Texte intégral
J.-P. Elkabbach.- Toute la journée, nous allons entendre, à Bruxelles et à Paris : "Soyez sérieux, soyez sérieux ! Tenez vos comptes, évitez les déficits". Je prends deux rendez-vous : le premier, à Bruxelles. La Commission européenne va sonner l'alerte et nous menacer de sanctions. Sa recommandation politique porte sur nos déficits. Elle doute que la France respecte les 3 % de Maastricht à cause de ses dépenses. Est-ce qu'elle a raison de douter de nous ?
Dans le même temps, il faut aussi compléter en disant que l'Europe félicite la France et lui dit : "Continuez à faire des réformes". Et en vous disant cela, j'ai donné la réponse. C'est-à-dire que la France a d'ores et déjà, et depuis un an, entrepris des réformes pour se réformer en profondeur, pour faire que la dépense ne soit plus couverte par des recettes et que nous cessions de gaspiller l'argent public. Et des progrès considérables ont d'ores et déjà été engrangés.
Cela veut dire que si, en raison des réformes, on dépasse les 3 %, vous croyez que la Commission de Bruxelles va nous dire : merci, continuez, c'est bien ?
Je pense d'abord que nous ne les dépasserons pas. Ce qui est important c'est que l'Europe reconnaît que la France est lancée dans un profond programme de réformes car nous sommes... Quand il y a une situation telle que celle-ci, de deux choses l'une : soit c'est la rigueur, et ça le président de la République a dit non, il n y'aura pas de rigueur...
F. Hollande lui a répondu ici à votre place : ce n'est pas la peine de dire "le plan de rigueur", on est déjà dans la rigueur.
J'y reviendrai, si vous voulez. Soit donc c'est la rigueur, c'est-à-dire qu'on stoppe toutes les dépenses, on bloque les salaires, ou soit au contraire, on se réforme pour moins dépenser d'argent public, maîtriser la dépense publique, cesser les gaspillages. C'est cela que le Gouvernement a choisi.
Président Accoyer, mais est-ce qu'il n'est pas vexant de se faire engueuler par Bruxelles, à un mois de la présidence française de l'Union européenne ?
Et la France en vingt-cinq ans, a pris des habitudes telles ! Elle a augmenté sa dépense publique au fil de l'eau, elle a contraint le travail, empêché les entreprises de produire, les salariés de travailler autant qu'ils le voudraient ou que les gens en auraient besoin. Finalement, c'est les 35 heures, c'est cette contrainte d'un départ à la retraite...
Mais quand vous dites : "il y a vingt-cinq ans", il n'y a pas que les 35 heures. Vous étiez dans la majorité et vous l'avez approuvée chaque fois aussi.
Ah non, pas du tout.
Chacun a sa part de responsabilité.
Pas du tout.
Pas les 35 heures, vous n'étiez pas dans la majorité...
Les deux mesures
Mais quand vous dites "vingt-cinq ans"... quand : cela veut dire la droite, la gauche.
Les deux mesures qui ont limité la force de travail de la France, c'est la diminution brutale au début des années 80, la fixation, ramener de 65 à 60 ans l'âge de départ à la retraite, et deuxièmement, les 35 heures, c'est évident. Le monde entier le sait. J'entendais il n'y a pas longtemps Mme Aubry revenir sur ce qu'elle a fait. Elle a fait... Les 35 heures ont été un coût épouvantable, et donc, la libéralisation, la libération du travail, la libération des capacités de produire, de travailler, c'est la politique qui est conduite depuis un an.
Monsieur Accoyer, on donne trop souvent - c'est Bruxelles qui le dit - l'impression de ne pas savoir ce qu'on veut, ni où on va, et d'additionner les dépenses. Alors, qu'est-ce que vous avez envie de répondre déjà à Bruxelles, à la Commission européenne, qui nous grondera dans la journée ?
Il faut dire à la Commission - ce qu'elle sait d'ailleurs - c'est qu'avec la révision générale des politiques publiques, la France s'est lancée dans une réforme considérable, supprimant les doublons administratifs, évitant des gaspillages d'argent public, avec le non renouvellement d'un fonctionnaire d'Etat sur deux partant à la retraite, on s'en prend au principal poste de dépense. Nous avons en quelques années, augmenter de 200.000 le nombre des fonctionnaires d'Etat. Il n'y avait pas de raison de la faire. Prenons le cas de l'Education nationale, il est démonstratif. Le nombre d'élèves a diminué de 40.000 en une dizaine d'années, et pendant ce temps-là, le nombre des enseignants a augmenté de 12.000.
