Texte intégral
B. Toussaint, C. Roux et L. Mercadet N. Iannetta : P. Devedjian, bonjour, merci d'être notre invité. Vous allez réagir évidemment à toute l'actualité et au premier titre de ce matin. (Journal). Qu'en pense votre électorat de droite de cette régularisation des sans-papiers ?
R.- C'est vrai, pas de régularisation massive mais moi ce que je trouve surtout intéressant, c'est les employeurs.
N. Iannetta : Qui se sont mobilisés aux côtés de leurs salariés ?
R.- Et qui ont embauché des gens qui étaient dans l'illégalité. Alors j'aimerais savoir : ils les ont déclarés à l'Urssaf, ils ont payé les charges sociales ?
L. Bazin : Là, on parle effectivement de salariés qui étaient embauchés, déclarés, qui payaient des cotisations sociales sur leur feuille de paie et qui payaient des impôts.
R.- Mais je vois mal comment la Sécurité sociale pouvait avoir dans ses fichiers, des gens qui n'étaient pas en situation régulière et dont l'état civil...
N. Iannetta : Parce que rien ne ressemble plus à un faux papier qu'un faux papier, voilà ce qu'on vous répond.
R.- Oui mais enfin, au regard de la Sécurité sociale, au regard des impôts, c'est très intéressant de savoir comment les employeurs s'y sont pris, et dans quelles mesures ils ont payé toutes les charges.
L. Bazin : Ils sont complices, autrement dit ?
R.- Moi je trouve ça singulier qu'un employeur embauche des sans-papiers. Voilà. C'est beaucoup plus grave pour moi du point de vue de l'employeur que du point de vue du pauvre type qui cherche du travail et qui a besoin de survivre.
N. Iannetta : Ma question c'était, politiquement, comment votre électorat de droite peut réagir à ça ?
R.- Politiquement, on ne peut pas les régulariser massivement. Il faut regarder au cas par cas, naturellement l'utilité pour l'économie, la capacité d'intégration, enfin tous les critères habituels.
L. Bazin : Thomas, il y a autre chose qui vous choque un peu ce matin, ce sont les miles attribués aux policiers qui reconduisent à la frontière ? T. Joubert : C'est une information du Canard Enchaîné, qui a été confirmée par le ministère de l'Intérieur, hier : les policiers qui escortent donc les immigrés en situation irrégulière lors de leur expulsion par avion récoltent des miles sur leur carte de fidélité. Miles offerts par les compagnies aériennes qui permettent ensuite de bénéficier de voyages gratuits. Air France s'est refusée à tout commentaire et le ministère de l'Intérieur souhaite modifier la législation. L. Bazin : Cela vous choque ça ?
R.- Cela me paraît curieux tout de même parce que ce n'est pas...
L. Bazin : Ou alors, on considère que c'est un sale travail que de reconduire à la frontière.
R.- Moi je reçois aussi des miles quand je prends l'avion, donc je n'ai pas le sentiment de faire un sale travail. Et puis je n'ai pas le sentiment que les policiers qui accompagnent, dans l'exercice de leur métier, des gens expulsés, fassent un sale travail.
L. Bazin : Donc les miles ne sont pas volés ?
R.- Non. Normalement c'est la contrepartie d'un achat ces miles. A priori, il ne me semble pas que ce soit les policiers qui paient leur voyage. C'est ça le problème.
(Suite du journal)
N. Iannetta : Il y a un autre rendez-vous ce soir, il y a le rendezvous de N. Sarkozy avec les Français. T. Joubert : 90 minutes aussi, le temps d'un match... N. Iannetta : Absolument. Et là, on est sûr qu'il n'y aura pas de mi temps, pas de prolongations.
R.- Et j'espère qu'il y aura des buts.
N. Iannetta : Et on espère qu'il y aura des buts. Alors les buts, c'est déterminer une feuille de route. C'est ce qu'a demandé le Premier ministre F. Fillon. Et vous, qu'est-ce que vous lui demandez au président de la République ?
R.- Une force de conviction, c'est-à-dire...
N. Iannetta : Qu'il aurait perdue ?
R.- Non, au contraire, mais qu'il n'a pas exprimée depuis un certain temps et donc je souhaite qu'il arrive à convaincre les Français du bien fondé de cette politique de modernisation, de réforme de notre pays, qui est destinée à lui faire rattraper son retard et qui est destinée à lui permettre de gagner des points de croissance, qui permettront aux Français de vivre mieux.
N. Iannetta : En nous demandant de la patience ?
R.- Non, en nous demandant des efforts bien sûr.
L. Bazin : C'est un magicien, N. Sarkozy, il peut en 90 minutes inverser comme ça le contexte ?
R.- Ce qu'on attend des hommes politiques, c'est d'entraîner. Voilà. Et ce qu'on attend du président de la République, porteur d'une légitimité démocratique - il a été élu par 53% des Français - c'est qu'il soit capable d'entraîner parce que si les Français croient à ce que le Gouvernement fait, on le fera mieux.
L. Bazin : Quand son propre Premier ministre lui demande une feuille de route pour les réformes, est-ce qu'il ne lui demande pas de se prononcer avec clarté sur le rythme et sur la méthode de ce qui va suivre ?
R.- Le rythme c'est clair, c'est-à-dire qu'il faut tout faire à la fois parce qu'on a beaucoup de retard.
