Texte intégral
L. Bazin.- P. Devedjian, le patron de l'UMP, président du Conseil général des Hauts-de-Seine, député, est notre invité
ce matin. Bonjour.
Bonjour.
L. Wauquiez, C. Lagarde, présentent tout à l'heure ce qu'on appelé le Plan chômeurs, de manière un petit peu
caricaturale, « Droits et devoirs des chômeurs », ça c'est l'intitulé, et qui repose sur l'idée de l'offre raisonnable
d'emploi. Est-ce que ce texte va assez loin pour vous ? Vous étiez assez en avance lors de la préparation de la
campagne électorale de N. Sarkozy sur ces sujets-là, enfin quand je dis « en avance », en pointe.
D'abord, « en avance » en France c'est généralement être en retard en Europe.
Ou être réac pour la gauche, ce qui est aussi une interprétation des choses.
Les vrais réactionnaires c'est la gauche. La gauche est à la remorque de l'histoire. Tout ce qu'on fait dans toute
l'Europe, il n'y a que la gauche française, française, qui ne veut pas le faire parce que si la gauche française était à
l'équivalent des gauches des autres pays européens, notre pays serait beaucoup plus moderne.
Ca, c'est fait, comme dit l'autre. Pour L. Wauquiez et C. Lagarde et leur projet, est-ce qu'il va assez loin pour l'UMP ?
Oui, c'est un projet assez équilibré. Ça ne touche pas grand monde ; ça touche 5 % peut-être des chômeurs, ça ne vise
pas l'ensemble des chômeurs, mais par exemple j'ai vu le cas, et le président de la République d'ailleurs le citait, en
Seine-et-Marne, un poseur de plaques de plâtre avait refusé plus de soixante propositions d'emploi, plus de soixante.
Bon, ce n'est pas acceptable.
Les 5 % de chômeurs qui se trouvent dans les situations qui sont visées par le projet actuel...
... oui, offre raisonnable.
... sont des délinquants de l'ordre, de ce que vous êtes en train de décrire ?
Oh non !
Il y a des multirécidivistes du refus ?
Non, non, il ne faut pas employer des mots comme ça. C'est simplement des gens qui ne sont pas incités
suffisamment à reprendre le travail parce que parfois avec un peu de travail au noir, parfois avec le cumul de
différentes activités, plus les indemnités de chômage, c'est assez confortable.
Donc, projet équilibré. Parfois aussi c'est une autre raison pour ne pas reprendre un emploi parce que c'est loin du
domicile, ne serait-ce que parce que l'essence a augmenté, 30 km parfois c'est loin, et parfois parce qu'on perd une
partie des allocations, vous me voyez venir ? C'est-à-dire qu'il y a Martin Hirsch qui dit dans le même temps, « et le
revenu de solidarité active permettrait le retour à l'emploi dans de bonnes conditions de cela, sans pression, sans
menace ».
Oui, enfin, il faut quand même que le travail soit davantage rémunérateur que l'absence de travail. Alors, on ne va
pas mettre tout le monde au RSA non plus parce qu'on va se retrouver avec quatre millions de personnes au RSA,
parce que si vous mettez au RSA des gens qui travaillent déjà et qui gagnent plus que le SMIC, ça fait quand même
une grande population à assister.
Où est-ce que vous mettez la barre sur le revenu de solidarité active ? C'est une vraie question en ce moment parce
que pour l'instant, il n'est pas tout à fait financé, c'est le moins qu'on puisse dire.
Nous sommes en train de débattre de ça à l'intérieur de l'UMP. Je vous invite à assister demain, et même à participer
si vous le souhaitez, à notre convention sur la justice sociale que nous faisons demain à La Mutualité, et nous allons
débattre justement...
... mais, vous, vous en pensez quoi ?
Je pense...
... où faut-il mettre la barre ? D'abord, il faut le faire, ça on l'entend dans votre bouche.
Oui.
Clairement ?
Oui, il faut le faire, bien sûr il faut le faire.
Combien peut-on mettre sur la table pour le financer ?
C'est une question d'argent mais pas seulement une question d'argent, c'est surtout une question d'incitation au
retour à l'emploi, voilà. Il faut que le travail paye, et souvent le travail est mal payé, surtout par rapport à l'assistance.