Deuxième rendez-vous à Bercy où F. Fillon préside tout à l'heure la Conférence des finances publiques. La première conférence du genre, du quinquennat Sarkozy. On va entendre à nouveau parler de la nécessité de réduire les dépenses, de faire des économies, pour rester dans les clous. Peu de gens y croient, mais apparemment, vous, oui.
Oui, et je vais vous dire, parce que je pense qu'il faut croire à ce qu'on fait. J'entends toujours des critiques. Vous avez remarqué qu'en particulier l'opposition, ou même un certain nombre d'observateurs, disent toujours : il n'y aura pas telle croissance ; le budget a été construit de manière trop optimiste. Et le résultat c'est que les résultats sont meilleurs. Il faut y croire, il faut du volontarisme. C'est précisément le caractère du président de la République, et nous avons tous intérêt, nous Français, à suivre ce mouvement. Les défis auxquels nous sommes confrontés, dont nous allons parler dans quelques instants, exigent que nous nous mobilisions, avec de la volonté. Si nous n'y croyons pas et si nous n'y allons pas tous, ce n'est pas la peine de commencer. Cessons, cessons, encore une fois, de toujours critiquer, de toujours dire : on va perdre, ça ne va pas marcher. Non, nous sommes aussi bons, et bien souvent meilleurs que d'autres, et on doit l'emporter.
Cela, vous le dites à quelqu'un des vôtres : P. Séguin. Au nom de la Cour des comptes, il vient de dénoncer les tours de passe-passe qui auraient permis de réduire en apparence le déficit de l'Etat. Voyez, c'est pour vous dire qu'il n'y a pas que l'opposition qui temps en temps, est sceptique, ou les observateurs.
La caractéristique de la Cour des comptes, c'est d'aller dénicher des manipulations comptables dans toutes les collectivités publiques. Je peux vous dire que le Gouvernement a une rigueur que nous n'avions jamais connue jusque là dans la maîtrise de la dépense publique. C'est incontestable.
Vous avez dit "rigueur". Il ne faut pas dire "rigueur".
Dans la maîtrise des comptes publics. La politique de rigueur c'est autre chose : on limite les revenus. Là, c'est la rigueur dans la dépense publique, parce que là, il faut avoir de la rigueur.
Le président de la République promet depuis hier, et C. Nay l'a expliqué tout à l'heure, de créer un fonds alimenté par les surplus de TVA sur les produits pétroliers, pour financer des aides aux Français qui sont touchés par la hausse constante des cours du pétrole. F. Hollande dit que la mesure ne suffit pas. Et vous ?
Moi, ce que je dis, c'est que le président de la République il réagit. Il sait que les Français sont confrontés à un problème, qui est un problème très lourd, très difficile, qui est une explosion du prix de l'énergie. En un an, en un an ! Le prix du baril a doublé : plus 100 %. C'est un choc, un choc pétrolier pour chacun et chacune d'entre nous, et en particulier pour ceux qui ont des budgets très serrés, ou des entreprises, les activités qui sont dans le domaine où il y a beaucoup d'énergie. Donc, le Président il réagit. Immédiatement, il propose quelque chose. Il dit quoi ? Il dit qu'il n'est pas question que l'Etat puisse profiter en quoi que ce soit de cette hausse du baril. Je vais remettre en direction de ceux qui en ont le plus besoin les surplus de TVA que cela pourrait engendrer.
Les marins pêcheurs vont en profiter. Alors, j'appelle P.-G. Dachicourt, président du Comité national des pêches.
[Extrait interview en direct de P.-G. Dachicourt]
B. Accoyer, qu'est-ce que cela donnerait s'il fallait accorder des soutiens aux routiers - les Anglais manifestent contre G. Brown - aux agriculteurs, aux chauffeurs de taxi, aux salariés usagers... Ce n'est pas possible ça ?
Et la France n'est pas dans une bille. Nous sommes confrontés à un choc pétrolier, nous devons le prendre en compte, d'abord en aidant les activités jusqu'à un niveau qui ne compromette pas ni nos engagements internationaux, ni l'équilibre financier. Et ensuite, en relevant les défis du moment, c'est-à-dire le défi énergétique, le défi de l'innovation, de la modernisation, le changement complet de nos habitudes de consommation et de développement.
Les institutions. Vous êtes, là, à la tribune, vous vous êtes juré de rester jusqu'au bout du débat, tout le temps, jour et nuit ?
C'est bien la moindre des choses.