L. Bazin : Et la surabondance, même si E. Balladur trouve que tout ça c'est un peu trop ? Il était notre invité hier matin, il le disait.
R.- Moi je ne suis pas de cet avis. Je trouve qu'il faut mettre les bouchées doubles. Tous les autres pays européens - regardez la situation de nos déficits par exemple - tous les autres pays européens se sont adaptés à la mondialisation beaucoup plus rapidement que nous. Donc il ne faut pas continuer à accumuler de retards. En même temps d'ailleurs, quand on fait toutes les réformes à la fois, bien sûr ça pose des problèmes politiques, d'explication, de pédagogie mais en même temps on a des résultats plus rapidement parce qu'il faut changer en profondeur beaucoup de choses.
N. Iannetta : Mais ça pose des problèmes de compréhension parce que quand on lit les études d'opinion, depuis quelques temps, les Français effectivement reprochent à N. Sarkozy de tout faire, trop en faire.
R.- Ils sont pour les réformes.
N. Iannetta : Et on ne sait plus du tout, du coup, quelle est la priorité. On nous avait dit la priorité c'est le pouvoir d'achat, et il n'est pas au rendez vous. Est-ce que par exemple vous, vous n'êtes pas favorable à ce que N. Sarkozy ce soir fasse une annonce précise sur le sujet qui préoccupe les Français, c'est ce fameux pouvoir d'achat ?
R.- Ce que dit F. Fillon, c'est-à-dire ce que seront les réformes dans l'avenir parce que, par exemple on voit à un horizon d'une année, on a devant nous, par exemple, la réforme des institutions qui est en cours, qui est une réforme très importante ; la présidence française de l'Union européenne qui va occuper les six derniers mois de l'année. Bon qu'est-ce qu'on va faire en 2009 ? Qu'est-ce qu'on va faire en même temps pendant la présidence française ? Ca, je crois que c'est bien que le Président le montre aux Français.
N. Iannetta : La question c'était sur le pouvoir d'achat. Est-ce qu'il peut dire quelque chose de précis ?
R.- D'abord, premièrement, il peut et je crois que ce serait bien, montrer quels ont été les résultats de 2007, même en terme de pouvoir d'achat, même si ce n'est pas spectaculaire.
N. Iannetta : Ah non, ce n'est pas spectaculaire, je vous confirme. Les gens ont limité désormais complètement leur consommation, par exemple.
R.- Tout à l'heure, vous m'avez demandé s'il avait une baguette magique. Et moi je vous ai expliqué que nous avions beaucoup de retard et qu'il fallait tout faire à la fois pour essayer de rattraper ce retard. Alors vous n'espériez tout de même pas qu'en six mois, la France ait pu régler le retard pris par le pouvoir d'achat pendant les années de gestion des 35 heures qui ont plombé durablement le pouvoir d'achat des Français.
L. Bazin : Elles commencent à avoir bon dos les 35 heures.
R.- Non mais malheureusement, c'est vrai, si vous voulez, que les 35 heures ont plombé le pouvoir d'achat d'une manière très facile à comprendre. Toutes les entreprises qui ont dû subir les 35 heures, qui leur ont coûté cher à ces entreprises, se sont bien gardées en même temps d'augmenter les salaires. Et ça, tout le monde l'a subi.
L. Bazin : C'est un passif de 2002, ce n'est pas un passif de 2007 les 35 heures.
R.- Oui mais ça ne se rattrape pas.
L. Bazin : Donc vous êtes en train d'expliquer.qu'il y a un chemin qui est long et c'est sans doute ce que vous attendez du président : faire comprendre, que l'impatient qu'il est - et vous le connaissez suffisamment bien, que l'impatient qu'il est - explique aux Français les vertus de la patience. Une forme de paradoxe.
R.- Non ce n'est pas une forme de paradoxe, au contraire. Comme il est impatient, il fait tout à la fois et comme nous avons beaucoup de retard et que les Français sont aussi impatients et vous disiez tout à l'heure : pourquoi ne pas faire les choses les unes derrière les autres ? Précisément parce que les Français sont impatients et que nous avons beaucoup de retard et qu'il faut tout entreprendre à la fois pour rattraper le retard.
L. Bazin : Oui mais en l'occurrence, on ne leur donne rien pour tout de suite.
R.- Mais si, attendez ! Il y a malgré tout... vraiment vous avez une courte mémoire, le chômage...
N. Iannetta : Non, justement, on a de la mémoire. Nous on se souvient du Président du pouvoir d'achat. « Je serai celui qui vous fera gagner plus d'argent ».
R.- D'abord le taux de chômage est le plus bas qu'il n'a jamais été depuis 25 ans. Pour le pouvoir d'achat, ce n'est pas mal. Alors évidemment, c'est d'abord les chômeurs qui en profitent et ça, ça n'intéresse pas ceux qui avaient déjà du travail. Mais ceux qui maintenant ont du travail, qui n'en avaient pas, ils ont gagné ça. Ca on l'oublie. Je veux dire, le chômage pendant 20 ans c'était le thème obsessionnel de tous les débats. On n'en parle plus. Ca prouve qu'on a eu un vrai succès.
