Interview de M. Alain Joyandet, secrétaire d'Etat à la coopération et à la francophonie, à RFI le 10 avril 2008, sur l'affaire de l'"Arche de Zoé" et sur l'avenir de RFI.

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Média : Radio France Internationale

Texte intégral

Q - Alain Joyandet bonjour, avec la libération de six membres de l'"Arche de Zoé", l'un d'entre eux, Eric Breteau, affirme que des conseillers de Nicolas Sarkozy et Bernard Kouchner l'ont encouragé à monter son opération l'été dernier. Est-ce vrai ? Confirmez-vous cela ?
R - Ce monsieur - je l'encourage malgré tout à un peu plus de modestie dans ses propos avec plus de discrétion -, s'il pouvait être un peu discret, ce serait bien quand même. Car, voilà quelqu'un qui a conduit une mission sur la base d'informations fausses, qui ont été données aux familles, à tout le groupe de personnes qu'il a engagées dans cette impasse. La France a fait beaucoup, la France est allée chercher un certain nombre de personnes sur le terrain, nous avons été obligés de faire beaucoup de diplomatie pour que ces personnes, condamnées là-bas, soient revenues en France, puis ensuite graciées.
Si ce Monsieur pouvait prendre un peu de vacances, je pense que ce serait très bien.
Q - Il n'empêche, il donne des exemples, il dit qu'il a été reçu par plusieurs collaborateurs à l'Elysée, au Quai d'Orsay et qu'il avait, sinon un feu vert, un feu orange pour monter son opération.
R - Ecoutez, lorsque l'on analyse ce qu'il a fait, les bases sur lesquelles cela a été étudié, les enfants dont on nous a dit qu'ils étaient des orphelins, tout montre, à l'évidence que ce n'était pas vrai. Les personnes qui lui ont fait confiance, qui sont allées avec lui dans cette expédition hasardeuse, la fin de l'histoire judiciaire quand même inespérée grâce à l'action de la France, je pense qu'il faudrait vraiment que ce Monsieur prenne un peu recul par rapport à tout cela. On pourrait presque se demander, éventuellement, s'il n'est pas atteint par un peu de mythomanie.
Q - Les six membres de l'"Arche de Zoé" ont été condamnés par la Justice tchadienne à 6 millions d'euros de dommages et intérêts. L'Etat français pourra-t-il aider l'association à payer ?
R - Tout ce que la France a fait, je n'y reviens pas. Si en plus, il faut payer la note, cela fait quand même beaucoup.
Q - Dans l'actualité des médias, il y a un fait nouveau, c'est la création en France d'une "holding" qui coiffe notamment RFI, TV5 et France 24. Beaucoup se demandent si la télévision ne va pas manger la radio ?
R - Je suis très attaché à la radio car c'est vraiment un média de proximité. Il se trouve que j'en ai fait un peu dans une autre vie sur le plan régional.
C'est un média auquel il faut porter beaucoup d'attention, la télévision ne remplacera jamais la radio, même lorsque nous aurons la télévision mobile personnelle. Si on veut "toucher un mot" concernant RFI, dans le cadre de cette grande réforme, sans doute que RFI devra, comme tous les médias publics aussi accepter de discuter de son organisation, participer à toutes les évolutions normales auxquelles chacun s'attend.
Mais, je serai en tout cas très attaché à préserver RFI puisque je suis aussi le ministre de la Francophonie, je sais à quel point RFI est écouté, je sais à quel point les auditeurs de RFI éprouvent de l'attachement pour ces médias de proximité.
La radio, c'est presque, comment dire, le média familial par excellence que l'on écoute tout le temps, le matin en se rasant, à son travail, dans sa voiture. C'est vraiment un média irremplaçable et on voit bien que dans l'évolution des médias, depuis des dizaines d'années, la radio a su préserver sa place. RFI, pour nous, est absolument capital et donc, sachez que, me concernant et en tant que ministre en charge de la Francophonie, et aussi, quelque part, du message de la France et des Francophones, je serai particulièrement sensible au fait que, dans cette réforme de l'audiovisuel extérieur public français et européen, il n'y ait évidemment pas de substitution d'un média par rapport à un autre. En tout cas, en ce qui concerne la radio, il n'en est pas question.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 avril 2008