Déclaration de Mme Valérie Létard, secrétaire d'Etat à la solidarité, sur la lutte contre les violences faites aux femmes, l'accompagnement des femmes victimes et la réflexion sur l'image des femmes dans les médias, Paris le 18 mars 2008.

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Circonstance : Réunion plénière de la Commission nationale contre les violences envers les femmes à Paris le 18 mars 2008

Texte intégral


Mesdames, Messieurs,
Je suis très heureuse de vous accueillir à nouveau au Secrétariat d'Etat et je vous souhaite la bienvenue.
Je vous ai présenté, le 21 novembre dernier le deuxième Plan global triennal renforçant la lutte contre les violences faites aux femmes. Nos échanges à cette occasion et les rencontres que j'ai pu avoir depuis m'ont confortée dans l'idée que nous tous ici partageons la même détermination pour éradiquer ce phénomène des violences.
La mise en oeuvre de ce Plan, requiert toute mon attention. Nous devons tenir les engagements pris. Et je vous remercie de votre présence aujourd'hui pour poursuivre nos travaux.
La Commission qui nous réunit a un rôle essentiel à jouer dans le dispositif que je veux mettre en place et je souhaite que nous puissions nous retrouver tous les trimestres pour faire le point sur l'état d'avancement de notre plan de charge. Vous disposez dans le dossier qui vous a été remis d'un tableau de bord que nous tiendrons à jour à cet effet.
Au cours de ce premier trimestre d'importants travaux ont démarré.
La mission conjointe de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS), de l'Inspection Générale de l'administration (IGA) et de l' l'Inspection Générale des services judiciaires (IGSJ) concernant l'évaluation du premier plan global de lutte contre les violences 2005-2007 a été lançée au mois de janvier. Le rapport définitif de cette mission me sera remis à la mi-juin.
Par ailleurs, le Secrétaire général du comité interministériel de prévention de la délinquance a placé les actions de nature à lutter contre les violences envers les femmes dans les actions éligibles au financement du Fonds interministériel dont il a la charge. La circulaire d'orientation adressée aux préfets de départements fin février prévoit explicitement la possibilité de financer les postes de référents des femmes victimes sur ces crédits.
Pour ma part, j'ai installé la « Commission de réflexion sur l'image des femmes dans les médias », le 27 février. Présidée et animée par Mme Michèle Reiser, membre du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), cette commission est composée de personnalités de la publicité, de l'audio visuel, de la presse, d'Internet, du cinéma, experts venus de l'éducation nationale, du monde du droit, de la santé, et du milieu associatif. J'attends beaucoup de ses travaux. Aujourd'hui, malgré les efforts des professionnels, malgré l'adoption de règles déontologiques, certaines images, certains messages ou propos continuent de véhiculer des représentations souvent très stéréotypées, parfois même dégradantes, de l'image de la femme.
Il faut mettre un terme à ces pratiques. La réflexion de cette commission doit y contribuer. Elle travaillera sans autre contrainte. que de produire des conclusions qui ne portent en aucun cas atteinte à la libre création. La liberté de création peut et doit être conciliée avec le respect de la dignité humaine et l'objectif d'égalité. Ses travaux seront menés jusqu'à la fin du premier semestre.
Enfin, un bilan de l'expérimentation menée depuis quelques mois sur le 3919, avec les 8 plates-formes téléphoniques locales vient d'être établi. Dans l'immédiat, au vu de ses conclusions nous allons nous attacher à renforcer les moyens de la plateforme téléphonique nationale ainsi que la formation de l'équipe des écoutantes de la FNSF plutôt que de la poursuivre.
Aujourd'hui,
Je vous propose de formuler vos avis sur deux documents déterminants pour améliorer l'accompagnement des femmes victimes :
Premièrement, le projet de cahier des charges prévu pour le lancement dès ce premier semestre 2008 du processus de mise en place de « référents » pour les femmes victimes de violences au sein du couple. Ce nouveau dispositif favorisera une prise en charge globale et dans la durée des femmes victimes de violences au sein du couple, tout leur apportant une réponse individuelle et personnalisée.
Deuxièmement, le travail engagé pour le lancement, dès le mois d'avril, d'un nouveau mode d'accueil des femmes victimes : l'accueil en famille. S'il existe des solutions d'hébergement en urgence ou à plus long terme, il convient cependant d'élargir la palette des réponses offertes aux femmes en matière d'hébergement.
Trois autres documents qui concernent eux les actions à mener en direction des enfants et des hommes auteurs vous sont également présentés : Tout d'abord les premières recommandations à destination des pouvoirs publics et des professionnels pour traiter de la problématique des enfants exposés aux violences conjugales. Je souhaite que ce premier travail, essentiel, soit approfondi dès le second semestre 2008. Prendre en compte cette problématique, c'est veiller à la protection des enfants et mieux prévenir la reproduction des violences conjugales,
Deuxièmement la plaquette d'information et de sensibilisation à destination des auteurs de violences en vue de la prévention de la récidive. Cette plaquette devrait être diffusée dans le courant du second semestre 2008, notamment par les services de police et de gendarmerie, les Maisons de justice et du droit, les services pénitentiaires d'insertion et de probation et les mairies.
Enfin, le projet de charte des principes qui doivent fédérer les structures d'accompagnement des auteurs de violences. Dès le prochain mois d'avril, la procédure de labellisation des structures ayant adhéré à cette charte sera définie pour être mise en oeuvre en 2009.
Je souhaite également qu'une information vous soit faite par le Service des droits des femmes et de l'égalité sur les actions de communication envisagées, en accompagnement du plan pendant toute sa durée. Comme vous le voyez, il s'agit là, sur tous les sujets que je viens d'évoquer, de premières étapes, essentielles, qui toutes seront poursuivies dans les mois à venir. Je ne veux prendre aucun retard dans la réalisation de ces travaux, et je profite de cette occasion pour remercier chacun de ceux qui y contribuent
Notre prochaine réunion permettra, j'en suis sûr d'avancer encore davantage.
Au-delà, dans le droit fil de nos préoccupations, je vous encourage à me faire part des sujets qui pourraient donner lieu à des travaux spécifiques au sein de notre Commission. Je suis prête à lancer avec vous ce type de démarches dans le cadre de groupes de travail thématiques lors de notre prochaine rencontre. Je vous remercie par avance de vos suggestions en ce sens.
Avant de passer à l'examen de nos dossiers je souhaite évoquer la Présidence française de l'Union européenne qui, au second semestre, sera pour notre pays l'occasion d'être force de proposition pour poursuivre la construction de l'Europe de l'égalité entre les femmes et les hommes. Dans ce cadre, j'organiserai une Conférence européenne sur les violences faites aux femmes à l'occasion du 25 novembre prochain. Cette conférence devrait nous permettre de faire le point sur les bonnes pratiques en vigueur dans les pays de l'Union et d'avancer avec eux sur cette thématique. Je souhaite que notre Commission contribue à la préparation de cette conférence. Cette collaboration tant des ministères que des associations ici représentés pourrait d'ailleurs faire l'objet de l'un des groupes de travail que j'évoquais à l'instant.
Notre partenariat est primordial dans la lutte contre les violences faites aux femmes, il doit se maintenir et s'amplifier.
Je vous remercie de votre attention et vous propose maintenant de passer à l'examen de notre ordre du jour.Source http://www.travail-solidarite.gouv.fr, le 8 avril 2008