Texte intégral
Monsieur le Ministre,
Mesdames et Messieurs les Hauts Commissaires et Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureux de vous convier ici avec mon ami Robin Cook, pour ouvrir cette première conférence commune dambassadeurs de France et de Grande-Bretagne.
Cest un exercice, vous le savez qui na pas de précédent entre nos deux pays et que nous avons voulu tous les deux.
Après les longues heures consacrées ensemble au Kossovo, jy vois une nouvelle manifestation tangible de notre volonté douvrir de voies nouvelles en matière de coopération et de coordination de nos diplomaties.
Que cet événement ait lieu en Afrique est symbolique. Cest peu dire en effet que les relations franco-britanniques sur le continent africain nont pas toujours été exemptées de rivalité, dans un contexte où lon a raisonné plus longtemps quailleurs en terme de partage du monde et de pré carré. Cest vrai de la France, de la Grande-Bretagne et de quelques autres pays dailleurs. Tout ceci est bien fini. Il ny a plus aujourdhui, ni zone dinfluence exclusive, ni zone interdite. Et cest bien cela quil sagit pour nous deux de dire ici devant vous, pour représenter nos pays sur toute létendue du continent et auprès de nos partenaires ainsi que sur le monde.
Ce déplacement conjoint constitue aussi une certaine mise en oeuvre de lautre déclaration de Saint-Malo. Il y a eu une déclaration exprimant notre volonté de travailler ensemble et de chercher à harmoniser nos politiques, sans perdre de vue les principes affirmés par lUnion européenne dans ces positions communes de juin 1997 et de mai 1998.
Dès notre première rencontre, le 23 juillet 1997, nous avions souhaité prolonger et intensifier le dialogue déjà entamé entre nos administrations. A cette fin, deux séminaires ont déjà été organisés, lun à Paris en juin 1998 sur le thème de la démocratie et des Droits de lHomme, lautre à Londres en février de cette année sur celui de la sécurité. Nos analyses se sont sensiblement rapprochées. Elles sont similaires sur la bonne gouvernance, sur lEtat de droit et du respect des Droits de lHomme - la position commune des Quinze en mai dernier doit beaucoup à cette convergence. Pour résoudre les crises du continent, vous savez quun accord sur la nécessité de rechercher des solutions négociées, engageant les pays africains concernés et que nous coopérons de manière étroite en matière de renforcement des capacités africaines de maintien de la paix sous légide des Nations unies.
Bien sûr, nous ne pouvons pas être daccord sur tout. Mais, les responsabilités particulières que nous partageons en tant que membres permanents du Conseil de sécurité nous amènent à avoir la même volonté de chercher une harmonisation plus grande de nos actions comme de notre approche globale du continent. Nous avons aussi incité de conserve à sengager en faveur du traitement du problème à long terme en Afrique ayant trait à son développement durable.
Dans le cadre de ce séminaire, il a été prévu que vous réfléchiriez dabord à la mise en oeuvre de la déclaration commune franco-britannique sur la coopération en Afrique, notamment sur lharmonisation de notre travail politique et sur le renforcement de notre coopération administrative.
Demain matin, vous verrez comment contribuer à faire progresser la sécurité sur le continent. Nous avons décidé en effet de réfléchir plus avant sur les formes de coopérations que nous pouvons développer entre Français et Britanniques à partir des liens existants entre nos deux ministères des Affaires étrangères. A titre dexemple, depuis une dizaine dannées, des diplomates de lautre pays sont affectés dans nos services respectifs. Il a été décidé en 1995 de prolonger cette initiative dans nos réseaux respectifs à létranger. On peut certainement faire davantage. Je vous incite à prévoir de façon régulière des échanges entre vos collaborateurs, des stages daccueil de quelques semaines contribueraient sûrement à une meilleure connaissance de nos méthodes de travail et surtout, de nos positions respectives à légard du pays daccueil.
Pour tirer le meilleur parti de telles coopérations, il serait utile quun bilan nous soit présenté de façon annuelle par nos ambassadeurs qui feraient conjointement un rapport sur la fréquence, le contenu et les incidences de tels échanges. Dans le domaine consulaire notamment, ceci nous permettrait de faire avancer sur le terrain, les principes dont nous discutons à Bruxelles.