N. Iannetta : C'est une bonne nouvelle.
R.- Oui mais vous l'avez déjà oublié. Oui on en parle plus alors du coup, on parle du pouvoir d'achat parce que ça vient derrière. Donc c'est déjà une première victoire qu'on parle du pouvoir d'achat dont on ne parlait pas parce qu'on a pas vaincu le chômage, mais fait reculer le chômage. Ensuite sur le pouvoir d'achat, tout le débat a porté sur le fameux paquet fiscal, les heures supplémentaires etc. Mais c'est un succès. Les heures supplémentaires, on a augmenté le nombre des heures supplémentaires de 28%. Et ceux qui font des heures supplémentaires, ce n'est pas des riches, ce n'est pas des cadeaux pour les riches. Les 3,5 milliards qui ont été consacrés à défiscaliser, décharger socialement les heures supplémentaires, ça a profité à des gens qui travaillaient et qui gagnaient peu.
N. Iannetta : Et pour les retraités, par exemple, ils ne peuvent pas en faire des heures supplémentaires ?
R.- Vous avez raison et pour les retraités, notamment les petites retraites, c'est un engagement de la campagne présidentielle et c'est cette année Page 24 sur 33 Journaux et invités du matin - Dept. Revues de presse - 01 42 75 54 41 24/04/2008 http://rpa.applications.pm.gouv.fr/journaux_et_invites.php3?date=2008-04-24 et c'est maintenant que ça doit se faire, c'est un engagement du Président.
L. Bazin : Donc c'est ce soir que le Président va en parler ?
R.- Bien sûr, et le Président d'ailleurs veut lier ça, il l'a déjà dit, il veut lier ça, premièrement, au passage à 41 ans de travail pour les droits à la retraite, ça d'une part, la revalorisation des petites retraites en même temps, et aussi le droit de travailler au-delà des limites d'âge, si on est volontaire, au-delà des limites d'âge qui sont actuellement fixées.
L. Bazin : Une histoire assez spectaculaire, je cite les confrères, c'était sur France 2 hier soir au 20 heures. Un retraité gagne environ 800 euros par mois, il a travaillé 45 ans dont 10 ans dans l'entreprise familiale, en l'occurrence dans l'agriculture. Et ce n'est pas comptabilisé. Il lui manque donc pour ses annuités. Il gagne 800 euros par mois, il se lève à 3 heures du matin pour aller travailler dans un abattoir, alors qu'il est à la retraite, et gagner les 800 euros qui lui permettent d'être à flot. Est-ce que c'est normal ? N. Iannetta : Est-ce que c'est du progrès social ça ?
R.- Non ce n'est pas du progrès social mais là aussi, c'est parce que vous voyez comment nos régimes de retraite sont déséquilibrés. Comment cette personne quoi a travaillé toute sa vie se retrouve avec une retraite ridicule alors que par exemple, beaucoup de gens ont travaillé 37 annuités et demie. Parce que notre système de retraite est très inégalitaire, que par ailleurs il y avait les régimes spéciaux.
L. Bazin : Donc 41 annuités, c'est plus d'égalité, c'est ça le message que le Président portera ce soir ?
R.- Surtout, ça permet une péréquation. Il y avait des privilèges dans les retraites. L'affaire des régimes spéciaux, ce n'était pas un privilège mais c'était un avantage sérieux par rapport à d'autres en tous les cas. C'est aussi N. Sarkozy qui l'a fait ça.
N. Iannetta : Vous avez employé un mot qui fait peur, vous avez dit : il ne va pas du tout demander aux Français d'être patients. Vous avez dit, il va demander aux Français de faire des efforts. Lesquels ?
R.- Oui ça vous fait peur : les efforts, travailler plus, investir plus, être meilleur gestionnaire de ses finances...
L. Bazin : C'est-à-dire ? Mes finances personnelles ? Il faut que moi, je fasse attention à mon budget ?
N. Iannetta : Oui, je n'osais pas vous le dire.
L. Bazin : Par exemple, comment on fait ? Comment les Français feront-ils des efforts ? Quels efforts en 2008 et en 2009, par exemple, concrètement, précisément ?
R.- Travailler plus, ça c'est un effort. Travailler au-delà de l'âge de la retraite qui est fixé aujourd'hui, ça c'est un effort. Donc recevoir...
L. Bazin : Donc au-delà de 60 ans, continuer à travailler ?
R.- Si on veut.
L. Bazin : Si on veut.
R.- Et ce qui est extraordinaire, c'est d'interdire aux gens de travailler quand même. C'est une anomalie.
L. Bazin : Donc, c'est fini la retraite toute prête à 60 ans, c'est terminé ? On en terminera ?
R.- Si vous avez besoin et si vous êtes en état physique de le faire, en état professionnel de le faire, pourquoi vous interdire de travailler ? C'est invraisemblable.
N. Iannetta : Mais ça ce n'est pas un effort. C'est un choix. Donc quels efforts devrons-nous faire ?
R.- Non ce n'est pas un choix, vous ne l'avez pas aujourd'hui. C'est un choix que vous n'avez pas aujourd'hui. Vous ne pouvez pas continuer à travailler au-delà de la limite légale.
N. Iannetta : Bien sûr que si, vous le pouvez. Il y en a plein qui le font.
R.- Au noir.
N. Iannetta : Pas du tout, il y en a plein qui le font. L. Bazin : Vous souhaitez concrètement qu'on abolisse ce qu'on appelle parfois la retraite couperet ?
R.- Oui je le souhaite.
L. Bazin : Vous souhaitez que le président le dise ce soir ?
R.- Oui je le souhaite.
