Texte intégral
Merci monsieur le Premier ministre, je voudrais renouveler mes remerciements pour votre accueil et dire devant la presse finlandaise et française ce que je vous ai dit en tête-à-tête, c'est-à-dire que la France est très admirative des performances économiques, des performances en matière d'éducation, des performances en matière de recherche de la Finlande, et d'ailleurs, je me suis déjà rendu deux fois en Finlande, comme ministre des Affaires sociales pour étudier votre système de retraite, et comme ministre de l'Education nationale, pour constater les excellents résultats de votre système d'éducation. Nous avons eu l'occasion, avec monsieur Vanhanen d'évoquer les priorités de la présidence française, que je pourrais résumer simplement : l'Europe a connu une crise institutionnelle grave avec le refus du Traité constitutionnel ; elle est sortie de cette crise grâce au Traité simplifié, grâce au Traité de Lisbonne. Il faut maintenant laisser derrière nous les questions institutionnelles, considérer qu'elles sont réglées pour un certain nombre d'années, et nous attacher à répondre aux questions que posent les citoyens européens par rapport au fonctionnement de l'Union européenne. Que nous disent nos concitoyens ? Ils nous disent qu'il y a des grands sujets stratégiques - le réchauffement climatique, l'indépendance énergétique, la sécurité énergétique de l'Europe, la sécurité alimentaire, la défense de l'Europe, la question des flux migratoires - qui sont des questions sur lesquelles l'Europe peut protéger ses citoyens. Que faites-vous pour que, sur ces sujets là, il y ait des décisions de prises qui aboutissent à des résultats ? Et donc nous, nous avons voulu que la présidence française soit totalement orientée vers la réponse à ces questions. Le réchauffement climatique est un sujet qui nous concerne tous ; l'Europe, naturellement, ne peut pas le régler seule, mais en prenant des décisions très ambitieuses, elle oblige les autres à suivre, elle rend plus probable un accord à Copenhague en 2009 entre toutes les régions du monde sur la réduction des émissions de gaz carbonique. Sur la sécurité énergétique, c'est en définissant une politique commune en matière de diversification des sources de production d'énergie, en matière d'interconnexion des réseaux à l'intérieur de l'Europe, en matière d'économies d'énergie dans la négociation avec les pays producteurs, que l'Europe pourra apporter des réponses positives à une question qui est une question évidemment très angoissante pour nos concitoyens, celle de l'énergie. Sur la sécurité alimentaire, nous voulons une renégociation de la politique agricole commune, pour tenir compte de l'augmentation des prix des matières alimentaires, pour tenir compte aussi de la pénurie de produits alimentaires dans le monde. Sur les questions des flux migratoires, l'Europe est soumise à des flux migratoires de plus en plus importants. Alors, naturellement, toutes les régions d'Europe ne sont pas égales dans cette question, mais il y a une solidarité des Etats de l'Union européenne qui doit s'exercer. Nous devons avoir une politique commune face à cette question des flux migratoires. Et enfin, sur la question très importante de la défense, nous voulons mettre fin à une opposition stérile entre ceux qui pensent que la défense de l'Europe est assurée par l'Alliance atlantique et ceux qui pensent que la défense de l'Europe doit être assurée par l'Europe elle-même. La vérité, c'est qu'il faut faire les deux et que ce n'est qu'en faisant les deux qu'on pourra permettre à l'Europe d'exister dans le concert des nations et de peser sur les grandes décisions diplomatiques qui impactent le monde. Voilà les priorités de la présidence française. J'ai pu constater que, sur la plupart de ces priorités, nous étions en plein accord avec le gouvernement finlandais et donc, nous allons ensemble aborder cette présidence française avec beaucoup de gravité, parce que les questions qui nous sont posées sont des questions fondamentales, mais aussi avec beaucoup d'humilité, parce que nous savons que la seule chose qui compte c'est d'obtenir des résultats.
