Entretien de M. Jean-Pierre Jouyet, secrétaire d'Etat aux affaires européennes, dans "La Provence" du 11 juin 2008, notamment sur l'Europe sociale, les priorités de la présidence française de l'Union européenne et sur le prix des carburants.

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Média : La Provence

Texte intégral

Q - Pourquoi une telle manifestation ?
R - Les Français entretiennent avec l'Europe une relation complexe et ambivalente. S'ils ne comprennent plus les évolutions de l'Europe, ils disent stop comme en 2005 lorsqu'ils ont voté "non" au référendum sur le Traité constitutionnel. Aussi, il faut donner à nos concitoyens un signal fort, leur dire que cette Présidence va se faire avec eux.
Q - Comment garantir que les préoccupations sociales seront des priorités affirmées ?
R - On doit entendre les inquiétudes en ce qui concerne le retour à l'emploi, la lutte contre toutes les discriminations, le fait de pouvoir conserver ses droits sociaux quand on travaille ou qu'on se fait soigner dans un autre Etat de l'Union... La Présidence française va soutenir toutes les initiatives qui vont dans ce sens. Le RSA peut servir d'exemple en Europe: essayer d'aller vers la généralisation de ce revenu de solidarité active serait intelligent. Il y a des expériences menées au Royaume-Uni, en Allemagne et on voit bien que c'est un dispositif que l'on peut partager, à court terme, dans un certain nombre de pays.
Q - Quels changements la Présidence française veut opérer ?
R - Durant six mois, la France va faire en sorte que l'Europe soit plus sûre et plus solidaire. A la fois sur le chapitre de l'immigration, sur le plan de la défense, en faisant en sorte que l'on ait une politique agricole plus "bio" qui privilégie la sécurité des aliments, en faisant en sorte que l'Europe soit plus active contre le réchauffement climatique. Plus sûre, cela veut dire aussi être moins dépendante en énergie des Russes et du Moyen-Orient.
Q - Est-ce que la France va faire baisser le prix des carburants ?
R - Le président de la République a fait des propositions pour plafonner la TVA sur le carburant. Il y a peut-être d'autres modalités... Dans tous les cas, on ne peut pas rester sans rien faire quand le prix du baril est à 150 dollars. L'heure n'est plus au laisser faire!
Q - Comment la France va-t-elle répondre aux revendications de ses pêcheurs, de ses agriculteurs... ?
R - Pour ces professions, nous souhaitons des mécanismes d'aides ciblées. Nous demandons à ce que des fonds d'ajustement énergétiques ou sociaux puissent prendre en compte les difficultés de ces catégories. On ne peut pas dire : ni aide, ni dégrèvement fiscal. La Présidence française doit être celle de l'action. Mon rôle sera celui de facilitateur entre tous les Etats membres.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 juin 2008