Texte intégral
Q - Le vote solennel sur la réforme des institutions a lieu mardi en première lecture à l'Assemblée : le Congrès est en vue...
R - C'est une course de haies ! En voilà une de franchie. Ouf ! Après l'heureux dénouement des OGM, malgré les difficultés rencontrées, voici la Constitution. On nous prédisait une rébellion de l'opposition, il n'y a rien eu de tout cela. Quant au groupe UMP, il apporte une contribution majeure avec l'aval du gouvernement dont je veux saluer l'esprit d'ouverture : adoption du référendum pour l'entrée de la Turquie dans l'UE, contrôle du gouvernement par le parlement, égalité professionnelle entre les hommes et les femmes...
Q - Un amendement adopté contre l'avis de Rachida Dati, garde des Sceaux, très décriée lors de ce débat...
R - Jamais vous ne m'entendrez critiquer Rachida. J'ai pour elle beaucoup d'amitié et de respect. Sur la parité, elle se demandait si cette disposition ne devait pas figurer dans le préambule de la Constitution plutôt que dans le texte. A juste titre.
Q - Pensez-vous avoir surmonté les réticences de certains UMP et l'opposition des socialistes sur cette réforme ?
R - Ce n'est pas le vote de mardi qui est important, mais le Congrès en juillet. Nous aurons un rendez-vous historique : non seulement nous renforçons les droits du parlement, mais nous installons un vrai statut de l'opposition. Ce jour-là, les socialistes seront devant leurs responsabilités et j'espère que beaucoup se lèveront pour dire "non" aux consignes de leur hiérarchie au nom de leurs convictions intimes et profondes.
Q - La loi sur la modernisation de l'économie (LME), qui vient en débat mardi à l'Assemblée, provoque également des remous...
R - C'est la haie suivante ! Mais le contexte est très différent de ce que nous avons connu avec les OGM. La LME est le premier texte auquel le gouvernement a associé, bien avant qu'il n'arrive en Conseil des ministres, les députés de la majorité. En reprenant à notre compte des propositions du rapport Attali, nous avons, à l'Assemblée, élaboré, en collaboration avec Christine Lagarde et Luc Chatel, nombre de dispositions de ce projet de loi. Nous avons fait là un fantastique travail : sur les 44 articles du texte, un seul pose encore quelques problèmes, celui sur les grandes surfaces. Je pèse à ce sujet de tout mon poids pour que nous parvenions à un accord. Je suis confiant.
Q - Les socialistes menacent de claquer la porte de la commission que vous présidez sur la télévision publique...
R - Nicolas Sarkozy a toujours dit qu'il était contre l'augmentation de la redevance. Je partage cet avis. La commission mène un travail approfondi, méthodique, avec des propositions audacieuses et originales pour créer un nouveau modèle de télévision publique. Une télévision qui soit un média global accessible sur tous les supports. Mais ce n'est pas une page blanche. Des choses formidables ont été faites ces dernières années. Si les 4 députés socialistes sur les 32 membres que compte la commission veulent partir, je le regretterais.
Q - N'y a-t-il pas eu un problème de méthode avec l'annonce surprise de la suppression de la publicité sur le service public par Nicolas Sarkozy ?
R - C'est une manière de créer un choc pour les uns et les autres. Une fois ce choc passé, il a fallu trouver des solutions pérennes, comme la taxe sur les fournisseurs d'accès, sur les surplus des recettes publicitaires des télévisions privées et une contribution de l'Etat. C'est une des pistes proposées. Elle a personnellement ma préférence. Parce que j'ai aussi en tête la viabilité de la presse écrite, l'annonce par le Président de la tenue d'états généraux sur l'avenir de la presse me semble bienvenue.
Q - On dit que Nicolas Sarkozy vous a dans le collimateur...
R - On dit tant de choses ! Faut-il tout prendre au pied de la lettre ? Les propos que l'on prête à Nicolas Sarkozy à mon sujet sont-ils toujours authentiques ? J'en doute. Moi je me refuse aux petites phrases, c'est un principe, c'est déstabilisant et contre-productif. Je connais Nicolas Sarkozy depuis longtemps : je connais son caractère. Nous sommes différents. C'est ainsi. Quand les uns et les autres ont des avis contraires, faut-il le vivre comme un psychodrame ? D'autant que cela ne nous empêche pas de vouloir la même chose : mettre la France en mouvement. Faire aboutir les réformes. Nicolas Sarkozy a souvent répété aux députés : "Ne soyez pas conservateurs." Nous avons vocation à être un aiguillon, à être en pole position. Tout en restant solidaires du gouvernement, c'est ce que nous faisons.
