Entretien de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, avec le quotidien polonais "Fakt" le 27 mai 2008, sur le positionnement de la politique étrangère française à l'égard de l'Europe centrale.

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Q - Il me semble que la politique étrangère française a changé son positionnement par rapport à l'Europe centrale. M. Sarkozy part à Varsovie, bientôt en République tchèque, comment expliquer cela ?
R - Avant, c'était une politique qui avait deux poids, deux mesures. On pensait que les nouveaux arrivants n'étaient pas aussi importants que ceux qui étaient là depuis longtemps. Mais ils sont aujourd'hui aussi importants de notre point de vue, les anciens pays communistes. Ils ont une importance particulière pour que l'on comprenne d'où ils viennent, de quelle façon ils ressentent les textes ; ce n'est pas forcément la même que nous. Ils n'ont pas la même manière de penser et de vivre, ce qui a été, depuis la Seconde guerre mondiale, la démarche des pays fondateurs. Il faut maintenant que tout le monde soit à égalité et que la compréhension soit plus grande malgré la diversité des cultures et des histoires de chaque pays.

Q - La Hongrie, la République tchèque et la Pologne sont devenus des alliés stratégiques des Etats-Unis, y-a-t-il un changement de la politique française à cet égard ?
R - Cela ne nous empêche pas d'être également les alliés des Américains. Nous ne sommes pas ennemis des Américains. Nous n'avons pas toujours les mêmes raisonnements et, surtout, nous ne partageons pas toutes leurs conclusions. Mais ce qui est très nouveau dans la politique française c'est que nous sommes entendus des américains comme des amis. C'est beaucoup plus facile, lorsqu'on n'a pas des politiques hostiles et vindicatives, de se faire entendre et d'entendre les arguments des uns et des autres. C'est ce qui se passe avec les Américains, en particulier vers l'Est, en particulier à propos du vote de l'Europe au moment de du Sommet de l'Otan à Bucarest et des discussions sur l'Ukraine et à la Géorgie. Nous nous sommes parlés franchement, nous pensons que les problèmes européens ne sont pas exactement les problèmes américains. Mais cela ne nous empêche pas de nous rapprocher.

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 mai 2008