Texte intégral
J.-J. Bourdin.- On vous découvre sur BFM TV, le matin comme cela. Vous vous occupez de trois sujets majeurs. Rappelez nous.
Les Personnes âgées, les Personnes handicapées et le Droit des femmes donc avec tout ce qui touche aussi bien à l'égalité professionnelle, égalité salariale, qu'aux violences faites aux femmes...
Voilà trois sujets majeurs, mais on va commencer avec l'autisme. Pourquoi l'autisme ? Parce que vous présentez aujourd'hui votre plan autisme. Il y aurait en France entre 350.000 et 600.000 personnes, enfants comme adultes, des personnes atteintes de syndrome autistique, dont 60 à 100.000 enfants. Ce sont les chiffres que vous avez à peu près.
Oui mais sur lesquels nous souhaitons d'ailleurs affiner les choses. Ce sera d'ailleurs un des axes de notre Plan autisme, c'est mieux connaître, mieux identifier.
Vous savez ce que nous allons faire ? Nous allons pour bien comprendre ce que vous nous proposez, nous allons mettre en ligne avec nous Monique qui est maman d'un enfant autiste et qui vit à côté de Dourdan. Monique bonjour.
Monique : Bonjour
Merci d'être avec nous ce matin. Votre fils s'appelle Gabin.
Monique : J'habite Dourdan. Et mon fils s'appelle Gabin.
Oui, il s'appelle Gabin, il a 13 ans.
Monique : Voilà tout à fait.
Et il est atteint d'une forme d'autisme.
Monique : Il est atteint d'un autisme absterger... C'est un autisme haut niveau, enfin c'est ce qu'on dit.
Vous l'élevez seule.
Monique : Je l'élève seule depuis tout petit. Son papa est parti, il avait un an et demi. Donc juste avant qu'on décèle son autisme. C'est son comportement qui était bizarre au regard des autres et quand il a commencé à fréquenter la collectivité en fait.
Gabin va l'hôpital de jour, trois demi-journées par semaine.
Monique : Non, il va à l'école trois demi-journées par semaine et le reste du temps, il est à l'hôpital de jour.
D'accord, d'accord. Il va à l'école trois demi-journées par semaine.
Monique : Voilà.
Ensuite, il va à l'hôpital de jour et le reste du temps, vous vous en occupez.
Monique : Tout à fait. Vous êtes employée à mi temps, vous gagnez moins de 1.000 euros.
Monique : Eh bien oui.
Comment faites-vous ?
En plus, j'habite dans un endroit qui est assez perdu et, malheureusement, je fais un travail qui ne me plaît pas et c'est en même temps pour que je puisse penser un petit peu à moi et à ma vie de femme en fait. Et puis travailler à mi temps, ce n'est pas facile. Mais en même temps, c'est pour pourvoir à son éducation, parce que c'est moi qui lui ai fait l'école à la maison.
Vous dites "mon fils n'est pas malade, je déteste qu'on dise cela, il est handicapé.
Monique : C'est un handicap. La maladie ça se soigne, l'autisme ça ne se soigne pas.
V. Létard, qu'allez-vous proposer à Monique ?
Monique a évoqué plusieurs aspects, et je pense...
Elle est avec nous, elle reste avec nous.
Elle a d'abord évoqué l'aspect de la prise en charge de son enfant, et d'un autre côté, elle a évoqué la difficulté qui est la sienne à en même temps travailler, subvenir à ses besoins, et en même temps, être présente pour accompagner son enfant. Alors il est évident que pour nous, dans ce Plan autisme, il y a déjà une première chose à faire : c'est faire en sorte de renforcer tous les moyens qui permettent à un enfant qui souffre de ce type d'handicap de pouvoir accéder à l'école ordinaire, pouvoir accéder à la formation, pouvoir accéder...
Mais comment allez-vous renforcer ces moyens, alors qu'on nous dit qu'on supprime des postes dans l'Education nationale ?
Eh bien, parce que... Il y a les postes de l'Education nationale et il y a les moyens spécifiques qui sont mobilisés aujourd'hui. Déjà, l'année dernière, des postes ont été supprimés dans l'Education nationale, cela ne nous a pas empêché de créer 2.700 postes d'assistant Vie scolaire supplémentaires. 8.250 places en CESADE, qui sont des services spécialisés qui permettent d'accompagner, à domicile comme à l'école, des enfants qui ont un handicap...
Dans votre plan, de nouvelles créations de postes ?
Dans notre plan, je ne peux pas vous donnez les chiffres puisque nous allons les donner tout à l'heure dans la présentation du plan. Nous allons très clairement, largement augmenter le nombre de places d'accueil pour enfants autistes à domicile comme en établissement.
Les multiplier par deux par trois ?
Vous le verrez, c'est un effort considérable qui vient en fait compléter les 2.600 places existantes actuellement en établissement.