Nous pouvons aussi pousser plus avant nos réflexions sur la capacité de nos réseaux diplomatiques et consulaires à travailler de façon plus complémentaire. Nos contraintes dans le domaine du fonctionnement sont à peu près les mêmes et nous conduisent à faire bouger nos implantations dans le monde, à les adapter à lenvironnement politique, aux évolutions de nos communautés, à la contrainte budgétaire. Cest là que nos coopérations administratives prennent tout leur sens. Nous souhaitons, avec nos partenaires de lUnion européenne mettre en commun des moyens de fonctionnement permettant de réduire le coût de gestion ou dinstallation des postes. Ainsi, au Cap Vert, nous poursuivons une expérience originale avec la République fédérale dAllemagne depuis 1997, dans le cadre dun partage des locaux. Pourquoi ne pas réfléchir ensemble, être Français et Britanniques à la possibilité de faire des choses de ce type, à plus grande échelle et même partout.
Nous attendons de vous que vous nous aidiez à identifier par votre connaissance du terrain et des interlocuteurs, les implantations où il serait possible pour nos deux réseaux de travailler de façon plus étroite et plus concertée.
Demain, vous allez aborder le thème de la sécurité en Afrique avec, présente à lesprit, la contribution que nos deux pays peuvent y apporter et vous savez que, de façon obsédante, ce thème de la sécurité concerne sans arrêt lAfrique et malheureusement plus que jamais. Ce thème a fait lobjet des travaux du XXème Sommet Afrique-France de Paris en novembre dernier. Il nous est apparu opportun den débattre entre nous, dans un autre cadre, au moment où lAfrique commence à se doter de mécanismes de prévention et de gestion des conflits que nous encourageons, quil sagisse de lOrganisation de lUnité africaine ou des organisations sous-régionales comme la CEDEAO ou le SADC pour nen citer que deux. Si les Africains ont à cet égard une responsabilité première bien sûr, les partenaires extérieurs très engagés que nous sommes peuvent aussi aider à la stabilisation de ce continent en leur fournissant les moyens nécessaires à leur intervention.
Avec les Etats-Unis, nos deux pays ont fait endosser par lONU et partager par lOUA, leurs vues sur le renforcement des capacités africaines de maintien de la paix. Mais, Britanniques et Français doivent semployer à réaliser une coordination effective de leurs efforts dautant plus quils sont parties prenante chacun en ce qui les concerne, le programme RECAMP et le programme britannique ainsi que dans deux réalisations, les écoles de formation au maintien de la paix dAccra et de Zambakro.
En tissant des liens avec lOrganisation de lUnité africaine et avec les organisations sous-régionales qui transcendent également les clivages linguistiques, la France pense contribuer à la stabilité du continent. Mais, il ne sagit pas non plus de laisser ces organisations seules face aux conflits, ni a fortiori de se désengager. Cette évolution ne saurait non plus constituer un substitut à la responsabilité de la communauté internationale, ni à celle du Conseil de sécurité.
Nous entendons de cette façon, renforcer nos liens sans jamais perdre de vue que la meilleure façon de prévenir les drames est de donner à nos partenaires africains des atouts dans leur combat pour le progrès économique et social, - je pense à lallégement de la dette aussi, et lorsquil y a eu des drames, de les soutenir dans leur stratégie post-conflit.
Nous avons du chemin à faire ensemble. Cette conférence sera suivie, je lespère et cest bien notre intention, par de nombreuses actions concrètes et bénéfiques. Pour que vos échanges soient réellement fructueux, je souhaite, si Robin Cook en est daccord, bien évidemment, quavant lété, chaque binôme de hauts commissaires et dambassadeurs nous fasse parvenir un rapport conjoint sur la façon de valoriser ces outils exceptionnels que constituent les réseaux du Foreign Office et du ministère des Affaires étrangères.
Nous formons, pour conclure, des voeux de plein succès pour cette première conférence des ambassadeurs de France et de Grande-Bretagne en Afrique. Je vous souhaite des travaux utiles, sympathiques, concrets et constructifs. Nous sommes au début de quelque chose qui peut avoir un véritable impact sur lensemble.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 mars 1999)
Mesdames et Messieurs les Hauts Commissaires et Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureux de vous convier ici avec mon ami Robin Cook, pour ouvrir cette première conférence commune dambassadeurs de France et de Grande-Bretagne.
