Texte intégral
Monsieur le Ministre,
Monsieur le Conseiller du Président,
Monsieur l'Ambassadeur,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Je suis, Chers Amis, heureux de vous souhaiter la bienvenue à vous tous dont j'en connais certains depuis au moins trente ans. J'éprouve un grand plaisir à vous accueillir dans ce Forum international de la Société civile et du Secteur privé en soutien à l'Afghanistan. Je trouve que votre obstination est remarquable.
C'est à mes yeux une étape essentielle vers la Conférence internationale qui aura lieu le 12 juin prochain, notamment en présence du président Hamid Karzaï et du Secrétaire général des Nations unies, M. Ban Ki-moon.
Je souhaite en particulier la bienvenue aux représentants de la société civile afghane ainsi que du secteur privé.
Les accueillir ici à Paris est pour moi, plus qu'un symbole qui s'inscrit dans la lignée de nos engagements, de mes engagements, des engagements de la France.
Vous avez en France des amis fidèles, je suis l'un d'entre eux, qui sont résolus à accompagner l'Afghanistan tout au long du processus de paix et de reconstruction que vous menez. Des amis qui étaient à vos côtés, dès le début des années 1980, lorsque l'Afghanistan était déjà confronté aux terribles épreuves de la guerre et de la violence. Je pense surtout aux Organisations non gouvernementales françaises déjà présentes sur le terrain aux côtés du peuple afghan, en dépit des risques. Elles n'étaient pas les seules évidemment, mais elles étaient largement majoritaires. Je le rappelle avec un peu d'orgueil peut-être, puisque j'étais parmi elles. Mais je le rappelle car c'est plutôt bien de se souvenir de ce lien extrêmement fort qui existe entre ces ONG, entre les militants, entre les responsables de ces ONG françaises et l'Afghanistan, et ce depuis bien longtemps.
Beaucoup de représentants des ONG internationales et des agences des Nations unies sont là. Ils étaient également présents lors des diverses étapes de ce processus. Je les remercie d'être avec nous.
Ensemble, nous avons aujourd'hui une occasion unique de nous imprégner et surtout d'imprégner l'opinion publique de la réalité afghane, de sortir de la vision forcément déformée d'un Afghanistan imaginaire vu par les Occidentaux.
Elle nous permet de vous écouter et, à travers vous, d'écouter les Afghans, de parler de leurs besoins, de leurs priorités, de leur manière de voir cette aide très diverse qui - si j'ose dire - leur tombe dessus ou qu'ils appellent de leurs voeux. Cela dépend des régions et des méthodes.
Il faut en tout cas écouter les Afghans qui sont, après tout, les personnages centraux, non seulement de cette réunion, mais de cette partie du monde qui reçoit l'effort militaire et civil de nombreux pays.
Ainsi, nous pourrons, tous ensemble, mieux définir les contours de l'aide internationale, mieux l'orienter et mieux la mettre en oeuvre. Car nous ne pourrons rien faire sans le peuple afghan. Le développement durable de l'Afghanistan, reposant sur des bases justes et équitables, ne se fera qu'avec l'adhésion, l'implication de la population afghane, le reste est illusoire.
Notre objectif premier est ce que nous avons appelé "l'afghanisation de l'aide internationale", c'est-à-dire une méthode, une façon d'être, d'écouter et d'être avec les Afghans qui doit les impliquer tous et bénéficier à chacun d'entre eux. L'écoute des communautés locales, de la société civile et du secteur privé est un premier pas vers cette indispensable appropriation par les Afghans de l'aide internationale. C'est-à-dire l'implication volontaire et durable des Afghans dans tous les projets qui, avant tout, les concernent, jusqu'à leur donner, le plus rapidement possible, la responsabilité complète de ces dits-projets.
Ce moment d'écoute doit aussi rayonner au-delà de l'Afghanistan. Il faut changer l'image de l'Afghanistan auprès des opinions publiques internationales, pays par pays car chacun de ces pays contient, et doit en être fier, des volontaires qui travaillent en Afghanistan.
Vous qui y vivez ou qui y travaillez depuis de si longues années, vous connaissez le terrible décalage entre ces images renvoyées par la télévision et la réalité d'un pays complexe, dynamique, créatif et multiple, avec dans chacune des régions, des originalités et des différences qui, de Kaboul, ne se voient pas.