L. Bazin : Vous pensez qu'il le fera ?
R.- Mais c'est prévu dans le programme législatif. Donc il n'y a pas de raison de ne pas en parler, c'est très clair.
N. Iannetta : Je voudrais juste terminer cette interview avec des nouvelles de C. Estrosi, votre nouvel ami à l'UMP qui, régulièrement, déclare vouloir changer ce parti qui s'est définitivement endormi. La dernière en date c'était hier, il aimerait que soit désign?? le patron, donc en l'occurrence vous, à peu près comme l'est le patron au Parti socialiste, c'est-à-dire par un vote des militants. Qu'est-ce que vous avez à lui répondre ?
R.- C'est beaucoup d'honneur qui m'est fait parce qu'évidemment, ça me conférerait une légitimité exceptionnelle et je pense que C. Estrosi, en imaginant cela, me voit un destin tout à fait extraordinaire.
N. Iannetta : Et il votera pour vous ?
R.- Mais dans le fond, je ne suis pas sûr d'avoir autant d'ambition.
L. Bazin : C'est un aveu, pour un homme politique, qui est rare.
N. Iannetta : Merci beaucoup.
L. Bazin : Restez là, si vous le voulez bien, pour le zapping. (Déclaration de B. Hortefeux sur la fiscalité des sans-papiers.)
L. Bazin : C'est un des problèmes du système français.
R.- Oui, savoir comment c'est possible que de bonne foi, l'employeur, la Sécurité sociale, le Fisc, tout le monde ignore que le travailler est sans-papiers.
L. Bazin : Ca vous semble curieux ?
R.- Bizarre.
L. Bazin : Oui. Et qu'on ne le signale pas au ministère de l'Intérieur ? Vous irez jusque-là ?
R.- Ca c'est encore un autre débat. Mais l'administration n'est pas hémiplégique quand même. Ce que fait sa main gauche est totalement ignoré par sa main droite ?
L. Bazin : Certains demandent un "Grenelle" des sans-papiers. F. Chérèque ne va pas jusque-là mais il demande quand même une réunion pour que soient clarifiées les conditions de régularisation.
R.- Et le "Grenelle des Grenelle", quand est-ce qu'on le fera ?
(Déclaration de F. Chérèque.)
L. Bazin : Oui ou non ?
R.- Mais c'est déjà le cas.
L. Bazin : Pour l'instant, c'est une réunion autour du ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale.
R.- Ca se fait au cas par cas, c'est la responsabilité de l'Etat de savoir qui il accueille sur son territoire.
L. Bazin : Donc, on ne réunit pas les syndicats, on ne réunit pas les partenaires sociaux, on ne réunit pas le Medef, par exemple, pour discuter de ça ?
R.- On applique la loi. Ca ne se passe pas suivant la méthode des dames d'oeuvre. On établit des critères objectifs qui font qu'on a une politique d'intégration, une politique de l'emploi et on la suit. (Zapping).
N. Iannetta : Voilà deux bonnes idées concrètes pour ce soir ?
R.- Surtout très démagogiques.
N. Iannetta : La baisse de la TVA non ?
R.- Attendez et les recettes fiscales ?
N. Iannetta : Le chèque transports.
R.- Il y a d'autres jours où monsieur Huchon dit qu'il faut réduire les déficits. Mais chaque fois que je l'entends, c'est pour dire qu'il faut faire de nouvelles dépenses.
L. Bazin : Sur le "péché originel" - je mets des guillemets mais c'était aussi l'expression de N. Domenach, ce matin - du paquet fiscal ?
R.- Vraiment ça, ça a été de la propagande et on s'est fait avoir d'ailleurs. Mais le paquet fiscal, c'était 9 milliards et pas 15, pour l'année 2007 parce que c'était une partie de l'année. En année pleine, c'est 15 milliards. Mais sur l'année 2007, 9 milliards. Sur les 9 milliards, ce qu'ils appellent les cadeaux pour les riches, c'est-à-dire le bouclier fiscal, c'est 0,6 milliards sur 9 milliards. Le reste, 3 milliards et demi, c'est pour les heures supplémentaires. C'est des cadeaux pour les riches, ça ? Le reste c'est les droits de succession plafonnés à 100 000 euros. C'est des cadeaux pour les riches ? C'est la déduction fiscale des intérêts des emprunts. C'est des cadeaux pour les riches ? Il y a seulement 0,6 milliards qui sont sur le paquet fiscal, qui sont sur le bouclier et ça c'est pour que l'argent reste en France plutôt qu'il n'aille au Luxembourg ou au Lichtenstein.
L. Bazin : Et ça ne marche pas fort d'ailleurs. Vous ne regrettez pas...
R.- Un peu quand même, ça marche.
L. Bazin : Vous ne regrettez pas et vous maintenez que ça marche ?
R.- Oui, malgré tout. Sur le pouvoir d'achat, on a des résultats relatifs, faibles résultats mais des résultats tout de même. Si sur les heures supplémentaires, il y en a 28% en plus, c'est grâce à ça.
L. Bazin : Merci P. Devedjian. Bonne messe télévisuelle ce soir car le Président quand il s'adresse aux Français, ce n'est pas rien. Et les militants sont réunis autour.
R.- Vous êtes d'ailleurs conviés à ce point de presse ce soir, rue de la Boétie.
