez échoué". Mais qui a échoué ? Moi je ne suis pas libanais. Si on propose des initiatives politiques uniquement quand on est sûr de réussir, cela s'appelle un statu quo diplomatique permanent ; ce n'est pas mon genre.
Il n'y a pas de président libanais mais il y a un Premier ministre qui fait bien son travail, avec un gouvernement qui est très respectable et qui est très respecté, celui de M. Fouad Siniora. Il a lui-même décidé de ne pas se rendre à Damas comme, certainement, un certain nombre de présidents ou de rois : ni le roi de Jordanie, ni le roi d'Arabie saoudite, ni le président Moubarak, etc. Je crois que c'est assez significatif. Ce sommet sera-t-il un échec - je ne dis pas cela parce que les Syriens se sont arrangés pour que la tenue même de ce sommet soit un événement ? Ce sera difficile, mais il y a bien d'autres choses qui sont difficiles dans les négociations au Moyen-Orient. Alors, je crois que nous devrons tenir compte de la situation après le sommet.
Quant à ceux qui veulent retirer l'initiative arabe, je crois que ce serait une erreur. Cette initiative a reposé en fait sur les trois piliers de l'initiative française : l'élection d'un président de consensus pour le Liban, un gouvernement représentatif de toutes les communautés et une modification ultérieure du processus électoral prenant en compte toutes les communautés. Deuxième et troisième point, au niveau de l'organisation des circonscriptions des qada, il fallait une petite modification sur laquelle tout le monde était d'accord. Nous sommes d'accord tous là-dessus.
Théoriquement, après des efforts et des efforts qui furent, à un moment donné, communs - et qui ont été rappelés ici par nos partenaires -, avec évidemment la représentation de la Présidence, Javier Solana, la Commission, mais aussi les Italiens et les Espagnols qui, avec les Français, ont vraiment agi en commun, trois grands pays de la Méditerranée. Eh bien, c'était sur ces trois points quelque chose d'acquis. Et puis, finalement, l'initiative arabe, avec ces trois points également reconnus comme la base d'un consensus, n'a pas réussi. A-t-elle pour autant échoué ? Mais non, il faut continuer, c'est très long, très difficile. Est-ce qu'après le sommet de Damas nous serons capables de faire d'autres propositions ? En tout cas, la France et l'Union européenne, oui.
Il ne faut pas désespérer même si c'est quand même extrêmement difficile pour les Libanais - pas pour nous, nous, c'est notre travail, notre mission, notre devoir, notre volonté - qui souffrent tous les jours. Les diverses communautés perdent l'espoir et cela, il ne faut pas le laisser faire. Le Liban doit être un pays libre, souverain, indépendant, démocratique, c'est notre exigence. Est-ce que la Syrie est un partenaire obligé ? Oui. Est-ce que l'Iran existe ? Oui. Il faut continuer.
Q - (à propos d'Ingrid Betancourt)
R - J'ai des nouvelles, qui ne sont pas bonnes. Sont-elles crédibles ? J'espère que non. J'espère que les nouvelles sur l'état de santé d'Ingrid Betancourt ne sont pas médicalement justes. J'espère que cela ne s'aggrave pas.
Je considère très positive l'attitude du président Uribe qui a décidé, de son côté, de libérer des prisonniers s'il y avait une libération d'otages. Nous sommes en train de nous acharner, mais il ne s'agit pas seulement de l'Union européenne. Il s'agit de pays, certains plus engagés que d'autres : l'Espagne, la France, la Suisse, la Slovénie en tant que présidente en exercice de l'Union européenne...
Oui, nous continuons, nous sommes très acharnés, jusqu'à la libération des otages, en particulier d'Ingrid Betancourt parce qu'elle est française, mais aussi de tous les otages. Il n'y a rien de précis mais il y a des bruits concordants qui, je l'espère, de part et d'autre, se révèleront exacts.
Q - (à propos du Tibet)
R - Attendons donc un peu encore pour nous entendre. N'attendez pas de moi, avant la discussion, une position qui peut-être endommagerait cette discussion. Nous avons tous à faire connaître nos points de vue. Nous le ferons demain et je serai très heureux de vous en parler.
Q - (à propos de discussions avec le Hamas)
R - Je n'ai pas à dire si j'y suis favorable. Moi, je suis toujours pour que l'on parle, y compris à ses ennemis. Mais c'est aux Palestiniens de décider, je l'ai dit plusieurs fois.