C'est un pays vivant, jeune, énergique et actif. Si des progrès réels ont été réalisés dans les domaines de l'éducation et de la santé notamment, et dans bien d'autres également, le défi du redressement du pays, de la réconciliation - la réconciliation comme condition majeure du développement - ne peut être relevé qu'au prix d'un effort partagé et soutenu dans la durée.
Cela prendra des années, il faut s'y attendre et ne pas laisser penser à la communauté internationale qu'un effort militaire, aussi valeureux soit-il, pourra en quelques mois ou très peu d'années changer la situation.
Non, l'effort doit être prolongé ; des efforts d'autant plus nécessaires que le contexte de sécurité est difficile.
Beaucoup, en France notamment, s'interrogent sur l'utilité, sur la pertinence d'une présence militaire internationale en Afghanistan. Je veux vous rappeler que c'est une nécessité, une nécessité pour laquelle la France a décidé d'apporter une contribution supplémentaire. Pour autant, nous savons bien que la solution durable ne peut être seulement militaire. Elle passe forcément par la combinaison d'une dynamique politique, d'une présence militaire, c'est-à-dire de la sécurisation d'un certain nombre d'endroits et d'efforts réellement majeurs pour la reconstruction et aussi pour le développement de l'agriculture.
Ce sont des éléments au service d'une stratégie globale que nous devons définir ensemble. Ne jouons pas le refrain de la sécurité contre le développement ou celui du développement contre la sécurité : les Afghans ont besoin des deux. Dans ces domaines, nous devons tout mettre en oeuvre pour que les Afghans soient maîtres de leur destin, c'est le sens de ce mot opaque, "l'afghanisation"
Encore faut-il lui donner un contenu vivant, sensible, et personnel car c'est un effort qui doit être mené pour chacun d'entre nous et souvent contre nous-mêmes. Or, l'aide internationale, telle qu'elle est définie, orientée et mise en oeuvre depuis 2001, n'a pas pleinement porté ses fruits. La réalité afghane résiste à nos modèles de développement occidentaux. Les personnes qui connaissent le pays pouvaient s'en douter, ils l'avaient déjà constaté. Nous devons revoir nos outils et notre démarche et ce forum veut y contribuer, grâce à votre expérience, à vos connaissances et à vos analyses.
Soyons audacieux, soyons innovants, soyons clairs, et c'est de votre expérience que nous pourrons tirer un certain nombre d'enseignements pour que vous les présentiez à la Conférence internationale qui se tiendra le 12 juin.
Il nous faut donc agir ensemble rapidement - c'est très proche le 12 juin -. La Conférence de Paris doit affirmer la nécessaire appropriation par les Afghans de leur destin national, elle doit aussi renforcer les capacités des autorités afghanes dans la conduite de la reconstruction, y compris en matière de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption.
Elle doit rappeler l'exigence pour la communauté des donateurs de s'aligner mieux qu'elle ne l'a fait aujourd'hui sur les priorités de l'ANDS, sous l'autorité du représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies, M. Kai Eide.
Sur tous ces sujets, l'efficacité de l'aide et l'implication de la société civile et du secteur privé afghans sont les défis majeurs de la Conférence de Paris. Vous êtes le début de cette conférence, vous êtes ce qui constituera la Conférence de Paris.
Aujourd'hui, cette rencontre est donc, je le répète, essentielle et c'est pourquoi je souhaite vivement entendre votre analyse sur le rôle de l'Etat afghan dans les services rendus à la population. Il me faut connaître et comprendre les priorités, ainsi que les possibilités de nouveaux partenariats, notamment public-privé, sur la prise en compte des spécificités provinciales dans les projets de développement. Il faut également connaître les perspectives en matière de réconciliation. Je sais que le mot est politiquement correct mais enfin, cela fait partie des problèmes. Enfin, il nous faut comprendre la manière dont la société civile peut y contribuer.
Vos interrogations sont nombreuses, elles sont légitimes. Le développement et la reconstruction ne se décrètent pas.
Il faut composer avec le temps, intégrer la réalité afghane, sa diversité, ses complexités. Il faut respecter le rythme du changement afghan et pour cela, avant tout, il faut écouter la société afghane. Elle ne va pas adopter le modèle de démocratie occidentale "over night". Tout le monde, tous ceux qui travaillent en Afghanistan le savent. Faisons donc partager cette évidence et c'est de cette manière qu'il y aura des progrès. C'est à travers la réalité afghane que les progrès seront faits.