L. Bazin : On sera présent là bas, comme on sera présent au Parti socialiste évidemment pour voir la réaction de leurs militants.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 24 avril 2008
R.- C'est vrai, pas de régularisation massive mais moi ce que je trouve surtout intéressant, c'est les employeurs.
N. Iannetta : Qui se sont mobilisés aux côtés de leurs salariés ?
R.- Et qui ont embauché des gens qui étaient dans l'illégalité. Alors j'aimerais savoir : ils les ont déclarés à l'Urssaf, ils ont payé les charges sociales ?
L. Bazin : Là, on parle effectivement de salariés qui étaient embauchés, déclarés, qui payaient des cotisations sociales sur leur feuille de paie et qui payaient des impôts.
R.- Mais je vois mal comment la Sécurité sociale pouvait avoir dans ses fichiers, des gens qui n'étaient pas en situation régulière et dont l'état civil...
N. Iannetta : Parce que rien ne ressemble plus à un faux papier qu'un faux papier, voilà ce qu'on vous répond.
R.- Oui mais enfin, au regard de la Sécurité sociale, au regard des impôts, c'est très intéressant de savoir comment les employeurs s'y sont pris, et dans quelles mesures ils ont payé toutes les charges.
L. Bazin : Ils sont complices, autrement dit ?
R.- Moi je trouve ça singulier qu'un employeur embauche des sans-papiers. Voilà. C'est beaucoup plus grave pour moi du point de vue de l'employeur que du point de vue du pauvre type qui cherche du travail et qui a besoin de survivre.
N. Iannetta : Ma question c'était, politiquement, comment votre électorat de droite peut réagir à ça ?
R.- Politiquement, on ne peut pas les régulariser massivement. Il faut regarder au cas par cas, naturellement l'utilité pour l'économie, la capacité d'intégration, enfin tous les critères habituels.
L. Bazin : Thomas, il y a autre chose qui vous choque un peu ce matin, ce sont les miles attribués aux policiers qui reconduisent à la frontière ? T. Joubert : C'est une information du Canard Enchaîné, qui a été confirmée par le ministère de l'Intérieur, hier : les policiers qui escortent donc les immigrés en situation irrégulière lors de leur expulsion par avion récoltent des miles sur leur carte de fidélité. Miles offerts par les compagnies aériennes qui permettent ensuite de bénéficier de voyages gratuits. Air France s'est refusée à tout commentaire et le ministère de l'Intérieur souhaite modifier la législation. L. Bazin : Cela vous choque ça ?
R.- Cela me paraît curieux tout de même parce que ce n'est pas...
L. Bazin : Ou alors, on considère que c'est un sale travail que de reconduire à la frontière.
R.- Moi je reçois aussi des miles quand je prends l'avion, donc je n'ai pas le sentiment de faire un sale travail. Et puis je n'ai pas le sentiment que les policiers qui accompagnent, dans l'exercice de leur métier, des gens expulsés, fassent un sale travail.
L. Bazin : Donc les miles ne sont pas volés ?
R.- Non. Normalement c'est la contrepartie d'un achat ces miles. A priori, il ne me semble pas que ce soit les policiers qui paient leur voyage. C'est ça le problème.
(Suite du journal)
N. Iannetta : Il y a un autre rendez-vous ce soir, il y a le rendezvous de N. Sarkozy avec les Français. T. Joubert : 90 minutes aussi, le temps d'un match... N. Iannetta : Absolument. Et là, on est sûr qu'il n'y aura pas de mi temps, pas de prolongations.
R.- Et j'espère qu'il y aura des buts.
N. Iannetta : Et on espère qu'il y aura des buts. Alors les buts, c'est déterminer une feuille de route. C'est ce qu'a demandé le Premier ministre F. Fillon. Et vous, qu'est-ce que vous lui demandez au président de la République ?
R.- Une force de conviction, c'est-à-dire...
N. Iannetta : Qu'il aurait perdue ?
R.- Non, au contraire, mais qu'il n'a pas exprimée depuis un certain temps et donc je souhaite qu'il arrive à convaincre les Français du bien fondé de cette politique de modernisation, de réforme de notre pays, qui est destinée à lui faire rattraper son retard et qui est destinée à lui permettre de gagner des points de croissance, qui permettront aux Français de vivre mieux.
N. Iannetta : En nous demandant de la patience ?
R.- Non, en nous demandant des efforts bien sûr.
L. Bazin : C'est un magicien, N. Sarkozy, il peut en 90 minutes inverser comme ça le contexte ?
R.- Ce qu'on attend des hommes politiques, c'est d'entraîner. Voilà. Et ce qu'on attend du président de la République, porteur d'une légitimité démocratique - il a été élu par 53% des Français - c'est qu'il soit capable d'entraîner parce que si les Français croient à ce que le Gouvernement fait, on le fera mieux.
L. Bazin : Quand son propre Premier ministre lui demande une feuille de route pour les réformes, est-ce qu'il ne lui demande pas de se prononcer avec clarté sur le rythme et sur la méthode de ce qui va suivre ?
R.- Le rythme c'est clair, c'est-à-dire qu'il faut tout faire à la fois parce qu'on a beaucoup de retard.
L. Bazin : Et la surabondance, même si E. Balladur trouve que tout ça c'est un peu trop ? Il était notre invité hier matin, il le disait.