Q - A l'Elysée, on vous accuse de ne pas "tenir" votre groupe : le couac sur les OGM vous a été beaucoup reproché.
R - J'ai assumé seul la responsabilité de cet accident de parcours et nous en avons tous tiré les leçons. La coproduction législative est désormais entrée dans les moeurs. Le travail doit se faire dans la transparence, en amont, et en bonne intelligence entre le gouvernement et le parlement. Cela n'avait pas été le cas sur la loi OGM. Depuis, tout s'est arrangé. Crevons l'abcès : les députés de la majorité ont vocation à voter les lois, pas à les combattre. Mais encore faut-il qu'ils y soient associés, qu'ils se sentent partie prenante.
Q - Avez-vous été surpris par la standing ovation que vous ont faite les députés dans l'Hémicycle ?
R - Surpris et touché. Je sais que j'ai été critiqué par certains à mon arrivée au groupe. Mon style, mon tempérament, ma façon de faire, rien n'allait ! On a aussi voulu me mettre dans la caricature. Sans doute aussi ai-je changé. On évolue dans la vie, on tient compte des critiques comme des conseils. J'ai été élu par les députés, pour cinq ans. J'ai peut-être, c'est vrai, eu du mal à trouver mes marques au début. Maintenant je suis à l'aise et je prends mon travail à bras-le-corps.
Q - Vous semblez avoir des relations faciles avec François Fillon...
R - Nous avons, avec le Premier ministre, une méthode de travail simple, ouverte. Il joue collectif, moi aussi. Grâce à cela, il y a une vraie coopération entre l'exécutif et le législatif.
Q - Comment qualifieriez-vous vos relations avec le Président ?
R - On se voit souvent. Notre dernier rendez-vous date d'hier. Je vous le dis sans langue de bois : c'était très chaleureux. En même temps, comme depuis toujours, on s'est dit les choses franchement. Il m'a demandé de l'accompagner à Athènes et à Beyrouth en fin de semaine. Nos relations sont beaucoup plus subtiles que certains le prétendent.
Q - On vous dit obsédé par la prochaine élection présidentielle. Serez-vous candidat ?
R - J'en ai déjà parlé une fois en évoquant la seule date de 2017. Et d'ici là, nous avons encore beaucoup de haies à franchir...source http://www.ump.assemblee-nationale.fr, le 5 juin 2008
R - C'est une course de haies ! En voilà une de franchie. Ouf ! Après l'heureux dénouement des OGM, malgré les difficultés rencontrées, voici la Constitution. On nous prédisait une rébellion de l'opposition, il n'y a rien eu de tout cela. Quant au groupe UMP, il apporte une contribution majeure avec l'aval du gouvernement dont je veux saluer l'esprit d'ouverture : adoption du référendum pour l'entrée de la Turquie dans l'UE, contrôle du gouvernement par le parlement, égalité professionnelle entre les hommes et les femmes...
Q - Un amendement adopté contre l'avis de Rachida Dati, garde des Sceaux, très décriée lors de ce débat...
R - Jamais vous ne m'entendrez critiquer Rachida. J'ai pour elle beaucoup d'amitié et de respect. Sur la parité, elle se demandait si cette disposition ne devait pas figurer dans le préambule de la Constitution plutôt que dans le texte. A juste titre.
Q - Pensez-vous avoir surmonté les réticences de certains UMP et l'opposition des socialistes sur cette réforme ?
R - Ce n'est pas le vote de mardi qui est important, mais le Congrès en juillet. Nous aurons un rendez-vous historique : non seulement nous renforçons les droits du parlement, mais nous installons un vrai statut de l'opposition. Ce jour-là, les socialistes seront devant leurs responsabilités et j'espère que beaucoup se lèveront pour dire "non" aux consignes de leur hiérarchie au nom de leurs convictions intimes et profondes.
Q - La loi sur la modernisation de l'économie (LME), qui vient en débat mardi à l'Assemblée, provoque également des remous...
R - C'est la haie suivante ! Mais le contexte est très différent de ce que nous avons connu avec les OGM. La LME est le premier texte auquel le gouvernement a associé, bien avant qu'il n'arrive en Conseil des ministres, les députés de la majorité. En reprenant à notre compte des propositions du rapport Attali, nous avons, à l'Assemblée, élaboré, en collaboration avec Christine Lagarde et Luc Chatel, nombre de dispositions de ce projet de loi. Nous avons fait là un fantastique travail : sur les 44 articles du texte, un seul pose encore quelques problèmes, celui sur les grandes surfaces. Je pèse à ce sujet de tout mon poids pour que nous parvenions à un accord. Je suis confiant.
