Communiqué conjoint du ministère des affaires étrangères et européennes, et du ministère de la défense, en date du 25 mai 2008, sur la position de la France concernant la livraison de l'aide humanitaire d'urgence aux sinistrés birmans face au refus des autorités birmanes.

Prononcé le

Auteur(s) moral(aux) : Ministère des Affaires étrangères ; Ministère de la Défense

Texte intégral

1 - M. Dominique Girard, conseiller diplomatique du gouvernement, a représenté la France à la conférence qui vient de se tenir à Rangoun en présence du Secrétaire général des Nations unies à la suite du cyclone Nargis.
2 - Notre représentant a rappelé les positions constantes de la France depuis le début de cette catastrophe humanitaire :
a - la Birmanie vient de connaître l'une des plus grandes catastrophes naturelles de son histoire ; le bilan humain est effroyable, plus de 75.000 morts, auxquelles s'ajoutent plusieurs dizaines de milliers de personnes toujours portées disparues ;
b - la France a immédiatement débloqué une aide humanitaire d'urgence de 2 millions d'euros, notamment au profit des ONG présentes en Birmanie. Une dizaine d'entre elles ont pu utiliser un financement spécifique mis à leur disposition dans nos ambassades à Rangoun et Bangkok ; avec l'autorisation des autorités birmanes, un premier avion de fret humanitaire envoyé par la France a atterri à Rangoun le 15 mai, un deuxième est arrivé le vendredi 23 mai ; le navire français Mistral est depuis le 17 mai avec 1000 tonnes de fret humanitaire au large de la Birmanie ;
c - nous saluons l'engagement du Secrétaire général des Nations unies et l'implication des pays de l'ASEAN, qui se sont proposés de contribuer à la levée des obstacles à l'accès aux zones dévastées et aux victimes ;
d - cette tragédie appelle une réponse rapide et effective de la Birmanie et de la communauté internationale ; nous sommes extrêmement préoccupés de ce que sur les 1,4 millions de personnes attendant une aide d'urgence, seules 500.000 personnes auraient reçu une aide minimale ;
e - il nous semble prématuré à ce stade de privilégier un processus de reconstruction, la phase d'urgence pouvant durer encore des mois. Une évaluation indépendante des besoins est nécessaire en matière de reconstruction.
3 - Nous sommes particulièrement choqués que les autorités birmanes n'aient pas accepté que les 1000 tonnes d'aide humanitaires à bord du Mistral et disponibles en face du delta de l'Irrawady depuis le 17 mai puissent être directement débarquées et distribuées. Il s'agit pourtant de la zone où se trouve le plus grand nombre de sinistrés et où le volume de cette cargaison représente l'équivalent du chargement d'une trentaine d'avions.
Cette aide (médicaments, pastilles de potabilisation, riz, tentes, moustiquaires...) permet de nourrir et de fournir l'accès à l'eau potable pendant 15 jours à 100.000 personnes et d'offrir un abri à 60.000 sinistrés, ainsi qu'un soutien médical.
Constatant que les autorités birmanes n'ont pas donné leur accord à la livraison directe de cette aide dans le delta de l'Irrawaddy, y compris à l'occasion de la conférence de ce jour, nous avons décidé de procéder au déchargement du bateau à Phuket en Thaïlande ; le Programme alimentaire mondial, au titre de ses responsabilités en matière logistique, en prendra réception et se chargera de l'acheminer en Birmanie dans les zones sinistrées, pour être distribué par les agences des Nations unies et les ONG.
4. La France rappelle que rien à ses yeux ne saurait justifier que les victimes d'une catastrophe se voient dénier le droit élémentaire à bénéficier de l'aide nécessaire et souligne son attachement à la mise en oeuvre du principe de "responsabilité de protéger" en toutes circonstances.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 mai 2008