Cest un exercice, vous le savez qui na pas de précédent entre nos deux pays et que nous avons voulu tous les deux.
Après les longues heures consacrées ensemble au Kossovo, jy vois une nouvelle manifestation tangible de notre volonté douvrir de voies nouvelles en matière de coopération et de coordination de nos diplomaties.
Que cet événement ait lieu en Afrique est symbolique. Cest peu dire en effet que les relations franco-britanniques sur le continent africain nont pas toujours été exemptées de rivalité, dans un contexte où lon a raisonné plus longtemps quailleurs en terme de partage du monde et de pré carré. Cest vrai de la France, de la Grande-Bretagne et de quelques autres pays dailleurs. Tout ceci est bien fini. Il ny a plus aujourdhui, ni zone dinfluence exclusive, ni zone interdite. Et cest bien cela quil sagit pour nous deux de dire ici devant vous, pour représenter nos pays sur toute létendue du continent et auprès de nos partenaires ainsi que sur le monde.
Ce déplacement conjoint constitue aussi une certaine mise en oeuvre de lautre déclaration de Saint-Malo. Il y a eu une déclaration exprimant notre volonté de travailler ensemble et de chercher à harmoniser nos politiques, sans perdre de vue les principes affirmés par lUnion européenne dans ces positions communes de juin 1997 et de mai 1998.
Dès notre première rencontre, le 23 juillet 1997, nous avions souhaité prolonger et intensifier le dialogue déjà entamé entre nos administrations. A cette fin, deux séminaires ont déjà été organisés, lun à Paris en juin 1998 sur le thème de la démocratie et des Droits de lHomme, lautre à Londres en février de cette année sur celui de la sécurité. Nos analyses se sont sensiblement rapprochées. Elles sont similaires sur la bonne gouvernance, sur lEtat de droit et du respect des Droits de lHomme - la position commune des Quinze en mai dernier doit beaucoup à cette convergence. Pour résoudre les crises du continent, vous savez quun accord sur la nécessité de rechercher des solutions négociées, engageant les pays africains concernés et que nous coopérons de manière étroite en matière de renforcement des capacités africaines de maintien de la paix sous légide des Nations unies.
Bien sûr, nous ne pouvons pas être daccord sur tout. Mais, les responsabilités particulières que nous partageons en tant que membres permanents du Conseil de sécurité nous amènent à avoir la même volonté de chercher une harmonisation plus grande de nos actions comme de notre approche globale du continent. Nous avons aussi incité de conserve à sengager en faveur du traitement du problème à long terme en Afrique ayant trait à son développement durable.
Dans le cadre de ce séminaire, il a été prévu que vous réfléchiriez dabord à la mise en oeuvre de la déclaration commune franco-britannique sur la coopération en Afrique, notamment sur lharmonisation de notre travail politique et sur le renforcement de notre coopération administrative.
Demain matin, vous verrez comment contribuer à faire progresser la sécurité sur le continent. Nous avons décidé en effet de réfléchir plus avant sur les formes de coopérations que nous pouvons développer entre Français et Britanniques à partir des liens existants entre nos deux ministères des Affaires étrangères. A titre dexemple, depuis une dizaine dannées, des diplomates de lautre pays sont affectés dans nos services respectifs. Il a été décidé en 1995 de prolonger cette initiative dans nos réseaux respectifs à létranger. On peut certainement faire davantage. Je vous incite à prévoir de façon régulière des échanges entre vos collaborateurs, des stages daccueil de quelques semaines contribueraient sûrement à une meilleure connaissance de nos méthodes de travail et surtout, de nos positions respectives à légard du pays daccueil.
Pour tirer le meilleur parti de telles coopérations, il serait utile quun bilan nous soit présenté de façon annuelle par nos ambassadeurs qui feraient conjointement un rapport sur la fréquence, le contenu et les incidences de tels échanges. Dans le domaine consulaire notamment, ceci nous permettrait de faire avancer sur le terrain, les principes dont nous discutons à Bruxelles.
