Texte intégral
Chers Amis,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs les Représentants et Maires de grandes villes qui vont beaucoup nous aider dans cette saison culturelle.
Je voudrais vous dire que vous aurez tous une responsabilité importante dans le succès de cette manifestation qui va mettre à l'honneur des artistes et des oeuvres de 27 Etats membres. C'est une chance exceptionnelle pour nous tous de découvrir ou de mieux connaître la diversité des cultures européennes qui sont encore trop peu connues dans notre pays. D'autres, comme mon ami Renaud Donnedieu de Vabres, sont beaucoup mieux à même de commenter la très riche programmation de cette saison culturelle et d'en être le critique, au sens éclairé du terme.
Je voudrais simplement vous exprimer ce que je ressens aujourd'hui.
Les visites que j'ai effectuées dans les 26 capitales européennes ont été exaltantes dans le sens où elles m'ont permis de mieux comprendre l'autre, de vaincre l'ignorance, ce qui est le premier ennemi de l'Europe. C'est en cela que la culture est le premier ami de l'Europe. Malheureusement, ma curiosité en matière culturelle a été quelque peu bridée par les contraintes du Protocole mais j'ai tout de même pu prendre conscience de l'extraordinaire richesse architecturale de l'Europe, à travers les capitales que j'ai visitées, notamment les villes baltes - je serai encore ce soir à Riga pour la seconde fois - qui apparaissent, vu de près, différentes des villes nordiques, ou encore la diversité de l'Europe centrale.
Cela m'a permis aussi de mesurer, au-delà de la diversité, l'unité retrouvée de l'Europe, l'homogénéité plus grande que prévue de l'architecture de cette Europe. Elle témoigne d'une communauté de valeurs issues de la Renaissance, confortée au XIXème siècle avant les guerres du XXème siècle.
Ainsi, les pays que l'on disait "de l'Est" ont su résister au totalitarisme pour maintenir en vie le patrimoine commun, les valeurs culturelles et religieuses.
En 2004, au lendemain de l'entrée de l'Union européenne de dix nouveaux pays, des artistes et responsables culturels européens lançaient un appel "Pour une Europe fondée sur la culture". Le fait que cela soit né au lendemain de l'arrivée de 10 nouveaux Etats membres dans l'Union européenne est tout un symbole car ils nous rappelaient notre héritage culturel, construit à travers les siècles. De Jérôme Bosch à Freud aujourd'hui, de Bach à Bartok, de Stefan Zweig à Thomas Mann, de Pessoa à Moravia, de Proust à James Joyce et Virginia Woolf en passant par Proust, de Clarin à Stankiewitz, de Joseph Roth à Kafka... Mais les artistes qui ont lancé cet appel insistaient en 2004 pour que la culture ne soit pas un héritage, mais pour qu'elle soit bien vivante.
Je crois que les créateurs et les créations des 27 pays de l'Union que vous allez découvrir ou re-découvrir participent de cet élan d'avenir.
Je suis particulièrement attaché à l'esprit qui anime les projets "tandems" dans cette saison. Ils permettent à des artistes européens de toutes les nationalités de se retrouver autour d'une oeuvre, d'un thème ou d'une inspiration. Ces artistes vont créer des liens professionnels, peut-être des amitiés qui perdureront bien après cette saison culturelle et ce sera un acquis important. L'Europe de la culture bouge, on le voit ici, elle dérange et c'est bien ainsi. Comme l'a souligné Christine Albanel, la dernière illustration, d'actualité, s'il était encore besoin de prouver cette richesse et cette vivacité de la culture européenne, ce sont les palmarès du Festival de Cannes. Avec Pedro Almodavar, Cristian Mungiu, les frères Dardenne et hier encore Laurent Cantet, l'Europe demeure la terre de création cinématographique la plus fertile. Et il est certain que les institutions européennes y jouent leur part, de même qu'elles ont joué leur part dans la récompense de films aux Etats-Unis tels que "La vie est belle" et "La vie des autres" ainsi que "La Môme" ou d'interprètes qui, comme Juliette Binoche, sont avec nous ce matin.
Nous devons être fiers de notre diversité, nous devons la cultiver, nous devons l'aider à triompher de l'uniformité ambiante. Soyons sûr que c'est ainsi que nous serons à même de préserver notre unité et nos valeurs.
Bonne saison culturelle à tous.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 juin 2008