Je crois que l'initiative égyptienne peut faire avancer les choses entre les Israéliens et le Hamas. Telle est ma réponse. Il y a l'initiative yéménite, laissons-la se développer. Ma position c'est que c'est aux Palestiniens de décider à quel moment ils se parlent entre eux, clandestinement ou ouvertement. Je pense qu'il faut parler, mais je ne suis pas, pour le moment, au premier plan.
Q - (à propos de discussions avec le Hamas).
R - Ce que j'ai répondu est clair, ce n'est pas à nous de décider. Il y a probablement des négociations, peut-être déjà engagées, entre les protagonistes eux-mêmes.
Evidemment, l'Union européenne n'est pas au premier plan dans cette affaire. Nous en avons tous parlé et tout le monde s'est exprimé sur la nécessité d'une unité de vue palestinienne, sur la nécessité déjà évoquée, depuis plusieurs mois d'ailleurs, par le Fatah et l'Autorité palestinienne, d'un référendum. Nous en sommes là.
Nous, nous voulons être positifs, nous ne voulons pas présenter des obstacles supplémentaires. Nous avons un plan, nous avons de l'argent, nous avons des contacts précis avec les uns et les autres. Le premier projet, c'était à Gaza, c'était la station d'épuration. Il s'agit encore d'un projet mais, entre temps, il y a eu le bombardement. Donc, il faut nous acharner. Le projet est là, l'argent est là, la porte est ouverte pour commencer. Allons-y, les 27 doivent avoir une position commune. Si nous commençons à nous dire : "tu parles avec le Hamas, toi, mais moi je ne lui parle pas tout de suite", ce ne sera pas positif.
Q - (à propos de l'Iran ?)
R - Nous tentons d'avoir une position commune qui soit efficace. Je pense que le moment historique va se présenter dans quelque mois sur ce dossier, comme sur un autre. Bien entendu, aussi bien au Moyen Orient qu'en Russie, les Etats-Unis jouent un rôle considérable.
Q - (à propos de la Russie)
R - Nous n'avions pas jusque là, dans les rapports avec l'Union européenne, un bon contact, un bon, comment dirais-je, un bon angle, un bon langage. Nous sommes en train de le trouver. Je pense que cela comptera beaucoup, non seulement pour les problèmes très directement européens, mais aussi pour le dialogue général. Quand j'ai parlé des pays environnants, quand nous avons parlé par exemple de la Géorgie, évidemment, cela fait partie du problème général et de l'attitude à tenir dans ce monde difficile. Et c'est vrai aussi pour d'autres pays que la Russie.
Quand nous avons des discussions aussi riches qu'aujourd'hui, nous apparaissons beaucoup plus complémentaires que divisés ; je vous le dis et je m'en réjouis complètement. Cet échange d'expériences ne nuit pas à l'unité, au contraire, elle exige, elle nous enrichit. Encore une fois, la position géographique, historique et les rapports entre les pays qui furent anciennement des pays de l'Est et la Russie ne sont pas les mêmes que ceux qu'entretenaient les pays occidentaux et la Russie. Ce sont des choses qu'on doit comprendre et saisir. Il faut, à un moment donné, écouter les autres et dire "nous ".
Q - Pensez-vous que le voyage du président a contribué à améliorer la relation franco-anglaise ? Considérez-vous comme Gala que Carla Bruni a fait honneur à la France ?
R - Je vois que vous êtes politiquement très pointue, Madame. Oui, je pense qu'en effet, Carla Bruni-Sarkozy a certainement autorisé une très grande part de ce succès. Mais ce n'est pas le problème qui était soulevé, n'est-ce pas ? Au contraire, le voyage ne fut royal que par l'accueil de la reine d'Angleterre. Sinon c'était un voyage très républicain.
Oui, je crois que c'est un grand succès. J'en ai parlé avec mon collègue allemand, ce n'était pas une opposition avec la nécessaire entente entre la France et l'Allemagne, mais c'était une entente qui fut cordiale, amicale pour les uns, formidable pour les autres, en tout cas fraternelle. Entente amicale, entente formidable.