Dire, faire une narration un peu plus objective de ce que veulent les Afghans permet ces progrès, cela ne les empêche pas, au contraire.
C'est la raison de votre présence ici, en amont de la Conférence ministérielle du 12 juin. Je souhaite que vous puissiez imprégner les travaux de cette future conférence de vos recommandations.
Mesdames et Messieurs,
Vos réflexions et vos propositions sont attendues avec le plus grand intérêt, par moi en particulier. Mais, au lieu de passer la journée avec vous, j'ai le regret de devoir vous quitter car demain, à Beyrouth, il se passe une chose inattendue, en tout cas surprenante pour ceux qui y ont beaucoup travaillé : l'élection présidentielle qui se tiendra demain. Je dois m'y rendre mais je regretterai beaucoup de ne pas vous rencontrer tous.
Ceux que je pourrai voir, je les verrai avant la Conférence de Paris et je souhaite m'imprégner de vos déclarations, de vos textes et de vos opinions qui sont indispensables à l'objectif que nous partageons tous, celui de la confiance. Contrairement à l'opinion répandue dans le monde, nous avons, ceux qui connaissent l'Afghanistan, confiance. Entre l'Etat afghan et la communauté internationale, c'est une confiance à bâtir, elle s'effiloche. Confiance entre les institutions afghanes et la population et là aussi, il y a beaucoup de travail.
C'est vrai que des progrès merveilleux ont été faits. C'est vrai que les femmes votent depuis l'année 2004. C'est vrai qu'il y a un parlement et un président élus. Tout cela doit faire partie d'un tissu de confiance et une confiance entre la population afghane et l'aide internationale. Cela aussi est compliqué et je sais que, très vite, la présence internationale pourrait passer pour une occupation !
Certains - et je parle très clairement des Taliban - qui représentaient bien mal leur pays passeront bientôt, si nous n'y prenons pas garde, pour les plus proches des populations !
Voilà pourquoi nous avons besoin de vous et pourquoi je fais confiance à votre liberté de ton, à votre engagement, à votre obstination. C'est une obstination que je partage depuis plus de 30 ans avec certains d'entre vous.
Merci beaucoup et bon travail.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 mai 2008
Monsieur le Conseiller du Président,
Monsieur l'Ambassadeur,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Je suis, Chers Amis, heureux de vous souhaiter la bienvenue à vous tous dont j'en connais certains depuis au moins trente ans. J'éprouve un grand plaisir à vous accueillir dans ce Forum international de la Société civile et du Secteur privé en soutien à l'Afghanistan. Je trouve que votre obstination est remarquable.
C'est à mes yeux une étape essentielle vers la Conférence internationale qui aura lieu le 12 juin prochain, notamment en présence du président Hamid Karzaï et du Secrétaire général des Nations unies, M. Ban Ki-moon.
Je souhaite en particulier la bienvenue aux représentants de la société civile afghane ainsi que du secteur privé.
Les accueillir ici à Paris est pour moi, plus qu'un symbole qui s'inscrit dans la lignée de nos engagements, de mes engagements, des engagements de la France.
Vous avez en France des amis fidèles, je suis l'un d'entre eux, qui sont résolus à accompagner l'Afghanistan tout au long du processus de paix et de reconstruction que vous menez. Des amis qui étaient à vos côtés, dès le début des années 1980, lorsque l'Afghanistan était déjà confronté aux terribles épreuves de la guerre et de la violence. Je pense surtout aux Organisations non gouvernementales françaises déjà présentes sur le terrain aux côtés du peuple afghan, en dépit des risques. Elles n'étaient pas les seules évidemment, mais elles étaient largement majoritaires. Je le rappelle avec un peu d'orgueil peut-être, puisque j'étais parmi elles. Mais je le rappelle car c'est plutôt bien de se souvenir de ce lien extrêmement fort qui existe entre ces ONG, entre les militants, entre les responsables de ces ONG françaises et l'Afghanistan, et ce depuis bien longtemps.
Beaucoup de représentants des ONG internationales et des agences des Nations unies sont là. Ils étaient également présents lors des diverses étapes de ce processus. Je les remercie d'être avec nous.
Ensemble, nous avons aujourd'hui une occasion unique de nous imprégner et surtout d'imprégner l'opinion publique de la réalité afghane, de sortir de la vision forcément déformée d'un Afghanistan imaginaire vu par les Occidentaux.