B. Sportouche (AFP) : Vous venez de dire que vous voulez laisser derrière vous et derrière l'Europe les questions institutionnelles, mais l'Irlande va se prononcer par référendum le 12 juin. Est-ce que cela veut dire que vous ne craignez pas un "non", et si jamais il y a un "non", est-ce que cela veut dire qu'on n'en tiendra pas vraiment compte et que le Traité de Lisbonne restera valable pour l'Europe à venir ?
R - Bien sûr que non. Vous savez bien que pour que le Traité de Lisbonne s'applique, il faut qu'il soit ratifié par tous les Etats membres. Simplement, je ne veux émettre aucun jugement sur le choix que fera le peuple irlandais, c'est son choix. Toute tentative pour faire pression sur lui aurait des effets négatifs. Simplement, je formule le voeu que, pendant la présidence française, tous les Etats ratifient le Traité de Lisbonne et qu'on puisse vraiment mettre derrière nous cette question de l'organisation institutionnelle, qui est certes très importante, mais qui en même temps n'a pas du tout l'importance des questions de fond. Personne ne m'interroge dans les rues de la ville de Sablé, dont je suis originaire, sur la question de savoir quelles seront les institutions européennes. En revanche, tout le monde est très intéressé par la question de l'indépendance énergétique, de la révision de la politique agricole commune ou du réchauffement climatique. Voilà donc j'espère que tout le monde ratifiera ce traité parce que je pense que c'est la voie de la sagesse, mais je ne veux en aucun cas peser sur les décision d'un peuple souverain qui est le peuple irlandais.
Question d'un journaliste finlandais à propos de l'énergie nucléaire, de la centrale nucléaire d'Okiluoto et sur les centrales de 3e génération : est-ce que tous ces réacteurs de la génération nouvelle EPR, c'est une catastrophe ?
R - Non, ce n'est en rien une catastrophe. Je laisserai le Premier ministre Vanhanen évoquer ce qui se passe en Finlande. S'agissant de Flamanville, c'est difficile de construire une centrale nucléaire. Il faut prendre les précautions maximales. Il y a eu des difficultés sur des questions d'infrastructures, sur des questions de béton, qui n'ont d'ailleurs rien à voir avec le réacteur. C'est normal qu'on prenne le temps de résoudre ces questions et qu'on ne prenne pas le moindre risque dans un domaine aussi sensible que le domaine nucléaire. Mais nous, nous sommes convaincus que l'énergie nucléaire est une des réponses, - ce n'est pas la seule, mais c'est une des réponses - à la question du réchauffement climatique. Et c'est une des réponses à la question du renchérissement des autres sources d'énergie, et en particulier du pétrole. Nous voulons en France à la fois mettre le paquet sur les énergies renouvelables et faire un très gros investissement de recherche sur les énergies renouvelables, mais en même temps continuer à développer notre programme nucléaire parce que sans ce programme nucléaire, il n'y a aucune espèce de chance d'être au rendez-vous de la diminution des émissions de gaz carbonique et d'être au rendez-vous de la question du renchérissement du pétrole. On le fait avec toutes les précautions nécessaires. Pour nous, c'est une voie d'avenir.
F. Pommier (France Inter) : Ma question s'adresse au Premier ministre français. Vous avez salué, tout à l'heure, les réussites du système éducatif finlandais, vous avez salué les réussites du système de retraites finlandais. Je voulais savoir ce que vous pensiez de la durée du travail ici, en Finlande. Aujourd'hui, en France, les organisations syndicales appellent à se mobiliser pour la défense des 35 heures. Ici, on travaille 40 heures par semaine. Quel est votre objectif ? On a entendu des déclarations contradictoires ces derniers jours sur la durée légale du travail en France, au Gouvernement, à l'UMP. Est-ce que vous avez l'intention de faire sortir la France de ce que certains appellent "le carcan" des 35 heures ?