Nous pouvons aussi pousser plus avant nos réflexions sur la capacité de nos réseaux diplomatiques et consulaires à travailler de façon plus complémentaire. Nos contraintes dans le domaine du fonctionnement sont à peu près les mêmes et nous conduisent à faire bouger nos implantations dans le monde, à les adapter à lenvironnement politique, aux évolutions de nos communautés, à la contrainte budgétaire. Cest là que nos coopérations administratives prennent tout leur sens. Nous souhaitons, avec nos partenaires de lUnion européenne mettre en commun des moyens de fonctionnement permettant de réduire le coût de gestion ou dinstallation des postes. Ainsi, au Cap Vert, nous poursuivons une expérience originale avec la République fédérale dAllemagne depuis 1997, dans le cadre dun partage des locaux. Pourquoi ne pas réfléchir ensemble, être Français et Britanniques à la possibilité de faire des choses de ce type, à plus grande échelle et même partout.
Nous attendons de vous que vous nous aidiez à identifier par votre connaissance du terrain et des interlocuteurs, les implantations où il serait possible pour nos deux réseaux de travailler de façon plus étroite et plus concertée.
Demain, vous allez aborder le thème de la sécurité en Afrique avec, présente à lesprit, la contribution que nos deux pays peuvent y apporter et vous savez que, de façon obsédante, ce thème de la sécurité concerne sans arrêt lAfrique et malheureusement plus que jamais. Ce thème a fait lobjet des travaux du XXème Sommet Afrique-France de Paris en novembre dernier. Il nous est apparu opportun den débattre entre nous, dans un autre cadre, au moment où lAfrique commence à se doter de mécanismes de prévention et de gestion des conflits que nous encourageons, quil sagisse de lOrganisation de lUnité africaine ou des organisations sous-régionales comme la CEDEAO ou le SADC pour nen citer que deux. Si les Africains ont à cet égard une responsabilité première bien sûr, les partenaires extérieurs très engagés que nous sommes peuvent aussi aider à la stabilisation de ce continent en leur fournissant les moyens nécessaires à leur intervention.
Avec les Etats-Unis, nos deux pays ont fait endosser par lONU et partager par lOUA, leurs vues sur le renforcement des capacités africaines de maintien de la paix. Mais, Britanniques et Français doivent semployer à réaliser une coordination effective de leurs efforts dautant plus quils sont parties prenante chacun en ce qui les concerne, le programme RECAMP et le programme britannique ainsi que dans deux réalisations, les écoles de formation au maintien de la paix dAccra et de Zambakro.
En tissant des liens avec lOrganisation de lUnité africaine et avec les organisations sous-régionales qui transcendent également les clivages linguistiques, la France pense contribuer à la stabilité du continent. Mais, il ne sagit pas non plus de laisser ces organisations seules face aux conflits, ni a fortiori de se désengager. Cette évolution ne saurait non plus constituer un substitut à la responsabilité de la communauté internationale, ni à celle du Conseil de sécurité.
Nous entendons de cette façon, renforcer nos liens sans jamais perdre de vue que la meilleure façon de prévenir les drames est de donner à nos partenaires africains des atouts dans leur combat pour le progrès économique et social, - je pense à lallégement de la dette aussi, et lorsquil y a eu des drames, de les soutenir dans leur stratégie post-conflit.
Nous avons du chemin à faire ensemble. Cette conférence sera suivie, je lespère et cest bien notre intention, par de nombreuses actions concrètes et bénéfiques. Pour que vos échanges soient réellement fructueux, je souhaite, si Robin Cook en est daccord, bien évidemment, quavant lété, chaque binôme de hauts commissaires et dambassadeurs nous fasse parvenir un rapport conjoint sur la façon de valoriser ces outils exceptionnels que constituent les réseaux du Foreign Office et du ministère des Affaires étrangères.
Nous formons, pour conclure, des voeux de plein succès pour cette première conférence des ambassadeurs de France et de Grande-Bretagne en Afrique. Je vous souhaite des travaux utiles, sympathiques, concrets et constructifs. Nous sommes au début de quelque chose qui peut avoir un véritable impact sur lensemble.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 mars 1999)