Elle nous permet de vous écouter et, à travers vous, d'écouter les Afghans, de parler de leurs besoins, de leurs priorités, de leur manière de voir cette aide très diverse qui - si j'ose dire - leur tombe dessus ou qu'ils appellent de leurs voeux. Cela dépend des régions et des méthodes.
Il faut en tout cas écouter les Afghans qui sont, après tout, les personnages centraux, non seulement de cette réunion, mais de cette partie du monde qui reçoit l'effort militaire et civil de nombreux pays.
Ainsi, nous pourrons, tous ensemble, mieux définir les contours de l'aide internationale, mieux l'orienter et mieux la mettre en oeuvre. Car nous ne pourrons rien faire sans le peuple afghan. Le développement durable de l'Afghanistan, reposant sur des bases justes et équitables, ne se fera qu'avec l'adhésion, l'implication de la population afghane, le reste est illusoire.
Notre objectif premier est ce que nous avons appelé "l'afghanisation de l'aide internationale", c'est-à-dire une méthode, une façon d'être, d'écouter et d'être avec les Afghans qui doit les impliquer tous et bénéficier à chacun d'entre eux. L'écoute des communautés locales, de la société civile et du secteur privé est un premier pas vers cette indispensable appropriation par les Afghans de l'aide internationale. C'est-à-dire l'implication volontaire et durable des Afghans dans tous les projets qui, avant tout, les concernent, jusqu'à leur donner, le plus rapidement possible, la responsabilité complète de ces dits-projets.
Ce moment d'écoute doit aussi rayonner au-delà de l'Afghanistan. Il faut changer l'image de l'Afghanistan auprès des opinions publiques internationales, pays par pays car chacun de ces pays contient, et doit en être fier, des volontaires qui travaillent en Afghanistan.
Vous qui y vivez ou qui y travaillez depuis de si longues années, vous connaissez le terrible décalage entre ces images renvoyées par la télévision et la réalité d'un pays complexe, dynamique, créatif et multiple, avec dans chacune des régions, des originalités et des différences qui, de Kaboul, ne se voient pas.
C'est un pays vivant, jeune, énergique et actif. Si des progrès réels ont été réalisés dans les domaines de l'éducation et de la santé notamment, et dans bien d'autres également, le défi du redressement du pays, de la réconciliation - la réconciliation comme condition majeure du développement - ne peut être relevé qu'au prix d'un effort partagé et soutenu dans la durée.
Cela prendra des années, il faut s'y attendre et ne pas laisser penser à la communauté internationale qu'un effort militaire, aussi valeureux soit-il, pourra en quelques mois ou très peu d'années changer la situation.
Non, l'effort doit être prolongé ; des efforts d'autant plus nécessaires que le contexte de sécurité est difficile.
Beaucoup, en France notamment, s'interrogent sur l'utilité, sur la pertinence d'une présence militaire internationale en Afghanistan. Je veux vous rappeler que c'est une nécessité, une nécessité pour laquelle la France a décidé d'apporter une contribution supplémentaire. Pour autant, nous savons bien que la solution durable ne peut être seulement militaire. Elle passe forcément par la combinaison d'une dynamique politique, d'une présence militaire, c'est-à-dire de la sécurisation d'un certain nombre d'endroits et d'efforts réellement majeurs pour la reconstruction et aussi pour le développement de l'agriculture.
Ce sont des éléments au service d'une stratégie globale que nous devons définir ensemble. Ne jouons pas le refrain de la sécurité contre le développement ou celui du développement contre la sécurité : les Afghans ont besoin des deux. Dans ces domaines, nous devons tout mettre en oeuvre pour que les Afghans soient maîtres de leur destin, c'est le sens de ce mot opaque, "l'afghanisation"
Encore faut-il lui donner un contenu vivant, sensible, et personnel car c'est un effort qui doit être mené pour chacun d'entre nous et souvent contre nous-mêmes. Or, l'aide internationale, telle qu'elle est définie, orientée et mise en oeuvre depuis 2001, n'a pas pleinement porté ses fruits. La réalité afghane résiste à nos modèles de développement occidentaux. Les personnes qui connaissent le pays pouvaient s'en douter, ils l'avaient déjà constaté. Nous devons revoir nos outils et notre démarche et ce forum veut y contribuer, grâce à votre expérience, à vos connaissances et à vos analyses.