R - Oui, nous voulons faire sortir la France du carcan des 35 heures. Cela veut dire que nous voulons que dans les entreprises, les salariés puissent négocier avec l'entreprise l'utilisation des heures supplémentaires. Ce n'est pas franchement une révolution. La durée légale du travail en France est de 35 heures et elle restera de 35 heures. Tout ceux qui voudront travailler 35 heures continueront à travailler 35 heures. Mais nous voulons que tous ceux qui veulent aller au-delà, et qui veulent le faire en utilisant les heures supplémentaires, puissent le faire. Aujourd'hui, ce n'est pas encore complètement possible. Ce n'est pas possible parce qu'il y a des accords de branches qui l'empêchent ; ce n'est pas possible parce qu'il y a des contraintes législatives très fortes qui encadrent le nombre d'heures supplémentaires que chaque salarié peut réaliser. Et nous proposons de le faire dans le cadre d'un dialogue social renouvelé, puisque il faudra, pour pouvoir sortir des règles actuelles en matière d'utilisation des heures supplémentaires, un accord majoritaire avec les organisations syndicales de l'entreprise. On est donc très très loin des discours que j'entends sur une libéralisation complète de ces sujets, ou sur la fin de la durée légale du travail. On est dans un assouplissement qui vise à sortir d'une règle imposée à tout le monde, à tous les secteurs, alors même que chaque secteur est différent. Et qu'il y a besoin dans notre pays de restaurer un dialogue entre les organisations syndicales et les chefs d'entreprises, dans l'entreprise, qui est le meilleur endroit pour que ce dialogue ait lieu.
Question d'une journaliste finlandaise : est-ce que la France, pendant la présidence de l'Union, va soutenir la position de la Finlande contre la suppression des quotas laitiers ?
R - Sur les quotas laitiers, la France ne souhaite pas qu'il y ait une remise en cause immédiate de la Politique agricole commune. Cette Politique agricole commune elle court jusqu'en 2013. Ce que nous voulons, c'est que l'on prépare le passage à la nouvelle Politique agricole commune après 2013, et qu'on le prépare dès maintenant pour éviter d'être en situation d'urgence, comme cela a presque toujours été le cas lors de la négociation des précédentes politiques agricoles communes. On est en 2008, on a un petit peu de temps devant nous, il y a des changements profonds qui sont intervenus dans le monde depuis que la Politique agricole commune a été conçue ; les prix de certains produits alimentaires ont augmenté de façon considérable, et donc, ne nécessitent sans doute plus le niveau d'aide qui existe aujourd'hui dans l'Union européenne. Dans d'autres domaines, il faut encourager la production puisqu'il y a une pénurie de produits alimentaires dans le monde, alors que parfois la Politique européenne était une politique au contraire de réduction de la production pour stabiliser les cours. Donc, on voit bien qu'il y a plein de raisons pour changer cette Politique agricole commune. Ce que nous voulons c'est que l'on réfléchisse tranquillement, dès maintenant, à ce que pourrait être la Politique agricole commune après 2013. Alors d'abord, pour que l'on se donne le temps d'évaluer sérieusement les résultats de la Politique agricole commune actuelle ; ensuite pour que la négociation sur cette nouvelle Politique agricole soit rationnelle, qu'elle ne soit pas une négociation dans l'urgence, avec des marchandages de dernière minute qui aboutissent à des résultats qui ne sont pas des résultats satisfaisants, et enfin pour que les agriculteurs européens aient une perspective, pour qu'ils sachent comment s'organiser pour les 15 ou 20 ans qui viennent. C'est quand même très très difficile de demander à des agriculteurs qui doivent investir dans du foncier, qui doivent investir dans des matériels, qui doivent investir dans leur propre formation, c'est très difficile de leur demander de changer de Politique agricole tous les cinq ans. Il faut qu'ils aient une perspective de long terme ou en tout cas au moins de moyen terme. Et si on commence à réfléchir maintenant à la Politique agricole commune pour prendre la décision pour 2013, alors on pourra leur donner cette perspective. Mais dans l'immédiat il n'est pas question pour nous de demander une modification de la Politique agricole commune telle qu'elle s'applique.
