Conférence de presse de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, sur les relations bilatérales franco-jordaniennes, l'accueil des réfugiés, notamment des chrétiens d'Irak, en Jordanie et en France, Amman le 30 mai 2008.

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Circonstance : Voyage de Bernard Kouchner en Jordanie le 30 mai 2008

Texte intégral

Avec les Français qui m'accompagnent, nous sommes très heureux d'être reçus par le ministre jordanien des Affaires étrangères, mon ami Salah Al Bashir. Nous avons l'occasion de nous rencontrer souvent et à chaque fois le dialogue est très riche. C'est peu dire que les relations entre la Jordanie et la France, la France et la Jordanie soient bonnes, elles sont excellentes, elles sont très amicales et, en particulier, les deux responsables politiques, le Roi et le président de la République, se rencontrent et se parlent très souvent.
J'avais promis à mon ami et collègue de venir lui rendre visite, j'avais promis de le faire plus longuement. Donc, je devrai revenir mais nous devions signer ces deux accords importants entre les deux pays, le premier un accord sur l'utilisation du nucléaire civil, le second un accord stratégique sur les analyses politiques et sur les analyses de la région ainsi que sur les rapports de nos réflexions militaires et nucléaires.
Je suis d'accord avec tout ce qui vient d'être dit sur le Liban et je salue d'ailleurs le rôle qu'a joué la Jordanie dans les accords de Doha. Nous étions ensemble, Salah et moi-même, à Beyrouth pour l'élection du président et nous espérons, maintenant, avec la formation d'un nouveau gouvernement sous la direction de M. Fouad Siniora, que les choses iront pacifiquement jusqu'à l'élection législative prévue dans onze mois. Même si nous regrettons cet épisode de violence qui a ensanglanté Beyrouth-est il y a moins de trois semaines.
Sur la région nous avons une analyse commune, il faut absolument que les chemins de la paix soient empruntés volontairement et avec la participation de tous les amis de cette région précise qui concerne le Liban, Israël, la Palestine, l'Irak. Sur tous ces sujets la Jordanie et la France se tiennent étroitement en relations et sont amicalement unies dans la pression nécessaire.
Je voudrais insister sur un point qui a été cité par mon collègue : les réfugiés, la façon dont vous avez accepté d'aider les Irakiens qui devaient fuir leur pays. C'est un effort important qui a été consenti par la Jordanie, qu'une telle population puisse trouver refuge et assistance en Jordanie. La communauté internationale est trop oublieuse de cela et nous devons soutenir le royaume de Jordanie dans son effort d'accueil et dans son effort de fraternité et d'efficacité réelle, par exemple dans le système de santé, le système scolaire...
J'ai rencontré le responsable du Haut Commissariat des Nations unies aujourd'hui, je lui ai dit que la France était prête à faciliter ses efforts mais, j'insiste là-dessus, on ne se rend pas assez compte du poids qui pèse sur le Royaume de Jordanie.
Q - Monsieur le Ministre, vous avez évoqué maintenant le chemin de la paix et vous aviez déjà dit que le chemin de la paix n'est pas pour aujourd'hui. Est-ce que vous avez encore espoir qu'il puisse y avoir la paix avant la fin de l'été ? Une autre question venant des députés irakiens : qu'en est-il du traitement des 550 réfugiés chrétiens irakiens qui vont être accueillis par la France ?
R - Il n'est pas seulement question d'accueillir les réfugiés chrétiens irakiens. Il est question d'accueillir, dossier après dossier, des Irakiens dont je sais qu'en particulier certains chrétiens souffrent du caractère oppressif qui a été hélas la règle depuis de longues années et pas seulement en Irak, je suis très attentif, nous sommes très attentifs à toutes les violations des Droits de l'Homme et en particulier au sort fait aux chrétiens dans les pays du Moyen-orient et ailleurs. Nous sommes prêts, nous l'avons dit avec le Haut commissaire, ici en Jordanie à faire notre devoir et à accueillir un nombre important, nous avons dit 500 dans un premier temps et, dossier par dossier, nous les accueillerons.
Deuxième question plus difficile. A propos du processus de paix entre Israël et la Palestine, c'est-à-dire la création, accepter la création, imposer la création d'un Etat palestinien viable, démocratique, autonome, indépendant, je persiste à penser, nous persistons à penser, le ministre jordanien des Affaires étrangères et moi-même, que c'est la seule solution, tout le monde le sait, et pourtant les choses vont lentement. Même si, au sommet, les discussions se poursuivent sur le terrain, il n'y a pas beaucoup de progrès. Alors, comme responsable du suivi de la Conférence de Paris qui fut un grand succès, non seulement un succès financier, un succès politique - on a plus parlé politique à la Conférence de Paris qu'à Annapolis -, nous continuons à espérer, à pousser dans le seul sens possible, la négociation et la création d'un Etat palestinien qui sera la seule manière d'assurer la sécurité d'Israël.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 juin 2008