Les députés vont traiter encore de la révision des institutions, aujourd'hui et demain. Ils ont reporté à mardi le vote sur le projet de révision des institutions. Si c'est important, pourquoi différer le vote ? Est-ce qu'il y a quelqu'un qui bloque ?
C'est parce que les débats sont plus longs. C'est important : il s'agit de la Constitution. Les débats sont riches, ils sont d'ailleurs sereins. Il n'y a pas du tout de crispations ni de blocages, ni d'obstructions. Mais c'est un débat extrêmement important sur une réforme elle-même extrêmement importante, pour les Français eux-mêmes. On pourrait croire que c'est de la théorie. Non, pas du tout, c'est pour les Français eux-mêmes, pour leur droit, pour le bon fonctionnement de la démocratie. C'est-à-dire que le Français qui a des problèmes concrets sur le terrain, immédiatement, le Parlement puisse les relayer.
Mais sérieusement, Président Accoyer, les Français qui ont aujourd'hui tant de difficultés à joindre les deux bouts, et à vivre, vous croyez qu'ils se passionnent pour ces interminables débats sur les institutions ?
Non, bien sûr que non, mais en réalité, ce sont leurs intérêts immédiats qui sont en jeu dans cette réforme, qui, je le souhaite, doit être adoptée.
Alors, en première lecture, vous savez déjà que les socialistes vont voter contre à l'unanimité, moins deux voix. Ils l'ont dit hier. A partir de votre expérience, B. Accoyer, est-ce que ce non restera un non ?
Je l'espère vraiment profondément, parce que ne comprendrais pas...
Pourquoi ? Vous espérez que ce soit un non ?
Je n'ai pas été clair. J'espère qu'ils ne resteront pas sur cette position de blocage et que c'est un non d'attente, comme cela a été dit d'ailleurs par A. Montebourg au cours d'une première lecture. Après, il y aura d'autres lectures. Mais concrètement, comment des parlementaires pourraient-ils refuser des droits nouveaux pour le Parlement alors que, par exemple, le Parti socialiste les demandait, ces droits nouveaux depuis des années, et qu'il reconnaît lui-même que cette réforme comporte des avancées considérables pour les droits du Parlement mais également des droits nouveaux pour les citoyens ? Comment les refuser ?
Le PS dit que c'est un "non", il peut être un "oui", il peut être un "peut-être", sauf si vous donnez, ou à condition que vous donniez encore autre chose, que vous fassiez de nouveaux progrès. Alors lesquels paraissent possibles ?
C'est le jeu politique de la part du Parti socialiste.
Qu'est-ce qui peut être encore accordé ?
On va le voir. Hier, il y a encore eu des amendements qui ont été adoptés, il y en avait eu en Commission. Il y a eu l'introduction du referendum d'initiative populaire, c'est un changement considérable. Comment des parlementaires pourraient-ils refuser aux Français l'accès direct à une expression telle que le referendum d'initiative populaire ?
Ils vous demandent de lâcher encore quelque chose, qu'est-ce que vous pouvez faire ?
On va voir. Au cours des débats, les choses ne sont pas encore arrêtées puisqu'il y a les navettes. Nous n'avons même pas fini d'examiner le texte complètement en première lecture. Je ne peux pas à cette heure vous dire ce qu'il aura d'autre.
Mais par exemple, vous avez écrit au CSA.
Oui, c'est des points sur lesquels il y a une attente.
... pour l'interroger sur les temps de parole accordés dans l'audiovisuel à l'opposition au chef de l'Etat ? Qu'est-ce que vous avez derrière la tête ?
Je pense que la demande du Parti socialiste, qui est que lorsque le président de la République s'exprime, notamment et en particulier, en tout cas je pense qu'on ne peut pas aller ailleurs sur les questions de politique intérieure, cela soit pris en compte dans le décompte des temps de parole politique. C'est au CSA d'évaluer cela. D'ailleurs, c'est un des pouvoirs des présidents d'assemblées de pouvoir saisir le CSA. C'est ce que j'ai fait. Mon idée, c'est que lorsque le Président s'est exprimé sur des questions nationales, pas les questions internationales, pas les questions régaliennes, eh bien à ce moment-là, il y a un petit plus de temps qui soit donné à la majorité et à l'opposition.
Et surtout à l'opposition.
Oui, parce que le problème c'est le temps de parole de l'opposition.
Dernière question : le 7 juillet, le Congrès de Versailles sur l'importante révision des institutions de la Vème République. Vous croyez qu'il a vraiment des chances d'aboutir ?