Question en français au Premier ministre français : Je voudrais savoir si vous craignez la discussion sur la loi LME, notamment la question de la réglementation de l'urbanisme commercial, de nombreux députés de votre majorité s'inquiètent et se mobilisent contre le seuil des 1.000 mètres carrés.
R - D'abord, je ne crains rien, je ne crains pas le débat qui est normal à l'intérieur du Parlement, et en particulier avec la majorité. Je constate d'abord que la loi sur la modernisation de l'économie qui représente, d'après nos analyses, près de 0,3 point de croissance supplémentaire lorsqu'elle sera mise en application, reçoit l'assentiment de l'immense majorité de la majorité pour presque toutes ses mesures. Il y a un débat qui est très traditionnel en France et qui correspond à notre culture sur la question de l'autorisation des surfaces commerciales de moins de 1.000 mètres carrés. Nous travaillons à réduire les divergences entre le gouvernement et certains parlementaires de la majorité sur cette question. Nous y travaillons très activement et je suis convaincu qu'on va trouver un compromis qui soit un compromis satisfaisant. Mais il faut bien reconnaître que c'est quand même un débat qui doit apparaître dans beaucoup de pays européens comme un peu surréaliste. On débat de quoi ? On débat de la question de savoir si les gens sont libres de négocier leurs prix - je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de pays européens où on ne soit pas libre, entre fournisseurs et commerçants de négocier son prix - et on débat de la question de savoir si on doit être libre d'installer un commerce quelque part dans une commune ou dans une ville. Là encore, il ne doit pas y avoir beaucoup de pays européens où cette question se pose. Il faut que la culture française, sur ces sujets, évolue.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 3 juin 2008
B. Sportouche (AFP) : Vous venez de dire que vous voulez laisser derrière vous et derrière l'Europe les questions institutionnelles, mais l'Irlande va se prononcer par référendum le 12 juin. Est-ce que cela veut dire que vous ne craignez pas un "non", et si jamais il y a un "non", est-ce que cela veut dire qu'on n'en tiendra pas vraiment compte et que le Traité de Lisbonne restera valable pour l'Europe à venir ?
R - Bien sûr que non. Vous savez bien que pour que le Traité de Lisbonne s'applique, il faut qu'il soit ratifié par tous les Etats membres. Simplement, je ne veux émettre aucun jugement sur le choix que fera le peuple irlandais, c'est son choix. Toute tentative pour faire pression sur lui aurait des effets négatifs. Simplement, je formule le voeu que, pendant la présidence française, tous les Etats ratifient le Traité de Lisbonne et qu'on puisse vraiment mettre derrière nous cette question de l'organisation institutionnelle, qui est certes très importante, mais qui en même temps n'a pas du tout l'importance des questions de fond. Personne ne m'interroge dans les rues de la ville de Sablé, dont je suis originaire, sur la question de savoir quelles seront les institutions européennes. En revanche, tout le monde est très intéressé par la question de l'indépendance énergétique, de la révision de la politique agricole commune ou du réchauffement climatique. Voilà donc j'espère que tout le monde ratifiera ce traité parce que je pense que c'est la voie de la sagesse, mais je ne veux en aucun cas peser sur les décision d'un peuple souverain qui est le peuple irlandais.
Question d'un journaliste finlandais à propos de l'énergie nucléaire, de la centrale nucléaire d'Okiluoto et sur les centrales de 3e génération : est-ce que tous ces réacteurs de la génération nouvelle EPR, c'est une catastrophe ?