En double ?
Largement !
Largement, en triple ! 7.000 places quoi, 7.500 ...
Non, non.
Non, ce n'est pas cela. Non.
Vous verrez tout à l'heure.
Chaque enfant bénéficiera d'un auxiliaire de vie ?
Chaque enfant qui demande à être scolarisé à l'école ordinaire bénéficiera d'un auxiliaire de vie scolaire, et si ce n'est pas le cas, de toute façon la loi de 2005, la mise en oeuvre de la loi permet un recours, permet de s'opposer et d'obtenir gain de cause. Et c'est bien d'ailleurs ce qui c'était passé lorsque l'on a cet été envisager la création de 2.700 places d'assistants Vie scolaire supplémentaires. C'était aussi un système de centre d'appel qui permettait à toute personne, à toute famille qui n'obtenait pas son assistant Vie scolaire de pouvoir interpeller l'Etat et les maisons départementales des personnes handicapées pour trouver une solution avec l'éducation nationale.
Eh bien, Monique, vous entendez ?
Monique : Oui, j'ai entendu. Alors, pouvez-vous me dire pourquoi nous parents on galère autant avec la Maison du handicap pour accéder ou pour avoir une AVS ? Parce qu'en fait, moi Gabin, il est dans une UTI. Il est avec une ancienne proche de l'hôpital de jour. Il avait cinq, six ans et j'ai demandé une AVS, parce que moi j'ai fait une grève de la faim au mois de janvier, parce qu'on voulait me le médicamenter mon gamin.
Monique, ce veut dire quoi ? Cela veut dire qu'on voulait l'envoyer en hôpital psychiatrique, votre enfant.
Monique : Il est déjà en hôpital psychiatrique, en hôpital de jour. Cela fait partie...
Cela veut dire que la seule réponse qu'on a aujourd'hui, enfin la seule ! L'une des réponses qu'on a aujourd'hui à l'autisme, c'est la psychiatrie. C'est dommage non ?
C'est bien pour cela que nous avons souhaité mettre en place ce projet ambitieux, qui ouvre les champs du possible, c'est-à-dire qu'aujourd'hui, il y a de nouvelles méthodes de prise en charge éducative, différentes et complémentaires de l'approche psychiatrique.
Alors, qu'allez-vous annoncer tout à l'heure ?
Nous allons annoncer en autres mesures que l'expérimentation de ces nouvelles méthodes avec un encadrement qui permet de sécuriser les familles, les enfants et les adultes qui bénéficieraient de ces expérimentations, d'ouvrir les voies de ces nouvelles méthodes qui permettent d'articuler une approche de la pédopsychiatrie, un diagnostic, une prise en charge avec un accompagnement éducatif. La question aussi de la nature des établissements qui doivent accompagner ces enfants et ces adultes, c'est-à-dire on sait bien, il suffit d'aller voir le film de S. Bonnaire pour savoir qu'une petite unité, une prise en charge éducative tout cela, cela apporte un complément à la prise en charge que l'on avait jusque là. Eh bien, aujourd'hui, nous allons mettre les moyens pour cela.
Oui, encore faut-il savoir à qui s'adresser ? Il faut vraiment multiplier les moyens !
Bien sûr, bien sûr.
Vous savez qu tous les lundis matin, 5.000 enfants et adultes partent pour la Belgique ? Vous le savez ? Ils rentrent le vendredi pour le week-end et ils font l'aller-retour en taxi au frais de l'assurance maladie !
Je le sais d'autant plus, encore une fois, si nous nous sommes mobilisés sur cette mesure ambitieuse qui va sanctuariser des crédits pour créer des places spécifiques autisme, c'est bien d'une part pour faire en sorte qu'aujourd'hui les 1.822 enfants, jeunes enfants et adultes qui sont actuellement en Belgique puissent demain, s'ils le souhaitent, revenir en France. Et, comme je vous l'ai dit, un effort important va être consenti dans ce domaine mais aussi ouvrir des méthodes.
Un effort financier aussi ?
Un effort financier.
Combien ?
Eh bien, l'effort financier nous l'annoncerons tout à l'heure.
Vous n'aurez rien annoncé ce matin, finalement, V. Létard !
Ah ! Ce n'est pas du tout du tout cela.
Ah bon ! Mais alors quel est l'effort ?
Je vous annonce qu'on va créer beaucoup plus de places, je vous annonce qu'on va ouvrir le champ des possibles. Mais cela c'est une véritable évolution dans le monde de l'autisme.
Cela j'ai bien compris que c'était une révolution....
C'est une vraie révolution !
...Mais moi, je voudrais les moyens, vous comprenez ?
Eh bien, les moyens, croyez-moi, vous n'allez pas tarder à les connaître. Ils sont extrêmement importants et ils sont fixés pour plusieurs années. [...]
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement le 16 mai 2008