Je l'espère de tout mon c?ur. Ce serait l'intérêt de la démocratie, ce serait l'intérêt du bon fonctionnement de nos institutions, c'est-à-dire l'intérêt de la France.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 28 mai 2008
Dans le même temps, il faut aussi compléter en disant que l'Europe félicite la France et lui dit : "Continuez à faire des réformes". Et en vous disant cela, j'ai donné la réponse. C'est-à-dire que la France a d'ores et déjà, et depuis un an, entrepris des réformes pour se réformer en profondeur, pour faire que la dépense ne soit plus couverte par des recettes et que nous cessions de gaspiller l'argent public. Et des progrès considérables ont d'ores et déjà été engrangés.
Cela veut dire que si, en raison des réformes, on dépasse les 3 %, vous croyez que la Commission de Bruxelles va nous dire : merci, continuez, c'est bien ?
Je pense d'abord que nous ne les dépasserons pas. Ce qui est important c'est que l'Europe reconnaît que la France est lancée dans un profond programme de réformes car nous sommes... Quand il y a une situation telle que celle-ci, de deux choses l'une : soit c'est la rigueur, et ça le président de la République a dit non, il n y'aura pas de rigueur...
F. Hollande lui a répondu ici à votre place : ce n'est pas la peine de dire "le plan de rigueur", on est déjà dans la rigueur.
J'y reviendrai, si vous voulez. Soit donc c'est la rigueur, c'est-à-dire qu'on stoppe toutes les dépenses, on bloque les salaires, ou soit au contraire, on se réforme pour moins dépenser d'argent public, maîtriser la dépense publique, cesser les gaspillages. C'est cela que le Gouvernement a choisi.
Président Accoyer, mais est-ce qu'il n'est pas vexant de se faire engueuler par Bruxelles, à un mois de la présidence française de l'Union européenne ?
Et la France en vingt-cinq ans, a pris des habitudes telles ! Elle a augmenté sa dépense publique au fil de l'eau, elle a contraint le travail, empêché les entreprises de produire, les salariés de travailler autant qu'ils le voudraient ou que les gens en auraient besoin. Finalement, c'est les 35 heures, c'est cette contrainte d'un départ à la retraite...
Mais quand vous dites : "il y a vingt-cinq ans", il n'y a pas que les 35 heures. Vous étiez dans la majorité et vous l'avez approuvée chaque fois aussi.
Ah non, pas du tout.
Chacun a sa part de responsabilité.
Pas du tout.
Pas les 35 heures, vous n'étiez pas dans la majorité...
Les deux mesures
Mais quand vous dites "vingt-cinq ans"... quand : cela veut dire la droite, la gauche.
Les deux mesures qui ont limité la force de travail de la France, c'est la diminution brutale au début des années 80, la fixation, ramener de 65 à 60 ans l'âge de départ à la retraite, et deuxièmement, les 35 heures, c'est évident. Le monde entier le sait. J'entendais il n'y a pas longtemps Mme Aubry revenir sur ce qu'elle a fait. Elle a fait... Les 35 heures ont été un coût épouvantable, et donc, la libéralisation, la libération du travail, la libération des capacités de produire, de travailler, c'est la politique qui est conduite depuis un an.
Monsieur Accoyer, on donne trop souvent - c'est Bruxelles qui le dit - l'impression de ne pas savoir ce qu'on veut, ni où on va, et d'additionner les dépenses. Alors, qu'est-ce que vous avez envie de répondre déjà à Bruxelles, à la Commission européenne, qui nous grondera dans la journée ?
Il faut dire à la Commission - ce qu'elle sait d'ailleurs - c'est qu'avec la révision générale des politiques publiques, la France s'est lancée dans une réforme considérable, supprimant les doublons administratifs, évitant des gaspillages d'argent public, avec le non renouvellement d'un fonctionnaire d'Etat sur deux partant à la retraite, on s'en prend au principal poste de dépense. Nous avons en quelques années, augmenter de 200.000 le nombre des fonctionnaires d'Etat. Il n'y avait pas de raison de la faire. Prenons le cas de l'Education nationale, il est démonstratif. Le nombre d'élèves a diminué de 40.000 en une dizaine d'années, et pendant ce temps-là, le nombre des enseignants a augmenté de 12.000.
Deuxième rendez-vous à Bercy où F. Fillon préside tout à l'heure la Conférence des finances publiques. La première conférence du genre, du quinquennat Sarkozy. On va entendre à nouveau parler de la nécessité de réduire les dépenses, de faire des économies, pour rester dans les clous. Peu de gens y croient, mais apparemment, vous, oui.