R - Non, ce n'est en rien une catastrophe. Je laisserai le Premier ministre Vanhanen évoquer ce qui se passe en Finlande. S'agissant de Flamanville, c'est difficile de construire une centrale nucléaire. Il faut prendre les précautions maximales. Il y a eu des difficultés sur des questions d'infrastructures, sur des questions de béton, qui n'ont d'ailleurs rien à voir avec le réacteur. C'est normal qu'on prenne le temps de résoudre ces questions et qu'on ne prenne pas le moindre risque dans un domaine aussi sensible que le domaine nucléaire. Mais nous, nous sommes convaincus que l'énergie nucléaire est une des réponses, - ce n'est pas la seule, mais c'est une des réponses - à la question du réchauffement climatique. Et c'est une des réponses à la question du renchérissement des autres sources d'énergie, et en particulier du pétrole. Nous voulons en France à la fois mettre le paquet sur les énergies renouvelables et faire un très gros investissement de recherche sur les énergies renouvelables, mais en même temps continuer à développer notre programme nucléaire parce que sans ce programme nucléaire, il n'y a aucune espèce de chance d'être au rendez-vous de la diminution des émissions de gaz carbonique et d'être au rendez-vous de la question du renchérissement du pétrole. On le fait avec toutes les précautions nécessaires. Pour nous, c'est une voie d'avenir.
F. Pommier (France Inter) : Ma question s'adresse au Premier ministre français. Vous avez salué, tout à l'heure, les réussites du système éducatif finlandais, vous avez salué les réussites du système de retraites finlandais. Je voulais savoir ce que vous pensiez de la durée du travail ici, en Finlande. Aujourd'hui, en France, les organisations syndicales appellent à se mobiliser pour la défense des 35 heures. Ici, on travaille 40 heures par semaine. Quel est votre objectif ? On a entendu des déclarations contradictoires ces derniers jours sur la durée légale du travail en France, au Gouvernement, à l'UMP. Est-ce que vous avez l'intention de faire sortir la France de ce que certains appellent "le carcan" des 35 heures ?
R - Oui, nous voulons faire sortir la France du carcan des 35 heures. Cela veut dire que nous voulons que dans les entreprises, les salariés puissent négocier avec l'entreprise l'utilisation des heures supplémentaires. Ce n'est pas franchement une révolution. La durée légale du travail en France est de 35 heures et elle restera de 35 heures. Tout ceux qui voudront travailler 35 heures continueront à travailler 35 heures. Mais nous voulons que tous ceux qui veulent aller au-delà, et qui veulent le faire en utilisant les heures supplémentaires, puissent le faire. Aujourd'hui, ce n'est pas encore complètement possible. Ce n'est pas possible parce qu'il y a des accords de branches qui l'empêchent ; ce n'est pas possible parce qu'il y a des contraintes législatives très fortes qui encadrent le nombre d'heures supplémentaires que chaque salarié peut réaliser. Et nous proposons de le faire dans le cadre d'un dialogue social renouvelé, puisque il faudra, pour pouvoir sortir des règles actuelles en matière d'utilisation des heures supplémentaires, un accord majoritaire avec les organisations syndicales de l'entreprise. On est donc très très loin des discours que j'entends sur une libéralisation complète de ces sujets, ou sur la fin de la durée légale du travail. On est dans un assouplissement qui vise à sortir d'une règle imposée à tout le monde, à tous les secteurs, alors même que chaque secteur est différent. Et qu'il y a besoin dans notre pays de restaurer un dialogue entre les organisations syndicales et les chefs d'entreprises, dans l'entreprise, qui est le meilleur endroit pour que ce dialogue ait lieu.
Question d'une journaliste finlandaise : est-ce que la France, pendant la présidence de l'Union, va soutenir la position de la Finlande contre la suppression des quotas laitiers ?