Et dès lors qu'il y a en plus un peu de travail au noir, et ça existe, même de manière partielle, il n'y a aucune
incitation à reprendre le travail.
Un mot de la façon dont le Gouvernement a fait appel à Total, ces temps-ci, c'était lundi, pour financer la prime à la
cuve. Certains ont dit, « est-ce que c'est vraiment à une entreprise privée de financer, finalement, une aide
gouvernementale ? »
Non, mais une entreprise qui fait de gros bénéfices peut faire aussi une forme de mécénat social, et c'est le cas.
Ah, le « mécénat social » ! On reste dans un système capitaliste assumé.
Oui, on est dans le volontarisme.
De grosses pressions quand même, P. Devedjian, de toutes parts.
C'est une entreprise française, c'est une entreprise...
... « multinationale » dit le patron de Total, qui paie ses impôts un peu partout dans le monde.
Je vais vous rappeler l'origine de Total. Ça a d'abord été une entreprise d'Etat qui a été financée à l'origine par fonds
publics, dont l'Etat était actionnaire, et donc qui doit - et c'est un honneur, c'est une chance - qui doit aujourd'hui sa
prépondérance mondiale malgré tout à l'action de la collectivité.
Monsieur de Margerie disait : « fallait pas privatiser », le patron de Total. Oui. Il vous l'a dit clairement.
Oui, ben on a privatisé et je pense que les dirigeants de Total le souhaitaient parce que ça leur a donné évidemment
beaucoup plus de souplesse et d'adaptabilité sur le marché mondial. Donc, à nous maintenant de savoir gérer ça.
Mais le fait que Total contribue volontairement à soulager un certain nombre de difficultés, c'est du mécénat social et
je trouve ça très bien. En même temps, la limite de ça c'est la volatilité des sièges sociaux. Il faut savoir que Total fait
90 à 95 % de son chiffre d'affaires à l'étranger et qu'il ne faudrait peut-être pas les pousser trop pour qu'ils aillent
s'installer dans un autre pays. Et là, on aura gagné le gros lot quand ils auront quitté le territoire national, donc il
faut garder la mesure.
Donc, oui, au mécénat social, mais non à la taxe sur les super profits.
On a la chance d'avoir quelques grandes entreprises mondiales, c'est aussi le fruit de notre histoire, de notre talent,
essayons de les garder sur le territoire national.
J'aime bien que vous parliez d'histoire parce qu'hier J.-L. Debré était à votre place, J.-L. Debré est président du
Conseil constitutionnel. Vous avez, disons échangé quelques propos assez peu amènes ces temps-ci. Lui donnait son
point de vue de sage sur la réforme en cours des institutions, et vous lui avez répondu « restez à votre place ! ».
Je n'ai pas dit ça, moi.
« Je regrette que le président du Conseil constitutionnel sorte de son devoir de réserve ».
Ah ! Ben oui, je veux dire il ne peut pas être juge et parti. Le Conseil constitutionnel est appelé à juger, examiner la
conformité à la Constitution des lois qui sont votées. Donc, il doit évidemment, comme tout juge, ne pas annoncer
préalablement qu'il peut avoir un préjugé à l'égard de textes qui peuvent lui être soumis.
Il disait hier, non pas à propos du texte mais à propos des députés, et singulièrement des députés UMP : « ils
connaissent mal l'histoire, voilà pourquoi ils laissent faire ça ».
Oui, tout le monde connaît mal l'histoire, mais enfin personne ne peut se l'approprier non plus. Et s'agissant des
réformes des institutions, J.- L. Debré a été partisan de la réforme du quinquennat, c'était une grande réforme pour
quelqu'un qui veut un pouvoir exécutif très fort et quasi monarchique, en tous les cas dans son impact sur le
fonctionnement des institutions, eh bien il faut tirer les conséquences du quinquennat que J.- L. Debré lui-même a
voulu. Là aussi le regard sur l'histoire est clair puisque le septennat est issu de la monarchie.
Donc connais-toi toi-même, hein, comme il est écrit dans la Bible.