R.- Moi je ne suis pas de cet avis. Je trouve qu'il faut mettre les bouchées doubles. Tous les autres pays européens - regardez la situation de nos déficits par exemple - tous les autres pays européens se sont adaptés à la mondialisation beaucoup plus rapidement que nous. Donc il ne faut pas continuer à accumuler de retards. En même temps d'ailleurs, quand on fait toutes les réformes à la fois, bien sûr ça pose des problèmes politiques, d'explication, de pédagogie mais en même temps on a des résultats plus rapidement parce qu'il faut changer en profondeur beaucoup de choses.
N. Iannetta : Mais ça pose des problèmes de compréhension parce que quand on lit les études d'opinion, depuis quelques temps, les Français effectivement reprochent à N. Sarkozy de tout faire, trop en faire.
R.- Ils sont pour les réformes.
N. Iannetta : Et on ne sait plus du tout, du coup, quelle est la priorité. On nous avait dit la priorité c'est le pouvoir d'achat, et il n'est pas au rendez vous. Est-ce que par exemple vous, vous n'êtes pas favorable à ce que N. Sarkozy ce soir fasse une annonce précise sur le sujet qui préoccupe les Français, c'est ce fameux pouvoir d'achat ?
R.- Ce que dit F. Fillon, c'est-à-dire ce que seront les réformes dans l'avenir parce que, par exemple on voit à un horizon d'une année, on a devant nous, par exemple, la réforme des institutions qui est en cours, qui est une réforme très importante ; la présidence française de l'Union européenne qui va occuper les six derniers mois de l'année. Bon qu'est-ce qu'on va faire en 2009 ? Qu'est-ce qu'on va faire en même temps pendant la présidence française ? Ca, je crois que c'est bien que le Président le montre aux Français.
N. Iannetta : La question c'était sur le pouvoir d'achat. Est-ce qu'il peut dire quelque chose de précis ?
R.- D'abord, premièrement, il peut et je crois que ce serait bien, montrer quels ont été les résultats de 2007, même en terme de pouvoir d'achat, même si ce n'est pas spectaculaire.
N. Iannetta : Ah non, ce n'est pas spectaculaire, je vous confirme. Les gens ont limité désormais complètement leur consommation, par exemple.
R.- Tout à l'heure, vous m'avez demandé s'il avait une baguette magique. Et moi je vous ai expliqué que nous avions beaucoup de retard et qu'il fallait tout faire à la fois pour essayer de rattraper ce retard. Alors vous n'espériez tout de même pas qu'en six mois, la France ait pu régler le retard pris par le pouvoir d'achat pendant les années de gestion des 35 heures qui ont plombé durablement le pouvoir d'achat des Français.
L. Bazin : Elles commencent à avoir bon dos les 35 heures.
R.- Non mais malheureusement, c'est vrai, si vous voulez, que les 35 heures ont plombé le pouvoir d'achat d'une manière très facile à comprendre. Toutes les entreprises qui ont dû subir les 35 heures, qui leur ont coûté cher à ces entreprises, se sont bien gardées en même temps d'augmenter les salaires. Et ça, tout le monde l'a subi.
L. Bazin : C'est un passif de 2002, ce n'est pas un passif de 2007 les 35 heures.
R.- Oui mais ça ne se rattrape pas.
L. Bazin : Donc vous êtes en train d'expliquer.qu'il y a un chemin qui est long et c'est sans doute ce que vous attendez du président : faire comprendre, que l'impatient qu'il est - et vous le connaissez suffisamment bien, que l'impatient qu'il est - explique aux Français les vertus de la patience. Une forme de paradoxe.
R.- Non ce n'est pas une forme de paradoxe, au contraire. Comme il est impatient, il fait tout à la fois et comme nous avons beaucoup de retard et que les Français sont aussi impatients et vous disiez tout à l'heure : pourquoi ne pas faire les choses les unes derrière les autres ? Précisément parce que les Français sont impatients et que nous avons beaucoup de retard et qu'il faut tout entreprendre à la fois pour rattraper le retard.
L. Bazin : Oui mais en l'occurrence, on ne leur donne rien pour tout de suite.
R.- Mais si, attendez ! Il y a malgré tout... vraiment vous avez une courte mémoire, le chômage...
N. Iannetta : Non, justement, on a de la mémoire. Nous on se souvient du Président du pouvoir d'achat. « Je serai celui qui vous fera gagner plus d'argent ».
R.- D'abord le taux de chômage est le plus bas qu'il n'a jamais été depuis 25 ans. Pour le pouvoir d'achat, ce n'est pas mal. Alors évidemment, c'est d'abord les chômeurs qui en profitent et ça, ça n'intéresse pas ceux qui avaient déjà du travail. Mais ceux qui maintenant ont du travail, qui n'en avaient pas, ils ont gagné ça. Ca on l'oublie. Je veux dire, le chômage pendant 20 ans c'était le thème obsessionnel de tous les débats. On n'en parle plus. Ca prouve qu'on a eu un vrai succès.