Quant aux projets, Madame, pas seulement sur l'usage du carrosse, des trompettes de la Reine et des splendides uniformes, c'était un voyage très politique. Je pense que sa réussite politique réside dans la fraternité et dans les discours extrêmement sincères qui ont été prononcés, en particulier celui de Nicolas Sarkozy devant la Chambre des Lords, mais aussi dans les propositions de M. Gordon Brown.
Dans mon dialogue avec David Miliband, nous avons apporté chacun, je crois, notre expérience et notre dynamisme. La lettre que nous, Anglais et Français ensemble, avons envoyée sur la Russie par exemple, a été le centre de la discussion d'aujourd'hui. Nous n'avons pas eu à intervenir, évidemment, c'est grâce à Dimitri Rupel et à la Présidence slovène qui avait amené le sujet, mais nous avions déjà un langage commun, et sur bien d'autres sujets encore.
Il y a eu une question, à un moment donné, un peu dans votre style sur le côté royal du voyage et cette royale lettre. Mais, pour information, cette lettre a été rédigée dans un tout petit bureau d'un centre de sport assez prestigieux puisque c'était dans le stade très populaire d'Arsenal, très beau mais pas du tout royal,.
Q - Sur le Tibet nous n'aurons rien avant que vous ne partiez ?
R - Ah oui, j'espère que nous aurons deux heures de discussion. Ce qui sera largement suffisant, bien sûr, les positions ne sont pas aussi éloignées qu'on le croit.
Q - La France vient d'appeler les FARC à saisir la dernière offre de Bogota. C'est un peu la dernière chance aussi pour Ingrid Betancourt et pour les otages français. Y a-t-il la moindre chance que cette initiative réussisse ?
R - Je l'espère, mais cela n'est pas la dernière chance et le seul otage français au monde, c'est Ingrid Betancourt... mais les autres otages sont évidemment concernés. Il faut rappeler que la dernière proposition de Bogota, c'est une libération des prisonniers s'il y avait libération des otages. C'est quand même très important.
En ce moment, il y a un bruit de fond et des rapports d'initiatives qui sont convergents. Il faut continuer, il faut s'impliquer. C'est évidemment essentiel parce que les nouvelles sur l'état de santé d'Ingrid Betancourt sont mauvaises. Je ne sais pas si la maladie dont elle souffre est réelle et si elle est épuisée comme on le dit. Je souhaite que ce ne soit pas le cas, mais c'est une urgence, une urgence humanitaire, tout simplement. C'est aussi une urgence politique.
Ce n'est pas seulement grâce aux efforts de la France, particulièrement aux efforts de Nicolas Sarkozy, que nous obtiendrons leur libération : c'est l'affaire de tous, pas seulement en Amérique latine, de tous les présidents et de toutes les populations, de tous les peuples, et puis du reste du monde. Cela suffit maintenant !
Q - (à propos du Tchad)
R - J'ai appris avec intérêt qu'en effet la plus haute instance judiciaire tchadienne avait autorisé la grâce des six prisonniers de l'Arche de Zoé. Ceci permettra, comme l'a dit le président Déby, de prononcer la grâce au plus vite. Je l'attends avec espoir, bien sûr, au plus vite ; c'est une très bonne nouvelle.
Après, ce sera beaucoup plus facile en France. Je pense que l'on pourra réfléchir à cette affaire et voir quelles sont les conséquences de cette démarche qui avait revêtu une forme humanitaire et qui, en même temps, nous pose beaucoup de problèmes par rapport à la morale élémentaire, à l'aide en général, à ce que j'ai appelé le devoir d'ingérence. Le droit d'ingérence, c'est appelé maintenant la responsabilité de protéger. Je pense qu'il faudra nous-mêmes nous interroger et qu'il y aura beaucoup de conclusions à tirer. Enfin, en tout cas, je souhaite la libération de ces personnes dont certaines ont été abusées. C'est une bonne nouvelle. Attendons.
Q - (à propos de la collaboration de la Russie à l'opération Eufor)
R - Je pense qu'il y aura six hélicoptères russes avec leurs équipages. Ils seront présents et c'est tout à fait important. Au moment de la discussion à propos de la Russie, cette coopération, cette collaboration a été évoquée comme l'un des exemples avec lequel on devrait, comment dirais-je, réfléchir à un dialogue avec un langage adapté.