Personne n'a la propriété de l'histoire, moi je n'ai pas la prétention de dire que ma vision est la meilleure. Il a ses
opinions, j'ai les miennes. Simplement, lui il est juge et moi pas.
Content du retour de J. Chirac sur la scène, qui n'est pas la scène politique, qui est une scène un peu différente, vous
qui avez été son avocat longtemps, très proche de lui ?
Je suis heureux que visiblement il soit heureux, c'est-à-dire que, ayant quitté le pouvoir, ce qui peut laisser un petit
vide, quand tous les gens qui prennent leur retraite. ...
... mais visiblement, un passage à vide, J.-L. Debré le disait hier.
Mais pour tous les gens qui prennent leur retraite il y a ce type de problème. Et, il a trouvé le moyen d'être utile, très
utile, et en même temps de montrer sa générosité, ses qualités d'homme, je trouve ça bien.
Retraite dans le Paf, on en parle beaucoup en ce moment, P. Poivre d'Arvor ne va pas partir à la retraite mais il va
quitter le 20 heures.
Il fera autre chose, oui, il faut changer.
Il faut changer ?
Mais oui, c'est bien de changer dans la vie.
N. Sarkozy a fait souffler un vent nouveau ou il a téléphoné ?
Je ne crois pas, mais il me semble qu'il y avait longtemps que P. Poivre d'Arvor, avec tout son talent, exerçait son
ministère, bon. Alors, je regarde sur les autres chaînes, les visages changent, se rajeunissent, c'est valable pour tout le
monde, ça me guette peut-être aussi.
Une information qui tombe à l'instant et sur laquelle je vous invite à réagir : l'inflation vient d'être calculée à 3,3 %,
on est en année glissante, de mai à mai, 3,3 % d'inflation. C'est un record depuis juillet 91. Qu'est-ce qu'on fait ?
Vous comprenez bien que le choc pétrolier a un effet considérable là-dessus.
Ça ne suffit pas, parce que pour les yaourts et pour les autres produits, ce n'est pas le choc pétrolier.
Non, mais sur les 3,3 %...
... il y a un effet pétrolier.
... ça a un impact très important. Ensuite, pour les produits de consommation courante, vous avez vu... la
démonstration qu'a fait L. Chatel en allant comparer les prix à Strasbourg...
... en Allemagne, dans un supermarché frontalier.
... et à Kiel, en franchissant le Rhin, et il y avait une différence de 10 à 15 % sur des produits de consommation
courante.
Contestés par certains patrons de grandes surfaces en France, dont M.-E. Leclerc.
Ah ben oui, surtout ceux qui en profitent, naturellement.
Donc, on fait quoi ?
On fait de la concurrence parce que dans notre système de distribution, il y a des monopoles de fait. Quand vous
regardez la carte de France des distributeurs, vous voyez des zones entières qui sont dominées par un groupe. Ce n'est
pas très bon pour les prix ça, ce n'est pas très bon parce qu'il faut de la concurrence.
Donc, on fera baisser l'inflation en luttant contre ce que vous appelez une concurrence déloyale.
Contre les monopoles.
Et les monopoles.
Oui, contre les monopoles.
C'est la seule recette ?
Pour faire baisser les prix, la concurrence, et la vraie, c'est le plus sûr moyen.
Dernière question, vous avez déjà écouté le nouvel album de Carla Bruni, il sort le 21 juillet ? Le Figaro a eu la chance
de se le procurer, peut-être l'UMP aussi ?
Ah, pas moi, je ne l'ai pas encore entendu.
Non ?
Non.
Vous aimez ses chansons, sa musique ?
Oui, je trouve qu'elle a une jolie voix et un vrai talent poétique. Ça a l'air flagorneur un peu.
Et un vrai talent poétique ou politique ?
Poétique ! Ça a l'air un peu flagorneur de dire ça mais je lui trouve réellement du talent.
Est-ce que vous lui trouvez du talent politique, pour le coup, aussi ?
Ah ben, elle a fait un sans-faute, jusqu'à maintenant. On peut raconter tout ce qu'on veut, elle a fait un sans-faute, et
je crois que c'est reconnu ainsi.
Donc, vous achèterez !
Oui !