N. Iannetta : C'est une bonne nouvelle.
R.- Oui mais vous l'avez déjà oublié. Oui on en parle plus alors du coup, on parle du pouvoir d'achat parce que ça vient derrière. Donc c'est déjà une première victoire qu'on parle du pouvoir d'achat dont on ne parlait pas parce qu'on a pas vaincu le chômage, mais fait reculer le chômage. Ensuite sur le pouvoir d'achat, tout le débat a porté sur le fameux paquet fiscal, les heures supplémentaires etc. Mais c'est un succès. Les heures supplémentaires, on a augmenté le nombre des heures supplémentaires de 28%. Et ceux qui font des heures supplémentaires, ce n'est pas des riches, ce n'est pas des cadeaux pour les riches. Les 3,5 milliards qui ont été consacrés à défiscaliser, décharger socialement les heures supplémentaires, ça a profité à des gens qui travaillaient et qui gagnaient peu.
N. Iannetta : Et pour les retraités, par exemple, ils ne peuvent pas en faire des heures supplémentaires ?
R.- Vous avez raison et pour les retraités, notamment les petites retraites, c'est un engagement de la campagne présidentielle et c'est cette année Page 24 sur 33 Journaux et invités du matin - Dept. Revues de presse - 01 42 75 54 41 24/04/2008 http://rpa.applications.pm.gouv.fr/journaux_et_invites.php3?date=2008-04-24 et c'est maintenant que ça doit se faire, c'est un engagement du Président.
L. Bazin : Donc c'est ce soir que le Président va en parler ?
R.- Bien sûr, et le Président d'ailleurs veut lier ça, il l'a déjà dit, il veut lier ça, premièrement, au passage à 41 ans de travail pour les droits à la retraite, ça d'une part, la revalorisation des petites retraites en même temps, et aussi le droit de travailler au-delà des limites d'âge, si on est volontaire, au-delà des limites d'âge qui sont actuellement fixées.
L. Bazin : Une histoire assez spectaculaire, je cite les confrères, c'était sur France 2 hier soir au 20 heures. Un retraité gagne environ 800 euros par mois, il a travaillé 45 ans dont 10 ans dans l'entreprise familiale, en l'occurrence dans l'agriculture. Et ce n'est pas comptabilisé. Il lui manque donc pour ses annuités. Il gagne 800 euros par mois, il se lève à 3 heures du matin pour aller travailler dans un abattoir, alors qu'il est à la retraite, et gagner les 800 euros qui lui permettent d'être à flot. Est-ce que c'est normal ? N. Iannetta : Est-ce que c'est du progrès social ça ?
R.- Non ce n'est pas du progrès social mais là aussi, c'est parce que vous voyez comment nos régimes de retraite sont déséquilibrés. Comment cette personne quoi a travaillé toute sa vie se retrouve avec une retraite ridicule alors que par exemple, beaucoup de gens ont travaillé 37 annuités et demie. Parce que notre système de retraite est très inégalitaire, que par ailleurs il y avait les régimes spéciaux.
L. Bazin : Donc 41 annuités, c'est plus d'égalité, c'est ça le message que le Président portera ce soir ?
R.- Surtout, ça permet une péréquation. Il y avait des privilèges dans les retraites. L'affaire des régimes spéciaux, ce n'était pas un privilège mais c'était un avantage sérieux par rapport à d'autres en tous les cas. C'est aussi N. Sarkozy qui l'a fait ça.
N. Iannetta : Vous avez employé un mot qui fait peur, vous avez dit : il ne va pas du tout demander aux Français d'être patients. Vous avez dit, il va demander aux Français de faire des efforts. Lesquels ?
R.- Oui ça vous fait peur : les efforts, travailler plus, investir plus, être meilleur gestionnaire de ses finances...
L. Bazin : C'est-à-dire ? Mes finances personnelles ? Il faut que moi, je fasse attention à mon budget ?
N. Iannetta : Oui, je n'osais pas vous le dire.
L. Bazin : Par exemple, comment on fait ? Comment les Français feront-ils des efforts ? Quels efforts en 2008 et en 2009, par exemple, concrètement, précisément ?
R.- Travailler plus, ça c'est un effort. Travailler au-delà de l'âge de la retraite qui est fixé aujourd'hui, ça c'est un effort. Donc recevoir...
L. Bazin : Donc au-delà de 60 ans, continuer à travailler ?
R.- Si on veut.
L. Bazin : Si on veut.
R.- Et ce qui est extraordinaire, c'est d'interdire aux gens de travailler quand même. C'est une anomalie.
L. Bazin : Donc, c'est fini la retraite toute prête à 60 ans, c'est terminé ? On en terminera ?
R.- Si vous avez besoin et si vous êtes en état physique de le faire, en état professionnel de le faire, pourquoi vous interdire de travailler ? C'est invraisemblable.
N. Iannetta : Mais ça ce n'est pas un effort. C'est un choix. Donc quels efforts devrons-nous faire ?
R.- Non ce n'est pas un choix, vous ne l'avez pas aujourd'hui. C'est un choix que vous n'avez pas aujourd'hui. Vous ne pouvez pas continuer à travailler au-delà de la limite légale.
N. Iannetta : Bien sûr que si, vous le pouvez. Il y en a plein qui le font.
R.- Au noir.
N. Iannetta : Pas du tout, il y en a plein qui le font. L. Bazin : Vous souhaitez concrètement qu'on abolisse ce qu'on appelle parfois la retraite couperet ?
R.- Oui je le souhaite.
L. Bazin : Vous souhaitez que le président le dise ce soir ?
R.- Oui je le souhaite.
L. Bazin : Vous pensez qu'il le fera ?
R.- Mais c'est prévu dans le programme législatif. Donc il n'y a pas de raison de ne pas en parler, c'est très clair.