Par ailleurs, sachez quand même que, côté Darfour, la réunion de l'Union africaine et de l'ONU n'arrive pas à fournir suffisamment de matériel. Je ne sais pas si on pourra leur en prêter parce qu'il y a des frontières entre les deux. L'opération européenne est une opération humanitaire, si j'ose dire, en tout cas de développement humanitaire pour aider les personnes déplacées. Si on peut aider aussi à la mise en oeuvre rapide, dans les mois qui viennent, du déploiement de 26000 soldats et policiers de la force hybride, ce sera très bien.
Je viens d'apprendre que le Parlement néerlandais venait de se prononcer en faveur de sa participation à l'effort au Tchad. C'est formidable. Vous voulez évidemment des résultats tout de suite, à chaque réunion, eh bien c'en est un.
Q - (à propos du Moyen-Orient)
R - Attendons la fin du sommet de Damas. Je crois que les pays du Golfe jouent un rôle considérable. D'ailleurs nous sommes très proches, bien entendu. L'Arabie saoudite et d'autres pays n'ont pas participé, ou alors au niveau des ambassadeurs, au sommet de Damas. Il faut tenir compte de cet avertissement qui vient des pays arabes modérés.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 avril 2008
Le débat était extrêmement enrichissant. Evidemment, les pays ne sont pas dans la même configuration géographique ; Miguel Moratinos a fait remarquer que la géographie nous imposait des voisins mais que pour choisir un partenaire, c'était quand même politiquement plus compliqué. Il a raison, il ne faut pas oublier qu'un certain nombre de pays sont confrontés assez directement à une attitude de la Russie qu'il nous faut absolument comprendre. Non seulement parce que la Russie est un grand pays, mais aussi parce que ce grand pays veut retrouver sa place dans le concert des nations, en tout cas dans la négociation claire à propos de l'économie de marché, des investissements réciproques, etc., selon les règles que nous nous sommes donnés au sein de l'Union européenne. Mais en même temps, les attitudes étaient différentes puisqu'à chaque fois on pensait, ce qui n'était pas extrêmement efficace, que nous avions, chacun des pays, des relations particulières avec ce grand pays qu'est la Russie. Je crois que présenter une attitude commune était tout à fait indispensable, et nous nous y emploierons.
Quant à un autre sujet qui vous intéresse aussi, c'est-à-dire le Tibet, il n'a pas été abordé aujourd'hui, mais il le sera demain. Nous vous tiendrons informés. Des textes ont été présentés, que nous ferons circuler ce soir. Je suis à votre disposition.
Je dois remercier la Présidence slovène et dire combien j'ai été impressionné par ce bâtiment. Travailler dans ces conditions, c'est-à-dire être répartis dans un espace où l'on peut circuler, se rencontrer sans choquer, sans faire de petites messes basses, est tout à fait formidable. C'est aussi un endroit fait pour la rencontre et le débat. Je ne sais pas qui est l'architecte de ce formidable centre de conférences, mais merci à nos amis slovènes, non seulement d'avoir présenté tous ces sujets passionnants, mais aussi d'avoir ce centre merveilleusement bien situé.
Q - (à propos de la Russie et du Moyen-Orient)
R - Vous ne l'avez pas souligné, mais c'est déjà un résultat formidable que d'échanger nos expériences. Qu'est-ce que c'est que l'Union européenne ? C'est, d'abord, essayer d'écouter l'autre. C'est d'abord essayer, contre soi-même, contre et en dépit de ses certitudes, d'avoir une écoute pour les expériences de ceux qui vous entourent. C'est de dire "nous, les 27", et pas je, la France, avons une expérience particulière avec la Russie". C'est un début formidable parce que, vous comprenez, par exemple, l'expérience polonaise n'est pas la même que l'expérience anglaise, c'est tellement différent et tellement enrichissant.
Nous savions que nous devions trouver le ton juste, commun, le ton que nous pouvions présenter et expérimenter ensemble, les 27 pays, avec et non pas face ou contre la Russie. C'est capital. Echanger les expériences est quelque chose de formidablement enrichissant. Alors bien sûr, il n'y a pas de décision. On ne va pas dire : "vous allez baisser le prix du gaz, parce que l'on sait combien vous l'achetez en Asie centrale." Les demandes précises ont été adressées à la Présidence française pour s'intéresser au problème de nos rapports avec l'Asie centrale, et pas forcément avec le fournisseur du gaz.