Q - Les socialistes menacent de claquer la porte de la commission que vous présidez sur la télévision publique...
R - Nicolas Sarkozy a toujours dit qu'il était contre l'augmentation de la redevance. Je partage cet avis. La commission mène un travail approfondi, méthodique, avec des propositions audacieuses et originales pour créer un nouveau modèle de télévision publique. Une télévision qui soit un média global accessible sur tous les supports. Mais ce n'est pas une page blanche. Des choses formidables ont été faites ces dernières années. Si les 4 députés socialistes sur les 32 membres que compte la commission veulent partir, je le regretterais.
Q - N'y a-t-il pas eu un problème de méthode avec l'annonce surprise de la suppression de la publicité sur le service public par Nicolas Sarkozy ?
R - C'est une manière de créer un choc pour les uns et les autres. Une fois ce choc passé, il a fallu trouver des solutions pérennes, comme la taxe sur les fournisseurs d'accès, sur les surplus des recettes publicitaires des télévisions privées et une contribution de l'Etat. C'est une des pistes proposées. Elle a personnellement ma préférence. Parce que j'ai aussi en tête la viabilité de la presse écrite, l'annonce par le Président de la tenue d'états généraux sur l'avenir de la presse me semble bienvenue.
Q - On dit que Nicolas Sarkozy vous a dans le collimateur...
R - On dit tant de choses ! Faut-il tout prendre au pied de la lettre ? Les propos que l'on prête à Nicolas Sarkozy à mon sujet sont-ils toujours authentiques ? J'en doute. Moi je me refuse aux petites phrases, c'est un principe, c'est déstabilisant et contre-productif. Je connais Nicolas Sarkozy depuis longtemps : je connais son caractère. Nous sommes différents. C'est ainsi. Quand les uns et les autres ont des avis contraires, faut-il le vivre comme un psychodrame ? D'autant que cela ne nous empêche pas de vouloir la même chose : mettre la France en mouvement. Faire aboutir les réformes. Nicolas Sarkozy a souvent répété aux députés : "Ne soyez pas conservateurs." Nous avons vocation à être un aiguillon, à être en pole position. Tout en restant solidaires du gouvernement, c'est ce que nous faisons.
Q - A l'Elysée, on vous accuse de ne pas "tenir" votre groupe : le couac sur les OGM vous a été beaucoup reproché.
R - J'ai assumé seul la responsabilité de cet accident de parcours et nous en avons tous tiré les leçons. La coproduction législative est désormais entrée dans les moeurs. Le travail doit se faire dans la transparence, en amont, et en bonne intelligence entre le gouvernement et le parlement. Cela n'avait pas été le cas sur la loi OGM. Depuis, tout s'est arrangé. Crevons l'abcès : les députés de la majorité ont vocation à voter les lois, pas à les combattre. Mais encore faut-il qu'ils y soient associés, qu'ils se sentent partie prenante.
Q - Avez-vous été surpris par la standing ovation que vous ont faite les députés dans l'Hémicycle ?
R - Surpris et touché. Je sais que j'ai été critiqué par certains à mon arrivée au groupe. Mon style, mon tempérament, ma façon de faire, rien n'allait ! On a aussi voulu me mettre dans la caricature. Sans doute aussi ai-je changé. On évolue dans la vie, on tient compte des critiques comme des conseils. J'ai été élu par les députés, pour cinq ans. J'ai peut-être, c'est vrai, eu du mal à trouver mes marques au début. Maintenant je suis à l'aise et je prends mon travail à bras-le-corps.
Q - Vous semblez avoir des relations faciles avec François Fillon...
R - Nous avons, avec le Premier ministre, une méthode de travail simple, ouverte. Il joue collectif, moi aussi. Grâce à cela, il y a une vraie coopération entre l'exécutif et le législatif.
Q - Comment qualifieriez-vous vos relations avec le Président ?
R - On se voit souvent. Notre dernier rendez-vous date d'hier. Je vous le dis sans langue de bois : c'était très chaleureux. En même temps, comme depuis toujours, on s'est dit les choses franchement. Il m'a demandé de l'accompagner à Athènes et à Beyrouth en fin de semaine. Nos relations sont beaucoup plus subtiles que certains le prétendent.
Q - On vous dit obsédé par la prochaine élection présidentielle. Serez-vous candidat ?
R - J'en ai déjà parlé une fois en évoquant la seule date de 2017. Et d'ici là, nous avons encore beaucoup de haies à franchir...source http://www.ump.assemblee-nationale.fr, le 5 juin 2008