N. Iannetta : Je voudrais juste terminer cette interview avec des nouvelles de C. Estrosi, votre nouvel ami à l'UMP qui, régulièrement, déclare vouloir changer ce parti qui s'est définitivement endormi. La dernière en date c'était hier, il aimerait que soit désign?? le patron, donc en l'occurrence vous, à peu près comme l'est le patron au Parti socialiste, c'est-à-dire par un vote des militants. Qu'est-ce que vous avez à lui répondre ?
R.- C'est beaucoup d'honneur qui m'est fait parce qu'évidemment, ça me conférerait une légitimité exceptionnelle et je pense que C. Estrosi, en imaginant cela, me voit un destin tout à fait extraordinaire.
N. Iannetta : Et il votera pour vous ?
R.- Mais dans le fond, je ne suis pas sûr d'avoir autant d'ambition.
L. Bazin : C'est un aveu, pour un homme politique, qui est rare.
N. Iannetta : Merci beaucoup.
L. Bazin : Restez là, si vous le voulez bien, pour le zapping. (Déclaration de B. Hortefeux sur la fiscalité des sans-papiers.)
L. Bazin : C'est un des problèmes du système français.
R.- Oui, savoir comment c'est possible que de bonne foi, l'employeur, la Sécurité sociale, le Fisc, tout le monde ignore que le travailler est sans-papiers.
L. Bazin : Ca vous semble curieux ?
R.- Bizarre.
L. Bazin : Oui. Et qu'on ne le signale pas au ministère de l'Intérieur ? Vous irez jusque-là ?
R.- Ca c'est encore un autre débat. Mais l'administration n'est pas hémiplégique quand même. Ce que fait sa main gauche est totalement ignoré par sa main droite ?
L. Bazin : Certains demandent un "Grenelle" des sans-papiers. F. Chérèque ne va pas jusque-là mais il demande quand même une réunion pour que soient clarifiées les conditions de régularisation.
R.- Et le "Grenelle des Grenelle", quand est-ce qu'on le fera ?
(Déclaration de F. Chérèque.)
L. Bazin : Oui ou non ?
R.- Mais c'est déjà le cas.
L. Bazin : Pour l'instant, c'est une réunion autour du ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale.
R.- Ca se fait au cas par cas, c'est la responsabilité de l'Etat de savoir qui il accueille sur son territoire.
L. Bazin : Donc, on ne réunit pas les syndicats, on ne réunit pas les partenaires sociaux, on ne réunit pas le Medef, par exemple, pour discuter de ça ?
R.- On applique la loi. Ca ne se passe pas suivant la méthode des dames d'oeuvre. On établit des critères objectifs qui font qu'on a une politique d'intégration, une politique de l'emploi et on la suit. (Zapping).
N. Iannetta : Voilà deux bonnes idées concrètes pour ce soir ?
R.- Surtout très démagogiques.
N. Iannetta : La baisse de la TVA non ?
R.- Attendez et les recettes fiscales ?
N. Iannetta : Le chèque transports.
R.- Il y a d'autres jours où monsieur Huchon dit qu'il faut réduire les déficits. Mais chaque fois que je l'entends, c'est pour dire qu'il faut faire de nouvelles dépenses.
L. Bazin : Sur le "péché originel" - je mets des guillemets mais c'était aussi l'expression de N. Domenach, ce matin - du paquet fiscal ?
R.- Vraiment ça, ça a été de la propagande et on s'est fait avoir d'ailleurs. Mais le paquet fiscal, c'était 9 milliards et pas 15, pour l'année 2007 parce que c'était une partie de l'année. En année pleine, c'est 15 milliards. Mais sur l'année 2007, 9 milliards. Sur les 9 milliards, ce qu'ils appellent les cadeaux pour les riches, c'est-à-dire le bouclier fiscal, c'est 0,6 milliards sur 9 milliards. Le reste, 3 milliards et demi, c'est pour les heures supplémentaires. C'est des cadeaux pour les riches, ça ? Le reste c'est les droits de succession plafonnés à 100 000 euros. C'est des cadeaux pour les riches ? C'est la déduction fiscale des intérêts des emprunts. C'est des cadeaux pour les riches ? Il y a seulement 0,6 milliards qui sont sur le paquet fiscal, qui sont sur le bouclier et ça c'est pour que l'argent reste en France plutôt qu'il n'aille au Luxembourg ou au Lichtenstein.
L. Bazin : Et ça ne marche pas fort d'ailleurs. Vous ne regrettez pas...
R.- Un peu quand même, ça marche.
L. Bazin : Vous ne regrettez pas et vous maintenez que ça marche ?
R.- Oui, malgré tout. Sur le pouvoir d'achat, on a des résultats relatifs, faibles résultats mais des résultats tout de même. Si sur les heures supplémentaires, il y en a 28% en plus, c'est grâce à ça.
L. Bazin : Merci P. Devedjian. Bonne messe télévisuelle ce soir car le Président quand il s'adresse aux Français, ce n'est pas rien. Et les militants sont réunis autour.
R.- Vous êtes d'ailleurs conviés à ce point de presse ce soir, rue de la Boétie.
L. Bazin : On sera présent là bas, comme on sera présent au Parti socialiste évidemment pour voir la réaction de leurs militants.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 24 avril 2008