Sur tous les sujets, pour le moment aucune décision précise, comptable, n'a été présentée, mais il y en aura. D'abord, le changement d'attitude, être ensemble, c'est le but de l'Union européenne, pour présenter, pas seulement des revendications, mais des propositions à notre voisin et partenaire, la Russie.
Deuxième question, vous avez parlé du Moyen-Orient et de Tony Blair. J'ai eu Tony Blair au téléphone il y a quelques heures et, bien sûr, nous avons parlé des contacts avec le Hamas. Nous avons tous décidé, pas seulement avec le Hamas, mais aussi avec le Hezbollah, avec la Syrie, avec l'Iran, qu'échanger et parler avec tous les représentants, non seulement des mouvements, mais également avec les représentants de ces deux pays, était nécessaire.
Est-ce que nous devons pour autant présenter une attitude de l'Union européenne particulière ? Je le crois. Est-ce que nous l'avons décidé aujourd'hui ? Je le pense. Est-ce que nous l'avons déjà écrit, rationalisé, présenté ? Non, pas encore. Mais, Tony Blair a dit - je pense qu'il l'a dit - que dans les deux mois qui viennent, il est tout à fait essentiel de fonctionner, d'être présents, et pas seulement dans la négociation entre les Israéliens et les Palestiniens, qui continue discrètement, en tout cas sans que l'on parle encore de conclusions sur les sujets difficiles comme le peuplement, les réfugiés, Jérusalem.
Je crois que l'Europe sera capable de présenter une attitude commune sur ce sujet, en tout cas à propos du processus d'Annapolis et de la Conférence de Paris. Nous devons le faire, c'est une période historique qui s'annonce : le voyage de M. Bush en mai, et puis après je crois qu'il sera nécessaire d'adopter une attitude fortement charpentée et tout à fait unitaire, car chacun a visité ces pays, chacun a essayé de son côté. Je crois qu'il faut maintenant - on l'avait fait avec Javier Solana d'ailleurs et nous l'avons entendu ce matin - saisir la chance historique d'avoir des plate-formes et des propositions européennes.
Q - (à propos du Tibet)
R - Sur le Tibet, je ne peux rien vous dire. Je ne peux que vous parler de ma propre position, ce qui n'est pas intéressant, bien sûr, sans avoir entendu les autres. Sur le Tibet, j'en parlerai volontiers avec vous demain, mais laissons faire le temps de la discussion, le temps de l'écoute des autres ! La position allemande n'est pas la même que la position anglaise. Il faut se donner la force d'avoir une position commune, c'est cela qui sera important pour le Tibet. Mais elle n'est pas forcément conflictuelle, elle peut être ramassée à la base sur des propositions extrêmement simples.
Q - (à propos du Liban)
R - D'abord, il n'y a pas de président libanais et mon commentaire est simple : c'est très dommage. La 17ème session du Parlement n'a rien apporté et c'est assez désespérant, pas pour nous mais pour les Libanais. Vous comprenez, c'est un peu délicat d'avoir des initiatives, qu'elles soient françaises ou arabes - elles sont d'ailleurs extrêmement complémentaires et très proches -, et après on dit : "ah, vous avez échoué". Mais qui a échoué ? Moi je ne suis pas libanais. Si on propose des initiatives politiques uniquement quand on est sûr de réussir, cela s'appelle un statu quo diplomatique permanent ; ce n'est pas mon genre.
Il n'y a pas de président libanais mais il y a un Premier ministre qui fait bien son travail, avec un gouvernement qui est très respectable et qui est très respecté, celui de M. Fouad Siniora. Il a lui-même décidé de ne pas se rendre à Damas comme, certainement, un certain nombre de présidents ou de rois : ni le roi de Jordanie, ni le roi d'Arabie saoudite, ni le président Moubarak, etc. Je crois que c'est assez significatif. Ce sommet sera-t-il un échec - je ne dis pas cela parce que les Syriens se sont arrangés pour que la tenue même de ce sommet soit un événement ? Ce sera difficile, mais il y a bien d'autres choses qui sont difficiles dans les négociations au Moyen-Orient. Alors, je crois que nous devrons tenir compte de la situation après le sommet.