Très bien. C'est chez Naïve, le 21 juillet, voilà, publicité gratuite pour la Présidente, comme l'a appelée Le Point la
semaine dernière.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 11 juin 2008
ce matin. Bonjour.
Bonjour.
L. Wauquiez, C. Lagarde, présentent tout à l'heure ce qu'on appelé le Plan chômeurs, de manière un petit peu
caricaturale, « Droits et devoirs des chômeurs », ça c'est l'intitulé, et qui repose sur l'idée de l'offre raisonnable
d'emploi. Est-ce que ce texte va assez loin pour vous ? Vous étiez assez en avance lors de la préparation de la
campagne électorale de N. Sarkozy sur ces sujets-là, enfin quand je dis « en avance », en pointe.
D'abord, « en avance » en France c'est généralement être en retard en Europe.
Ou être réac pour la gauche, ce qui est aussi une interprétation des choses.
Les vrais réactionnaires c'est la gauche. La gauche est à la remorque de l'histoire. Tout ce qu'on fait dans toute
l'Europe, il n'y a que la gauche française, française, qui ne veut pas le faire parce que si la gauche française était à
l'équivalent des gauches des autres pays européens, notre pays serait beaucoup plus moderne.
Ca, c'est fait, comme dit l'autre. Pour L. Wauquiez et C. Lagarde et leur projet, est-ce qu'il va assez loin pour l'UMP ?
Oui, c'est un projet assez équilibré. Ça ne touche pas grand monde ; ça touche 5 % peut-être des chômeurs, ça ne vise
pas l'ensemble des chômeurs, mais par exemple j'ai vu le cas, et le président de la République d'ailleurs le citait, en
Seine-et-Marne, un poseur de plaques de plâtre avait refusé plus de soixante propositions d'emploi, plus de soixante.
Bon, ce n'est pas acceptable.
Les 5 % de chômeurs qui se trouvent dans les situations qui sont visées par le projet actuel...
... oui, offre raisonnable.
... sont des délinquants de l'ordre, de ce que vous êtes en train de décrire ?
Oh non !
Il y a des multirécidivistes du refus ?
Non, non, il ne faut pas employer des mots comme ça. C'est simplement des gens qui ne sont pas incités
suffisamment à reprendre le travail parce que parfois avec un peu de travail au noir, parfois avec le cumul de
différentes activités, plus les indemnités de chômage, c'est assez confortable.
Donc, projet équilibré. Parfois aussi c'est une autre raison pour ne pas reprendre un emploi parce que c'est loin du
domicile, ne serait-ce que parce que l'essence a augmenté, 30 km parfois c'est loin, et parfois parce qu'on perd une
partie des allocations, vous me voyez venir ? C'est-à-dire qu'il y a Martin Hirsch qui dit dans le même temps, « et le
revenu de solidarité active permettrait le retour à l'emploi dans de bonnes conditions de cela, sans pression, sans
menace ».
Oui, enfin, il faut quand même que le travail soit davantage rémunérateur que l'absence de travail. Alors, on ne va
pas mettre tout le monde au RSA non plus parce qu'on va se retrouver avec quatre millions de personnes au RSA,
parce que si vous mettez au RSA des gens qui travaillent déjà et qui gagnent plus que le SMIC, ça fait quand même
une grande population à assister.
Où est-ce que vous mettez la barre sur le revenu de solidarité active ? C'est une vraie question en ce moment parce
que pour l'instant, il n'est pas tout à fait financé, c'est le moins qu'on puisse dire.
Nous sommes en train de débattre de ça à l'intérieur de l'UMP. Je vous invite à assister demain, et même à participer
si vous le souhaitez, à notre convention sur la justice sociale que nous faisons demain à La Mutualité, et nous allons
débattre justement...
... mais, vous, vous en pensez quoi ?
Je pense...
... où faut-il mettre la barre ? D'abord, il faut le faire, ça on l'entend dans votre bouche.
Oui.
Clairement ?
Oui, il faut le faire, bien sûr il faut le faire.
Combien peut-on mettre sur la table pour le financer ?
C'est une question d'argent mais pas seulement une question d'argent, c'est surtout une question d'incitation au
retour à l'emploi, voilà. Il faut que le travail paye, et souvent le travail est mal payé, surtout par rapport à l'assistance.
