Entretien de M. Jean-Pierre Jouyet, secrétaire d'Etat aux affaires européennes, dans "Le Figaro" du 16 juin 2008, sur le rôle de la présidence française de l'Union européenne après le vote négatif des Irlandais au référendum concernant le Traité de Lisbonne.

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Q - Quel peut être le rôle de la Présidence française de l'Union européenne après le vote irlandais ?
R- La Présidence française va s'efforcer de redynamiser le système en se concentrant sur les priorités qui ne sont aucunement remises en cause par le vote irlandais. Le délai probable qui en découle pour l'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne n'empêche pas la Présidence française de travailler. L'objectif de Nicolas Sarkozy était double : relancer l'Europe en faisant adopter par la France le traité simplifié et avoir une approche plus concrète des problèmes. Ces objectifs ont été atteints. Nous allons poursuivre nos efforts sur la base de projets concrets en réfléchissant également à la façon de résoudre le problème institutionnel auquel nous sommes confrontés.

Q - Selon vous, la Présidence française ne sera donc pas affectée par le "non" irlandais ?
R - Elle ne sera pas fondamentalement affectée. Nous gardons les moyens de mettre en oeuvre des politiques nécessaires à l'Europe. Paradoxalement, je dirais même que le vote irlandais lui confère une opportunité : si nous parvenons à démontrer qu'en de telles circonstances la Présidence française peut rassembler et rassurer, sans renoncer en rien à ses priorités, le but sera atteint.

Q - Quelles pistes privilégiez-vous pour résoudre le problème institutionnel ?
R - Nous allons en discuter à vingt-sept lors du prochain Conseil européen des 19 et 20 juin. Nous espérons que le processus de ratification va se poursuivre. Il faut faire en sorte que les Irlandais prennent le temps de la réflexion. Avec eux, nous trouverons une solution.
Je ne pense pas que l'on puisse dire que le Traité de Lisbonne est mort, même si le processus de ratification va prendre du retard, ainsi que des décisions, comme les nominations qui découlent de la mise en oeuvre de ce Traité de Lisbonne.
Ce n'est pas la fin du monde... L'Europe a connu dans le passé bien d'autres soubresauts. Ce que veulent surtout les gens, c'est que l'Union européenne travaille et réponde à leurs préoccupations quotidiennes alors que nous sommes dans un contexte économique et social difficile.
L'Europe a un bon projet stratégique à moyen et long terme, mais elle manque de réactivité. C'est cela que les électeurs sanctionnent.

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 juin 2008