Quant à ceux qui veulent retirer l'initiative arabe, je crois que ce serait une erreur. Cette initiative a reposé en fait sur les trois piliers de l'initiative française : l'élection d'un président de consensus pour le Liban, un gouvernement représentatif de toutes les communautés et une modification ultérieure du processus électoral prenant en compte toutes les communautés. Deuxième et troisième point, au niveau de l'organisation des circonscriptions des qada, il fallait une petite modification sur laquelle tout le monde était d'accord. Nous sommes d'accord tous là-dessus.
Théoriquement, après des efforts et des efforts qui furent, à un moment donné, communs - et qui ont été rappelés ici par nos partenaires -, avec évidemment la représentation de la Présidence, Javier Solana, la Commission, mais aussi les Italiens et les Espagnols qui, avec les Français, ont vraiment agi en commun, trois grands pays de la Méditerranée. Eh bien, c'était sur ces trois points quelque chose d'acquis. Et puis, finalement, l'initiative arabe, avec ces trois points également reconnus comme la base d'un consensus, n'a pas réussi. A-t-elle pour autant échoué ? Mais non, il faut continuer, c'est très long, très difficile. Est-ce qu'après le sommet de Damas nous serons capables de faire d'autres propositions ? En tout cas, la France et l'Union européenne, oui.
Il ne faut pas désespérer même si c'est quand même extrêmement difficile pour les Libanais - pas pour nous, nous, c'est notre travail, notre mission, notre devoir, notre volonté - qui souffrent tous les jours. Les diverses communautés perdent l'espoir et cela, il ne faut pas le laisser faire. Le Liban doit être un pays libre, souverain, indépendant, démocratique, c'est notre exigence. Est-ce que la Syrie est un partenaire obligé ? Oui. Est-ce que l'Iran existe ? Oui. Il faut continuer.
Q - (à propos d'Ingrid Betancourt)
R - J'ai des nouvelles, qui ne sont pas bonnes. Sont-elles crédibles ? J'espère que non. J'espère que les nouvelles sur l'état de santé d'Ingrid Betancourt ne sont pas médicalement justes. J'espère que cela ne s'aggrave pas.
Je considère très positive l'attitude du président Uribe qui a décidé, de son côté, de libérer des prisonniers s'il y avait une libération d'otages. Nous sommes en train de nous acharner, mais il ne s'agit pas seulement de l'Union européenne. Il s'agit de pays, certains plus engagés que d'autres : l'Espagne, la France, la Suisse, la Slovénie en tant que présidente en exercice de l'Union européenne...
Oui, nous continuons, nous sommes très acharnés, jusqu'à la libération des otages, en particulier d'Ingrid Betancourt parce qu'elle est française, mais aussi de tous les otages. Il n'y a rien de précis mais il y a des bruits concordants qui, je l'espère, de part et d'autre, se révèleront exacts.
Q - (à propos du Tibet)
R - Attendons donc un peu encore pour nous entendre. N'attendez pas de moi, avant la discussion, une position qui peut-être endommagerait cette discussion. Nous avons tous à faire connaître nos points de vue. Nous le ferons demain et je serai très heureux de vous en parler.
Q - (à propos de discussions avec le Hamas)
R - Je n'ai pas à dire si j'y suis favorable. Moi, je suis toujours pour que l'on parle, y compris à ses ennemis. Mais c'est aux Palestiniens de décider, je l'ai dit plusieurs fois.
Je crois que l'initiative égyptienne peut faire avancer les choses entre les Israéliens et le Hamas. Telle est ma réponse. Il y a l'initiative yéménite, laissons-la se développer. Ma position c'est que c'est aux Palestiniens de décider à quel moment ils se parlent entre eux, clandestinement ou ouvertement. Je pense qu'il faut parler, mais je ne suis pas, pour le moment, au premier plan.
Q - (à propos de discussions avec le Hamas).
R - Ce que j'ai répondu est clair, ce n'est pas à nous de décider. Il y a probablement des négociations, peut-être déjà engagées, entre les protagonistes eux-mêmes.
Evidemment, l'Union européenne n'est pas au premier plan dans cette affaire. Nous en avons tous parlé et tout le monde s'est exprimé sur la nécessité d'une unité de vue palestinienne, sur la nécessité déjà évoquée, depuis plusieurs mois d'ailleurs, par le Fatah et l'Autorité palestinienne, d'un référendum. Nous en sommes là.