Et dès lors qu'il y a en plus un peu de travail au noir, et ça existe, même de manière partielle, il n'y a aucune
incitation à reprendre le travail.
Un mot de la façon dont le Gouvernement a fait appel à Total, ces temps-ci, c'était lundi, pour financer la prime à la
cuve. Certains ont dit, « est-ce que c'est vraiment à une entreprise privée de financer, finalement, une aide
gouvernementale ? »
Non, mais une entreprise qui fait de gros bénéfices peut faire aussi une forme de mécénat social, et c'est le cas.
Ah, le « mécénat social » ! On reste dans un système capitaliste assumé.
Oui, on est dans le volontarisme.
De grosses pressions quand même, P. Devedjian, de toutes parts.
C'est une entreprise française, c'est une entreprise...
... « multinationale » dit le patron de Total, qui paie ses impôts un peu partout dans le monde.
Je vais vous rappeler l'origine de Total. Ça a d'abord été une entreprise d'Etat qui a été financée à l'origine par fonds
publics, dont l'Etat était actionnaire, et donc qui doit - et c'est un honneur, c'est une chance - qui doit aujourd'hui sa
prépondérance mondiale malgré tout à l'action de la collectivité.
Monsieur de Margerie disait : « fallait pas privatiser », le patron de Total. Oui. Il vous l'a dit clairement.
Oui, ben on a privatisé et je pense que les dirigeants de Total le souhaitaient parce que ça leur a donné évidemment
beaucoup plus de souplesse et d'adaptabilité sur le marché mondial. Donc, à nous maintenant de savoir gérer ça.
Mais le fait que Total contribue volontairement à soulager un certain nombre de difficultés, c'est du mécénat social et
je trouve ça très bien. En même temps, la limite de ça c'est la volatilité des sièges sociaux. Il faut savoir que Total fait
90 à 95 % de son chiffre d'affaires à l'étranger et qu'il ne faudrait peut-être pas les pousser trop pour qu'ils aillent
s'installer dans un autre pays. Et là, on aura gagné le gros lot quand ils auront quitté le territoire national, donc il
faut garder la mesure.
Donc, oui, au mécénat social, mais non à la taxe sur les super profits.
On a la chance d'avoir quelques grandes entreprises mondiales, c'est aussi le fruit de notre histoire, de notre talent,
essayons de les garder sur le territoire national.
J'aime bien que vous parliez d'histoire parce qu'hier J.-L. Debré était à votre place, J.-L. Debré est président du
Conseil constitutionnel. Vous avez, disons échangé quelques propos assez peu amènes ces temps-ci. Lui donnait son
point de vue de sage sur la réforme en cours des institutions, et vous lui avez répondu « restez à votre place ! ».
Je n'ai pas dit ça, moi.
« Je regrette que le président du Conseil constitutionnel sorte de son devoir de réserve ».
Ah ! Ben oui, je veux dire il ne peut pas être juge et parti. Le Conseil constitutionnel est appelé à juger, examiner la
conformité à la Constitution des lois qui sont votées. Donc, il doit évidemment, comme tout juge, ne pas annoncer
préalablement qu'il peut avoir un préjugé à l'égard de textes qui peuvent lui être soumis.
Il disait hier, non pas à propos du texte mais à propos des députés, et singulièrement des députés UMP : « ils
connaissent mal l'histoire, voilà pourquoi ils laissent faire ça ».
Oui, tout le monde connaît mal l'histoire, mais enfin personne ne peut se l'approprier non plus. Et s'agissant des
réformes des institutions, J.- L. Debré a été partisan de la réforme du quinquennat, c'était une grande réforme pour
quelqu'un qui veut un pouvoir exécutif très fort et quasi monarchique, en tous les cas dans son impact sur le
fonctionnement des institutions, eh bien il faut tirer les conséquences du quinquennat que J.- L. Debré lui-même a
voulu. Là aussi le regard sur l'histoire est clair puisque le septennat est issu de la monarchie.
Donc connais-toi toi-même, hein, comme il est écrit dans la Bible.
Personne n'a la propriété de l'histoire, moi je n'ai pas la prétention de dire que ma vision est la meilleure. Il a ses
opinions, j'ai les miennes. Simplement, lui il est juge et moi pas.