Oui, et je vais vous dire, parce que je pense qu'il faut croire à ce qu'on fait. J'entends toujours des critiques. Vous avez remarqué qu'en particulier l'opposition, ou même un certain nombre d'observateurs, disent toujours : il n'y aura pas telle croissance ; le budget a été construit de manière trop optimiste. Et le résultat c'est que les résultats sont meilleurs. Il faut y croire, il faut du volontarisme. C'est précisément le caractère du président de la République, et nous avons tous intérêt, nous Français, à suivre ce mouvement. Les défis auxquels nous sommes confrontés, dont nous allons parler dans quelques instants, exigent que nous nous mobilisions, avec de la volonté. Si nous n'y croyons pas et si nous n'y allons pas tous, ce n'est pas la peine de commencer. Cessons, cessons, encore une fois, de toujours critiquer, de toujours dire : on va perdre, ça ne va pas marcher. Non, nous sommes aussi bons, et bien souvent meilleurs que d'autres, et on doit l'emporter.
Cela, vous le dites à quelqu'un des vôtres : P. Séguin. Au nom de la Cour des comptes, il vient de dénoncer les tours de passe-passe qui auraient permis de réduire en apparence le déficit de l'Etat. Voyez, c'est pour vous dire qu'il n'y a pas que l'opposition qui temps en temps, est sceptique, ou les observateurs.
La caractéristique de la Cour des comptes, c'est d'aller dénicher des manipulations comptables dans toutes les collectivités publiques. Je peux vous dire que le Gouvernement a une rigueur que nous n'avions jamais connue jusque là dans la maîtrise de la dépense publique. C'est incontestable.
Vous avez dit "rigueur". Il ne faut pas dire "rigueur".
Dans la maîtrise des comptes publics. La politique de rigueur c'est autre chose : on limite les revenus. Là, c'est la rigueur dans la dépense publique, parce que là, il faut avoir de la rigueur.
Le président de la République promet depuis hier, et C. Nay l'a expliqué tout à l'heure, de créer un fonds alimenté par les surplus de TVA sur les produits pétroliers, pour financer des aides aux Français qui sont touchés par la hausse constante des cours du pétrole. F. Hollande dit que la mesure ne suffit pas. Et vous ?
Moi, ce que je dis, c'est que le président de la République il réagit. Il sait que les Français sont confrontés à un problème, qui est un problème très lourd, très difficile, qui est une explosion du prix de l'énergie. En un an, en un an ! Le prix du baril a doublé : plus 100 %. C'est un choc, un choc pétrolier pour chacun et chacune d'entre nous, et en particulier pour ceux qui ont des budgets très serrés, ou des entreprises, les activités qui sont dans le domaine où il y a beaucoup d'énergie. Donc, le Président il réagit. Immédiatement, il propose quelque chose. Il dit quoi ? Il dit qu'il n'est pas question que l'Etat puisse profiter en quoi que ce soit de cette hausse du baril. Je vais remettre en direction de ceux qui en ont le plus besoin les surplus de TVA que cela pourrait engendrer.
Les marins pêcheurs vont en profiter. Alors, j'appelle P.-G. Dachicourt, président du Comité national des pêches.
[Extrait interview en direct de P.-G. Dachicourt]
B. Accoyer, qu'est-ce que cela donnerait s'il fallait accorder des soutiens aux routiers - les Anglais manifestent contre G. Brown - aux agriculteurs, aux chauffeurs de taxi, aux salariés usagers... Ce n'est pas possible ça ?
Et la France n'est pas dans une bille. Nous sommes confrontés à un choc pétrolier, nous devons le prendre en compte, d'abord en aidant les activités jusqu'à un niveau qui ne compromette pas ni nos engagements internationaux, ni l'équilibre financier. Et ensuite, en relevant les défis du moment, c'est-à-dire le défi énergétique, le défi de l'innovation, de la modernisation, le changement complet de nos habitudes de consommation et de développement.
Les institutions. Vous êtes, là, à la tribune, vous vous êtes juré de rester jusqu'au bout du débat, tout le temps, jour et nuit ?
C'est bien la moindre des choses.
Les députés vont traiter encore de la révision des institutions, aujourd'hui et demain. Ils ont reporté à mardi le vote sur le projet de révision des institutions. Si c'est important, pourquoi différer le vote ? Est-ce qu'il y a quelqu'un qui bloque ?