Soyons audacieux, soyons innovants, soyons clairs, et c'est de votre expérience que nous pourrons tirer un certain nombre d'enseignements pour que vous les présentiez à la Conférence internationale qui se tiendra le 12 juin.
Il nous faut donc agir ensemble rapidement - c'est très proche le 12 juin -. La Conférence de Paris doit affirmer la nécessaire appropriation par les Afghans de leur destin national, elle doit aussi renforcer les capacités des autorités afghanes dans la conduite de la reconstruction, y compris en matière de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption.
Elle doit rappeler l'exigence pour la communauté des donateurs de s'aligner mieux qu'elle ne l'a fait aujourd'hui sur les priorités de l'ANDS, sous l'autorité du représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies, M. Kai Eide.
Sur tous ces sujets, l'efficacité de l'aide et l'implication de la société civile et du secteur privé afghans sont les défis majeurs de la Conférence de Paris. Vous êtes le début de cette conférence, vous êtes ce qui constituera la Conférence de Paris.
Aujourd'hui, cette rencontre est donc, je le répète, essentielle et c'est pourquoi je souhaite vivement entendre votre analyse sur le rôle de l'Etat afghan dans les services rendus à la population. Il me faut connaître et comprendre les priorités, ainsi que les possibilités de nouveaux partenariats, notamment public-privé, sur la prise en compte des spécificités provinciales dans les projets de développement. Il faut également connaître les perspectives en matière de réconciliation. Je sais que le mot est politiquement correct mais enfin, cela fait partie des problèmes. Enfin, il nous faut comprendre la manière dont la société civile peut y contribuer.
Vos interrogations sont nombreuses, elles sont légitimes. Le développement et la reconstruction ne se décrètent pas.
Il faut composer avec le temps, intégrer la réalité afghane, sa diversité, ses complexités. Il faut respecter le rythme du changement afghan et pour cela, avant tout, il faut écouter la société afghane. Elle ne va pas adopter le modèle de démocratie occidentale "over night". Tout le monde, tous ceux qui travaillent en Afghanistan le savent. Faisons donc partager cette évidence et c'est de cette manière qu'il y aura des progrès. C'est à travers la réalité afghane que les progrès seront faits.
Dire, faire une narration un peu plus objective de ce que veulent les Afghans permet ces progrès, cela ne les empêche pas, au contraire.
C'est la raison de votre présence ici, en amont de la Conférence ministérielle du 12 juin. Je souhaite que vous puissiez imprégner les travaux de cette future conférence de vos recommandations.
Mesdames et Messieurs,
Vos réflexions et vos propositions sont attendues avec le plus grand intérêt, par moi en particulier. Mais, au lieu de passer la journée avec vous, j'ai le regret de devoir vous quitter car demain, à Beyrouth, il se passe une chose inattendue, en tout cas surprenante pour ceux qui y ont beaucoup travaillé : l'élection présidentielle qui se tiendra demain. Je dois m'y rendre mais je regretterai beaucoup de ne pas vous rencontrer tous.
Ceux que je pourrai voir, je les verrai avant la Conférence de Paris et je souhaite m'imprégner de vos déclarations, de vos textes et de vos opinions qui sont indispensables à l'objectif que nous partageons tous, celui de la confiance. Contrairement à l'opinion répandue dans le monde, nous avons, ceux qui connaissent l'Afghanistan, confiance. Entre l'Etat afghan et la communauté internationale, c'est une confiance à bâtir, elle s'effiloche. Confiance entre les institutions afghanes et la population et là aussi, il y a beaucoup de travail.
C'est vrai que des progrès merveilleux ont été faits. C'est vrai que les femmes votent depuis l'année 2004. C'est vrai qu'il y a un parlement et un président élus. Tout cela doit faire partie d'un tissu de confiance et une confiance entre la population afghane et l'aide internationale. Cela aussi est compliqué et je sais que, très vite, la présence internationale pourrait passer pour une occupation !
Certains - et je parle très clairement des Taliban - qui représentaient bien mal leur pays passeront bientôt, si nous n'y prenons pas garde, pour les plus proches des populations !
Voilà pourquoi nous avons besoin de vous et pourquoi je fais confiance à votre liberté de ton, à votre engagement, à votre obstination. C'est une obstination que je partage depuis plus de 30 ans avec certains d'entre vous.
Merci beaucoup et bon travail.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 mai 2008