Nous, nous voulons être positifs, nous ne voulons pas présenter des obstacles supplémentaires. Nous avons un plan, nous avons de l'argent, nous avons des contacts précis avec les uns et les autres. Le premier projet, c'était à Gaza, c'était la station d'épuration. Il s'agit encore d'un projet mais, entre temps, il y a eu le bombardement. Donc, il faut nous acharner. Le projet est là, l'argent est là, la porte est ouverte pour commencer. Allons-y, les 27 doivent avoir une position commune. Si nous commençons à nous dire : "tu parles avec le Hamas, toi, mais moi je ne lui parle pas tout de suite", ce ne sera pas positif.
Q - (à propos de l'Iran ?)
R - Nous tentons d'avoir une position commune qui soit efficace. Je pense que le moment historique va se présenter dans quelque mois sur ce dossier, comme sur un autre. Bien entendu, aussi bien au Moyen Orient qu'en Russie, les Etats-Unis jouent un rôle considérable.
Q - (à propos de la Russie)
R - Nous n'avions pas jusque là, dans les rapports avec l'Union européenne, un bon contact, un bon, comment dirais-je, un bon angle, un bon langage. Nous sommes en train de le trouver. Je pense que cela comptera beaucoup, non seulement pour les problèmes très directement européens, mais aussi pour le dialogue général. Quand j'ai parlé des pays environnants, quand nous avons parlé par exemple de la Géorgie, évidemment, cela fait partie du problème général et de l'attitude à tenir dans ce monde difficile. Et c'est vrai aussi pour d'autres pays que la Russie.
Quand nous avons des discussions aussi riches qu'aujourd'hui, nous apparaissons beaucoup plus complémentaires que divisés ; je vous le dis et je m'en réjouis complètement. Cet échange d'expériences ne nuit pas à l'unité, au contraire, elle exige, elle nous enrichit. Encore une fois, la position géographique, historique et les rapports entre les pays qui furent anciennement des pays de l'Est et la Russie ne sont pas les mêmes que ceux qu'entretenaient les pays occidentaux et la Russie. Ce sont des choses qu'on doit comprendre et saisir. Il faut, à un moment donné, écouter les autres et dire "nous ".
Q - Pensez-vous que le voyage du président a contribué à améliorer la relation franco-anglaise ? Considérez-vous comme Gala que Carla Bruni a fait honneur à la France ?
R - Je vois que vous êtes politiquement très pointue, Madame. Oui, je pense qu'en effet, Carla Bruni-Sarkozy a certainement autorisé une très grande part de ce succès. Mais ce n'est pas le problème qui était soulevé, n'est-ce pas ? Au contraire, le voyage ne fut royal que par l'accueil de la reine d'Angleterre. Sinon c'était un voyage très républicain.
Oui, je crois que c'est un grand succès. J'en ai parlé avec mon collègue allemand, ce n'était pas une opposition avec la nécessaire entente entre la France et l'Allemagne, mais c'était une entente qui fut cordiale, amicale pour les uns, formidable pour les autres, en tout cas fraternelle. Entente amicale, entente formidable.
Quant aux projets, Madame, pas seulement sur l'usage du carrosse, des trompettes de la Reine et des splendides uniformes, c'était un voyage très politique. Je pense que sa réussite politique réside dans la fraternité et dans les discours extrêmement sincères qui ont été prononcés, en particulier celui de Nicolas Sarkozy devant la Chambre des Lords, mais aussi dans les propositions de M. Gordon Brown.
Dans mon dialogue avec David Miliband, nous avons apporté chacun, je crois, notre expérience et notre dynamisme. La lettre que nous, Anglais et Français ensemble, avons envoyée sur la Russie par exemple, a été le centre de la discussion d'aujourd'hui. Nous n'avons pas eu à intervenir, évidemment, c'est grâce à Dimitri Rupel et à la Présidence slovène qui avait amené le sujet, mais nous avions déjà un langage commun, et sur bien d'autres sujets encore.
Il y a eu une question, à un moment donné, un peu dans votre style sur le côté royal du voyage et cette royale lettre. Mais, pour information, cette lettre a été rédigée dans un tout petit bureau d'un centre de sport assez prestigieux puisque c'était dans le stade très populaire d'Arsenal, très beau mais pas du tout royal,.
Q - Sur le Tibet nous n'aurons rien avant que vous ne partiez ?