C'est parce que les débats sont plus longs. C'est important : il s'agit de la Constitution. Les débats sont riches, ils sont d'ailleurs sereins. Il n'y a pas du tout de crispations ni de blocages, ni d'obstructions. Mais c'est un débat extrêmement important sur une réforme elle-même extrêmement importante, pour les Français eux-mêmes. On pourrait croire que c'est de la théorie. Non, pas du tout, c'est pour les Français eux-mêmes, pour leur droit, pour le bon fonctionnement de la démocratie. C'est-à-dire que le Français qui a des problèmes concrets sur le terrain, immédiatement, le Parlement puisse les relayer.
Mais sérieusement, Président Accoyer, les Français qui ont aujourd'hui tant de difficultés à joindre les deux bouts, et à vivre, vous croyez qu'ils se passionnent pour ces interminables débats sur les institutions ?
Non, bien sûr que non, mais en réalité, ce sont leurs intérêts immédiats qui sont en jeu dans cette réforme, qui, je le souhaite, doit être adoptée.
Alors, en première lecture, vous savez déjà que les socialistes vont voter contre à l'unanimité, moins deux voix. Ils l'ont dit hier. A partir de votre expérience, B. Accoyer, est-ce que ce non restera un non ?
Je l'espère vraiment profondément, parce que ne comprendrais pas...
Pourquoi ? Vous espérez que ce soit un non ?
Je n'ai pas été clair. J'espère qu'ils ne resteront pas sur cette position de blocage et que c'est un non d'attente, comme cela a été dit d'ailleurs par A. Montebourg au cours d'une première lecture. Après, il y aura d'autres lectures. Mais concrètement, comment des parlementaires pourraient-ils refuser des droits nouveaux pour le Parlement alors que, par exemple, le Parti socialiste les demandait, ces droits nouveaux depuis des années, et qu'il reconnaît lui-même que cette réforme comporte des avancées considérables pour les droits du Parlement mais également des droits nouveaux pour les citoyens ? Comment les refuser ?
Le PS dit que c'est un "non", il peut être un "oui", il peut être un "peut-être", sauf si vous donnez, ou à condition que vous donniez encore autre chose, que vous fassiez de nouveaux progrès. Alors lesquels paraissent possibles ?
C'est le jeu politique de la part du Parti socialiste.
Qu'est-ce qui peut être encore accordé ?
On va le voir. Hier, il y a encore eu des amendements qui ont été adoptés, il y en avait eu en Commission. Il y a eu l'introduction du referendum d'initiative populaire, c'est un changement considérable. Comment des parlementaires pourraient-ils refuser aux Français l'accès direct à une expression telle que le referendum d'initiative populaire ?
Ils vous demandent de lâcher encore quelque chose, qu'est-ce que vous pouvez faire ?
On va voir. Au cours des débats, les choses ne sont pas encore arrêtées puisqu'il y a les navettes. Nous n'avons même pas fini d'examiner le texte complètement en première lecture. Je ne peux pas à cette heure vous dire ce qu'il aura d'autre.
Mais par exemple, vous avez écrit au CSA.
Oui, c'est des points sur lesquels il y a une attente.
... pour l'interroger sur les temps de parole accordés dans l'audiovisuel à l'opposition au chef de l'Etat ? Qu'est-ce que vous avez derrière la tête ?
Je pense que la demande du Parti socialiste, qui est que lorsque le président de la République s'exprime, notamment et en particulier, en tout cas je pense qu'on ne peut pas aller ailleurs sur les questions de politique intérieure, cela soit pris en compte dans le décompte des temps de parole politique. C'est au CSA d'évaluer cela. D'ailleurs, c'est un des pouvoirs des présidents d'assemblées de pouvoir saisir le CSA. C'est ce que j'ai fait. Mon idée, c'est que lorsque le Président s'est exprimé sur des questions nationales, pas les questions internationales, pas les questions régaliennes, eh bien à ce moment-là, il y a un petit plus de temps qui soit donné à la majorité et à l'opposition.
Et surtout à l'opposition.
Oui, parce que le problème c'est le temps de parole de l'opposition.
Dernière question : le 7 juillet, le Congrès de Versailles sur l'importante révision des institutions de la Vème République. Vous croyez qu'il a vraiment des chances d'aboutir ?
Je l'espère de tout mon c?ur. Ce serait l'intérêt de la démocratie, ce serait l'intérêt du bon fonctionnement de nos institutions, c'est-à-dire l'intérêt de la France.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 28 mai 2008