Content du retour de J. Chirac sur la scène, qui n'est pas la scène politique, qui est une scène un peu différente, vous
qui avez été son avocat longtemps, très proche de lui ?
Je suis heureux que visiblement il soit heureux, c'est-à-dire que, ayant quitté le pouvoir, ce qui peut laisser un petit
vide, quand tous les gens qui prennent leur retraite. ...
... mais visiblement, un passage à vide, J.-L. Debré le disait hier.
Mais pour tous les gens qui prennent leur retraite il y a ce type de problème. Et, il a trouvé le moyen d'être utile, très
utile, et en même temps de montrer sa générosité, ses qualités d'homme, je trouve ça bien.
Retraite dans le Paf, on en parle beaucoup en ce moment, P. Poivre d'Arvor ne va pas partir à la retraite mais il va
quitter le 20 heures.
Il fera autre chose, oui, il faut changer.
Il faut changer ?
Mais oui, c'est bien de changer dans la vie.
N. Sarkozy a fait souffler un vent nouveau ou il a téléphoné ?
Je ne crois pas, mais il me semble qu'il y avait longtemps que P. Poivre d'Arvor, avec tout son talent, exerçait son
ministère, bon. Alors, je regarde sur les autres chaînes, les visages changent, se rajeunissent, c'est valable pour tout le
monde, ça me guette peut-être aussi.
Une information qui tombe à l'instant et sur laquelle je vous invite à réagir : l'inflation vient d'être calculée à 3,3 %,
on est en année glissante, de mai à mai, 3,3 % d'inflation. C'est un record depuis juillet 91. Qu'est-ce qu'on fait ?
Vous comprenez bien que le choc pétrolier a un effet considérable là-dessus.
Ça ne suffit pas, parce que pour les yaourts et pour les autres produits, ce n'est pas le choc pétrolier.
Non, mais sur les 3,3 %...
... il y a un effet pétrolier.
... ça a un impact très important. Ensuite, pour les produits de consommation courante, vous avez vu... la
démonstration qu'a fait L. Chatel en allant comparer les prix à Strasbourg...
... en Allemagne, dans un supermarché frontalier.
... et à Kiel, en franchissant le Rhin, et il y avait une différence de 10 à 15 % sur des produits de consommation
courante.
Contestés par certains patrons de grandes surfaces en France, dont M.-E. Leclerc.
Ah ben oui, surtout ceux qui en profitent, naturellement.
Donc, on fait quoi ?
On fait de la concurrence parce que dans notre système de distribution, il y a des monopoles de fait. Quand vous
regardez la carte de France des distributeurs, vous voyez des zones entières qui sont dominées par un groupe. Ce n'est
pas très bon pour les prix ça, ce n'est pas très bon parce qu'il faut de la concurrence.
Donc, on fera baisser l'inflation en luttant contre ce que vous appelez une concurrence déloyale.
Contre les monopoles.
Et les monopoles.
Oui, contre les monopoles.
C'est la seule recette ?
Pour faire baisser les prix, la concurrence, et la vraie, c'est le plus sûr moyen.
Dernière question, vous avez déjà écouté le nouvel album de Carla Bruni, il sort le 21 juillet ? Le Figaro a eu la chance
de se le procurer, peut-être l'UMP aussi ?
Ah, pas moi, je ne l'ai pas encore entendu.
Non ?
Non.
Vous aimez ses chansons, sa musique ?
Oui, je trouve qu'elle a une jolie voix et un vrai talent poétique. Ça a l'air flagorneur un peu.
Et un vrai talent poétique ou politique ?
Poétique ! Ça a l'air un peu flagorneur de dire ça mais je lui trouve réellement du talent.
Est-ce que vous lui trouvez du talent politique, pour le coup, aussi ?
Ah ben, elle a fait un sans-faute, jusqu'à maintenant. On peut raconter tout ce qu'on veut, elle a fait un sans-faute, et
je crois que c'est reconnu ainsi.
Donc, vous achèterez !
Oui !
Très bien. C'est chez Naïve, le 21 juillet, voilà, publicité gratuite pour la Présidente, comme l'a appelée Le Point la
semaine dernière.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 11 juin 2008