R - Ah oui, j'espère que nous aurons deux heures de discussion. Ce qui sera largement suffisant, bien sûr, les positions ne sont pas aussi éloignées qu'on le croit.
Q - La France vient d'appeler les FARC à saisir la dernière offre de Bogota. C'est un peu la dernière chance aussi pour Ingrid Betancourt et pour les otages français. Y a-t-il la moindre chance que cette initiative réussisse ?
R - Je l'espère, mais cela n'est pas la dernière chance et le seul otage français au monde, c'est Ingrid Betancourt... mais les autres otages sont évidemment concernés. Il faut rappeler que la dernière proposition de Bogota, c'est une libération des prisonniers s'il y avait libération des otages. C'est quand même très important.
En ce moment, il y a un bruit de fond et des rapports d'initiatives qui sont convergents. Il faut continuer, il faut s'impliquer. C'est évidemment essentiel parce que les nouvelles sur l'état de santé d'Ingrid Betancourt sont mauvaises. Je ne sais pas si la maladie dont elle souffre est réelle et si elle est épuisée comme on le dit. Je souhaite que ce ne soit pas le cas, mais c'est une urgence, une urgence humanitaire, tout simplement. C'est aussi une urgence politique.
Ce n'est pas seulement grâce aux efforts de la France, particulièrement aux efforts de Nicolas Sarkozy, que nous obtiendrons leur libération : c'est l'affaire de tous, pas seulement en Amérique latine, de tous les présidents et de toutes les populations, de tous les peuples, et puis du reste du monde. Cela suffit maintenant !
Q - (à propos du Tchad)
R - J'ai appris avec intérêt qu'en effet la plus haute instance judiciaire tchadienne avait autorisé la grâce des six prisonniers de l'Arche de Zoé. Ceci permettra, comme l'a dit le président Déby, de prononcer la grâce au plus vite. Je l'attends avec espoir, bien sûr, au plus vite ; c'est une très bonne nouvelle.
Après, ce sera beaucoup plus facile en France. Je pense que l'on pourra réfléchir à cette affaire et voir quelles sont les conséquences de cette démarche qui avait revêtu une forme humanitaire et qui, en même temps, nous pose beaucoup de problèmes par rapport à la morale élémentaire, à l'aide en général, à ce que j'ai appelé le devoir d'ingérence. Le droit d'ingérence, c'est appelé maintenant la responsabilité de protéger. Je pense qu'il faudra nous-mêmes nous interroger et qu'il y aura beaucoup de conclusions à tirer. Enfin, en tout cas, je souhaite la libération de ces personnes dont certaines ont été abusées. C'est une bonne nouvelle. Attendons.
Q - (à propos de la collaboration de la Russie à l'opération Eufor)
R - Je pense qu'il y aura six hélicoptères russes avec leurs équipages. Ils seront présents et c'est tout à fait important. Au moment de la discussion à propos de la Russie, cette coopération, cette collaboration a été évoquée comme l'un des exemples avec lequel on devrait, comment dirais-je, réfléchir à un dialogue avec un langage adapté.
Par ailleurs, sachez quand même que, côté Darfour, la réunion de l'Union africaine et de l'ONU n'arrive pas à fournir suffisamment de matériel. Je ne sais pas si on pourra leur en prêter parce qu'il y a des frontières entre les deux. L'opération européenne est une opération humanitaire, si j'ose dire, en tout cas de développement humanitaire pour aider les personnes déplacées. Si on peut aider aussi à la mise en oeuvre rapide, dans les mois qui viennent, du déploiement de 26000 soldats et policiers de la force hybride, ce sera très bien.
Je viens d'apprendre que le Parlement néerlandais venait de se prononcer en faveur de sa participation à l'effort au Tchad. C'est formidable. Vous voulez évidemment des résultats tout de suite, à chaque réunion, eh bien c'en est un.
Q - (à propos du Moyen-Orient)
R - Attendons la fin du sommet de Damas. Je crois que les pays du Golfe jouent un rôle considérable. D'ailleurs nous sommes très proches, bien entendu. L'Arabie saoudite et d'autres pays n'ont pas participé, ou alors au niveau des ambassadeurs, au sommet de Damas. Il faut tenir compte de cet avertissement qui vient des pays arabes modérés.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 avril 2008