Texte intégral
Q - Vous venez à Lyon pour faire campagne avant les élections prud'homales de décembre. Qu'attendez-vous de ce scrutin ?
R - Notre objectif est d'améliorer notre score. Il était de 7 % en 2002, toutes sections confondues. Nous voulons le faire passer à 10 %. La CFE-CGC mène des discussions en vue d'une fusion avec l'Unsa, après les élections. Cela risque de vous faire perdre des voix... Au contraire. Je pense que des salariés peuvent être séduits de voir que des organisations ont enfin envie de faire bouger le système pour s'occuper d'eux !
Q - A quand cette fusion ?
R - Notre souhait est d'y arriver l'an prochain. C'est inéluctable, alors que la stratégie du gouvernement est d'affaiblir les structures de représentation collectives. Un texte est en cours de transcription sous forme de projet de loi : la représentativité des syndicats sera mesurée tous les quatre ans au travers des élections professionnelles, et non plus fixée de manière stable dans la loi. A deux, nous serons plus forts pour affronter cette instabilité. A deux et même à plusieurs : je suis favorable à un rapprochement plus large.
Q - Les syndicats jouent leur avenir. Servent-ils à quelque chose quand on voit leur impuissance à agir sur ce qui touche la vie des salariés, comme la hausse du prix des carburants ?
R - Notre rôle est de faire remonter ce qui se passe sur le terrain. Le chef de l'Etat dit : «on est affolé quand on fait son plein». Mais je l'imagine mal faire le plein de sa voiture présidentielle ! Moi, je l'ai fait, le plein de ma bagnole. Et je peux vous dire que ça affole de voir les chiffres défiler, avec un litre de diesel à 1,42 euro. C'est inacceptable et incohérent.
Q - Incohérent ? C'est-à-dire ?
R - Cette envolée des prix intervient au moment où le gouvernement demande aux salariés et aux chômeurs d'être de plus en plus mobiles. Il est d'autant plus urgent de ne pas laisser la situation se dégrader que nous avons devant nous des salariés à deux vitesses : il y a ceux qui appartiennent à de grands groupes, relativement protégés de ces hausses du fait des indemnités kilométriques et des primes de transport; et il y a les millions d'employés de PME, qui doivent se débrouiller avec des salaires plus bas et sans défense syndicale.
Q - Votre syndicat est très bien implanté chez Total. Pourquoi ne pas appeler à la grève dans ce groupe ?
R - Ce serait de la démagogie de bas étage. 85 % du prix du carburant se compose de taxes destinées à l'État ! Au gouvernement de mettre nos partenaires européens d'accord pour réduire ces taxes et redonner du souffle à l'économie.
Recueilli par Nicolas Balletsource http://www.cfecgc.org, le 6 juin 2008