R - Sur les quotas laitiers, la France ne souhaite pas qu'il y ait une remise en cause immédiate de la Politique agricole commune. Cette Politique agricole commune elle court jusqu'en 2013. Ce que nous voulons, c'est que l'on prépare le passage à la nouvelle Politique agricole commune après 2013, et qu'on le prépare dès maintenant pour éviter d'être en situation d'urgence, comme cela a presque toujours été le cas lors de la négociation des précédentes politiques agricoles communes. On est en 2008, on a un petit peu de temps devant nous, il y a des changements profonds qui sont intervenus dans le monde depuis que la Politique agricole commune a été conçue ; les prix de certains produits alimentaires ont augmenté de façon considérable, et donc, ne nécessitent sans doute plus le niveau d'aide qui existe aujourd'hui dans l'Union européenne. Dans d'autres domaines, il faut encourager la production puisqu'il y a une pénurie de produits alimentaires dans le monde, alors que parfois la Politique européenne était une politique au contraire de réduction de la production pour stabiliser les cours. Donc, on voit bien qu'il y a plein de raisons pour changer cette Politique agricole commune. Ce que nous voulons c'est que l'on réfléchisse tranquillement, dès maintenant, à ce que pourrait être la Politique agricole commune après 2013. Alors d'abord, pour que l'on se donne le temps d'évaluer sérieusement les résultats de la Politique agricole commune actuelle ; ensuite pour que la négociation sur cette nouvelle Politique agricole soit rationnelle, qu'elle ne soit pas une négociation dans l'urgence, avec des marchandages de dernière minute qui aboutissent à des résultats qui ne sont pas des résultats satisfaisants, et enfin pour que les agriculteurs européens aient une perspective, pour qu'ils sachent comment s'organiser pour les 15 ou 20 ans qui viennent. C'est quand même très très difficile de demander à des agriculteurs qui doivent investir dans du foncier, qui doivent investir dans des matériels, qui doivent investir dans leur propre formation, c'est très difficile de leur demander de changer de Politique agricole tous les cinq ans. Il faut qu'ils aient une perspective de long terme ou en tout cas au moins de moyen terme. Et si on commence à réfléchir maintenant à la Politique agricole commune pour prendre la décision pour 2013, alors on pourra leur donner cette perspective. Mais dans l'immédiat il n'est pas question pour nous de demander une modification de la Politique agricole commune telle qu'elle s'applique.
Question en français au Premier ministre français : Je voudrais savoir si vous craignez la discussion sur la loi LME, notamment la question de la réglementation de l'urbanisme commercial, de nombreux députés de votre majorité s'inquiètent et se mobilisent contre le seuil des 1.000 mètres carrés.
R - D'abord, je ne crains rien, je ne crains pas le débat qui est normal à l'intérieur du Parlement, et en particulier avec la majorité. Je constate d'abord que la loi sur la modernisation de l'économie qui représente, d'après nos analyses, près de 0,3 point de croissance supplémentaire lorsqu'elle sera mise en application, reçoit l'assentiment de l'immense majorité de la majorité pour presque toutes ses mesures. Il y a un débat qui est très traditionnel en France et qui correspond à notre culture sur la question de l'autorisation des surfaces commerciales de moins de 1.000 mètres carrés. Nous travaillons à réduire les divergences entre le gouvernement et certains parlementaires de la majorité sur cette question. Nous y travaillons très activement et je suis convaincu qu'on va trouver un compromis qui soit un compromis satisfaisant. Mais il faut bien reconnaître que c'est quand même un débat qui doit apparaître dans beaucoup de pays européens comme un peu surréaliste. On débat de quoi ? On débat de la question de savoir si les gens sont libres de négocier leurs prix - je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de pays européens où on ne soit pas libre, entre fournisseurs et commerçants de négocier son prix - et on débat de la question de savoir si on doit être libre d'installer un commerce quelque part dans une commune ou dans une ville. Là encore, il ne doit pas y avoir beaucoup de pays européens où cette question se pose. Il faut que la culture française, sur ces sujets, évolue.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 3 juin 2008